Updated on octobre 9, 2019
Kaikoura, à la rencontre des baleines
7h du mat, le réveil sonne. Après trois week-end à attendre le beau temps pour partir à Kaikoura avec mon coloc, notre réservation de la veille nous oblige à nous lever. Les nuages pèsent sur l’horizon, mais la route est encore longue, peut-être que le ciel sera dégagé.

Les montagnes ne sont pas présentes aujourd’hui sur la carte postale, cachées derrière de gros cotons molletonnés. Ce n’est pas grave, une jolie rencontre nous attend à la cascade d’Ohau, au nord de Kaikoura.
En fonction de la saison, les bébés otaries s’y retrouvent pour sociabiliser. Un spectacle pour les yeux plein de mignonnerie. Il faudra cependant jouer des coudes pour être aux premières loges.
De retour sur Kaikoura, on retrouve les adultes sur la côte qui se prélassent au soleil. Ne les approchez pas de trop près, ils risqueraient de vous courser.

Certains profitent de quelques rayons au départ de la Peninsula Walkway. Je ne ferais pas cette balade de trois heures qui longe les falaises par manque de temps, mais il parait qu’on y découvre de superbes points de vue et que l’on peut parfois apercevoir les baleines au large.

Sur la route, le bleu clair de la mer nous appelle.

Mais avant notre expédition, une demi-langouste que m’a inspiré l’article de Kiwipal ne nous est pas de refus. Saviez-vous que « Kai » signifie nourriture et « koura » langouste en maori ? Cette jolie bourgade accueillait en effet les pêcheurs de langoustes dans les années 80.

Ce qui se révèlera finalement une mauvaise idée pour mon coloc.
Nous prenons le bateau de 12h45, dernier horaire disponible ce samedi. Après une courte présentation des mesures de sécurité, nous prenons le bus qui nous mène à notre embarcation.
Au bout de 10 min à peine, la première baleine fait son apparition. C’est un spectacle impressionnant. Moi qui avait longuement hésité au vue du prix des 3 heures en mer (145 dollars néo-zélandais), je ne regrette en rien de m’être fait bercer par les vagues de la côte est.

Le moment phare où tout le monde sort son appareil est lorsque celle-ci plonge. On se sent alors petit mais en communion avec cette faune qu’il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir admirer.

Trois autres nous montreront leur queue. Une passera même sous le bateau… tandis que mon coloc s’endormira paisiblement avec son sac à vomi sur les genoux.

Updated on octobre 9, 2019
Il y a des villes comme ça…
Qui t’assomme. Qui te font perdre totalement confiance en toi. Qui te ramène tout droit chez toi sans même avoir pris l’avion. Des villes avec qui tu as du mal au premier abord, mais dont tu te forces à apprécier certaines facettes parce que tout le monde est là… Oui pourquoi serais-tu si différente ? Pourquoi n’aimerais-tu pas une ville dont l’effervescence des stations de ski ou du winter festival regroupe la moitié de l’Europe ?

Son lac, ses montagnes la rendent belle. Ses petites ruelles parsemées de boutiques la dessinent attractive. Oui elle est charmante mais parfois trop superficielle.
Tu finis par t’y accoutumer, par y faire des rencontres. Les rencontres sont faciles ici… il suffit d’aller dans l’un des nombreux bars de la ville, tout le monde a le même statut que toi: celui de voyageur à la conquête du boulot en or pour l’hiver. Henry qui a trouvé un taff la semaine dernière sera sympa, voudra surement coucher avec toi car tu es française et ne te rappellera pas. Dave qui recherche ardument de quoi payer son backpacker depuis 3 semaines sera cool aussi, mais tu ressentiras un brin de concurrence dans sa façon de s’exprimer: “Ah mais non c’est trop trop dur ici, il y a pas de boulot (pour toi) et c’est pire pour trouver un logement”. La pression ressentie dès ton arrivée est encore perceptible et tu te demandes pourquoi tu es encore là à essayer de lutter avec ton anglais basique, ton accent pas très sexy pour les recruteurs et le peu de courage qu’il te reste encore après 4 mois de voyage.

Une copine te propose alors de venir visiter sa petite sœur. Elle t’hébergera quelques jours, mais la fatigue ressentie chez sa voisine ne te poussera pas à aller quémander du travail. Une soirée dans un bar de la ville et tu te sentiras encore trop vieille pour ce genre d’endroit. Mais finalement toi qui ne skie pas, qu’est-ce que tu es venue foutre là?
Il est 9h du matin. Tu dois prendre une décision. Te battre pour briller dans ces deux villes, pour pouvoir te réveiller tous les matins émerveillée par ces montagnes aux sommets enneigés ? Ou partir ? Partir vers d’autres horizons complètement différents, en espérant retrouver un peu de motivation.

Updated on mai 8, 2020
L’Abel Tasman et moi
La saison des kiwis vient de finir et j’ai enfin quelques jours devant moi pour profiter de l’Abel Tasman Coastal Track. J’en ai tellement entendu parler, que je me sens bien obligé d’aller vérifier l’envers du décor.
Je passe la nuit chez David, un couchsurfer canadien rencontré un mois plus tôt, qui me mènera à Marahau le lendemain matin. L’arrivée sur le village m’offre une belle mise en bouche.

Le lever de soleil sur les marécages alentours me dévoile ses couleurs pourpres. Je sens que la journée va être appréciée. Une heure dans le froid plus tard, il est temps de rejoindre la base de Kayak. J’ai choisi de passer ma première journée sur l’eau avant de porter mon sac à dos à terre. Mon guide Kaleb nous embarque avec une brésilienne sur la Mer de Tasman. L’eau est calme et dégagée, nous y serons seuls toute la matinée. Mai/Juin semble la période idéale pour venir apprécier ce Parc National. Peu de personnes empruntent le track au début de l’hiver, et kayaker dans ses eaux peu fréquentées vous apporte une sensation de liberté. Mes bras regonflés par la cueillette des kiwis ne souffriront pas trop de la non-coopération de ma coéquipière. Emportée par la vue des phoques, elle en oubliera de pagayer le long du trajet.

Les deux heures à effleurer l’eau passent vite et je dois débarquer à Anchorage où je suis censée passer la nuit. La vue est belle, la plage déserte, je m’aventure à faire une pause sous le soleil avant de m’y endormir. Oups. Il ne me reste plus que deux heures avant le coucher de soleil, j’en profite pour aller marcher du côté de Pitt Head. Le décor bleuté m’apaise. A mon retour, je retrouve d’autres randonneurs. Je ne serais donc pas seule dans l’Anchorage Hut le soir.
Le lendemain, 7h de marche m’attendent. Le chemin en lui même n’est pas très compliqué et certains parleraient même d’autoroute pour marcheurs. Le track est tracé, il ne me reste plus qu’à avancer jusqu’à Awaroa Hut, où je vais passer ma seconde nuit. Le parcours est calme et il est rare que je croise quelqu’un sur ma route. Je me dis alors que ce Great Walk devrait être réservé aux amoureux. Une ambiance d’île déserte, brodée de plages et eaux turquoises, parfait pour être partagé à deux.
La randonnée en elle-même n’a rien d’exceptionnel. Pas de difficulté énorme, la rocaille me manque.
Les nuages commencent alors à se montrer menaçant. Je suis à la dernière partie de mon parcours, lorsque une rafale de vent tente de m’emporter. Je dois marcher sur la plage, il ne me reste seulement quelques mètres avant le hut. Le sable me gifle le visage et je manque de perdre l’équilibre à deux-trois reprises. Où suis-je ? Une atmophère de désert d’Arabie me vient à l’esprit, tandis que je me force à continuer ma route sous cette tempête de sable. Le Hut est là, personne à bord. J’en profite pour prendre une douche froide avant que la pluie ne s’annonce. Le feu dans la cheminée, le repas avalé, il est 18h, il ne me reste plus qu’à me coucher.
Le lendemain matin, l’orage fait rage et je sors péniblement de mon sac de couchage. Il fait froid dans le hut et le temps dehors ne me donne point envie d’en sortir.
Je suis supposée traverser l’Awaroa Inlet à marée basse, j’ai donc quelques heures devant moi. Que dois-je faire ? Continuer mon parcours malgré la pluie qui risquerait de me glacer jusqu’au os ? Attendre une nuit de plus en me privant légèrement sur la nourriture et traverser le lendemain en espérant que le soleil soit au rendez-vous ? Impossible de me décider… et plus je prends le temps d’y réfléchir, moins l’envie de marcher sous la pluie se dessine.
Deux américaines arrivent finalement dans la Hut pour leur repas de midi. Elles sont trempées, semblent avoir froid, mais restent bien motivées à continuer jusqu’au bout. Après quelques bouts de conversation, j’apprends qu’elles doivent se rendre à Totaranui, où un water taxi les attend pour 14h30. La solution est là ! Je me décide enfin à les suivre, complètement démotivée par cette pluie incessante. Les deux heures de marche seront humides, et il me tardera qu’une seule chose: rentrer chez moi pour prendre une douche bien chaude.

Le Water Taxi tarde et je me demande si je vais bien pouvoir monter à bord. Fort heureusement le chauffeur est compréhensif et le retour sur les eaux agitées nous offrent quelques sensations fortes. Mon voisin allemand me raconte alors son parcours, de Totaranui à Wainui où j’étais censé continuer. On m’avait dit que c’était la meilleure partie du track… Déçue mais rassurée par son expérience peu agréable à cause du vent, nous retournons sur Marahau mon point de départ. Prenant la route pour Nelson, l’Allemand me dépose sur Riwaka, où je retrouve mes collègues de cueillette. Un petit cidre pour me réconforter et j’apprendrais le lendemain qu’il m’est possible de retravailler pour quelques jours, de quoi rembourser le prix du trajet retour…
L’Abel Tasman Park ne m’aura pas permis d’atteindre mes objectifs: faire du stop à partir de Wainui et continuer ma route vers Takaka et Golden Bay. Tant pis, les prévisions météo étant très floues en Nouvelle-Zélande, cette expérience aura tout de même été rafraichissante.
Updated on octobre 9, 2019
Napier, capitale néo-zélandaise d’art deco
Deux échos m’étaient parvenus sur Napier. Beaucoup semblaient déçus du côté art deco tant promu par la ville, d’autres étaient plus enthousiastes à l’idée que j’y fasse un tour. Aimant me faire ma propre opinion sur un lieu, je décidais de tenter ma chance vers Hawkes Bay.
Le beau temps vanté par la région n’est pas au rendez-vous. Je viens de passer 6h30 dans le bus au départ de New Plymouth. Arrivée à Napier, il pleut des cordes. Heureusement il est tard, je me dirige vers mon auberge, le Criterion Hotel, et sombre presque immédiatement dans de doux rêves.

Le lendemain, je profite du petit-déjeuner gratuit, tandis que ma plume creuse le papier de mon carnet de voyage. Je ne me sens point l’âme de sociabiliser aujourd’hui. Les allemands ont envahi les backpackers de Nouvelle-Zélande (ni voyez aucun racisme) et j’avoue de plus en plus apprécier le couchsurfing qui me permet de sortir de ma zone de confort.
J’opte donc pour un tour en ville, malgré la pluie menaçante. Je décide de longer la plage de Napier bercée par le bruit des vagues folles, pestant intérieurement de ne pas avoir la foi de louer un vélo au vu du temps.
Au retour vers le centre d’information, le long de Marine Parade se tient un petit marché (nous sommes dimanche) qui ravitaillera mon estomac le temps d’une pause.
Bluff Hill me tend la main pour une marche digestive et je finis tant bien que mal (ça grimpe et mes mollets ont gardé des restes de randonnées) par arriver en haut. Le panorama donne sur la mer et de jolies maisons bordent les allées.
C’est sans doute ces dernières qui m’auront le plus marquée dans la ville.
Mais il est tant d’aller découvrir pourquoi Napier se fait surnommer la capitale d’art deco de Nouvelle-Zélande.
Je choisis de déambuler sans carte, ni visite guidée (possible le matin à 10h, 14h ou 17h l’été). Je ne suis pas la seule à être accompagné de mon appareil photo cet après-midi. Le troupeau de papis / mamies croisé ce matin m’a bien conforté dans l’idée que je n’étais pas l’unique touriste.
Pour la petite histoire, le centre ville de Napier a été dévasté par un terrible tremblement de terre en 1931. 256 personnes furent tuées. 4000 hectares, autrefois sous les eaux, émergèrent suite à ce phénomène naturel. La ville fut alors reconstruite dans le style art deco de l’époque (il aura fallu 22 mois). Ce n’est qu’au début des années 90 que l’importance architecturale de Napier sera reconnue. Son style est aujourd’hui précieusement protégé, conservé, voire adulé.
Napier me laisse cependant de marbre. J’ai l’impression d’être tombé dans un piège à touriste. Heureusement que les charmants cafés, dont le Groove Kitchen Express qui me tient lieu d’écriture aujourd’hui, me détache quelque peu de cette image de ville musée.
Si le beau temps est au rendez-vous, n’hésitez pas à louer un vélo. J’avais pour projet de pédaler jusqu’à Hastings, ville également touchée par le tremblement de terre et découvrir les vignobles de l’arrière pays. Ce ne sera pas pour cette fois.
Napier ne m’a ni plu, ni déçu. En fait, je ne sais toujours pas quoi penser de mon passage ici. Les joueurs de piano de la ville auront tout de même fini par me décrocher un sourire. Je vous laisse en compagnie de Pokey LaFarge, chanteur américain découvert sur Auckland la semaine dernière, qui s’accommoderait bien du style art deco que nous vante si bien le tourisme de Napier. Bonne balade !
