Le voyage, c’est ce chemin qui t’emmène un peu plus loin de ta zone de confort, qui t’immerge dans une réalité différente et qui te fait vivre des choses intenses. L’amour c’est un peu pareil au final. Alors que se passe-t-il quand les deux se rencontrent ?
On dit souvent que ce qui fait le voyage se sont les rencontres. Au début pourtant, j’étais à fond sur les paysages, les Parcs Nationaux, les trucs à barrer de ma liste et puis… Et puis je me suis aperçue que l’humain était magique. Que ces rencontres aussi riches les unes que les autres m’apportaient beaucoup et que c’était un beau moyen que de découvrir un lieu ou ouvrir de nouvelles portes sur soi. Ces rencontres j’en suis devenu accro. Tout d’abord en Couchsurfing, où l’échange est à la clé, ou quelqu’un t’ouvre sa porte sans aucune autre volonté que de te donner un coup de pouce le temps d’une soirée, le temps d’une rencontre. Le HelpX c’est un peu pareil. Au premier abord, travailler contre l’hébergement et la nourriture, je trouvais cela impensable. Puis je me suis rendue compte que c’était une ouverture immense sur le pays que je visitais, que c’était le moyen d’avoir un pied plus ancré dans un quotidien mais surtout un outil fabuleux à la rencontre. Et le stop… le stop a été le moteur de mon voyage en Nouvelle-Zélande. Laisser place à l’inconnu, à un inconnu qui t’invite à rentrer dans sa bulle le temps d’un trajet. La première fois le pouce tendu, j’avais l’impression de mendier. Puis c’est devenu une évidence et lorsque je suis arrivée en Australie, je ne me voyais pas voyager autrement.
En quelques années, les rencontres ont pris une place importante dans mon voyage. Tellement importante, que j’en redemandais tout le temps. Je voguais de page en page pour trouver la rencontre choisie, comme une insatisfaction jamais assouvie. Il y a aussi les rencontres surprenantes, au détour d’une rue ou d’un café, qui te font rêver le temps de quelques secondes et qui te laissent t’envoler vers un monde d’illusions et de confidences.
Car oui en voyage tout est plus intense. En dehors de ton cocon familial, dans un pays étranger, communiquant dans une autre langue, c’est ta zone de confort que tu pousses un peu plus chaque jour. A vivre tout le temps avec des personnes différentes, c’est de l’énergie que tu déploies, des mots que tu emploies, pour faire vivre ce court instant encore plus intensément. Tu sais que ça ne sera pas long, qu’à un moment donné chacun reprendra sa route, alors tu y vas à fond, sans penser à te protéger une seconde. Car au final, tu voyages pourquoi ? Pour te laisser surprendre, pour vivre profondément ton expérience. Alors pourquoi poser des limites à l’inconnu ?
« Pour justement trouver ta place parmi toutes ces émotions. »
J’ai récemment réalisé que ma stabilité en voyage se résumait à l’émotion. Que je basais mon sens physique et moral, à toutes les rencontres que je faisais. N’ayant pas de toit concret, de boulot stable et d’amis physiquement proches, mes rencontres étaient mon point d’ancrage (et le sont toujours).
Alors ça peut marcher un moment certes, mais sur le long-terme ça peut devenir épuisant. Il n’y a plus d’équilibre. Avant il fallait grimper un mur pour m’atteindre, aujourd’hui il suffit de sauter dans de la guimauve. Et amour et guimauve, ça ne rythme pas bien ensemble.
« J. m’a embrassé. Je savais très bien que ce n’était pas une bonne idée. Je ne savais pas si je voulais rester. Puis quoi ? Rester pour lui ? On vient à peine de se rencontrer. Mais si je veux que ça marche, que je vois où ça mène, il faudrait peut-être que je fasse un effort cette fois-ci. Et si pour une fois, je ne fuyais pas ? Et si pour une fois, j’y allais à fond. Ah quoi ? J’ai déjà fait ça ? Ah oui c’est vrai… mais comment ? »
Tu rencontres quelqu’un, ça colle bien mais voilà que ton attachement fait effet ventouse car tu n’as plus de limites, plus d’apriori. Tu voyages, c’est court, c’est intense et alors ? Sauf que l’autre ne suit pas. Sauf que l’autre a un toit, des amis de longue date, des habitudes, une zone de confort plus poussée que toi. Alors ton engouement de voyageuse éperdue lui fait peur, et toi qui avait l’habitude de prendre de la distance, tu y vas à fond comme une grosse déjanté et tu t’y emmêles les pieds, jusqu’à tomber bien bas.
Parce que lorsque l’on base ses émotions sur les rencontres, le yoyo est omni-présent. Un jour ça va, un jour ça va pas. Et quitter les gens parce que la route t’appelle dans la direction opposé, n’aide plus à te sentir ancré, à te sentir aimé, apprécié. C’est un cercle vicieux qu’il faut canaliser. Il faut apprendre à se recentrer, pour lacher quelques bribes d’amour ou d’amitié et non plus jouer à 100% la carte fidélité.
Et vous l’amour en voyage, ça donne quoi ?
Coup de cœur pour ta plume !
Oh, merci Estelle 🙂 Je découvre avec plaisir ton blog.
Au plaisir de te recroiser ici.