Montpellier, le temps d’un week-end prolongé

Je n’avais de Montpellier que cette image biaisée, datant de mes années clubbing. A l’époque j’avais doucement pris confiance en moi en montant sur les podiums toulousains, où je lâchais mon corps quelques heures sur des morceaux de ce qu’on appelait la « minimale », un doux son électronique qui mêlait rythme et instrumental. De Monegros en Espagne au Time Warp à Amsterdam, j’avais du faire quelques soirées à Carcassonne ou Narbonne et c’était alors au tour de Montpellier, de nous dévoiler son caractère de « capitale du clubbing » de l’époque. Je me souviens avoir pris le tram, avoir fait du stop et avoir rejoint le coin des boîtes de nuit, où l’on trouvait l’after le plus célèbre du pays. Je n’avais donc rien vu de la ville… et mes quelques passages à la gare, en correspondance, ne m’avait laissé qu’un goût de destination prépubère où les gens viennent pour faire la fête. Je crois que j’avais cette image de ville sale, enfumée comme je pouvais l’être en soirée, marchant sur un sol poisseux où l’alcool avait malencontreusement dégouliné. Quelle ne fût ma surprise lorsque je décidais enfin de visiter cette ville le week-end dernier, soit plus de dix ans après !

Se perdre quelques heures dans la ville

Arrivée en gare St Roch, je sortais sous un grand soleil, surprise de voir autant de monde marcher dans les rues. A quelques pas à peine, me voilà au cœur du square Planchon, où le brin d’herbe et les quelques bancs donnent envie de s’asseoir, se poser et respirer à plein poumon, le temps de regarder les passants s’en allaient vers la place de la Comédie. Je les suis, faisant attention de ne pas me prendre une trottinette, qui semble avoir plus confiance en sa vélocité que les vélos eux-même. Un petit arrêt vers l’Opéra et c’est vers l’Office de Tourisme que je me dirige. Ma curiosité me traine jusqu’à la libraire Sauramps, que j’avais découverte dans l’article de Tania. Moi qui n’aime pas beaucoup les grosses librairies, celle-ci m’entraîne inexorablement de rayons en rayons, avec l’envie d’acheter tous les livres sur lequel mon regard se pose.
Mais il est temps de continuer car j’ai envie de faire le tour de la ville à pied. J’aime me balader seule dans un nouveau lieu, laissant mon instinct choisir la prochaine rue.

C’était sans compter l’appel de ma tante qui me propose de la retrouver place de la Comédie, alors que je commençais à peine à m’engouffrer au cœur du Corum. Volte face, c’est donc dans les quartiers Saint-Roch, Saint-Anne et à travers les ruelles de l’Écusson que nous déambulons le reste de l’après-midi.

Je me retrouve alors au milieu d’une ville ensoleillée, dont les murs jaunes pâles accueillent doucement chaque rayon de soleil. Les rues sont animées, avec leurs petites boutiques et leurs cafés. Ce n’est pas comme à Toulouse où tout paraît concentré sur quelques lieux. Ici chaque coin de rue semble vivant et on a envie de s’y promener longuement, pour en absorber chaque instant. Que c’est agréable de pouvoir marcher sans voiture ! Nos yeux peuvent alors se concentrer sur les petits détails, les plantes posées ça et là, et les murs en trompe l’œil. Je suis agréablement surprise par la ville et m’imagine même y vivre… cela le temps d’un après-midi.

Le soir, je pars faire un tour à la promenade du Peyrou, espérant trouver le soleil couchant. Je rejoins mon amie et nous irons prendre un verre à la Casa Cubano, qui offre tous les vendredis soirs une soirée salsa… mais c’était sans compter sur la COVID.

Montpellier et ses musées

Le lendemain, je propose à mon amie d’aller faire un tour au MO.CO. Hôtel des Collections, car ils ont une exposition sur l’Amazonie. Pour la petite histoire, j’ai rencontré cette fille lors de mon expatriation en Côte d’Ivoire, notamment autour de la forêt de Taï. On avait donc envie de se plonger dans une expo nature, au cœur des odeurs et couleurs d’une forêt primaire. Ce musée qui se trouve dans le prestigieux hôtel particulier Montcalm, non loin de la gare, est ouvert depuis 2019 (à ne pas confondre avec le MO.CO. Panacée donc). Il propose des expositions temporaires dont l’entrée est gratuite pour les demandeurs d’emploi (8€ pour les autres en 2020).

Nous sommes arrivées sans le savoir, au moment où une visite guidée gratuite était proposée. Celle-ci fut passionnante et les quelques œuvres choisies et expliquées, exquises. Les tableaux ci-dessous m’ont particulièrement marquée. Ils représentent tous les deux l’Amazonie. Le premier montre que même si on souhaite la contrôler ou la mettre dans une « case », la nature reprend toujours ses droits. Je trouvais que c’était une belle référence à l’être humain également. Le deuxième tableau a été dessiné au charbon. Derrière cette végétation dense et magnifique, on découvre en s’approchant des dessins connus, de personnes combattant, rappelant que l’Amazonie a toujours été un lieu de lutte, que ce soit pour les peuples y vivant, ceux l’exploitant et le fait que géographiquement la forêt se trouve sur plusieurs pays.

En sortant (ou en entrant) du musée, on se retrouve dans un Jardin des Cinq Continents, où l’envie de se poser persiste. On finira par prendre la direction du jardin botanique, afin de profiter d’un petit goûter au Coffee Club, rue St-Guilhem à quelques minutes des meilleurs odeurs de café de la ville (au Café Solo).

Le lendemain matin, j’irai faire un tour au Musée Fabre, plus classique, qui est gratuit tous les premiers dimanches du mois.

Le jardin botanique de Montpellier

Pour bien finir notre journée, c’est au Jardin Botanique que nous faisons un tour. Je ne suis jamais très fan de ces jardins… car je les trouve souvent trop bien organisés ou trop peu exploités. Je garde précieusement les souvenirs du magnifique jardin botanique de Singapour, et depuis les autres sont souvent que de pâles copies. Nous voilà néanmoins, déambulant au cœur du plus ancien jardin botanique de France ! Et je trouve que sa vieillesse lui offre un côté moins aménagé qui ne manque pas de charme. De l’ancien observatoire aux nénuphars géants, des fleurs orangé et plantes médicinales, nous arrivons devant ce vieil Oranger des Osages (photo à droite ci-dessous).

Le jardin des plantes a été fondé en 1593 et fait partie intégrante de la Faculté de Médecine de Montpellier, adjacente. A l’origine destiné à la culture des plantes médicinales (qui servaient à l’enseignement), le jardin est vite devenu un outil d’étude botanique, avec l’intégration de plantes exotiques. J’en suis repartie conquise !

L’ Université de Médecine de Montpellier, qui a fêté ses 800 ans le 17 août 2020, est la plus ancienne du monde occidental encore en activité. C’est en 1181 que le seigneur de Montpellier, Guilhem VIII, accorde le droit d’exercer et d’enseigner la médecine à tous. C’est d’ailleurs au cœur de ses bâtiments historiques que l’on trouve le Conservatoire d’Anatomie et le Musée Atger (que je n’ai pas eu le temps de visiter). L’ histoire nous dira même que Rabelais, Rondelet ou encore Nostradamus l’ont fréquenté !
En plus d’être le berceau de l’enseignement de la médecine, Montpellier (construite au Moyen-Âge) était le principal port d’entrée des épices en France au XIIIe siècle.

Montpellier et les plages alentours

On le sait maintenant, Montpellier est géographiquement bien situé. Dans le sud de la France, à quelques coups de pédale de la Méditerranée, Montpellier offre des escapades variées à ceux qui veulent prendre le temps. A l’Est de la jolie petite ville de Sète, à l’Ouest du Parc naturel Régional de Camargue et au Sud du Parc national des Cévennes, Montpellier a le goût des villes où on aurait envie de revenir pour redécouvrir les trésors cachés de son enfance, lorsqu’on parcourait les routes de France, petite en camping-car avec ses parents.

A défaut de pouvoir aller aussi loin le temps d’un week-end, nous avons opté pour l’option plage que je n’avais pas vu de l’été. Nous avons mis un moment à nous décider car la variété des plages semblait à la clé. Palavas-les-Flots est certainement la plus proche et donc la plus facile d’accès. J’en avais une image de plage « construite et bétonnée » et la photo de gauche peut le confirmer (Palavas au loin derrière les dunes). Mon amie me parlait de la plage du Pilou à Villeneuve-lès-Maguelone, petite, jolie et accessible en bus + vélo l’été. L’ offre n’étant plus valable début septembre, nos cœurs penchaient pour la plage des Aresquiers, accessible en bus et celle de l’Espiguette où il faut prendre le bus jusqu’à Grau-du-Roi puis marcher 1h pour y accéder, une fois l’été passée.

Nous décidons de partir à l’assaut de la plage de l’Espiguette, rejoignant des amis véhiculés au Grau-du-Roi. Nous prenons le tram n°1 jusqu’à Place de France puis le bus 606, nous laissant au Centre hélio marin. Ce dimanche – là, le bus était plein… ni une ni deux, mon amie appelle l’Office du Tourisme afin de savoir qu’en arrivera le prochain, et le chauffeur qui nous accueille nous explique qu’il est venu suite à notre appel. Sans ça, on aurait surement attendu 2h… Comme quoi, n’hésitez pas à les contacter si vous êtes plusieurs personnes à attendre.

La plage de l’Espiguette fait partie du Grand Site de la Camargue gardoise. Du parking, il faut encore marcher une centaine de mètres pour accéder à la plage, longue de dix kilomètres. Il y a encore un peu de monde en fin de journée, mais la plage est assez grande pour se trouver une place éloignée. C’est ça qu’on était venu chercher: une plage encore sauvage, une eau fraiche, tout ça loin des immeubles dénaturalisant souvent les bords de la Méditerranée. De nombreux kife-surfeurs profitent des vagues et du vent. Ce dernier est frais… On le sait, c’est déjà la fin de l’été.

Petit stop à la plage du Grand Travers au retour vers Montpellier























Petit stop à la plage du Grand Travers au retour

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