Gosford, l’artiste

Le charango de Léo et ma flûte s’entrelacent paisiblement, envoutant la foule endormie. Les flammes dansent et nous accompagnent, bercées par la musique et les ondes positives.

Dans quelques heures je partirais, laissant le Rhythm Hut derrière moi. Une semaine riche en émotion et personnalités de tout genre. Un woofing pas comme les autres, un endroit qui appelle à la créativité sans extravagance. Un lieu, où la musique se joue, se vit. Une maison où l’on perd ses repères, dans un joyau bordel de cacophonie.

La ville en elle-même ne laisse entrevoir ses charmes. Mais il suffit de pousser une porte ou deux, pour déambuler le temps d’un après-midi, dans un entrepôt désaffecté et laisser libre court à son imagination, pour poser sur le papier sa vision photographique.

Sydney, poétique

Sydney, par une journée ensoleillée.

Je me laisse charmer
par le sourire de ses habitants
qui leur donne un air charmant.

Le retour à la ville
n’est pas si facile
mais ce tour dans le quartier des Rocks,
lui donne un air de petit village
qui n’a pas toujours été si sage.

Le Rock Discovering Museum m’a chuchoté au creux de l’oreille,
qu’il y a quelques années en arrière,
c’était le site des premiers colons,
des marins et truands un peu trop tournés vers la boisson.
Déclin et maladies s’en suivent,
jusqu’à la construction de l’Harbour Bridge.

Sydney s’étend, Sydney de diversifie
et ce n’est quand 1970
que les Rocks sont finalement reconnus d’importance culturelle.
Après cette balade riche en émotions,
je décide de continuer de plus belle
en direction de Milsons Point où Luna Park se dessine bien triste
sans sa horde de touriste.
Luna Park Sydney
Heureusement que la vue sur l’Opéra,
me sauve à point nommé de mon embarras
jusqu’à ce que je décide de retraverser le pont,
à contre courant.
Clien d'oeil sur l'Opéra
De Circular Quay au Botanic Garden,
je remonte péniblement chez mon hôte,
les jambes en feu mais la tête haute,
ornée d’une explosion de tâche de rousseur.
Oh soleil, tu as fait mon bonheur.

 

La solitude en voyage

Déjà un an et demi que je suis sur la route.
C’est une expérience extraordinaire, qui me permet d’évoluer au fil du voyage et des rencontres.

J’ai beau voyager seule, je ne le suis jamais ! Après 5 mois de voyage en Nouvelle-Zélande, je ne rêvais que d’une chose: m’enfermer dans une pièce, le temps d’une soirée, histoire de pouvoir me retrouver seule avec moi même.
Depuis j’ai changé. J’ai appris à me créer une bulle, même avec des gens autour. Appris à prendre du temps pour moi, même si mon voyage s’agrémente de HelpX, couchsurfing et autres magnifiques moyens d’aller à l’encontre de l’autre et de sa culture.
Mais aujourd’hui faut que je vous le dise… tout n’est pas beau et rose en voyage. Il y a les coups de blues, les remises en question, les incertitudes, les déceptions. Tout comme dans la “vraie” vie quoi ! Et quand on voyage seule, la solitude nous pèse encore plus parfois.


À mon arrivée en Australie il y a de cela 3 mois, j’avais un plan: trouver du boulot pour une longue période, histoire de me poser et de reprendre des forces. Mais vous le savez peut-être déjà, les plans sont faits pour être changé. Il y a quelques semaines en arrière, j’ai décroché un job dans une station de ski (oui vous avez bien lu, il neige aussi en Australie !). C’était parfait ! Un boulot pour la saison, un très bon moyen de rencontrer plein de gens et l’occasion parfaite pour apprendre à skier. Mais voilà, le jour de mon départ en train, j’ai fini par m’écouter et tout annuler.

«Le voyage est riche en enseignement. J’ai appris à m’écouter, à suivre mes intuitions et mes émotions. Le voyage m’a aussi montré que j’étais seul maître de mes décisions. »

Je n’avais pas de plan B, les finances en vrac et personne pour me conseiller.
Je me suis sentie seule, très seule.
Moi qui vait souvent de l’avant, j’ai pris du recul, physiquement et moralement.
Je suis allée me réfugier chez mon ancien hôte HelpX, pensant que son environnement confortable et sécurisant me remettrait en phase avec moi-même.

J’ai passé un bon mois à tout remettre en question.
Le pourquoi j’étais là. Pourquoi je n’étais pas en France à développer ma carrière professionnelle. Pourquoi à bientôt 30 ans, je n’étais pas posée avec un mec et un gosse. La situation personnelle de mon hôte me mettait en face des yeux ce que je ne voulais pas voir et les questions incessantes que je voulais éviter résonnaient à haute voix: “Qu’est-ce que tu vas faire de ta vie ?” “Quand vas-tu rentrer au pays ? Si tu rentres, penses-tu encore bosser dans le tourisme ?” “Ton amie de maternelle a un gosse de 2 ans et demi, t’attends quoi ?”.

J’avais beau ne pas être seule “physiquement”, la solitude s’est engouffrée. Mes amis me manquaient, ma famille, mon pays… Je me suis rêvée en France, dans ma maison de campagne, dans ma chambre. Je me suis demandée s’il n’était pas temps de rentrer, de retrouver une routine, un schéma réconfortant, un peu de calme.
J’ai voulu troqué l’excitation de ma vie actuelle, pour une vie plus zen sans prise de tête. Car voyager c’est pour moi: ne pas savoir où je vais dormir le soir, comment je vais m’organiser pour les repas, est-ce que mes finances vont suivre, trouver du boulot dans un lieu inconnu, ne pas se faire arnaquer, les limites de mon visa à prendre en compte, la concurrence avec les autres backpackers et s’adapter, toujours.

« Derrière le voyage se cache une logistique immense qui te demande d’avoir la tête sur les épaules et de l’énergie en permanence. »

Alors j’ai appelé à l’aide…
C’est bien beau d’être indépendante, de vivre sa vie comme on l’entend, mais parfois on a besoin de ses proches. Et mes proches étaient loin à ce moment là.

Pour certains de mes amis, la distance ne change rien… pour d’autres, on s’efface. C’est dans ces moments là que tu sais sur qui compter ou pas. Alors est-ce que je peux en vouloir à ces personnes de ne plus me demander comment ça va, parce que je suis à l’autre bout du monde ?
Je me suis même demandée si j’avais le droit d’être malheureuse dans un pays où beaucoup de monde rêve d’aller. Je me suis sentie coupable de ne pas être au top de ma forme en Australie. “Mais attends quoi ! T’es en Australie ! T’as trop de « chance » ! Tu te rends pas compte ou quoi ?! C’est quoi ton problème ? Profites-en, au lieu de pleurer dans ton coin.” Bon j’avoue… cette phrase je m’en suis servie moi-même pour aller de l’avant. Puis je me suis aussi rendue compte que non, j’avais tout autant le droit d’avoir des coups de mou que quelqu’un qui avait choisi de vivre une vie plus pépère (parce que oui, la vie est un choix).

« Hors j’ai l’impression qu’en voyage tout est décuplé parce que ce que tu vis est éphémère: les rencontres, les émotions, la solitude. « 

J’ai envié ces couples qui voyagent à deux, leur permettant de se reposer l’un sur l’autre à tour de rôle. Puis je me suis dit que la solitude pouvait frapper tout le monde.

« Moi, je me la suis prise dans la gueule. Sèche, ingrate et associable. J’avais beau être entourée physiquement, je me suis sentie très seule moralement.  »

Alors j’ai repris la route, je suis allée de l’avant, comme je l’ai toujours fait. Vous pouvez appeler ça de la fuite, mais l’avantage en voyage c’est que le mouvement est plus facile. La solitude semble, par contre, plus intense.

« La solitude ça a du bon aussi. Elle nous porte sur un plateau les remises en question, qui nous permettent d’avancer… dans le voyage, dans notre bien-être, dans notre vie de tous les jours.  »

Comme dirait Maxime de Détour Local, dans son magnifique article qui éclaire mes maux: “C’est peut-être ça le repos idéal. Prendre le temps de se questionner sur un rien et voir comment on en ressort à l’autre bout. Décrocher ou s’accrocher. Partir ou revenir. S’arrêter ou continuer. Mais sans jamais oublier d’avancer.”

La solitude donc… ou l’art d’évoluer doucement.

Toi, simple et nature

Il y a plus d’un an, je t’écrivais ces quelques lignes timides:

« Tu me sembles si familière et pourtant je ne t’avais jamais rencontré. Tes panneaux jaunes constellant tes routes m’évoquent la liberté. Celle de la route qui prend un nouveau virage. Celle de la nature de vivre qui transite en toi. Je ne sais pas si je resterais longtemps à tes côtés. Je ne sais pas si tes formes vallonnées vont me manquer. J’attends de voir ce que me réserve le sud avant de te juger. Mais sache que je me sens bien à tes côtés. »

Aujourd’hui je te quitte. C’est un aller simple vers ta voisine qui m’habite, mais je ne te cache pas que je flippe.
Tout ce temps à tes côtés m’a permis d’apprendre à t’apprivoiser. J’ai longtemps hésité à partir…mais les rencontres chiliennes faites derrière ton dos, m’ont donner envie d’aller voir ailleurs.

Tu penses peut-être que je me cherche des excuses. Ne fais pas comme si tu n’étais pas au courant…
Je t’ai souvent répété que j’avais du mal à me poser. Tu semblais compréhensive, m’offrant des week-end à la montagne, des escapades plus sauvages et des expériences originales.

On a vécu plein de choses toutes les deux. J’ai énormément appris avec toi. J’ai retrouvé foi en l’humanité. J’ai petit à petit excellé dans l’art de vivre au jour le jour, mettant de côté mon esprit perfectionniste et planificateur. J’ai relâché mon emprise sur le « je veux tout voir » et ai profité des gens que tu me présentais.

J’ai également souffert. Tu m’as donné du fil à retordre, des choix à faire.
J’avais parfois du mal avec ton trop plein de politesse. J’ai adoré tes sourires au début, tes petits mots qui rendent la vie sympa, tes « comment ça va » à chaque fois que je rentrais dans un magasin. Mais après plusieurs mois, j’ai fini par me demander si tu m’appréciais à ma juste valeur ou si tu me considérais comme une fille de passage avec qui il fallait être sympa.

Je ne pars pas sans doutes car je tiens beaucoup à toi. Mais l’excitation d’une nouvelle aventure comble un peu cette tristesse qui m’envahit aujourd’hui. Après t’avoir rêvé pendant au moins 6 ans, j’ai fini par te rencontrer… sans regret! 2014 a été riche grâce à toi et je t’en remercie. A bientôt je l’espère, Nouvelle-Zélande, mon amie. Carpe Diem.