Updated on octobre 9, 2019
Chez Bruny
Au sud d’Hobart, le bateau partant de Kettering nous embarque le temps d’un week-end sur une petite île que les gourmands apprécient. J’ai nommé: Bruny Island.
La traversée dure 20 min et coûte 38$ en saison (prix 2016), de quoi s’offrir une escapade à petit prix. Mais alors qu’y a-t-il chez Bruny ?
De la nature
D’Apollo Bay, point d’arrivée du bateau, on s’est d’abord dirigé au nord vers Dennes Point, pour faire une pause photo à Nebraska Beach.
Mais faut se l’avouer, le sud a vachement plus à offrir. On se met donc en route vers The Neck, lieu préféré des fans de selfies.
Des dégustations
Sur la route, nos papilles en prennent un coup. C’est l’heure du casse croûte ! On s’arrête à Get Shucked, pour déguster quelques huîtres. Accompagnées de pain frais et d’une bière chili-gingembre, elles sont extras !
Plus loin, une dégustation de fromage nous attend. En tant que française en voyage depuis deux ans, vous comprenez bien que l’arrêt était obligatoire 😉
Des balades
Après avoir grignoté, il est temps de s’aventurer sur les chemins de randonnées. C’est donc à The Neck que nous commençons. Léger bandeau de terre entre les deux parties de l’île, les escaliers nous offre une vue spendide.
En haut des marches, un mémorial est dédié à Truganini, une femme aborigène qui s’est éteinte en 1876. Malheureusement cet hommage cache une bien triste histoire, car cette dame serait la dernière des Aborigènes de Tasmanie.
http://https://youtu.be/LcxdbZ5chcc
Pour aller s’aérer l’esprit, nous décidons d’emprunter le Fluted Cape Track, à côté d’Aventure Bay, une boucle de 3h nous offrant des vues sur les falaises et la Tasman Peninsula.
Des couchers de soleil
Mais vite, la nuit commence à tomber, il nous faut arriver au campement vers Jetty Beach. Le soleil se couche sur le phare historique de Cape Bruny, le détour est magnifique.
L’atmosphère est posée.
Bruny Island, c’est rafraichissant et sympathique. On y fait aussi de belles rencontres, comme ce Wallaby blanc.
Updated on mai 8, 2020
Au top de Hartz
…
C’était mon premier week-end en Tasmanie. Un ami de Brisbane était venu me rejoindre pour m’accompagner sur la route qui me mènerait à Hartz Mountain.
Il fallait absolument que je la grimpe cette montagne. Mes chaussures de randonnées ne demandaient qu’à être sorties, tandis que mes jambes frémissaient d’impatience quant à l’idée d’aller arpenter quelques chemins escarpés.
A 1h50 d’Hobart, le temps n’était pas au beau fixe.
En aparté, il faut savoir qu’en Tasmanie il n’y a jamais de bon moment pour mettre le nez dehors. Le temps change à une vitesse flagrante.
Heureusement que la Côte Ouest néo-zélandaise m’avait accoutumé à profiter de chaque rayon de soleil, car ce jour là la grisaille était au rendez-vous.
La première partie du track reste facile, puis commence à grimper légèrement jusqu’au Lac Espérance. Des courageux s’y sont d’ailleurs aventurés. A poil, gelé par la température ambiance, ils ont plongé dans le lac sans équivoque.
Ensuite ça grimpe. Pas de problème pour mes gambettes en manque de nature, mais mon ami a pris quelques pauses « photos » sur le chemin. Arrivés en haut de ces 1255m, la vue a commencé à se couvrir rapidement, nous laissant dans l’espoir d’une éclaircie.
Les nuages se dissipèrent, et après 4h de randonnée, je réalisais que la Tasmanie allait me plaire et que je resterais bien sur cette petite île quelques temps.
Prochaine étape: Bruny Island
Updated on octobre 9, 2019
Un été en Tasmanie
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Je ne t’avais jamais rencontré et pourtant dès que j’ai posé les pieds chez toi, j’ai eu l’impression de rentrer à la maison.
J’étais fatiguée, éreintée et tu m’as accueilli sur Hobart les bras grand ouvert sur la mer dans ton petit port charmant.
Malgré mon manque d’énergie, j’ai gravi ton Hartz Peak, testé ton whiski à Salamanca Market le samedi, avant d’enchainer sur le MONA sous la pluie. Bruny Island, Tasman Peninsula et Maria Island m’ont tenu compagnie les premiers week-end chez toi. C’était facile de retrouver le goût pour l’aventure au creux de tes vallées.
À peine le dos tourné, j’ai commencé à poser mes valises, jusqu’à ce que l’on me dise, à demi-mot, que je n’étais plus la bienvenue. Et pourtant je suis restée.
Je me suis battue pour te montrer à quel point je les aimais tes montagnes, tes gens, ton caractère. J’y ai goûté tes cerises, tes pommes, ton vin, humé l’houblon à cueillir avant l’hiver. J’y ai rêvé de câlins avec un bébé Wombat, y ai rencontré ce Diable de mon enfance et ai versé quelques larmes aussi, bien amères. Incompréhension, mise à nu, malgré mes plaies à panser, tu as effacé ma colère.
Dans quelques semaines, je saurais si je remettrais les pieds sur ton petit bout de terre. Comme une envie de revenir l’an prochain, passer à nouveau un été Tasmanien. Comme un retour chez soi à 17000 km de la terre de mon enfance.
Updated on octobre 8, 2019
Deux ans de route
Il y a deux ans, ma mère prenait cette photo avant de me regarder m’éloigner, à la gare de Toulouse. J’ai l’air fatiguée, déboussolée, pas très sure. Les (nombreux) préparatifs de dernière minute, ma copine a consolé après sa rupture, mon envol pour un pays tant rêvé… me laissent perplexe. Mes deux sacs bleus, déjà bien trop lourds me pèsent, confirmant l’idée que l’improvisation sera de mise en Océanie. « Une robe, un jean ? On ne sait jamais… j’en aurais peut-être besoin pour bosser ».
Il y a deux ans je partais pour la Nouvelle-Zélande. Je quittais l’hiver pour prendre une bouffée de chaleur à Singapour, en transit pour quelques jours. J’ai du m’acclimater au décalage horaire, m’adapter à mon hôte sur Auckland et briser mes peurs de voyager seule. Car même avec l’envie d’aller de l’avant, de parcourir le pays à coup de pouce et de rencontres locales, mes premières semaines se sont déroulées coller à des compatriotes. Il m’aura fallu partir en roadtrip avec deux personnes qui n’avaient pas les mêmes envies que moi, pour que je prenne finalement mon envol. Je les ai quitté, ai sauté en parachute et grimpé le Mont Ngaruhoe, me donnant le coup de pouce tant espéré. Et puis j’ai grandi.
Je ne sais pas s’il est l’heure des célébrations, du bilan ou d’une bougie à souffler aujourd’hui. Penchée sur le livre de Marlo Morgan, “Mutant message down under”, qui relate le récit de son aventure dans l’Outback australien au cœur d’une tribu aborigène, une phrase attire toute mon attention: “nous ne fêtons pas une année de plus, nous fêtons le fait qu’une personne soit devenue meilleure”. Ce qui m’amène à me demander ce que je suis devenue après deux années sur la route.
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La découverte. Intense, nouvelle, différente. J’ai appris à vivre au jour le jour, à me réveiller le matin et à me demander ce que j’avais envie de faire et suivre simplement cette envie. J’ai appris à me détacher des choses matérielles, mais à me rattacher à des expériences. J’ai affronté quelques peurs, pousser des barrières, tendu le pouce à travers un pays. J’y ai rencontré des gens fabuleux, des sourires. J’y ai poussé des soupirs aussi, désespérée par ces âpres de politesse me rendant amère.
Je m’y suis rendue avec des yeux d’enfants, émerveillée par des montagnes humbles et grandes, des cétacés géants. La faune et la flore m’ont convaincu d’aller plus loin encore. Baleines, pingouins, phoques, kangaroos, platypus… Marchant sur les chemins de Tasmanie, je m’arrête admirant ce serpent d’un noir intense, qui vient de me filer la chair de poule. Je m’extasie devant ce bébé wombat qui s’y suit sa mère au plus prêt, hume l’air à l’instant intensifié par un feu de forêt lointain. Ces deux années m’ont permis d’être plus proche de la nature, plus compréhensive, plus attentive, m’éloignant peut-être de l’humain.
Fuyant à fond les relations pouvant m’éloigner de mes aventures, je reste froide, impassible. Je souris plus certes, mais prête moins attention. Je ne demande même plus leurs prénoms. Moi qui accordait beaucoup de temps à ces détails, ils me filent entre les doigts. Je mélange les histoires, radote, devient sauvage et m’écarte des voyageurs comme moi. J’ai l’impression d’être devenue égoïste, impatiente. Aigre de recevoir tout le temps et ne pas pouvoir donner autant, la culpabilité me ronge et me forge une carapace digne des personnes exécrables.
Je me suis demandée s’il ne fallait pas que je rentre. Pour retrouver une structure, des gens que je connais depuis longtemps, qui pourront peut-être m’aider à canaliser ma colère, retrouver un équilibre entre mouvement et paresse. Je me suis demandée si c’est l’Australie qui me rendait comme ça… un pays si grand, où l’Angleterre a trouvé le moyen d’y refourguer ses prisonniers et d’y déraciner la plus vieille civilisation du monde.
Je me suis demandée si je n’étais tout simplement pas fatiguée, usée à bouger tout le temps dans un lieu différent, épanchant ma soif de nouveautés et d’expériences.
Quand j’y repense, durant cette dernière année… le plus long que je sois restée en un seul lieu fut trois semaines. Alors non, je n’ai rien à me prouver. J’ai juste envie d’en savoir plus, voir plus, toujours plus. Pas de choc culturel… mais l’épuisement par le mouvement. Je suis en accord avec mes pensées, développe ma créativité tout au long de mon voyage et adore me poser devant un paysage. Le truc c’est que j’en veux toujours plus et que je n’arrive pas à me satisfaire du présent. J’envisage la suite avec impatience et me prend les pieds dans mon imprudence.
Deux ans donc… deux ans qui font ressortir ce que je voulais apaiser à travers mon voyage. Deux ans qui auraient du me permettre de me raccrocher à des rencontres, mais qui m’en éloignent. Deux ans impatients qui me disent qu’à 30 ans, j’en serai peut-être toujours au même point, sans ancre, sans racines, sans pied à terre pour me permettre d’apprécier chaque instant à plus de 100%.