Updated on avril 26, 2020
Le Parc National de Taï, à la découverte d’un paradis vert en Côte d’Ivoire
On parle beaucoup des chimpanzés et gorilles de l’Ouganda, des Parcs nationaux de l’Afrique du Sud mais très peu de l’un des plus grands vestiges de forêt tropicale primaire de l’Afrique de l’Ouest. Après avoir passé une année en Côte d’Ivoire, je peux vous garantir que le Parc national de Taï est un joyau vert, véritable poumon de cette partie du monde, qu’il est encore possible de découvrir tout en limitant son impact sur son environnement.
Le Parc national de Taï, dernière forêt tropicale primaire d’Afrique de l’Ouest
Déforestation intense de la Côte d’Ivoire
Vous aimez le chocolat ? Oui, moi aussi. Mais c’est en réalisant que la Côte d’Ivoire avait perdu 80% de ses forêts à son profit en un demi-siècle, que je me suis rendue compte que notre consommation du précieux croquant noir avait tout autant d’impact que l’huile de palme dans d’autres pays. D’autant plus que si vous achetez du chocolat équitable, il est dur de garantir qu’il n’y a pas des enfants derrière au travail. Mais tout n’est pas noir, au lait ou blanc.
Prenons l’exemple des palmiers à huile en Côte d’Ivoire: la filière ferait vivre 2 millions d’ivoiriens en 2020, soit directement ou indirectement 10% de la population. 60 % de la production d’huile de palme du pays viendrait de petites productions. Face aux géants asiatiques, la Côte d’Ivoire ne représente que 2% de la production mondiale et son exportation se fait globalement sur le marché africain. Il est donc difficile de mettre tout le monde dans le même panier lorsqu’il s’agit de consommation. Il est, en effet, bon de noter que l’huile de palme est utilisé quotidiennement par les ivoiriens (sans compter les feuilles pour les constructions locales et le délicieux vin de palme), contrairement au cacao. Hors la Côte d’Ivoire en est le premier producteur mondial, avec 40 % du marché !
Le cacao, qui représente 15% du PIB ivoirien, reste néanmoins vital pour l’économie du pays, avec deux tiers des emplois directs et indirects selon la Banque mondiale. Aujourd’hui il est donc d’autant plus important de faire cohabiter ces cultures (cacao, palmiers à huile, hévéa) économiquement stables pour les populations locales, avec le Parc national de Taï. Mais il ne faudrait pas qu’elles continuent à empiéter sur les rescapés de la main de l’homme.
Préserver le Parc national de Taï
C’est l’OIPR, l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves, qui manage le Parc National de Taï et les autres parcs de la région. La Côte d’Ivoire en compte 8: le parc national de la Comoë, le parc national de la Marahoué, le parc national du Mont Peko, le parc national d’Azagny, le parc national du Mont Sangbé, le parc national du Banco (au cœur même d’Abidjan) et le seul parc national ivoirien marin, celui des îles éhotilé.
Le Parc national de Taï lui, se niche à l’Ouest de la Côte d’Ivoire entre la ville de Taï qui lui a donné son nom et celle de Soubré plus à l’Est. Visiter le parc national, c’est pénétrer au cœur d’une canopée de plus de 5300 km2, regorgeant d’une biodiversité exceptionnelle. C’est d’ailleurs sans surprise que le Parc National de Taï a été inscrit en tant que Réserve de la Biosphère en 1978 et classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité en 1981 par l’UNESCO. Joyau naturel de la Côte d’Ivoire, le parc représente l’un des plus grands vestiges de forêt tropicale primaire de l’Afrique de l’Ouest.
La faune et la flore y sont riches et variées. On y découvre beaucoup d’espèces endémiques à cette partie du monde, dont 200 espèces de plantes, 24 espèces d’oiseaux et d’importants mammifères. L’hippopotame Pygmée, par exemple, présent dans le Parc national de Taï, existe aujourd’hui à l’état sauvage seulement dans quatre pays (la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée). Le parc est aussi l’un des rares endroits où l’on trouve une diversité aussi importante de primates. Onze espèces de primates peuvent être rencontrées dont les chimpanzés et les mangabeys.
Le Parc national de Taï, à la rencontre des Chimpanzés
Les chimpanzés au cœur du parc
Les Chimpanzés du Parc national de Taï n’ont pas la même histoire que ceux (une vingtaine) qui vivaient sur l’Île aux Chimpanzés à Grand-Lahou, dont Ponso est le seul rescapé aujourd’hui. Ces derniers avaient été utilisés dans des expérimentations médicales sur le cancer et transférés sur l’île pour une seconde vie. C’est d’ailleurs au cœur de l’écomusée de Taï que j’ai appris que les chimpanzés partageaient 98% de notre ADN, expliquant donc ces expérimentations médicales terribles et le fait qu’il faille porter un masque lors de nos observations dans le parc. En effet, en raison de la proximité des chimpanzés mais aussi des mangabeys avec l’homme, ces derniers sont particulièrement vulnérables aux maladies respiratoires comme le rhume, la grippe ou la pneumonie. Il est d’ailleurs interdit de venir les observer si vous êtes malades.
Dans le Parc national de Taï ce sont de véritables animaux sauvages que l’on rencontre. Ces derniers ont des comportements uniques à toute l’Afrique : ils utilisent 26 outils différents pour casser leurs noix et se nourrir !
Se déplaçant sur des distances importantes et friands de fruits, ils contribuent à la dissémination des graines et jouent un rôle essentiel dans la protection de la forêt. Et pourtant le chimpanzé a vu sa population diminuer de 80% en 20 ans, et est classé espèce en danger critique d’extinction sur la liste rouge d’UICN, depuis septembre 2016.
Comment se passe la visite ?
Pour l’observation des chimpanzés, c’est du village de Djouroutou au sud qu’il faudra accéder au Parc national de Taï. En 2019, lorsque nous arrivions à Djouroutou, nous étions installés à l’Ecotel Touraco, un joli hébergement en pleine nature en lisière de forêt. Nous passions la nuit dans l’un des bungalows avant de nous rendre au sein du Parc national de Taï. Il fallait alors compter 2h de marche pour accéder au campement au cœur même du parc.
Puis après installation dans un joli bungalow sur pilotis en bois, nous allions grimper le Mont Niénokoué. Du haut de ses 396 mètres, cet inselberg est sacré pour le peuple Patokola et l’ascension se mérite. Après 1h à 1h30 d’ascension, la vue sur la canopée est exceptionnelle. Personnellement je n’ai pas pu y aller au lever du soleil, mais j’ai eu le droit à la pluie. Le guide avait alors tout prévu et après avoir patienté à l’abri sous une bâche noire, nous étions émerveillés par la montée des nuages et le soleil passant au travers pour un spectacle exceptionnel.
Ce n’est que le lendemain matin à l’aube que nous allions observer les célèbres chimpanzés. Nous devions nous lever très tôt afin de pouvoir les apercevoir au réveil lorsqu’ils descendaient de leurs nids. Oui, vous avez bien lu ! Les chimpanzés dorment en hauteur et se créent un nid en tressant des branches entre elles. Cela permet aux guides qui les suivent toute la journée pour récolter des données, de savoir où ils dorment (les chimpanzés changeant de campement), afin de permettre aux visiteurs de pouvoir les observer le jour d’après.
Les chimpanzés se déplacent vite et il faut être en bonne condition physique pour pouvoir les suivre à travers une forêt dense.
J’écris au passé car aujourd’hui le séjour au sud du parc est géré par un privé, toujours en partenariat avec l’OIPR, et l’Ecotel Touraco a changé de nom. Lorsque je vivais encore en Côte d’Ivoire, des changements étaient en cours (rénovation de l’hôtel, mise en place de tentes safari sur le campement, etc.). L’observation des chimpanzés doit vraisemblablement se passer de la même façon, mais je ne connais pas les derniers aménagements faits à ce jour. Pour en savoir plus: Taï Lodge
Parc national de Taï, à la rencontre des Mangabeys
Les mangabeys au cœur du parc
Les chimpanzés ne sont pas les seuls à pouvoir être observés au cœur du parc et j’ai, d’autant plus appréciée l’observation des Mangabeys, qui se laissent plus facilement photographiés lorsqu’on est équipé d’un petit appareil photo comme le mien. Néanmoins il vous faudra respecter les distances de sécurité et suivre les guides qui sont là pour assurer votre sécurité mais aussi celle des animaux.
Essentiellement présents en Afrique de l’Ouest, les mangabeys sont listés comme espèce vulnérable d’après l’UICN, à cause de la déforestation et du braconnage. Le suivi du groupe de mangabeys pouvant être observé, est quotidien. Il est assuré par les écoguides, délivrant une présence positive au sein du parc et permettant de pouvoir localiser plus facilement le groupe, lorsque les visiteurs viennent en observer leurs membres dans leur habitat naturel.
Comment se passe la visite ?
L’entrée au cœur du Parc national de Taï se fait cette fois-ci au nord du parc, à partir de la ville au même nom.
De l’entrée du parc, il faut compter 2h30 de marche pour accéder au campement en pleine forêt primaire.
Après un bon repas local préparé par « l’homme ou la femme de camp », il est temps de suivre les écoguides pour un circuit ethnobotanique. On y découvre des arbres splendides et leurs utilisations anciennes locales. Aujourd’hui ces arbres étant protégés, il devient impossible de les utiliser au cœur du parc. Ainsi en plus d’avoir perdu un poumon vert dû à la déforestation, la Côte d’Ivoire perd également quelques traditions ancestrales. Tout est lié !
Après cette balade en forêt à la découverte de la flore, il est temps de rentrer au campement pour se reposer jusqu’au lendemain.
Le jour d’après: réveil matinal pour aller observer les mangabeys dans leur milieu naturel. Un moment privilégié dans la vie discrète d’animaux sauvages.
Les autres animaux et leur protection dans le Parc national de Taï
Panthères, éléphants de forêt, hippopotames pygmée… ces animaux vivent également au cœur du parc. Néanmoins il est très rare de les croiser.
Si nous pouvons approcher le groupe de chimpanzés et de mangabeys dans le Parc national de Taï, c’est seulement car ces derniers ont été étudiés de nombreuses années par des scientifiques et continuent à être suivis par les écoguides. Ce qui explique qu’aujourd’hui, ils tolèrent la présence de l’homme.
Alors on peut se demander si cela ne les rend pas plus vulnérables au braconnage car habitués à voir des hommes à proximité ?
Surement. Mais il faut savoir que les visiteurs encouragent la présence quotidienne des guides, ce qui impacte positivement le parc en faisant diminuer le braconnage. Les écoguides, qui trouvent ici un moyen de subsistance et qui ont grandi au contact de la forêt tropicale, sauront vous transmettre leurs savoirs, pour comprendre au mieux les enjeux de préservation de ces espèces en danger. Sensibiliser via le tourisme est aussi une démarche voulue par le projet. En montrant son impact économique, on aide à mettre en exergue l’importance de la préservation des forêts ivoiriennes. Malheureusement c’est souvent la recherche de profits qui nuit aux poumons de la terre, et le montrer sous cet angle permet d’accroître sa conservation. En suivant deux groupes d’animaux sauvages, on aide aussi à sauver leurs habitats et ainsi à préserver l’ensemble de la faune vivant au cœur du parc.
Je reste nostalgique de ces nuits en forêts sous la tente à simplement écouter les bruits de la nature et à me réveiller au chant du Calao ou aux cris des singes au loin. Et cette expérience ne serait simplement pas la même sans ces guides adorables qui ont rendu mon séjour inoubliable.
Le Parc national de Taï, à la rencontre des hommes et des femmes autour du parc
Des guides chaleureux
Nicole et Delphine prennent une pause à côté d’un arbre multi-centenaire qu’elles ont l’habitude de côtoyer. Elles nous offrent leur bonne humeur, leurs connaissances sur la faune et la flore et leur expérience au cœur du parc. Mais en plus de ça, c’est toute la chaleur ivoirienne que l’on savoure en échangeant avec elles. Un sourire, un regard attentif, une écoute douce, une complicité dans l’équipe que je ne peux simplement qu’évoquer. Il faudrait que vous preniez le temps de découvrir ce beau pays et d’en rencontrer ses habitants pour mieux comprendre. Saviez-vous que la Côte d’Ivoire comptait plus de 60 ethnies différentes ? La richesse de ce pays provient autant de sa nature que de ses populations locales. Après l’observation des animaux sauvages au cœur du parc, l’apprentissage n’est jamais fini. Si vous avez envie de voyager autour d’un bon repas local et frais ou autour du feu le soir, les écoguides restent ouvert aux rencontres et au partage. C’est le moment des conversations à cœur ouvert, des rires et peut-être même d’un chant ou d’une danse parmi les douceurs de la forêt. Vous en ressortirez avec une nouvelle énergie… mais rassurez-vous, vous aurez aussi le droit de dormir. 🙂
Lancé en 2010 en partenariat avec les populations locales, la Wild Chimpanzee Foundation (WCF, ONG consacrée à la préservation des chimpanzés et de leur habitat) et l’OIPR, le projet d’écotourisme communautaire a permis d’offrir à une région enclavée, une nouvelle source de revenus. Ainsi les communautés riveraines bénéficient directement de la présence du parc, en assurant sa protection et en limitant par exemple la plantation de cacao illégale. De plus la parité est de mise au cœur du projet.
Une immersion culturelle: rencontre avec les Oubis
A quelques minutes de Taï la ville, se trouve le village de Gouléako Trois Cailloux. Ce village traditionnel Oubi, une ethnie dont on parle peu en Côte d’Ivoire, offre une totale immersion au cœur des traditions africaines.
C’est avec Mr Sio que l’on découvre les plantes médicinales traditionnellement utilisées ou que l’on écoute les histoires d’un temps passé. Un véritable personnage, passionné et passionnant !
Il est possible de dormir dans de vraies cases, aménagées confortablement pour un véritable moment de déconnexion. Mais ce que je préfère par dessus tout, c’est quand la soirée traditionnelle se prépare et que le village s’anime d’effervescence. On s’assoie et on se laisse initier aux danses rituelles, où l’on retrouve les animaux du Parc national de Taï ou aux jeux de combats. Tous les habitants sont là et c’est une véritable fête dans laquelle on est convié. On oublie le temps d’une soirée que nous sommes seulement des visiteurs, et on se laisse entrainer dans la joie et la bonne humeur.
Où réserver pour visiter le Parc national de Taï ?
Venir jusqu’au Parc national de Taï est en soi une aventure. Se plonger au cœur de l’une des plus grandes forêts primaires restantes dans cette partie du monde, c’est également remonter le temps, à la découverte d’arbres multi-centenaires, là où les chemins ne sont pas encore tout tracés par la main de l’homme. Le Parc national de Taï se sont des rencontres extraordinaires, celles d’espèces fragilisées par la déforestation mais aussi celles qui cherchent encore aujourd’hui à les protéger. C’est tout un équilibre qui essaye de s’installer et je vous invite à y participer.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site Ecotourisme Taï, qui organise les seuls séjours officiels au nord du Parc national de Taï avec l’OIPR. Attention, il n’est pas possible de visiter le Parc national seul et une limite d’âge est imposé afin de garantir la sécurité de chacun et le confort des animaux en forêt. 🌿
Updated on avril 16, 2020
Consommation du confinement
J’ai l’impression de vivre dans un monde où tout se consomme, même le confinement. Dans cette période bizarre, je pensais me sentir mieux, je pensais qu’elle serait différente de mes autres périodes de chômage, qu’enfin je pourrais me retrouver dans l’ensemble du groupe à traverser la même passe. Mais non…
On vit dans une société où tout se consomme. Même enfermée chez toi, tu dois lire, faire du yoga, regarder les informations, twitter pour donner ton opinion, écrire ton article de blog, travailler pour ceux qui peuvent le faire à distance, aller faire le tour de ton pâté de maison, cuisiner, faire ton pain et surtout être heureux d’être en vie.
Vit-on dans une société qui nous écoute ? Vit-on dans une société qui accepte tes faiblesses et les transforme en force ? Est-ce que la société de consommation t’enlèvera un jour ta culpabilité à rien faire, à te lever à 10h du matin tous les jours et avoir l’impression de passer ta journée à manger car il n’y a que les repas qui te permettent de tenir le rythme ?
A coup de matraquage des médias sur le même sujet, je me suis demandée si j’aurais du, tout comme ma mère, devenir infirmière. Si j’aurais du bosser dans un EHPAD ou continuer à récolter des fruits pour être utile…? Puis je repense à la fois où je jouais de la flute traversière dans une maison de retraite pour noël. Cette fois-là, on m’avait obligé à aller serrer la main de tous les pensionnaires, en me disant que ça leur ferait du bien. J’avais fini en pleur car mon petit cœur sensible s’était emballé. Et je m’étais dit du haut de mes 8 ans peut-être, que je ne pourrais jamais faire ce métier. Et je ne pourrais jamais devenir infirmière car je savais déjà qu’à cette époque là, l’hôpital était devenu un sujet de « consommation » pour notre société actuelle.
J’avais quand même envie d’être utile. J’avais quand même envie à cette époque là d’apporter ma petite pierre à l’édifice, un peu lorsqu’on laisse sa pierre sur un cairn qui deviendra grand. J’avais envie de soigner les gens différemment… alors je me suis dirigée vers le tourisme, ce secteur où il semble difficile de trouver sa place sur le long terme, sans ouvrir sa propre compagnie. Je voulais soigner les gens par la tête, en leur faisant ouvrir les yeux sur le monde qui les entourait mais surtout sur eux.
Alors j’applique ma propre thérapie à chaque période de chômage. D’abord je me confine. Je rentre dans ma coquille pour digérer la fin d’un contrat, pour laisser la passion que j’y ai mis de côté, pour prendre le temps de faire le deuil et me concentrer à nouveau sur autre chose. Dans ces moments là, je n’ai souvent envie de rien, pas l’envie de me lever le matin à 7h du mat et faire du yoga. Pas l’envie de me faire un planning que je ne suivrais pas. Pas l’envie de cuisiner car il faudrait que je cuisine pour 3. Pas l’envie de sortir au soleil prendre l’air. Pas l’envie d’aller danser. Pas l’envie d’aller voir mes potes, bien trop occupés à travailler ou à avoir un sens dans leur vie. Alors je laisse incuber tout ça… et quand c’est prêt je sors de chez moi.
Souvent le boost revient quand je prévois un nouveau voyage. Peut-être parce que ma petite graine intérieure a besoin d’un nouveau lieu pour re-germer. Le pot dans lequel elle se trouvait la faisait suffoquer. Elle n’y trouvait plus la place pour étendre ses racines, l’eau suffisante pour s’hydrater ou la terre assez chargée pour se nourrir. Une rivière sur le Gr10, une nouvelle terre en Afrique et la place de l’étranger à saisir, car dans sa peau la différence est positive. On n’est enfin plus le chômeur à connotation négative dans notre société, car utilisant des droits sociaux…. mais qui aimerait rester à la maison à rien faire de ses journées ? A se sentir confiné comme nous le sommes tous en ce moment, car les amis sont au travail et qu’on nous aura tous dit un jour que le travail c’était donner un sens à sa vie, même s’il peut sembler futile parfois. Qui aurait envie de se sentir isolé pendant des mois car les candidatures ne marchent pas, la motivation décroit et qu’il n’y a personne pour le sortir de là ?
Alors je suis rentrée plus tôt de ce voyage. Ce n’est pas grave. Le voyage peut aussi être intérieur. Mais ce dernier est parfois dur… dans une société où les personnes qui travaillent pendant le confinement, sont qualifiés de héros, ne leur laissant ainsi pas l’occasion de pleurer publiquement. Où est ta place à toi qui le vit mal ce confinement, à toi qui a envie de rien, à toi qui ne fait pas d’apéro skype avec tes proches, à toi qu’on a oublié depuis longtemps au fond d’une chambre d’un EHPAD ? On te répète tous les jours que des gens meurent et que, sous-entendu, tu devrais être heureux d’être encore en vie, isolé dans ta chambre à chercher encore ton utilité dans ce monde.
Alors dans cet article qui n’a peut-être ni queue ni tête, je voulais te dire à toi qui me lit, que tu as le droit d’aller mal, le droit de ne pas bien supporter ce confinement, le droit de ne pas rêver à la suite ou de ne pas penser que le voyage est un unique objet de consommation. Tu as le droit de ne pas vouloir prendre soin de toi, tu as le droit de vouloir t’empiffrer de chocolat, de ne pas t’épiler, de ne pas lire 10000 livres ou de ne pas commencer celui que tu as toujours voulu écrire. Tu as le droit d’être unique et d’être toi ♥
Updated on avril 11, 2020
Campagnards, sommes-nous des privilégiés ?
Je reviens de la pelouse de mon père. J’ai enfin mis le nez dehors après une semaine et demi de confinement, suite à mon rapatriement. Vous pensez que je viens vous narguer à coup d’herbes fraiches et de pâquerettes ? Non, j’ai juste envie de déposer sur le papier ce qui me trotte dans la tête depuis un moment.
Les joies de la campagne
Petite, je crois que j’appréciais les promenades dans l’herbe, à flâner devant un papillon ou à chercher mon chat sous un arbuste. Puis est venu le temps de l’adolescence, où la mobylette n’étant pas autorisée, je ne rêvais que de ville et d’accessibilité. Jeune adulte, c’était pareil… je râlais de ce privilège des campagnes qui vous obligent à prendre la voiture pour sortir en boîte de nuit à l’autre bout de la ville la plus proche. Heureusement, j’avais un père flexible et aimant, qui venait me chercher à 6h du mat à 40 min de chez nous. Adulte j’ai déménagé maintes fois, le plus souvent en ville par praticité et préférant les transports en commun, qui ne vous obligent pas à dégivrer votre compagnon à 4 roues de bon matin. Quel plaisir alors quand je pouvais aller à pied jusqu’à mon travail.
Pourquoi je vous parle de ça ? Parce qu’en période de recherche d’emploi, je me suis rendue compte que les boulots à « haute responsabilité » étaient rares dans nos campagnes… et que si je voulais pousser ma carrière à son apogée, je devrais sacrifier mon confort et ma liberté, pour remonter m’installer à Paris, notre chère capitale. J’ai adoré mes années là-bas, mais honnêtement qui souhaiterait y retourner après des mois à gambader dans les Parcs Nationaux Australiens, Néo-Zélandais ou Ivoiriens ?
Le problème c’est que la plupart des postes qui m’intéressent s’y trouvent. Alors parfois je postule mais le cœur n’y est pas quand je m’imagine dans un appartement de 10 m2 sous les toits. Je sais pourtant qu’il y a des endroits sympas à Paris. Je me souviens d’ailleurs de cet ancien atelier d’artiste, dont la grande fenêtre donnait sur un petit jardin. Je me suis alors sentie dans un cocon en plein cœur d’une ville grouillante.
Quand je vois le nombre de parisiens ou autres français qui ont voulu quitter leur misérable cour bétonnée, alors je me suis dit que j’avais peut-être raison de vouloir me poser ce genre de question. Mais pourtant lorsque le « déconfinement » aura sonné, qui aura envie de retrouver ses amis en terrasse ou d’aller danser sur les quais de Seine, histoire de fêter cette nouvelle liberté ? Qui aura envie de rester à la campagne, seul dans son jardin, à compter les coccinelles et les quelques abeilles encore en vie ? Qui aura envie de faire des kilomètres pour aller à son travail, à nouveau coincé à l’heure des embouteillages sur le périphérique ?
Ville ou campagne, pourquoi choisir ?
Devrions-nous tous vivre en ville et avoir une résidence secondaire à la campagne ? Devrions-nous tous devoir choisir entre carrière professionnelle et confort moral ? Devrions-nous tous être amenés à vivre entassés dans des appartements mal isolés ? Devrions-nous tous vivre dans la rue ? Devrions-nous tous avoir un balcon pour aller applaudir le personnel soignant, pourtant oublié depuis plus de 30 ans ?
Ou devrions-nous tous vivre dans nos campagnes, près de nos rivières et de nos montagnes, et prendre chacun sa voiture tous les jours pour aller travailler pour nos chers patrons ? Devrions-nous tous nous mettre au télétravail ou lancer nos propres sociétés, pour pouvoir garantir un équilibre économique et moral, mais pas forcément social ? Devrions-nous tous avoir accès à un revenu universel, laissant inspirer un équilibre des classes et à chacun le soin de choisir plus confortablement son travail ?
Car si nous étions si heureux dans nos villes et nos campagnes. Si les beautés de nos montagnes étaient plus accessibles et les champs de nos campagnes moins montrés du doigts de par les pesticides. Si les enfants ne découvraient pas pour la première fois les joies de la nature sur les Champs Elysées, lorque cet été-là ils avaient été transformés en laboratoire de nos campagnes.
Et si on repensait ce petit monde en étant moins auto-centré sur nos illusions ? Et si on avançait ensemble vers moins de richesses intangibles mais plus de richesses qui s’affichent de par nos sourires, nos coup de mains et notre rapport à la terre ? Ces richesses que je redécouvre à chacun de mes voyages car j’ai tendance à les oublier, à les enfouir dans mes rêves qui ne se réaliseront jamais dans une telle société… alors peut-être que nous pourrions continuer à vivre ensemble sur cette belle planète. ♥
Updated on mai 8, 2020
Les plus belles randonnées de Tasmanie
J’ai passé un an en Tasmanie. Ce fût mon petit coin de paradis et de randonnées pendant mes deux années d’expatriation en Australie. J’ai même pensé y rester… pour m’y installer. Malgré une histoire sombre (Port-Arthur, éradication de tous les aborigènes sur l’île et disparition du tigre de Tasmanie… ) de petites communautés bienveillantes ont vu le jour. Et que dirais-je de la vue tous les matins en allant travailler aux vignes ? Une invitation à la nature perdue entre les montagnes immaculées et l’océan au loin ou en bas des falaises, qui nous appellent à un grand bol d’air frais. Vous venez ?
Le sommet le plus accessible: Hartz Peak
△ 7.4 km / 400 m + / 3-5 h aller-retour
Au départ d’Hobart, le Parc National du Mont Field ne se trouve qu’à 1h30 de route. Le parc offre des randonnées en Tasmanie accessibles à tous, des Chutes Russel à l’entrée du parc (compter 20min) à des treks de 2 jours à l’image du circuit Tarn Shelf (surement la plus belle balade du parc). Si comme moi, vous souhaitez une mise en bouche avant de vous lancer sur une randonnée en autonomie, vous pouvez opter pour le Hartz Peak, un joli aller-retour de 7.4 km vous permettant d’accéder au sommet du parc national. Attention la Tasmanie est une île aux 4 saisons dans la même journée, alors si arrivé au sommet haut de 1232 m, la vue est molletonnée de nuages, soyez un brin patient. Vous pourriez apercevoir au loin le célèbre Federation Peak.
Plus de détails: Au top de Hartz
La montagne la plus célèbre: Cradle Mountain
△ 12.8km / 600 m de dénivelé + / 8h aller-retour
Cradle Mountain est surement la montagne la plus connue de Tasmanie. Le Parc National Cradle Mountain-Lake St Clair regorge de randonnées à la journée, à 1h30 de Devenport et 2h30 de Launceston, la ville tasmanienne la plus peuplée du nord. Vous n’aurez que l’embarras du choix et c’est malheureusement un parc que j’ai très peu exploré. J’ai eu l’opportunité de m’aventurer sur le sommet de Cradle, la sixième plus haute montagne de Tasmanie, lors d’une journée splendide d’automne où les Fagus avaient revêtu leurs dégradés orangé. Pour atteindre ses 1543 mètres de hauteur, il ne faudra pas avoir peur de grimper d’énormes pierres. Certes moins vertigineux que l’accès au Mont Élisa (lui au Parc National Southwest), n’hésitez pas à faire demi-tour si le vent est de la partie. Il a été rude pour moi.
La petite histoire: De Lorinna à Cradle Mountain
La randonnée la plus romantique: Freycinet Circuit
△ 31 km / 2-3 jours
Coles Bay – Hasards Beach – Cooks Beach: 12km / 5h
Cooks Beach – Mont Graham – Wineglass Bay: 14 km / 9h
Wineglass Bay – Coles Bay: 5 km / 1h
Le Parc National Freycinet est réputé pour Wineglass Bay, une plage splendide et énormément photographiée. A 195km et 3h de route de Hobart, le parc est accessible via la route Coles Bay et le circuit commence sur le parking principal direction Hasards Beach. 1h plus tard, c’est sur le sable qu’il faut marcher pour rejoindre l’autre bout de la plage et continuer le long de la côte jusqu’à Cooks Beach. Le lendemain, la journée se corse légèrement avec le Mont Graham (500 m) qui offre une vue à 360° sur la nature splendide de la côte tasmane. La tente se posera le soir dans la célèbre baie. Au 3ème jour, les plages et ses eaux cristallines vous laisseront un goût d’y reviens-y. Une magnifique randonnée en Tasmanie !
Par ici: Freycinet, calme et volupté
Pour un week-end prolongé: Painted Cliffs
△ 8.8 km / 1h30 – 2h aller-retour
L’Île Maria offre une belle escapade à qui s’y aventure pour un week-end prolongé. Accessible par bateau au départ de Triabunna, Maria Island offre une pause loin de la circulation à la rencontre des animaux sauvages de la Tasmanie: les diables de Tasmanie et les Wombats en ont fait leur paradis. Plusieurs randonnées sont accessibles sur l’île nature dont la célèbre Painted Cliffs, qui nous propose 2h de balade facile au départ du centre d’informations. L’endroit est splendide avec ses dégradés ocre creusés par la mer. Là- bas, les couchers de soleil amèneront une douceur particulière à votre fin de journée sur Maria Island.
D’autres randonnées sont à retrouver ici: Maria Island, le paradis Tasman
Pour prendre de la hauteur: Tasman Peninsula
△ Cape Hauy – 8.8 km / 4h aller-retour
Cape Raoul – 14 km / 5h aller-retour
Ici je n’ai pas pu choisir… ces deux randonnées sont splendides et vous donneront un aperçu différent de la Péninsule de Tasman. La randonnée jusqu’au Cap Hauy est accessible au départ de Fortescue Bay, tandis que celle du Cap Raoul débute à la fin de la route Stormlea, juste après Port-Arthur. Ces deux randonnées offrent une journée chacune de balade et des vues lointaines et plongeantes au bord des falaises. Si vous avez un peu de temps devant vous et souhaitez prolonger l’expérience, le Three Capes Track est un trek de 3 nuits et 4 jours, alliant ces deux caps et le Cap Pillar, lui aussi accessible à la journée. Les cabanes finissaient d’être construites lorsque j’y étais et semblaient offrir une belle opportunité à la détente afin de profiter au maximum de l’environnement tasman (il vous faudra cependant un sacré budget).
Je vous emmène en balade: Quelques jours sur la Tasman Peninsula
Ma randonnée préférée: Frenchmans Cap
△ 46 km / 3-4 jours
Lyell Highway – Lake Vera Hut: 14km / 6h
Lake Vera Hut – Lake Tahune Hut: 6km / 4h
Lake Tahune Hut – Sommet du Cap Frenchmans: 1.5km / 2 h
Ce trek de 3-4 jours mériterait un article à lui seul. C’était le but ultime de mon dernier été en Tasmanie et j’ai eu une chance inouïe avec la météo clémente ce week-end-là. Nous avons croisé des randonneurs qui avaient tenté le sommet plusieurs fois et qui n’avaient pu y accéder qu’en cette journée ensoleillée. C’est pour ça qu’il est conseillé d’avoir 4 jours devant soi, afin de se laisser une journée de battement pour accéder au sommet. Cette randonnée en Tasmanie n’est d’ailleurs à recommander qu’à des personnes ayant de l’expérience. Le départ se fait à 200 km de Hobart sur Lyell Highway (A10), environ 55km avant Queenstown. Avec mon ami, nous avions laissé la tente au Lac Verra, afin de ne pas avoir à la monter avec nous jusqu’au Lac Tahune. Notre deuxième journée fut bien intense ! Si nous ne travaillions pas les jours suivant, les 4 jours complets auraient été appréciés afin de profiter d’un campement au bord du Lac Tahune, qui offre un baignade bien méritée après le sommet. Une randonnée splendide que je referais volontiers !
La plus sauvage: South Cape Bay
△ 7.7 km / 4h aller-retour
Cette randonnée en Tasmanie débute à la fin de la route la plus au sud de l’Australie: la C636, qui va de Lune River jusqu’à Cockle Creek. Juste après avoir traversé le pont de Cockle Creek, vous trouverez un parking. Je me souviens d’un joli camping, où des familles avaient décidé de se retrouver pour passer l’été. Je m’étais dit que j’y reviendrais pour profiter de la douceur des lieux. La randonnée débute à Recherche Bay et finit par une vue splendide sur l’océan. Une journée suffit pour la faire, mais attention car elle vous donnera peut-être envie, comme moi, de pousser sur un trek de 7 jours au cœur du côté le plus sauvage de l’île. Cette balade de 4h n’est en effet que le début du « South Coast Track » qui longe la côte sud tasmane jusqu’à Port Davey.
Vous l’aurez compris, la Tasmanie est une perle en matière de randonnées et rien qu’en écrivant cet article, mes chaussures frémissent à nouveau à l’idée de marcher sur les sentiers inexplorés du Parc national du Southwest, de m’aventurer sur les chemins bien tracés du Parc national de Cradle Mountain et d’enfin aller admirer les Walls of Jerusalem. N’oubliez pas vos pass obligatoires (qui aident à la régulation et à la conservation des Parcs Nationaux en Tasmanie) et tous les éléments nécessaires à une belle randonnée en toute sécurité (vérifier la météo, système des 3 couches, eau, snacks).
Pour aller plus loin: tastrails.com & parks.tas.gov.au/things-to-do/60-great-short-walks