Updated on octobre 8, 2019
Voyage et karma
Voyager donne du fil à retordre à ma sensibilité.
Depuis que j’ai quitté mon pays, j’ai ouvert les yeux sur le monde. Sur les paysages magnifiques qui nous entourent certes, mais surtout sur l’humain.
J’y ai redécouvert le couchsurfing, y ai testé le woofing, levé mon pouce quelques fois et ai pris dans la gueule à chaque fois, ce que l’homme sait faire de plus beau. Aide, générosité… ces mots n’apparaissent pas forcément dans nos fils d’actualité ou sur notre écran de télévision. Et pourtant il suffit de regarder autour de soi, pour se rendre compte que l’humain est grand.
Je ne saurais pas l’expliquer… mais peut-être que le fait de se mettre à nu, en expliquant que l’on a besoin d’un toit, que l’on souhaite un échange ou se rendre dans la ville d’à côté, aide notre prochain à user de sa générosité.
La semaine dernière par exemple, j’ai été malade, mon plan HelpX est tombé à l’eau et mon téléphone m’a lâché. Pas d’énergie pour trouver un plan B, R. rencontré quelques jours plus tôt s’est plié en quatre pour me trouver un toit le temps que je récupère et m’a même laissé son vieux Smartphone. S. qui m’avait pris en stop de Macksville à Byron Bay, refusant ma participation aux frais d’essence, m’a laissé les clés de son appart alors qu’elle partait le lendemain à l’étranger.
De la chance, du karma, des opportunités ? Je ne sais pas. Mais je suis plus que touchée de la confiance que m’accordent les gens. Je suis tout le temps surprise… et j’ai toujours autant de mal à recevoir. Parfois c’est trop. Pourquoi moi ? Pourquoi les gens sont aussi gentils avec moi ? Qu’est-ce que cela leur apporte ? Comment les remercier ? Je me retrouve souvent face à un mur, me demandant qu’est-ce que je pourrais faire, dire, offrir pour leur montrer toute ma gratitude.
Avec couchsurfing, j’ai appris à être un peu plus relax… en me disant que si cette personne m’aide et m’héberge, je pourrais faire la même chose le jour où j’aurais un endroit confortable pour accueillir des étrangers. « Si tu aides ton prochain, quelqu’un te le rendra ». J’imagine que ça marche comme ça.
Parfois je me pose et demande à la personne… Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Et on me répond: parce que tu as trouvé la force de partir, de faire ce dont tu avais envie, forçant le destin vers une vie plus libre. Tu es une source d’inspiration pour moi et je suis ravi(e) de pouvoir t’aider dans ce sens. Whaouw.
Alors quand je demande aux personnes que je rencontre comment était leur séjour en France, les avis sont mitigés. Ceux qui font un effort pour parler français reviennent avec une expérience plutôt positive. Les autres un peu moins. J’imagine donc qu’à partir du moment où l’on s’ouvre à l’autre, l’homme est prêt à faire son possible. Je me souviens de ce couple perdu dans le métro parisien, que j’avais aidé il y a quelques années. Leurs sourires avaient suffi à égayer ma journée.
Alors s’il vous plait… Ouvrez les yeux, arrêtez-vous une minute et aidez ce jeune homme un peu perdu, échangez quelques secondes, allez prendre un café avec cet étranger qui vient de vous aborder, et vous n’en serez que récompensé.
J’en profite pour remercier tous ces inconnus que j’ai rencontré, qui m’ont forcé à croire en l’humain sur mon chemin. La vie est bien plus belle avec un sourire sur son visage et un brin d’humanité.
Et vous qu’en pensez-vous ? Quand vous êtes en voyage ou recevez l’aide de quelqu’un, que faites-vous pour les remercier ? Avez-vous aussi des difficultés à recevoir sans donner ?
Je me suis posé les mêmes questions que toi. Comment être à la hauteur de toute cette générosité ? On a l’impression de ne rien donner en échange. Moi j’essaye toujours de proposer des services, de faire la cuisine, de laisser une photo, d’offrir quelque chose, de faire plaisir. Mais souvent les gens ne veulent rien accepter. C’est leur plaisir à eux de recevoir. Dans beaucoup de pays, le voyageur est un cadeau. Et il n’y a pas si longtemps, chez nous, il y avait toujours une assiette, un coin où dormir pour le visiteur de passage. C’était normal.
Pour ceux qui reçoivent, c’est une manière d’échapper à leur quotidien. Parfois, juste au détour d’une conversation, on me dit « merci pour la discussion, ça m’a fait voyager ». On ne donne pas rien 🙂 (Encore faut-il savoir donner)
Pour moi, parler des gens dans mes textes, c’est une manière de les remercier, de montrer qu’ils ont compté pour moi et que le moment qu’on a passé ensemble a de la valeur.
En effet, c’est cette impression de ne rien donner en échange qui me « traumatise ». J’essaye toujours de laisser une petite trace, de cuisiner un petit plat ou de laisser un petit mot… mais j’ai toujours l’impression que cela ne suffit pas par rapport à ce que je reçois. Je ne parle pas d’argent, mais bien d’expérience.
Mais c’est vrai que dans le temps, il y avait toujours une assiette pour les gens de passage chez mes grand-parents.
J’imagine que recevoir, s’apprend… mais ce n’est pas si évident.
Merci pour ton passage Mat 🙂