Un festival de salsa se présentait au Bénin. Mon prof, originaire du pays, y allait avec sa partenaire de danse. Ni une, ni deux, je décidais d’embarquer dans une mini aventure d’une semaine avec eux.
J’aurais adoré prendre le bus, pour traverser le Ghana et le Togo, avant d’arriver à destination.
Surtout que le bus coûte moins cher et est plus écologique que l’avion. Comptez 30 000 FCFA l’aller (contre 150 000 FCFA en avion). Seulement voilà, à deux semaines du départ, il me fallait faire une demande pour 3 visas, n’étant pas sure de pouvoir obtenir les visas de transit à la frontière. Ayant déjà fait l’expérience de la frontière Ghanéenne, je n’avais pas envie de parlementer avec les contrôleurs… ni de faire 4 allers-retours dans les embouteillages et la pollution abidjanaise (oui je vous vends du rêve) pour aller aux ambassades respectives de chaque pays. Heureusement le visa pour le Bénin se fait directement en ligne et l’obtention est immédiate.
Récupérée par le frère de mon ami, je me suis laissée guider les premiers jours. Je retrouvais Julie pour mon début de festival… les cours et soirées ont suivi en belle compagnie.
Le dernier jour, nous avons passé un après-midi sur la plage, avec un groupe d’artistes Guadeloupéens, à parler de rencontres, de musique et de joie de vivre. Ce petit moment convivial m’a rappelé pourquoi j’adorais le voyage. Ces rencontres fortuites qui te donnent une joie immense et ces personnes que tu connais depuis 2 min, et que pourtant tu arrives à comprendre instantanément.
Ils ont souhaité venir jusqu’au Bénin pour s’y marier… sur la terre de leurs ancêtres. Ils voulaient aussi faire comprendre au peuple africain le lien qui pouvait exister entre leurs cultures à travers la danse. Comprenez que l’esclavage a laissé des traces… mais qu’aujourd’hui il est temps de rapprocher deux mondes si éloignés et pourtant liés par leurs histoires passées. Pour ces deux acolytes, le lien peut se faire à travers la musique, la danse et le partage de leurs traditions respectives. Julie, l’ivoirienne, était étonnée de voir que dans les danses traditionnelles guadeloupéennes on retrouvait les mêmes pas que ceux utilisés par son ethnie Bété. Et moi en fond, ravie et émue de voir tout ce beau monde échanger, grandir et s’enrichir ensemble au fil d’une conversation… le voyage rapproche et panse le monde, j’en suis convaincue !
Mes amis étaient déjà appelés à rentrer sur Abidjan. Mais avant de partir, le prof nous a emmené sur la terre de ses ancêtres, à Porto-Novo.
Accueillie par un brin de salsa, je me sentais déjà bien dans les rues de la capitale Béninoise (et oui, Cotonou n’en ai que la capitale économique !). Le lien Afro-Caraïbes se faisait à nouveau ressentir, tel un boomerang historique.
Nous déambulions dans les rues du Grand Marché, à l’affût des couleurs et douceurs béninoises. Je goûtais au chat-noir (fruit du tamarinier noir), au fromage Peulh (fromage frais, encore meilleur revenu deux minutes à la poêle) et finissais mon repas par quelques arachides.
Nous avons fait un stop au centre Songhai, lieu d’entrepreneuriat agricole durable, avant de ne partir à la rencontre de la femme la plus marquante de mon séjour: la grand-mère de notre hôte.
Je ne mettrais point les photos ici, par respect pour cette dame de plus de 100 ans. Elle ne parle pas le français, alors notre ami traduit pour nous: « Je ne peux plus me servir de mes jambes, mais j’y vois clair ». Comprendre qu’elle a toute sa tête.
Et ça se voit, avec son petit sourire en coin de femme espiègle, elle nous accueille à bras ouvert dans sa petite chambre. La complicité entre elle et son petit-fils est si forte, que je suis submergée par l’émotion. Et j’en viens à me demander ce qu’on a fait pour se couper nous Européens, entre générations.
Après cette séquence émotion, nous optons pour une pause culturelle au musée Honmé ou musée du Palais Royal. La visite coûte 5000 FCFA et le guide nous plonge au cœur de l’histoire des rois de Porto-Novo, qui avaient élu domicile à cet endroit.
La visite de la capitale touche à sa fin et nous retournons sur Cotonou, afin de partager une dernière béninoise, la bière locale au goût de miel, avant que les deux amis ne retournent sur Abidjan.
On me dépose au départ des voitures partagées allant à Ouidah, où je reprends mon voyage en main. 1h (et 1000 fcfa) plus tard j’arrive à Ouidah, où une moto taxi me dépose à Le Jardin Secret Chez Pascal, petit coin de paradis à quelques pas du centre ville.
Après avoir déposé mes affaires, je file à la Fondation Zinsou, pour le déjeuner. J’y déguste l’Amiwô, pâte rouge béninoise, accompagnée d’une sauce arachide avec du fromage Peulh. Un délice ! Puis je profite de l’exposition du moment pendant la digestion.
Je file ensuite à l’Office de Tourisme de la ville pour trouver un guide officiel. C’est Hervé qui m’accompagne sur la route des Esclaves. Mon précédent voyage au Ghana m’avait permis de prendre conscience de cette période sombre de l’histoire, mais l’arrivée à la « porte de non-retour » me laisse toujours autant de marbre. Devant la beauté de l’océan, il est parfois dur d’imaginer ce que vivaient ces gens déportés, enchaînés et qui partaient pour ne jamais revenir.
Je continue ma visite de Ouidah avec Hervé, qui m’emmène chercher sa fille à l’école, avant de ne me montrer l’espace qui lui permettra d’héberger des touristes. Ancien de Nomade Aventure, l’envie de prendre son envol a été plus forte. Au retour il me montre quelques bâtiments coloniaux, témoignage du faste de l’époque, quelque peu oublié, puis me mène au temple des Pythons, où je débute mon apprentissage du Vaudou.
Le lendemain, j’intercepte une voiture, qui me mènera jusqu’à Grand-Popo, à quelques minutes de la frontière togolaise. Je demande à un taxi moto de me conduire au Victor’s Place, endroit conseillé par un français rencontré la veille à Ouidah. Je me retrouve dans un lieu plein de charme en face de l’océan. En attendant Herman le gérant mais aussi guide touristique, je me détends sur l’un des hamacs géants, en admirant les pêcheurs remonter sur la plage leurs filets de pêche, synchronisant leurs mouvements de hanche avec des chants entrainants.
Herman finit par arriver et s’installe sur le hamac pour parler tourisme et avenir. Deux autres touristes nous rejoignent et nous partons pour un mini-tour des environs avec notre guide. Nous prenons une barque qui nous mène au village sacré de Hévé, où le culte Vaudou est fort présent. De fétiches en fétiches, Herman nous explique que le vaudou a une connotation négative dans les pays occidentaux, alors que cela semble relever d’un simple culte animiste, où les forces de la nature et le respect des ancêtres sont très présents. Le Vaudou est réservé aux initiés, mais ces derniers ont le droit d’être chrétien ou musulman. Ainsi, on parle plus de traditions ou de mode de vie, que d’une religion à part entière.
Je trouve ça passionnant. Après avoir vécu quelques mois en Côte d’Ivoire, où les locaux croient aux esprits maléfiques et à la sorcellerie, j’écoute Herman avec beaucoup de respect et de curiosité. Les poupées vaudous n’existeraient donc pas au Bénin et sembleraient confondus avec les fétiches qui ont tendance à faire peur aux non-initiés. Saviez-vous que le mot « charlatan » avait une connotation positive en Afrique ? Peut-être qu’au temps de la colonisation, les européens en voulant imposer la religion catholique, ont cherché à diaboliser des traditions ancestrales et pourtant bien ancrées.
Après cette séquence culturelle, nous retournons sur notre embarcation pour naviguer sur le fleuve Mono, jusqu’aux mangroves où Herman nous explique qu’elles sont actuellement protégées par une association.
Le soir, nous profitons du délicieux rhum arrangé de la maison, avant que je ne me retrouve coincée dehors, mon bungalow fermé avec la clé à l’intérieur. Je passerais la nuit allongée sur un banc, pensant au vaudou et aux mythes qui l’entourent.
Le lendemain, je voulais pousser jusqu’à Abomey et ses palais royaux, mais je décidais de suivre les deux acolytes toulousaines dans leur escapade du jour, profitant d’une nouvelle nuit à Grand-Popo. Nous partions pour la journée à Possotomé.
Découverte de l’artisanat, balade en pirogue, distillerie de sodabi (koutoukou béninois), déambulation au marché du troc et dans la forêt sacrée… étaient au programme.
Puis nous retournions à Grand-Popo pour une dernière soirée, avant que je ne regagne Cotonou.
A Cotonou, David l’ami de mon prof de danse m’emmène à Ganvié. Nous prenons un bus pour rejoindre l’embarcadère, avant de ne prendre une pirogue pour quelques heures de navigation.
Le capitaine de notre pirogue à voile, a cherché à nous faire payer tout le long de notre parcours… c’était assez désagréable. Nous n’avons pas eu droit aux explications le long de notre aventure aquatique, ayant laissé les commandes à mon hôte du jour. Renseignez-vous bien avant de vous laisser embarquer.
Nous avons quand même profité des paysages alentours, admirant la vie locale de ce village béninois sur l’eau. Magnifique !
Le soir, les gars m’ont fait tester les différents mets béninois, dont j’ai encore oublié les noms, après maintes répétitions. Un délice…
Comme quoi chaque pays de l’Afrique de l’Ouest a ses propres spécialités, et il serait dommage de se limiter à l’un d’eux.
J’aurais adoré aller jusqu’à Abomey en apprendre plus sur les rois, crapahuter au cœur des collines de Dassa-Zoumé, découvrir le pays Somba et surtout admirer les animaux sauvages au Parc de la Pendjari. Un guide sénégalais, basé au Bénin, rencontré au Ghana (j’adore le voyage !) m’avait tant vanté les merveilles de ce parc… beaucoup moins connu que ceux en Afrique du Sud et au Kenya, mais recelant pourtant de beautés animales. J’aurais aimé aller jusqu’au nord du pays, observer les lions dans un cadre beaucoup plus sauvage et moins « parc animalier », mais le temps m’était conté.
Alors cher pays, ce fût un plaisir que de découvrir ton sud… Tes habitants sont si patients, bienveillants, chaleureux et attachants ! Sache que je reviendrai.
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