Updated on mai 8, 2020
Le Tongariro Alpine Crossing
Vous connaissez déjà mon amour pour la randonnée, mais saviez-vous que c’était l’une des principales raisons qui m’avait poussé à m’envoler pour la Nouvelle-Zélande ? Il faut bien que je vous l’avoue, les paysages vendus sur les brochures touristiques et les gros plans du film Le Seigneur des Anneaux m’ont vendu du rêve. Classique.
Voilà plus d’un mois que je me trouve dans le pays des Kiwis. Jusque là je n’avais arpenté que des bushs walks au cœur de la Bay of Islands, le long des plages du Coromandel ou lors de mon break sur Waiheke Island. Ce n’est pas vraiment ces petites balades sur terrain aménagé, quoique sympathiques, que je suis venue chercher. Après avoir quitté mes compagnons de voyage, avec qui j’avais décidé de parcourir le sud de l’île du nord, pour cause d’incompatibilité de programme et d’envies, je prends mes aises sur Taupo.
Je propose à Christophe, un HelpXer, de se joindre à moi pour le Tongariro Alpine Crossing. J’imaginais une randonnée moyenne, pas très dure comparée à ce que j’avais pu expérimenter en France (pas grand chose en fait). L’article de Stéphanie croisée sur Auckland quelques jours plus tôt m’avait bien inspirée. Ultra-motivée, j’avais pris mes précautions avec litres d’eau, polaire et coupe vent (la base).
Réveil à 5h45, pour prendre le bus à 6h30 en face de mon backpacker (que je vous conseille d’ailleurs), censé nous amener au départ de la randonnée. Il y a du monde… quelques kms de sieste plus tard nous voilà au point de départ, le Mangatepopo parking. Il est 7h30, la brume nous accueille, nous plongeant dans un mélange de douceur et mélancolie.
C’est la première fois que je vois autant de personnes sur une rando. Je trouve que ça démystifie assez le parcours et gâche un peu mon expérience. On fait un détour vers les Soda Springs, histoire de laisser prendre de l’avance aux autres marcheurs, que l’on finira par dépasser dans la montée du Devil’s Staircase. Une bonne respiration cadencée et c’est parti pour la grimpette des escaliers. Arrivés en haut, on opte pour le Mt Ngauruhoe, malgré les nuages cachant le sommet de 2291 mètres.
La montée n’est pas évidente. Mes pieds glissent dans le sable et sur les restes de lave (car oui le Mont Ngauruhoe est un volcan). Il faut redoubler d’effort, user ses chaussures de rando et mettre les mains à la pâte pour arriver au sommet, 1h30 plus tard. Je ne pensais jamais me mettre dans la peau de Gollum, et pourtant c’est bien l’étrange sensation que j’avais en escaladant ce sommet.
Ce n’est pas insurmontable… pour moi le pire reste à venir. Sans trop penser à la suite, on profite de la vue molletonnée.
12h. Mon estomac rempli d’un mélange – cacahouètes, noix, cranberries et chocolat – me redonne de l’énergie. Mon esprit divague dans les bras d’Aragorn tandis que j’imagine les moyens matériels utilisés pour tourner Le Seigneur des Anneaux sur les pentes du volcan, choisi pour illustrer la Montagne du Destin en plein Mordor.
Mais trêve de rêverie, le temps file à une vitesse folle et il ne faut absolument pas que l’on rate notre bus retour à 17h30. Le moment tant appréhendé est là. Il me faut redescendre les pentes du Mont Ngauruhoe. Nos compagnons de route s’élancent comme des cabris ou skieurs échauffés (à vous de choisir) sur chemin glissant. Je suis tétanisée par la peur. Mes parents ne m’ont jamais appris à faire du ski petite. Depuis je suis plutôt réticente lorsqu’il s’agit de descente. Heureusement Christophe m’encourage et m’attend et je finirais péniblement la glissade en 1h de temps au lieu des 30 minutes prévues.
Mais pas le temps de me remettre de mes émotions, nous sommes clairement en retard, il va falloir rattraper le temps perdu pour arriver à tant au Ketetahi parking.
Epuisée moralement, les genoux encore sous le choc, je jette un dernier regard au Mont Ngauruhoe avant de continuer péniblement ma route. Le passage entre le Cratère Sud et le Cratère Rouge me laisse un peu de répit avant de m’efforcer à remettre mes jambes en position « monter ». L’ascension jusqu’au Red Crater me semble interminable et difficile, mes cuisses à bout et ma tête vide.
Arrivée en haut du Cratère rouge, la vue est splendide. Le temps d’une photo, d’un avalage rapide de pizza et il faut qu’on reparte car le bus ne nous attendra pas.
La couleur des Lacs Émeraudes, quelques minutes plus tard, me remettra un peu de baume au cœur, mais l’énervement sera au rendez-vous Christophe me répétant sans cesse qu’on n’a pas le temps. Je me serais bien posé une petite demi-heure devant ces tâches bleu-vertes, jaillissant du jaune pâle, presque lunaire des paysages alentours.
On trace la route après avoir pu prendre, malgré l’empressement, quelques photos. La Rotopaunga Valley s’offre ensuite à nous, délaissant les montées pour une longue, très longue descente.
Mes jambes ne me portant presque plus, je décide de m’élancer sur le chemin en courant. Mes chaussures de randonnée me semblent alors plus légères et me voilà gambadant comme une chèvre entre quelques troupeaux de touristes italiens ou agés. Christophe finira par m’imiter et me délaissait en chemin pour arriver à temps au bus.
Je crois que je suis passée par toutes les émotions durant ces 10h de marche: la fatigue matinale, la douceur du paysage, la montée du Sommet subliminale suivi d’une bouffée d’endorphine, la descente atroce m’offrant peur, frayeur, souffrance et énervement, la mise en mode automatique pour continuer à avancer, les couleurs irréelles des lacs, cette soudaine envie de courir et l’envie de laisser le bus partir.
Mais j’y serais arrivée ! 17h30 – fin de ma Tongariro Alpine Crossing experience. Le bus est encore là, Christophe semble fier de moi. On attendra 30 min supplémentaires les derniers retardataires, l’occasion d’étirer mes muscles fatigués. Je ne verrais pas passer le trajet du retour…
Ne prenez pas cette randonnée à la légère surtout si vous optez pour le premier sommet. Mais n’hésitez surtout pas à la faire, vous aurez surement moins peur que moi dans les descentes… Le Tongariro Alpine Crossing vaut le détour !
Bravo! Lorsque que l’on a fait cette randonnée, on a hésité à monter sur le mont Ngauruhoe car j’avais bien peur de la descente et avec ton récit je suis bien contente d’avoir opté pour le mont Tongariro à la place! Mais dans tous les cas c’est une rando à faire tellement c’est beau.
Si tu sais skier, je pense que la descente ne pose pas de problème 😉 ça sera peut-être l’occasion de revenir en Nouvelle-Zélande. Merci pour ton passage !
Bonjour,
Je n’ai jamais eu la chance d’aller en Nouvelle-Zélande mais faire cette randonnée est sûrement un pur bonheur. Merci de nous faire voyager, tes photos sont toutes plus belles les unes que les autres… Un grand BRAVO!!!
Merci Romain pour tes compliments 🙂 ça me touche beaucoup. N’hésite pas à venir faire quelques randos par ici, tu ne le regretteras pas.
Magnifique !!!
Je suis fière de toi !!
Merci 😉
Magnifiques photos, super article! Le panel d’émotions était vaste ce jour-là et à juste cause.
M’a rendu nostalgique ce chouette article, merci.
Merci Christophe d’avoir laissé une petite trace ici. Contente d’avoir pu partager cette randonnée avec toi. N’hésite pas si tu te sens la force d’en faire d’autres dans le sud 😉
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