Je te hais

Assise dans l’herbe à profiter des doux rayons du printemps, je te vois.
Ton petit corps frêle, recouvert d’un noir velours me désespère.
Ce n’est pas physique.
Tu ne représentes pour moi aucun intérêt et tu le sais.

Malgré tout, tu t’empresses de venir me dire bonjour.
Tu me baises vigoureusement la main et je te repousse.
Tu recules.

Tournant la page de mon livre, je te dévisage du coin de l’œil.
Il y a des choses comme ça qui m’énerve et tu en fais partie.
Je t’avais pourtant dit de ne pas revenir.

Insistante tu tentes à nouveau de communiquer avec moi.
Têtue que je suis, je me focalise tant bien que mal sur mon histoire.
Je croyais que l’ignorance était la plus forte des armes.
Mais tu me démontres encore bien le contraire.

Tu persistes à vouloir t’approcher de moi.
Je me lève alors, mon bouquin sous le bras.
Ce sera au lac cette fois.

Je me pose sur la jetée, loin de toi.
Réchauffée par le soleil, je somnole légèrement.
Je ne te vois plus.
Je me dis que le vent,
celui qui dessine le pourtour des rides du lac,
aura bien fini par te faire fuir.

Mais à défaut de ton cousin lointain, toi tu ne fais pas de bruit.
Je te surprends à nouveau entrain de violer mon intimité.
Cette fois-ci c’est mon pied sur lequel tu t’inclines.
Tu dois avoir un côté fétichiste.

Je vois que tu as encore ramené des copines.
Je t’ai pourtant assurée que l’échangisme ne m’intéressait pas.
Mais je vois que tu ne m’écoutes toujours pas.

J’ai tenu 30 min.
Tu as gagné.
Je m’en vais m’enfermer à nouveau à l’abri du soleil et très loin de toi.

J’avais pourtant caché mes jambes.
Mis le parfum que tu détestais.
J’avais tout fait pour que tu me trouves indésirable, que tu m’ignores.
Il a encore fallu que tu t’empresses de te rapprocher de moi.

Faut-il encore que je me répète ?

Je te hais.
Sandfly, je te hais.

À deux pas de Fox Glacier

La Côte Ouest néo-zélandaise fait beaucoup parler d’elle. Surnommée la « WetCoast » en raison de son caractère bien trempé, j’ai eu bien envie de lui rendre visite. Après quelques recherches sur le site HelpX, j’ai fini par y trouver un woofing plutôt sympa. Je décidais alors de passer 3 semaines (obligatoires) au Fox Glacier Inn, une auberge de jeunesse au cœur de Fox Glacier.
Après quelques tâches ménagères en matinée avec une équipe sympa, j’avais toutes mes après-midi pour explorer le coin. Attention les seules choses à faire ici relèvent de l’activité en plein-air ! Si vous sortez uniquement par grand soleil et que vous n’êtes pas adepte des randos, restez seulement 1 ou 2 jours, le temps de grimper jusqu’aux glaciers et d’aller faire un tour dans la rainforest (forêt tropicale).

Je dois vous avouer qu’en arrivant à Fox, je pensais faire ça ou encore ça, mais pour des raisons de sécurité les randonnées au pied du glacier sont interdites depuis le mois de Juillet, suite aux derniers éboulements. Seules les heli-hike (hélicoptère + rando sur glace) à hauteur de 400 dollars NZ sont proposées. N’hésitez donc pas à vous renseigner avant de venir…

Du coup, vu mon budget limité, je me contenterais de faire quelques randos sympas dans le coin. Venez je vous emmène…

Lac Matheson

Je commence avec le lac Matheson avec un réveil à 6h du mat. C’est apparemment le meilleur moment pour y admirer les reflets du Mont Cook. La lumière prune du matin a laissé place à une aquarelle de reflets bleutés quelques heures plus tard. Un must do !

Gillespies Beach

Pour une soirée sympa autour d’un feu et un magnifique coucher de soleil, rendez-vous à Gillespies beach. Cette plage de galet aux quelques sentiers de randonnées, nous dévoile un aperçu des sommets enneigés par ciel dégagé et quelques inspirations artistiques au gré du bois mort sculptural, lavé et abandonné par la Mer de Tasman.

Fox Glacier

Du long de ces 13km, le glacier peut être admiré derrière quelques barrières garantissant votre sécurité. J’ai entendu beaucoup de gens déçus dire que le glacier était loin et sale (même chose pour son voisin)… soyez positif et souvenez-vous que les glaciers de Fox et Franz Joseph comptent parmi les plus accessibles au monde, de par leur proximité avec l’océan.

De nuit au départ du village, Minnehaha est une balade de 20 min à faire de préférence muni d’une lampe torche. Les vers luisants y parsèment les souches d’arbres, créant une voie lactée terrestre. Gardez les yeux ouverts 😉

Mt Fox Route

Depuis que je suis arrivée à l’auberge, on me taquine avec ce track. « Il faut absolument que tu le fasses, par contre c’est hyper dur. Tu te retrouves parfois face à un mur et la descente n’est pas cool du tout ». Si le retour ne s’apparente pas au Ngauruhoe, je peux surement le faire. Après des jours d’attente dans l’espoir d’un ciel 100% dégagé, mon hôte finit par me donner un jour de congé et je pars donc à l’assaut du Mont Fox malgré les nuages menaçants.

Le panneau d’accueil précise bien que ce sentier n’est pas à prendre à la légère et qu’il est réservé aux randonneurs expérimentés. Mes collègues m’ayant bien mise en garde, je suis prête à franchir le pas. La montée est en effet corsée mais pas impossible. Les arbres m’offrent leurs racines en guise d’escalier et quelques branches pour m’aider à contre-balancer les tablettes de chocolat en trop. L’arrivée au sommet finit par se faire longue, et les nuages ne me font pas de cadeau. Le temps d’une pause repas et j’aurais droit à 2 min d’espoir, mon appareil photo braqué sur ce creux de montagnes ensoleillées.

La descente s’annonce glissante. Frustrée de ne pas avoir vu le panorama qu’aurait du m’offrir cette journée, je me réconforte en me disant que la Nouvelle-Zélande porte bien, encore une fois, son nom maori, Aotearoa, le pays au long nuage blanc.

Mais trêve de nuagerie, le Franz Joseph Glacier nous attend.

Franz Joseph Glacier

Les voyageurs se demandent souvent lequel à la plus longue et la plus grosse. Pour tout vous dire, Fox gagne en longueur (Franz perdant d’1km) mais les glaciers ne restent pas figés. Franz est observable d’un peu plus loin mais de face (après 1h30 de marche via la Ka Roimata o Hine Hukatere Walk), tandis que Fox s’admire de profil à 300m de distance (après 40 min de marche). À vous de choisir…

Alex Knob Track

Mais la meilleure façon d’admirer le Franz Joseph Glacier est encore d’emprunter l’Alex Knob Track, une magnifique randonnée de 6-8h A/R. Equipez-vous bien…Mes photos (la tête hors des nuages cette fois-ci) datent du mois d’octobre et pour vous situer, on est en plein cœur du printemps en Nouvelle-Zélande !

Okarito

À 23 km au nord de Franz Joseph se trouve Okarito. On peut apparemment opter pour une balade en kayak sur la lagune et accéder à la plage déserte de North Beach, mais n’ayant eu aucun retour sur celle-ci j’ai préféré suivre le Three Mile Pack Track. La vue est encore une fois spendide.

En espérant que ces différentes mises en jambe vous aient plu, je vous laisse en compagnie de Mr Kea, rencontré chez Franz, qui semble légèrement fatigué. Et vous, le seriez-vous après ces quelques heures de marche ?

De Greymouth à Christchurch

C’était un jour pluvieux, un lendemain mausade à Greymouth. J’avais passé ma nuit à enchainer les épisodes de Game of Thrones, que je n’avais pu voir pendant ces derniers mois à Motueka. Je m’étais enfin décidée à acheter mes billets sur les coups de 3h du matin. Un clic, mon code de carte bleue validé et je me rendais compte que je m’étais plantée.

J’avais opté pour quelques jours à Arthur’s Pass, en espérant que je pourrais y faire quelques randos. J’étais supposée y rester une semaine ou deux, mais mes futurs hôtes avaient vu leur B&B brûlé quelques jours plus tôt. Une bien mauvaise nouvelle ne me permettant plus de rester chez eux.
Je me couchais avec des rêves de neige et de chiens de traineaux. L’hiver arrivé. Je m’étais dit que l’I-site du coin pourrait changer mon billet le lendemain matin.

Le lendemain donc, confiante, je me dirigeais mon code de réservation à la main, vers une jeune brune souriante.
Le téléphone à l’oreille, elle me faisait patienter… mon train devait partir dans quelques heures. KiwiRail a fini par répondre, lui annonçant que si je voulais rester quelques jours à Arthur’s Pass il allait falloir que je débourse 70$ néo-zélandais. « Comment ?! »
J’avais beau user quelques larmes, des arguments, une mine de désespoir, la jeune femme ne pouvait rien y faire. Je partais donc chercher mon sac au backpacker avant de ne prendre ce foutu train… sous la pluie.
Le TranzAlpine, vanté par tous les guides de voyage, avait bien intérêt de valoir les 89$ dépensés pour l’occasion.

Avant que celui-ci ne démarre, j’envoyais un message au couchsurfeur qui devait m’héberger les jours prochains sur Christchurch, lui disant que je débarquais finalement ce soir et que s’il avait tout de même une petite place pour moi, ça me ferait bien chaud au cœur. Le train quittait enfin Greymouth, cette ville si terne sous la pluie et je commençais à me faire dorloter par les explications émanant des écouteurs, confortablement installée sur mon siège.

J’aime les voyages en train. Il y a quelques choses qui m’apaise. Je finis toujours par m’y endormir.

Je me souviens avoir lutter pour rester éveiller et tenter d’en prendre plein la vue. Malheureusement la pluie toujours présente a voulu s’en mêler.

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J’aime les voyages en train. Doux, berceurs, ils t’emmènent rêvasser entre deux montagnes.

L’arrêt du train me tire doucement de mes songes. Je suis à Arthur’s Pass.

Geoff et Renée, le couple chez qui j’aurais du faire du woofing, me font de grand signe par la fenêtre. Surprise, je descends du train pour leur faire un coucou. Ces gens là viennent de tout perdre et trouvent encore le temps de venir s’excuser de ne pouvoir m’accueillir. Le train va repartir… Un sourire et quelques mots de consolation plus tard, je reprenais la route en direction de Christchurch. Les paysages devenaient de plus en plus intéressants. La pluie s’était calmée et la vue dégagée.

C’est finalement cette partie du voyage que j’aurais le plus apprécié, à la vue de ces montagnes grises parsemées de neiges aux sommets, bercées par cette mer d’herbes jaunes nacré.

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J’avais fini par arriver à Christchurch, accueillie par mon couchsurfeur Nathan et une bonne odeur de soupe gingembre/potiron.

J’ai repris cette route dernièrement en sens inverse, mais cette fois-ci en voiture. C’est pour moi l’une des plus belles de Nouvelle-Zélande. Je me serais bien arrêtée tous les mètres pour prendre des photos, mais ces dernières n’auraient point suffit à vous faire partager mon émotion.

Si vous avez une voiture, le tranzAlpine ne vaut pas vraiment le détour. Mais lorsque vous faites du stop et que vous souhaitez simplement apprécier le décor sans pour autant avoir à tenir une discussion, le train est une bonne option. Je pense que la meilleure période se situe sur la fin de l’hiver, lorsque le soleil pointe son nez et que les montagnes sont encore enneigées.

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Et si vous partez de Christchurch, alors c’est encore mieux, car le tronçon Christchurch-Arthur’s Pass est absolument majestueux.

Kaikoura, à la rencontre des baleines

7h du mat, le réveil sonne. Après trois week-end à attendre le beau temps pour partir à Kaikoura avec mon coloc, notre réservation de la veille nous oblige à nous lever. Les nuages pèsent sur l’horizon, mais la route est encore longue, peut-être que le ciel sera dégagé.

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Les montagnes ne sont pas présentes aujourd’hui sur la carte postale, cachées derrière de gros cotons molletonnés. Ce n’est pas grave, une jolie rencontre nous attend à la cascade d’Ohau, au nord de Kaikoura.

En fonction de la saison, les bébés otaries s’y retrouvent pour sociabiliser. Un spectacle pour les yeux plein de mignonnerie. Il faudra cependant jouer des coudes pour être aux premières loges.

De retour sur Kaikoura, on retrouve les adultes sur la côte qui se prélassent au soleil. Ne les approchez pas de trop près, ils risqueraient de vous courser.

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Certains profitent de quelques rayons au départ de la Peninsula Walkway. Je ne ferais pas cette balade de trois heures qui longe les falaises par manque de temps, mais il parait qu’on y découvre de superbes points de vue et que l’on peut parfois apercevoir les baleines au large.

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Sur la route, le bleu clair de la mer nous appelle.

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Mais avant notre expédition, une demi-langouste que m’a inspiré l’article de Kiwipal ne nous est pas de refus. Saviez-vous que « Kai » signifie nourriture et « koura » langouste en maori ? Cette jolie bourgade accueillait en effet les pêcheurs de langoustes dans les années 80.

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Ce qui se révèlera finalement une mauvaise idée pour mon coloc.

Nous prenons le bateau de 12h45, dernier horaire disponible ce samedi. Après une courte présentation des mesures de sécurité, nous prenons le bus qui nous mène à notre embarcation.

Au bout de 10 min à peine, la première baleine fait son apparition. C’est un spectacle impressionnant. Moi qui avait longuement hésité au vue du prix des 3 heures en mer (145 dollars néo-zélandais), je ne regrette en rien de m’être fait bercer par les vagues de la côte est.

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Le moment phare où tout le monde sort son appareil est lorsque celle-ci plonge. On se sent alors petit mais en communion avec cette faune qu’il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir admirer.

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Trois autres nous montreront leur queue. Une passera même sous le bateau… tandis que mon coloc s’endormira paisiblement avec son sac à vomi sur les genoux.

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