Je me suis encore réveillée au son de la pluie.
Dimanche. La plage du Grand-Bassam ne sera pas pour aujourd’hui. Quelle idée d’être arrivée en pleine saison des pluies. L’humidité ambiante qui m’a fait nettoyer deux fois mon sac qui sentait le roquefort et les moustiques voraces quand s’en vient la fin de la journée, n’auront pas su affecter mon moral. Je crois que l’arrivée dans ce nouveau pays m’apprend à nouveau à relativiser sur les choses qui auraient su m’énerver en France.
Il est 16h, heure locale. Je me suis levée bien tôt ce matin. J’ai eu le temps de faire un mini-transit par Bruxelles, de dormir quelques heures dans l’avion, de regarder quelques films et de me rêver en Afrique de l’Ouest, grâce à « Frontières » retraçant l’histoire de femmes aux parcours différents, qui se retrouvent à voyager ensemble de Dakar à Lagos.
A l’aéroport, je fais la queue pour avoir mon visa. Vous pouvez le demander en ligne sur le site du Snedai et il suffit de se présenter avec les preuves de votre demande et paiement (compter 75€ pour un visa de 3 mois). Je sors enfin avec le précieux. On me dit alors qu’à « Abidjan on ne porte pas », faisant référence au fait que je porte mon sac. En attendant celui qui m’a recruté, j’admire les femmes, toutes bien habillées et la couleur de leurs vêtements. Inspirant ! Ça me fait doucement penser à l’Inde.
Mon chauffeur est là et on file à Cap Sud, le grand centre commercial du coin. Aucun dépaysement… les produits français sont tous présents au cœur du Carrefour local. On y retrouve même les enseignes de type Minelli et Kiabi, ainsi que Décathlon. Finalement, je n’ai pas l’impression de me trouver au cœur de l’Afrique de l’Ouest.
Les courses finies, c’est vers la cité qui va m’accueillir pour une année que l’on se dirige, à travers les embouteillages entre les taxis orange et verts d’Abidjan.
Dès le lendemain matin je prends la route vers l’Ouest avec mon nouveau collègue et le chauffeur de l’ONG pour laquelle je travaille.
La chaleur est omniprésente et les 30° degrés sont adoucis par la clim du 4×4. Je comprends bien vite pourquoi nous voyageons avec un tel véhicule et me rend compte que les 9h de route ne vont pas être une partie de plaisir. Le goudron est parsemé de trous que nous évitons tant bien que mal jusqu’à San Pedro, avant de n’emprunter la piste.
San Pedro est l’une des villes les plus chères du pays. J’y découvre les plages donnant sur le Golfe de Guinée et profite de la légère brise pour apprécier le calme de la mer et la chaleur du pays.
San Pedro est réputé pour son port, le deuxième du pays. J’y croise des camions transportant la pépite noire de la Côte d’Ivoire: le chocolat. Je demande alors au chauffeur si les ivoiriens en mangent. Il me répond (légèrement dégouté) que non, le chocolat est uniquement une denrée pour l’export et que cela ne fait pas partie de l’alimentation des locaux, bien au contraire ! Sachant que le chocolat participe à la déforestation du pays, cela me laisse à penser… comment consommer de manière durable quand le pays d’origine n’est pas indiqué sur les tablettes de ce délice ?
Mon collègue me rejoint, coupant court à ma réflexion… le soir même je goûte mon premier attiéké et les plus délicieuses des gambas grillées à l’ail chez Nomad’s Land (compter 7000F CFA). Un français, Manu, s’est installé là bas et a créé un joli endroit au bord de la plage. Un peu cher pour y dormir, mais plutôt sympa pour un diner succulent.
Après 2-3 achats de mangue au marché de San Pedro, les pieds dans la boue, nous reprenons la route pour déposer mon collègue à Djouroutou. Ce petit village de Côte d’Ivoire offre l’un des accès au Parc National de Taï pour lequel nous travaillons. Nous devons prendre la piste pour y accéder.
Ça secoue légèrement. J’y découvre les plantations d’Hévéa, l’arbre à caoutchouc et de palmiers utilisés pour la non-célèbre huile de palme. Les camions remplis du fruit rouge dont est extraite l’huile se suivent et je me rends compte de l’immensité de la chose, lorsque nous passons devant une usine.
Je crois que je vais apprendre beaucoup sur les causes et effets de la déforestation cette année et il me tarde déjà de pouvoir agir à mon petit niveau.
Nous croisons de temps en temps un gbaka, mini-car qui sert de transport en commun à travers le pays. Il paraît que ces derniers sont peu confortables et parfois même troués, mais toujours joliment décorés à coup de « Dieu est bon » et couleurs fluos.
A Djouroutou, je découvre l’Ecotel Touraco, qui donne sur l’une des dernières forêts primaires d’Afrique de l’Ouest… mais il est déjà temps de repartir sur Abidjan.
Le retour sur Abidjan se fait long et la fatigue suite à mon départ et au vaccin pour la fièvre jaune se fait sentir (ce dernier est obligatoire pour entrer dans le pays). Nous faisons un stop à Gagnoa, où je dormirais chez les sœurs (ou centre Emmaüs) pour peu cher (7000F CFA la nuit) dans une petite chambre propre et confortable. Je mangerais au Maquis d’en face (le maquis ici est le nom donné aux restaurants locaux) mon premier poisson braisé (un délice) après avoir attendu une heure avec les moustiques. C’est qu’il faut être patient en Côte d’Ivoire, tout vient à point à qui sait attendre.
Je retrouve enfin ma petite chambre dans son coin de verdure et fait mes premiers pas au bureau.
Je sens que ça va être une année intéressante.
Après avoir mis les pieds au Sénégal <3 j'aimerais beaucoup continuer mon exploration avec la côte d'ivoire notamment, qui figure sur mes envies d'Afrique 🙂
Ouiiii ! J’ai lu tes superbes articles sur le Sénégal… tu m’as donné envie d’aller y faire un tour. La Côte d’Ivoire n’est pas encore touristiquement connue, mais ça commence petit à petit. Je ne peux que te conseiller le Parc National de Taï. 🙂 Fais moi signe si vous passez par là.
Waouahhh ! Magnifique !
Profite ma fille !
Bisouss
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