Retour en terre connue

Trois semaines.

Il y a 3 semaines je reposais mes pieds sur le sol français. Après 3 ans d’absence, je m’imaginais prendre un gros choc. Culturel, émotionnel, personnel. Et pourtant…
Tout le monde me demande comment je vais, comment se passe ce retour en France que j’appréhendais tant il  y a quelques années. Je vais donc tacher de vous répondre.

La première heure

Le vol au départ de Hong-Kong a été long. Impassible, je débarque à l’aéroport. Vivement une douche et un bon lit. Chouette, je peux passer dans la file « Union Européenne ». Finalement c’est chiant, il y a autant de monde qu’à côté. Le gars qui regarde mon passeport me fait une petite blague sur Air China. Moi, je bloque. Il parle français. Tout me vient en anglais, impossible de rebondir. Je m’attendais à un « Bienvenue en France », un peu comme l’accueil que j’avais eu en Australie.

Puis les surprises commencent. Je trouve les gens souriants.
Attends on est bien en France ?
Je m’engage dans le RER, espérant que mes naseaux restent bouchés quelques temps.
Ah finalement ça ne pue pas.
« Non mais qu’est-ce qu’il a lui ? On se connait ? Ah les gens qui dévisagent, ça ne m’avait pas manqué ! »
Arrête de râler, tu viens juste d’arriver...

Stef est là, elle m’attendait. Alala, elle n’a pas changé. Trois ans de séparation et peu de nouvelles, et pourtant c’est comme si c’était hier.

Un week-end à Paris

Je suis fatiguée et bien décalquée. Mais on finit par papoter des heures. Elle me pose des questions sur l’Australie, mais je ne sais pas quoi raconter. Pourtant il y en aurait des anecdotes, mais tout semble lié à l’autre bout de la planète. L’impression qu’une page s’est tournée, plus vite que je ne l’aurais imaginé.

Lendemain petit déjeuner avec un vieil ami. Les viennoiseries passent bien, mais je dois filer me refaire une garde robe appropriée. Les euros ressemblent à des billets de Monopolie et je suis agréablement surprise du service. Pas de « how’s going » mais un bonjour franc et enjoué et des vendeurs à ta dispo si nécessité. Rien de transcendent pendant le week-end. Mes yeux se ferment vers les 18h et se retrouvent grands ouverts à 7h.

J’ai encore tellement de choses en tête, de choses à faire, que je ne réalise pas. Je me dis peut-être aseptisée, détachée. Je ne sais pas, déjà 3 jours et je ne pleure pas. Pas de choc, pas de tristesse, comme si j’étais dans les airs.

Nouveau départ

Il faut que je refasse mes valises. Comme un brin de dégoût s’installe. Une impression de déjà-vu, trop souvent vécu. Mais aujourd’hui, je ne pars pas loin… ce sera à Lyon à 2h de train. Tout est prévu: la visite d’appart dans l’aprem, et l’accueil d’un couchsurfer pour une semaine. C’est le top.

Mais j’ai l’impression de ne pas être là. Pas d’émotions, pas d’excitation. Comme une suite logique sans explication.

Le lendemain, je commençais un nouveau boulot. J’ai eu un gros coup de stress en février, en me disant que j’allais rentrer sans nouveau projet. 2-3 candidatures spontanées et je devais jongler entre des entretiens skype et une colocataire super folle qui a fini par me foutre dehors.

Nouveau départ donc, sans aucun répit, sans prendre le temps de redescendre à Toulouse voir ma famille. Une fille indigne ? Non, je me connais. Il fallait que tout s’enchaîne pour ne pas déprimer. Il fallait que je me pose pour aller me balader à nouveaux dans mes contrées. Car refaire mes valises 3 fois de suite, je n’aurais pas supporté.

Lyon

Lyon, c’est une nouvelle ville pour moi. J’ai fini par prendre l’appart visitée, et au bout d’une semaine je m’y installais. J’y prend mes marques doucement et je me réveille tous les matins avec le sentiment d’être un touriste dans la ville. Lyon, je ne connais pas, c’est un bon compromis. Je ne suis pas très loin de Paris et assez proche de Marseille pour le dépaysement. Les montagnes m’appellent, mais je n’ai pas le temps.

Le boulot me parle de voyages et de passions. Je vois de belles photos tous les jours et suis entourée de tentations. Je me dis que la route n’est pas loin et me pose plein de questions, mais pourtant je me sens bien dans cette nouvelle situation.

Alors ? Tu repars quand ?

Alors voilà. Je perds déjà mon anglais, j’ai encore du mal à savoir quand traverser et de quel côté regarder la route. Je suis surprise que les gens me laissent passer sur un passage piéton, surprise d’avoir trouvé mon premier Ossau Iratti répugnant ou de ne pas avoir sauté sur le saucisson. J’ai eu un petit coup de déprime la première fois dans le supermarché car je ne savais plus où regarder et ne trouvais plus mes ingrédients préférés. Des habitudes à réapprendre et des codes à changer.

Alors, à chaque fois que l’on me pose la question, je réponds: « c’est bizarre, mais pour l’instant ça va. Pour la suite on verra ». L’âge de raison peut-être ? Le pays que je viens de quitter qui m’aurait finalement peu marqué ?

Pourtant je me sens changée. Mieux dans ma tête et plus posée. J’ai enfin compris ce que c’était de ne plus s’en faire, de ne plus stressée, vivre au jour le jour est une façon d’apprécier la vie, de suivre son temps, comme la sensation d’être là où je dois être au moment présent.

Alors je ne sais pas ce que réserve la suite… un brin de doute et d’insouciance, mon sac à dos qui boude dans un coin, un équilibre à choisir entre envies et désirs.

Alors ne t’en fais pas, je reviens de loin, mais pour le moment je vais bien.

3 Comments on “Retour en terre connue

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