Updated on octobre 9, 2019
TCQ #3 – les vendanges
Tout ce que l’on ne vous dit pas sur Ies vendanges ! *
Bip, bip, bip ! Le réveil résonne et il n’est que 6h30. Le temps d’enfiler un vieux jean troué et des baskets usagés, de prendre un bon petit déj et de se dépêcher à grimper dans l’une des camionnettes qui nous mènera aux vignes alors que le jour s’éveille à peine. Il fait frais ce matin. La rosée fait trémousser mes doigts encore engourdis tandis que le sécateur trépigne entre mes mains. Deux par deux, face à la vigne, nous avançons courbés, les yeux à l’affût des grappes que nous devons couper. La tête vide, les poumons remplis d’air frais, nous poussons parfois la chansonnette pour nous motiver. Et oui, la bonne humeur règne ici en maître.
Ça y est, c’est l’heure de la pause ! 9h45. Du pain frais, des rillettes et du pâté, de quoi revigorer les dos cassés et les mains gelées. Certains opteront pour de la niôle, moi ce sera plutôt carrés de chocolat et café chaud. Mais ne nous égarons guère, car il faut s’en retourner à la galère.
12h30. On y est. L’heure du repas est arrivée. Reprenons des forces avant que nous passions l’après-midi à couper du raisin. Vous vous direz peut-être que je ne pense qu’à manger… mais venez, venez faire les vendanges et vous verrez que les choses les plus simples sont d’autant plus appréciées.
L’après-midi défile (quoique). On en débite des conneries, des chansons paillardes (ça c’est pour les gars), on remixe quelques classiques en y associant les mots vignes et raisins (si vous saviez le nombre de chansons qui sonnent bien!). On en conclut même que le lancer de grappes devrait être inscrit aux Jeux Olympiques (si,si !).
La journée s’achève sur quelques éclats de rire, et nous rentrons au bercail pour un petit verre de Champagne. La suite est basique: douche, dîner et lit. Le dernier jour, on fête le cochelet (une fête tradi qui annonce la fin des vendanges)… chacun à sa manière. Pour nous, ce fut un repas convivial, pour d’autres ce sera mini-bal.
Ce qu’il faut retenir des vendanges, c’est ce moment festif où l’on rencontre des gens que l’on ne côtoierait pas habituellement. Notre dos s’en souvient, nos mains noires aussi, les prises de tête s’en viennent car la semaine est intense. Mais pour rien au monde certains ne manqueraient cet instant. Beaucoup prennent des congés pour venir, mais faut-il encore bien choisir son vigneron. Il est de plus en plus rare d’être nourri et logé. La plupart des annonces le démontrent. En Champagne, les vendanges durent environ une semaine, tandis qu’en Alsace, la durée est de trois. Je vous conseille de faire marcher le bouche-à-oreille, c’est le meilleur moyen de tomber sur des perles rares.
Les premiers jours, je me demandais qu’est-ce qui m’était encore passé par la tête pour vouloir souffrir à ce point pendant une semaine. Mais les journées passent et on s’accommode de son mal de dos, des courbatures qui nous font se coucher tôt… L’ambiance y est-elle, que finalement on revient l’année suivante avec des granules d’Arnica pour survivre. On se rend compte que ce n’est finalement pas si terrible et que l’on y reviendrait bien l’année prochaine. Oups ! Je crois que je suis accro ! Ne venez plus me demander pourquoi on rencontre des personnes avec plus de 21 ans de métier.
Caisse à outil d’un bon vendangeur:
– Trousse à pharmacie (dolipranes, Arnica, huile de massage, pansements…)
– Pantalons confortables, T-shirts que l’on peut salir, casquette ou bonnet, bottes et imper, gants si besoin
– Affaires de rechange pour le soir
– Oubliez la trousse à maquillage et les décolletés plongeants 😉
Le saviez-vous ? Certains vignerons proposent des packages vendanges. Il paraît que les étrangers en raffolent. Le concept est simple: s’imprégner de la culture de la vigne en participant aux vendanges sur une journée ou demi-journée, tout en profitant bien sûr d’un repas « du vignoble » et visites de cave (aux frais du client). Les français se voient aussi proposer des séjours au Portugal ou en Espagne pour y découvrir les coulisses des vendanges.
Je vous le dis ! L’œnotourisme a encore de beaux jours devant lui.
Ps: On me signale dans l’oreillette que j’aurais omis de vous parler des porteurs; vous savez… ceux qui récupèrent les paniers des cueilleurs, remplis (vous l’aurez deviné) de raisins. Et bien, si vous souhaitez vous muscler les bras, choisissez cette option. Attention cependant, vous serez plus à portée des lanceurs de grappes…
* l’auteur de cet article ne doit pas être tenu responsable de votre manque de second degré. Merci.
Pingback: La peur de revenir | Mondalu
Chez nous les vendanges sont toujours un moment bien sympathique aussi, enfin, surtout le soir devant une bonne assiette valaisanne 😉
Je ne connaissais pas les gélules d’arnica, je vais tester, le mal de dos arrive quand meme très vite…
J’adore! Je n’ai rien à ajouter à ton billet qui représente bien les vendanges « à l’ancienne », la souffrance conviviale 🙂 C’était déjà ma 5e année de vendanges cette année et si j’ai encore l’occasion de rempiler j’y retournerais les yeux fermés.
Contente que mon article t’ai plu. Les vendanges… une fois qu’on y a goûté, il est dur de s’en passer 🙂 Mais après faut-il tomber sur les bons vignerons.
bon alors je t attends pour les vendanges su tu es devenu accro 🙂