Randonnée dans les Pyrénées: Les lacs de la Vallée du Lys

△ 17 km / 1400 m + et 1340 m – / 10 h en boucle avec pause / TRACE GPX

Comment rejoindre la Vallée du Lys ?

Après avoir rejoint Bagnères-de-Luchon en covoiturage au départ de Toulouse, nous suivons la route vers Hospice de France (D125). Nous bifurquons ensuite à droite sur la D46 vers la Vallée du Lys. Trois kilomètres plus tard, nous continuons tout droit pour trouver une auberge et un parking rempli de voitures, laissant la route qui monte à Superbagnères.

Je suis assez surprise par le nombre de randonneurs au départ de cette boucle de 17 km. Certains ont pris leur sac de couchage et leur tapis de sol pour passer le week-end prolongé en altitude. D’autres décident de faire un aller-retour jusqu’au Lac Vert, premier lac sur le sentier. Je n’avais pas vu autant de monde randonner depuis ma traversée des Pyrénées-Orientales sur les chemins de la Carança. C’est peut-être l’effet du « déconfinement » ou seulement un chemin réputé dans les Pyrénées. Je n’avais pourtant jamais entendu parler de la Vallée du Lys jusqu’à présent, mais son nom ne m’inspirait qu’un délice poétique peuplé de lacs.

Randonnée en boucle dans la Vallée du Lys

Du parking au Lac Vert en contre-bas

Nous quittons le parking, à 1140m d’altitude, pour rejoindre le chemin balisé qui monte au Lac Vert, indiquant le refuge du Maupas. Nous commençons au cœur d’une prairie pour finalement monter en lacet dans une belle forêt de hêtres. Après 2 mois sans sport, la reprise est tendue et je me répète que la première demi-heure est toujours la plus dure, pour m’encourager.

Nous finissons par arriver au pré de l’Artigue, que nous traversons en prenant à gauche toujours en direction du refuge (laissant le Gouffre de l’Enfer à notre droite). Après un petit bois, nous apercevons nos premières cascades. Je suis souvent très enthousiaste à l’idée de faire des randonnées au bord l’eau, me replongeant en enfance lorsque je traversais les rivières sautant de cailloux en cailloux. Le bruit de l’eau appelle souvent chez moi à une déconnexion totale. Le chemin est d’autant plus splendide avec la variété de fleurs que nous trouvons au fur et à mesure de notre avancée.

Au niveau de la bifurcation de la Coume, à 1680m, nous laissons le chemin partant à gauche par lequel nous reviendrons, pour poursuivre à droite vers le Lac Bleu et Célinda. Puis vers 1950m, un nouveau croisement nous amène à prendre à droite en direction du refuge de Maupas. Quelques lacets serrés, et c’est après une station de pompage que nous laissons le sentier qui mène au refuge, pour partir à gauche sur le sentier des lacs.

Les sommets enneigés se dessinent au loin, mais pourtant la neige semble plus proche que prévue. Le Lac Vert s’admire en contre-bas nous promettons une belle pause dans quelques pas. Nous n’y descendrons pas. Avant d’entamer la descente vers le Lac Bleu, où nous pensons trouver du monde, nous décidons de rester à 2300m avec une jolie vue sur l’horizon, pour un pique-nique bien mérité.

Lacs et névés

Nous descendons ensuite jusqu’au Lac Bleu, en passant une crête rocheuse équipée d’une main courante. Le Lac Bleu s’observe depuis le petit barrage mais ce dernier n’est pas si bleu que ça ce jour-là. La glace y ajoute ses teintes blanches et joue avec les transparences. C’est splendide mais il est tant d’aller affronter le long névé que nous pouvions observer depuis notre base de pique-nique.

Nous aurions pu faire une boucle plus petite en redescendant via le Lac Vert que nous voyions au loin, mais nous décidons de continuer malgré tout en testant la neige. Celle-ci est molle en cette fin Mai 2020, mais les randonneurs que nous croisons sur notre route, nous confirment que l’aventure est possible.

Nous traversons donc le barrage juste en face du Lac Bleu et suivons le sentier qui monte légèrement à gauche du lac. La traversée du névé, sur cette zone escarpée, se fait doucement et sans encombre, finissant en beauté sur la crête nord du Pic de Graués.

Sur les flancs du Pic de Graués, nous avons tout loisir d’admirer le Lac Vert en contre-bas, dont l’imagination pourrait faire penser à un cœur. Il porte en tout cas bien son nom avec ses couleurs vertes, tachetées de bleu, accompagnant les nuances du fond de la vallée.

S’en suit un léger sentier en descente pour rejoindre le Lac Charles. Du lac Charles, encore plus blanc que son confrère, nous poursuivons sur un sentier à flanc avec un autre joli névé. La traversée se fait avec beaucoup d’attention et nous finissons par atteindre le Lac Célinda après une légère montée.

Nous prenons une pause à son niveau, admirant le blanc intact au loin. Le bruit d’un gros moustique (drône volant au dessus du Lac Célinda) ne nous permettra pas d’apprécier les lieux à leur apogée et nous décidons d’écourter la pause car il se fait déjà tard. 16h… la descente nous attend.

Chemin retour via le Col de Pinéta

Du Lac Célinda, il nous reste encore 6,5 km et 1260m de dénivelé négatif afin de rejoindre le parking. Après les passages dans la neige que je n’apprécie jamais trop, mes jambes en compote se demandent comment elles vont bien pouvoir descendre pour rejoindre la vallée. Je me prends à rêver de parapente, mais mes co-équipiers du jour ont déjà pris le sentier partant du lac vers le Nord-Est et semblent déjà loin sur la crête. La vue y est splendide, mais par manque de temps l’appareil photo restera au fond du sac sur toute la descente.

De la crête nous poursuivons à gauche pour rejoindre le Col de Pinéta. Le sentier est bien marqué et il suffira de le suivre jusqu’au Vallon de la Coume. Mes pieds se suivent, jonglant avec les roches puis dévalant doucement les dénivelés forcés.
De sentier carné en lacets, nous laissons le chemin qui mène au Lac Vert à notre gauche (vers 1930m d’altitude), pour poursuivre à droite vers la cabane de la Coume. Juste avant de l’atteindre, je m’octroie une pause avec l’une des randonneuses du groupe, où nous parlerons de voyage en Inde au milieu des montagnes, une pomme et des raisins secs à la main. Avec ma démarche cavalière, nous reprenons la route pour bifurquer à droite avant même d’atteindre la cabane, rejoignant le même chemin qu’à aller. Nous laissons le bruit des ruisseaux derrière nous, pour retrouver un sentier en pente légère à l’ombre des hêtres. Le torrent frais au niveau du parking finira par revigorer nos pieds fatigués.

Ce fût une bien belle boucle au cœur de la Vallée du Lys, que je ne recommanderais pas forcément pour une reprise. On est bien là sur une randonnée sportive, et il faudra prévoir un plan B si jamais vous n’êtes pas à l’aise sur des névés d’une fin de printemps. Cette randonnée à la journée doit être encore plus fréquentée en été, la présence des lacs incitant à la trempette de pieds ou à la baignade. N’oubliez pas de vérifier la météo avant votre départ et d’opter pour le système des trois couches. On prendra aussi encas et eau sur le départ. Belle rando !

4 jours dans le Damaraland en Namibie

Je n’avais jamais entendu parler du Damaraland avant de rencontrer le copain de ma collègue volontaire à Swakopmund. Ce dernier travaille pour une ONG qui protège les éléphants du désert et se rend souvent dans ces terres pour faire cohabiter au mieux les éléphants et les hommes. Après un an en Côte d’Ivoire à travailler sur le sujet de la cohabitation homme/animal, son expérience m’a de suite parlé et j’ai eu envie de m’immerger au cœur du Damaraland.

Escale au Moon landscape

De Swakopmund nous avions 4 jours. Quatre jours devant nous pour aller explorer l’intérieur des terres, quatre jours pour une introduction aux terres des Damaras. C’est peu mais au prix de la voiture de location et de notre engagement auprès d’une auberge de jeunesse, nous ne pouvions nous accorder plus de temps. Opter pour du stop sur un si court laps de temps, ne nous aurait pas permis de faire un tour si rapide. Les transports en commun sont rares en Namibie et la plupart des voyageurs optent pour une location bien moins chère dès Windhoek, la capitale.

Prêts avec quelques encas pour la route (et beaucoup d’eau), nous quittions le temps frais de Swakopmund sur la côte ouest, pour une météo plus sèche et chaude. A 30 min de là, nous étions déjà au cœur du dépaysement à observer le Moon landscape. La rivière Swakop y a creusé de jolies profondeurs à une époque lointaine, laissant aujourd’hui une impression de mission sur la lune, lorsqu’on se laisse marcher entre ses collines arides. Nous n’y avions point trouver de Welwitschia (je vous en parlerai plus tard au cours de ce voyage) mais un brin d’inspiration dans ce monde friable.

Spitzkoppe, première étape au cœur du Damaraland

Après un pique-nique avec vue fabuleuse, nous reprenons la route vers Spitzkoppe. Les restes d’un ancien volcan apparaissent comme un mirage namibien dans l’immensité désertique du Damaraland Sud. Nous nous approchons doucement tandis que ces courbes orangé me rappellent celles des lieux sacrés australiens. Il me tarde d’en apprendre plus sur Spitzkoppe car je sens comme une connexion entre les traditions aborigènes et damaras. Avec le sentiment que ces derniers continuent à avoir un lien privilégié avec la nature dans un univers aride et au premier abord peu accueillant pour des vies humaines.

Avant d’en savoir plus, nous payons nos droits d’entrée au cœur du Parc national, qui est géré par le ministère de l’environnement et du tourisme namibien. La charmante dame à l’accueil nous fournit une carte et nous voilà livrés à nous-même pour explorer les environs. La carte est à télécharger ici.

Bushmen’s paradise, souvenir du peuple San

Nous décidons de prendre à droite juste après la réception pour arriver jusqu’au « Bushmen Paradise« . Deux guides sont assis à l’ombre dans l’attente de touristes, car l’accès seuls y est interdit. Nous nous arrangeons à l’amiable sur le pourboire à venir, puis l’un d’eux nous emmène dans une épopée montante. Nous ne savions pas vraiment dans quoi nous nous engagions. Nous finissons cependant par grimper les flancs des montagnes Pontok, voisines du Mont Spitzkoppe, sous un soleil ardent pour rejoindre un coin frais à l’ombre: le Bushmen Paradise. Il porte bien son nom. Après une montée raide sur la pente granitiques orangé, nous profitons de cette pause fraiche et découvrons des peintures rupestres préhistoriques, vieilles de 2000 à 4000 ans. Le guide nous explique qu’elles étaient majestueuses avant que les touristes viennent les détériorer… et que c’est pour cela qu’une visite guidée était aujourd’hui imposée. Il nous raconte aussi que les « Bushmen », les plus anciens habitants de l’Afrique Australe, vivaient ici.

Histoire d’un peuple nomade

Les « Bochimans » en français ou peuple San, comme on préfère les nommer aujourd’hui, sont traditionnellement des chasseurs-cueilleurs. Ils se déplaçaient donc en fonction des pluies et on les connaissait comme « ceux qui suivent l’éclair ». Notre guide nous montre alors un endroit où l’eau a creusé la roche et nous indique que pendant la saison des pluies l’endroit se transforme en piscine naturelle et que le peuple San savait y venir au bon moment.
Nous sommes en plein saison des pluies pourtant, mais l’eau se fait de plus en plus rare nous conte-t-il. Un peu comme l’histoire du peuple San qui a subi un génocide énorme au cœur du pays. Les premiers à être arrivés sur leurs terres sont les Khoïkhoïs, peuple pastoral d’Afrique Australe. Afin d’élever leurs bêtes, ces derniers s’approprient les réserves d’eau et finissent par s’étendre sur la côte Atlantique. Les Khoikhois surnomment les San « peuple qui ramasse la terre » alors qu’eux-même seraient « hommes des hommes », imposant ainsi leur suprématie. Les Bantous, venant du centre-est du continent, agriculteurs et sédentaires, finissent par s’imposer sur le territoire au 15ème siècle et certains Khoïkhoïs, que l’on appelle aussi Nawas, sont contraints d’apprendre du peuple San, afin de survivre sur les terres arides dans lesquelles ils ont été repoussés et où l »élevage du bétail se fait compliquer. L’ arrivée des colons européens (hollandais au 17ème siècle puis Britannique) finira par réduire le territoire des San, au désert du Khalahari qui s’étend entre la Namibie, l’Afrique du Sud et le Bostwana. Le peuple San, peuple nomade n’ayant par conséquent aucun droit de propriétés sur les terres, sera continuellement chassés, rejetés et marginalisés. Il ne resterait aujourd’hui que 100 000 San sur l’ensemble de l’Afrique australe et seulement 3000 continueraient à vivre traditionnellement.

Nous redescendons la pente glissante avec le guide et je me sens légèrement coupable de venir sur ce lieu sans l’accord des premiers hommes qui y trouvaient répit, il y a fort longtemps. Mon intuition d’un lien avec les Aborigènes d’Australie se trouve confirmée, tant l’histoire me semble semblable et triste. J’aurais préféré avoir eu tort. Je vous invite d’ailleurs à lire cet article de l’ONG Survival International sur la situation du peuple San au Botswana, au 21ème siècle.

Entre Spitzkoppe et les Pontok Mountains

Nous retrouvons notre voiture et après nous avoir montré un Mamba noir mort la vieille, le serpent le plus venimeux d’Afrique, le guide nous propose de nous accompagner plus loin. Nous nous dirigeons alors vers le « Small Bushmen’s paradise » puis nous poussons le portail privé pour arpenter la réserve naturelle avec lui.

Les plaines orangé pailletées de buissons verts dénotent avec l’immensité alentour, nous accueillant dans sa splendeur. J’y aperçois mes premiers zèbres, qui semblent être des zèbres de Hartmann (Equus hartmannae), une sous-espèce de zèbre de montagnes. La rencontre est magique et me fait oublier pour quelques minutes ce que le guide vient de nous raconter.

Ce dernier plongé dans le Lonely Planet emprunté à l’auberge, nous guide à travers des chemins sans panneau pour ensuite nous faire revenir sur nos pas et nous montrer la célèbre arche naturelle, où se capturent de beaux couchers de soleil. Nous remercions notre guide du jour, que nous ramenons à la réception. Il vit à quelques pas au cœur du village Spitzkoppe où se trouve une école et même une clinique. Il nous laisse entendre que le tourisme est le seul moyen de trouver du travail dans le coin et qu’il se trouve chanceux de pouvoir participer à la conservation de cet environnement fabuleux, dans le Damaraland.

Nous installons notre campement à quelques pas de l’arche avant que le soleil ne s’efface derrière les montagnes de granit. Nous jouons avec les ombres, qui nous laissent entrevoir de belles histoires d’amour.

Il était une fois…

Brandberg Mountain au cœur du Damaraland

Après une nuit dans un lieu naturel splendide, quelque peu perturbé par le bruit d’un animal au pas feutré, nous quittons Spitzkoppe en direction du massif du Brandberg.

Nous arrivons au moment où le soleil pointe ses rayons au zénith, une heure peu recommandée donc pour entamer une balade, surtout en Namibie. Mais nous n’avions pas fait toute cette route pour rien et nous demandons à notre guide si la marche est longue et faisable par cette chaleur. Il nous assure que oui… après lui avoir proposé de l’eau, nous remplissons nos bouteilles, nous étalons notre crème solaire et partons avec nos chapeaux au milieu du Tsisab Ravine. Le lieu est splendide mais la chaleur étouffante. Notre guide est âgé, mais continue à marcher imperturbablement à travers les rochers pendant ces 40 longues minutes en compagnie des Damans (mammifères ressemblant aux marmottes). Il nous explique qu’il est possible de traverser les montagnes du Brandberg, pendant la saison sèche et d’atteindre le point culminant de la Namibie, le Königstein à 2573 m. Aventureuse, j’ai tout de même un peu de mal à imaginer une randonnée de 3-4 jours avec seulement quelques degrés en moins. Nous finissons tant bien que mal par atteindre une cavité fraiche, loin du soleil ardent où il fait bon se pauser. Cela tombe bien car des peintures rupestres de plus de 2000 ans y sont observables, dont la fameuse « White Lady » (la dame blanche qui serait en fait un homme San). Le ravin du Tsisab en contiendrait à lui tout seul plus de 45 000, préservés au cœur de 1000 abris rocheux. C’est que le Brandberg était un lieu sacré pour le peuple San.

Damara/nama, langue à clic

Il est temps de quitter ce moment de fraicheur et de rebrousser chemin vers le parking, longeant l’ancien cours d’eau depuis bien longtemps asséché, qui traversait le massif. Tandis que nous nous éloignons de la « Montagne qui brûle », Dâures en Damara, le guide essaie de nous apprendre sa langue, qu’il appelle « Damaranama » ou « Khoïkhoï ». J’imagine que cela fait référence aux Namas, le plus grand groupe ethnique restant des Khoïkhoïs (je vous en parlais plus haut) dont ils auraient adopté le langage. C’est l’une des langues khoïsan, caractérisées par la présence de nombreuses consonnes à clic. Ils sont plusieurs groupes ethniques à parler la langue des clics et le guide nous explique qu’elle serait la plus vieille langue du monde, mère de toutes les autres. Il est vrai que pendant la première partie de la visite, il m’avait impressionné par la facilité avec laquelle il arrivait à passer d’une langue à l’autre, s’amusant à nous parler un peu français, un peu anglais, un peu espagnol sans trop d’accent. Arrivés au parking, il prendra le temps de me répéter les mots appris en chemin afin que je puisse les écrire.

Dictionnaire Damaranama
Madisa = Bonjour, comment vas-tu ?
Titakea = Je m’appelle
Titake franriga rua xura hâ = Je viens de France
Kai I Aio = merci beaucoup
Iuridaras = White Lady
‘ ! unbq = à prononcer « on y va » = qui signifie « avant-bras »

Les clics de langue sont retranscrits à l’aide de la ponctuation dans le langage Damara/nama.

Le Damaraland, c’est quoi ?

Les Damaras, après les San, seraient les premiers habitants de ce qui est aujourd’hui connu comme la Namibie. Mais leur origine est encore mal connue. Ce qui est sûr c’est que de nombreuses vagues de migrations successives (Namas, Bantous, Européens) les ont contraints à se retrouver au cœur du Damaraland. Ce qui explique pourquoi certains parlent Damara/nama et d’autres la langue héréro. Les Héréros (ethnie du groupe Bantou) les auraient même réduit à l’esclavage avant le 19ème siècle.
Lorsque l’Afrique du Sud dirigeait le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie), le Damaraland fut en 1970 constitué en bantoustan. Les bantoustans étaient des régions créées pendant l’apartheid, qui étaient réservées aux seules populations noires. En 1992, le Damaraland fut incorporé au cœur du Kunene, après l’apartheid. Aujourd’hui ce terme reste ancré et beaucoup d’artistes rencontrés dans les rues de Swakopmund me disaient venir du « Damaraland, terre aride où il y a très peu de travail ».

Les éléphants du désert au Madisa camp

Décidément l’Histoire laisse des traces et se ressent encore aujourd’hui. Nous quittons notre guide que j’aurais pu écouter des heures, pour aller faire griller nos steaks qui vont finir par tourner dans la voiture, notre frigo nous ayant lâché. Un des autres guides présents sur place décide de nous prêter sa cuisine et nous finissons par partager notre repas. Je suis aux anges car il me semble plus difficile en Namibie de pouvoir échanger dans la rue avec des passants, comme j’aurais pu le faire spontanément en Côte d’Ivoire.

Nous reprenons la route pour aller poser notre tente au Madisa camp, lieu dont nous avait parlé ma collègue lorsqu’on échangeait à propos des éléphants du désert. Nous arrivons trop tard pour le tour du jour, qui a lieu le matin. Avec mon compagnon de voyage, nous choisissons de relâcher la pression autour d’une bière, de profiter des hamacs de cet oasis au milieu de désert et décidons de ne pas opter pour le tour le lendemain un brin trop cher pour notre budget de 4 jours. Je n’ai plus les prix en tête mais je n’ai eu que des échos positifs quant à ce tour. Il faut avouer que la Namibie n’est pas forcément une destination « pour petits budgets ».

Photo de l'oiseau Calao au bec Jaune en Namibie

Nous ne nous laissons pas abattre et profitant de nos boissons fraiches et locales après notre marche torride sous 40° degrés. Le lieu est splendide, les douches à l’air libre une merveille et nous profitons d’un « braaï végétarien » sous l’œil aiguisé des Calaos à bec jaune.

Le braaï est un barbecue, terme remontant à l’époque des Boers, les fermiers sud-africains blancs.

Aux alentours de Twyfelfontein, à l’Ouest du Damaraland

Le lendemain, nous continuons notre route vers la « Petrified forest », qui semble plus intéresser mon compagnon de route que les fameuses gravures rupestres de Twyfelfontein, un site archéologique inscrit en 2007 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

J’avais gardé un bon souvenir de la Petrified forest de Curio Bay en Nouvelle-Zélande. Ici en revanche les fossiles de troncs d’arbres pétrifiés s’étendent au creux de la poussière et l’eau a longtemps été remplacé par le désert aride. Notre visite est obligatoirement guidée (compter 100 NAB en 2020 par personne) et finalement très courte.

Photo de la Welwistchia Mirabilis en Namibie

Heureusement, nous prenons le temps d’observer une Welwistchia Mirabilis, plante unique et endémique à la Namibie et l’Angola. Dans des conditions climatiques de plus en plus arides, elles survivraient grâce aux brouillards venus de la Côte Atlantique.

Nous rejoignons ensuite la « Burnt mountain » ou montagne brulée, où nous devons là aussi s’acquitter d’un droit d’entrée (50 NAB en 2020 par personne, avec accès aux Organ Pipes). On a l’impression de se retrouver au cœur d’une carrière cramée par le soleil ardent, mais ce ne serait que des roches volcaniques.
Un brin déçus par nos trouvailles du jour, nous reprenons la route vers notre dernière destination: Torra Bay. Nous imaginions alors un bon repas au bord de l’océan, loin de la chaleur aride de l’intérieur des Terres.

La Skeleton Coast et les lions du désert

A Sprinbokwasser, la route est barrée et un permis devient obligatoire pour poursuivre au cœur du Parc national de la Skeleton Coast. Pour ceux qui ne parlent pas anglais, la « Côte des Squelettes » est caractérisée ainsi à cause des squelettes de phoques et de baleines qui jonchaient les plages, à l’époque où la chasse était encore possible, mais aussi à cause des carcasses de bateau que l’on retrouve le long de la côte.

Le brouillard qui se dessine à l’horizon dénote avec les paysages arides précédant. Il est facile d’oublier que l’océan n’est finalement pas si loin, la Welwistchia de la forêt pétrifiée l’attestant pourtant. J’entrevois mes premières dunes namibiennes et les paysages qui se détachent ne manquent pas de diversités. Je m’attendais à une route monotone pleine de sable à perte de vue et pourtant les couleurs dévoilent leurs nuances du gris foncés au rose perlé de Terrace Bay à Swakopmund.

Arrivés à Torra Bay, nous n’avions pas d’autres choix que de remonter au nord jusqu’à Terrace Bay afin de nous ravitailler en sandwichs croustillants. Le camping de Torra Bay offre tout de même de quoi se faire un repas, mais les étagères semblaient bien vides la veille de la fermeture du camping. Nous avons eu la chance de ne pas trouver le lieu fermé à une journée près ! Et quel camping ! Un brin désolé à quelques pas de l’océan, nous avons pu apercevoir une hyène au loin mais pas de lions.

C’est la première fois que j’entendais parler des lions du désert. Certains se seraient apparemment acclimatés aux conditions désertiques. Une lionne et son petit avait apparemment passé la fin de la saison sèche à roder autour de Torra Bay. Mais ce jour là, les campeurs du jours semblaient trop occupés à ranger leurs affaires de pêche et le soleil commençait déjà à se coucher à l’horizon, nous stoppant dans notre désir de partir à leur recherche.

Nous profitons de nos nouvelles rencontres et passons la soirée avec les employés du Namibia Wildlife Resorts (NWR) propriétaire du camping où nous nous trouvons et d’autres ressorts au cœur des lieux naturels magiques du pays. Un braaï et quelques bières pour finir cette épopée et il sera tant de clore le chapitre de ces quatre jours.

Nous reprenons la route tôt le lendemain et je m’endors bercée par la conduite de mon compagnon de voyage (encore merci !), fatiguée par les émotions de ce voyage. Nous ne nous arrêterons qu’à Henties Bay pour un repas digne de ce nom, avant de finir notre périple à Swakopmund où le boulot nous attend. Je n’aurais pas vu le panneau indiquant Cape Cross, lieu accueillant plus de 150 000 otaries, plongée depuis longtemps dans des rêves de Namibie. Je sais que ce n’était finalement qu’un aperçu de ce long voyage tant attendu au Sud-Ouest du continent africain.

Le Parc national de Taï, joyaux vert de la Côte d'Ivoire

Le Parc National de Taï, à la découverte d’un paradis vert en Côte d’Ivoire

On parle beaucoup des chimpanzés et gorilles de l’Ouganda, des Parcs nationaux de l’Afrique du Sud mais très peu de l’un des plus grands vestiges de forêt tropicale primaire de l’Afrique de l’Ouest. Après avoir passé une année en Côte d’Ivoire, je peux vous garantir que le Parc national de Taï est un joyau vert, véritable poumon de cette partie du monde, qu’il est encore possible de découvrir tout en limitant son impact sur son environnement.

Le Parc national de Taï, dernière forêt tropicale primaire d’Afrique de l’Ouest

Déforestation intense de la Côte d’Ivoire

Vous aimez le chocolat ? Oui, moi aussi. Mais c’est en réalisant que la Côte d’Ivoire avait perdu 80% de ses forêts à son profit en un demi-siècle, que je me suis rendue compte que notre consommation du précieux croquant noir avait tout autant d’impact que l’huile de palme dans d’autres pays. D’autant plus que si vous achetez du chocolat équitable, il est dur de garantir qu’il n’y a pas des enfants derrière au travail. Mais tout n’est pas noir, au lait ou blanc.

Prenons l’exemple des palmiers à huile en Côte d’Ivoire: la filière ferait vivre 2 millions d’ivoiriens en 2020, soit directement ou indirectement 10% de la population. 60 % de la production d’huile de palme du pays viendrait de petites productions. Face aux géants asiatiques, la Côte d’Ivoire ne représente que 2% de la production mondiale et son exportation se fait globalement sur le marché africain. Il est donc difficile de mettre tout le monde dans le même panier lorsqu’il s’agit de consommation. Il est, en effet, bon de noter que l’huile de palme est utilisé quotidiennement par les ivoiriens (sans compter les feuilles pour les constructions locales et le délicieux vin de palme), contrairement au cacao. Hors la Côte d’Ivoire en est le premier producteur mondial, avec 40 % du marché !

Le cacao, qui représente 15% du PIB ivoirien, reste néanmoins vital pour l’économie du pays, avec deux tiers des emplois directs et indirects selon la Banque mondiale. Aujourd’hui il est donc d’autant plus important de faire cohabiter ces cultures (cacao, palmiers à huile, hévéa) économiquement stables pour les populations locales, avec le Parc national de Taï. Mais il ne faudrait pas qu’elles continuent à empiéter sur les rescapés de la main de l’homme.

Préserver le Parc national de Taï

C’est l’OIPR, l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves, qui manage le Parc National de Taï et les autres parcs de la région. La Côte d’Ivoire en compte 8: le parc national de la Comoë, le parc national de la Marahoué, le parc national du Mont Peko, le parc national d’Azagny, le parc national du Mont Sangbé, le parc national du Banco (au cœur même d’Abidjan) et le seul parc national ivoirien marin, celui des îles éhotilé.

Le Parc national de Taï lui, se niche à l’Ouest de la Côte d’Ivoire entre la ville de Taï qui lui a donné son nom et celle de Soubré plus à l’Est. Visiter le parc national, c’est pénétrer au cœur d’une canopée de plus de 5300 km2, regorgeant d’une biodiversité exceptionnelle. C’est d’ailleurs sans surprise que le Parc National de Taï a été inscrit en tant que Réserve de la Biosphère en 1978 et classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité en 1981 par l’UNESCO. Joyau naturel de la Côte d’Ivoire, le parc représente l’un des plus grands vestiges de forêt tropicale primaire de l’Afrique de l’Ouest.

La faune et la flore y sont riches et variées. On y découvre beaucoup d’espèces endémiques à cette partie du monde, dont 200 espèces de plantes, 24 espèces d’oiseaux et d’importants mammifères. L’hippopotame Pygmée, par exemple, présent dans le Parc national de Taï, existe aujourd’hui à l’état sauvage seulement dans quatre pays (la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée). Le parc est aussi l’un des rares endroits où l’on trouve une diversité aussi importante de primates. Onze espèces de primates peuvent être rencontrées dont les chimpanzés et les mangabeys.

Le Parc national de Taï, à la rencontre des Chimpanzés

Les chimpanzés au cœur du parc

Les Chimpanzés du Parc national de Taï n’ont pas la même histoire que ceux (une vingtaine) qui vivaient sur l’Île aux Chimpanzés à Grand-Lahou, dont Ponso est le seul rescapé aujourd’hui. Ces derniers avaient été utilisés dans des expérimentations médicales sur le cancer et transférés sur l’île pour une seconde vie. C’est d’ailleurs au cœur de l’écomusée de Taï que j’ai appris que les chimpanzés partageaient 98% de notre ADN, expliquant donc ces expérimentations médicales terribles et le fait qu’il faille porter un masque lors de nos observations dans le parc. En effet, en raison de la proximité des chimpanzés mais aussi des mangabeys avec l’homme, ces derniers sont particulièrement vulnérables aux maladies respiratoires comme le rhume, la grippe ou la pneumonie. Il est d’ailleurs interdit de venir les observer si vous êtes malades.

Un chimpanzé en observation au cœur du Parc national de Taï en Côte d'Ivoire

Dans le Parc national de Taï ce sont de véritables animaux sauvages que l’on rencontre. Ces derniers ont des comportements uniques à toute l’Afrique : ils utilisent 26 outils différents pour casser leurs noix et se nourrir !
Se déplaçant sur des distances importantes et friands de fruits, ils contribuent à la dissémination des graines et jouent un rôle essentiel dans la protection de la forêt. Et pourtant le chimpanzé a vu sa population diminuer de 80% en 20 ans, et est classé espèce en danger critique d’extinction sur la liste rouge d’UICN, depuis septembre 2016.

Comment se passe la visite ?

Pour l’observation des chimpanzés, c’est du village de Djouroutou au sud qu’il faudra accéder au Parc national de Taï. En 2019, lorsque nous arrivions à Djouroutou, nous étions installés à l’Ecotel Touraco, un joli hébergement en pleine nature en lisière de forêt. Nous passions la nuit dans l’un des bungalows avant de nous rendre au sein du Parc national de Taï. Il fallait alors compter 2h de marche pour accéder au campement au cœur même du parc.

Vue splendide sur le Parc national de Taï, en haut du Mont Niénokoué à l'Ouest de la Côte d'Ivoire

Puis après installation dans un joli bungalow sur pilotis en bois, nous allions grimper le Mont Niénokoué. Du haut de ses 396 mètres, cet inselberg est sacré pour le peuple Patokola et l’ascension se mérite. Après 1h à 1h30 d’ascension, la vue sur la canopée est exceptionnelle. Personnellement je n’ai pas pu y aller au lever du soleil, mais j’ai eu le droit à la pluie. Le guide avait alors tout prévu et après avoir patienté à l’abri sous une bâche noire, nous étions émerveillés par la montée des nuages et le soleil passant au travers pour un spectacle exceptionnel.

Un chimpanzé descendant de son nid à l'aube au coeur du Parc national de Taï en Côte d'Ivoire

Ce n’est que le lendemain matin à l’aube que nous allions observer les célèbres chimpanzés. Nous devions nous lever très tôt afin de pouvoir les apercevoir au réveil lorsqu’ils descendaient de leurs nids. Oui, vous avez bien lu ! Les chimpanzés dorment en hauteur et se créent un nid en tressant des branches entre elles. Cela permet aux guides qui les suivent toute la journée pour récolter des données, de savoir où ils dorment (les chimpanzés changeant de campement), afin de permettre aux visiteurs de pouvoir les observer le jour d’après.
Les chimpanzés se déplacent vite et il faut être en bonne condition physique pour pouvoir les suivre à travers une forêt dense.

J’écris au passé car aujourd’hui le séjour au sud du parc est géré par un privé, toujours en partenariat avec l’OIPR, et l’Ecotel Touraco a changé de nom. Lorsque je vivais encore en Côte d’Ivoire, des changements étaient en cours (rénovation de l’hôtel, mise en place de tentes safari sur le campement, etc.). L’observation des chimpanzés doit vraisemblablement se passer de la même façon, mais je ne connais pas les derniers aménagements faits à ce jour. Pour en savoir plus: Taï Lodge

Parc national de Taï, à la rencontre des Mangabeys

Les mangabeys au cœur du parc

Les chimpanzés ne sont pas les seuls à pouvoir être observés au cœur du parc et j’ai, d’autant plus appréciée l’observation des Mangabeys, qui se laissent plus facilement photographiés lorsqu’on est équipé d’un petit appareil photo comme le mien. Néanmoins il vous faudra respecter les distances de sécurité et suivre les guides qui sont là pour assurer votre sécurité mais aussi celle des animaux.

Un Mangabey, singe que l'on peut observer dans le Parc national de Taï en Côte d'Ivoire

Essentiellement présents en Afrique de l’Ouest, les mangabeys sont listés comme espèce vulnérable d’après l’UICN, à cause de la déforestation et du braconnage. Le suivi du groupe de mangabeys pouvant être observé, est quotidien. Il est assuré par les écoguides, délivrant une présence positive au sein du parc et permettant de pouvoir localiser plus facilement le groupe, lorsque les visiteurs viennent en observer leurs membres dans leur habitat naturel.

Comment se passe la visite ?

L’entrée au cœur du Parc national de Taï se fait cette fois-ci au nord du parc, à partir de la ville au même nom.
De l’entrée du parc, il faut compter 2h30 de marche pour accéder au campement en pleine forêt primaire.
Après un bon repas local préparé par « l’homme ou la femme de camp », il est temps de suivre les écoguides pour un circuit ethnobotanique. On y découvre des arbres splendides et leurs utilisations anciennes locales. Aujourd’hui ces arbres étant protégés, il devient impossible de les utiliser au cœur du parc. Ainsi en plus d’avoir perdu un poumon vert dû à la déforestation, la Côte d’Ivoire perd également quelques traditions ancestrales. Tout est lié !
Après cette balade en forêt à la découverte de la flore, il est temps de rentrer au campement pour se reposer jusqu’au lendemain.
Le jour d’après: réveil matinal pour aller observer les mangabeys dans leur milieu naturel. Un moment privilégié dans la vie discrète d’animaux sauvages.

Les autres animaux et leur protection dans le Parc national de Taï

Panthères, éléphants de forêt, hippopotames pygmée… ces animaux vivent également au cœur du parc. Néanmoins il est très rare de les croiser.

Si nous pouvons approcher le groupe de chimpanzés et de mangabeys dans le Parc national de Taï, c’est seulement car ces derniers ont été étudiés de nombreuses années par des scientifiques et continuent à être suivis par les écoguides. Ce qui explique qu’aujourd’hui, ils tolèrent la présence de l’homme.
Alors on peut se demander si cela ne les rend pas plus vulnérables au braconnage car habitués à voir des hommes à proximité ?
Surement. Mais il faut savoir que les visiteurs encouragent la présence quotidienne des guides, ce qui impacte positivement le parc en faisant diminuer le braconnage. Les écoguides, qui trouvent ici un moyen de subsistance et qui ont grandi au contact de la forêt tropicale, sauront vous transmettre leurs savoirs, pour comprendre au mieux les enjeux de préservation de ces espèces en danger. Sensibiliser via le tourisme est aussi une démarche voulue par le projet. En montrant son impact économique, on aide à mettre en exergue l’importance de la préservation des forêts ivoiriennes. Malheureusement c’est souvent la recherche de profits qui nuit aux poumons de la terre, et le montrer sous cet angle permet d’accroître sa conservation. En suivant deux groupes d’animaux sauvages, on aide aussi à sauver leurs habitats et ainsi à préserver l’ensemble de la faune vivant au cœur du parc.

Je reste nostalgique de ces nuits en forêts sous la tente à simplement écouter les bruits de la nature et à me réveiller au chant du Calao ou aux cris des singes au loin. Et cette expérience ne serait simplement pas la même sans ces guides adorables qui ont rendu mon séjour inoubliable.

Le Parc national de Taï, à la rencontre des hommes et des femmes autour du parc

Des guides chaleureux

Deux guides femmes au cœur du Parc national de Taï en Côte d'Ivoire

Nicole et Delphine prennent une pause à côté d’un arbre multi-centenaire qu’elles ont l’habitude de côtoyer. Elles nous offrent leur bonne humeur, leurs connaissances sur la faune et la flore et leur expérience au cœur du parc. Mais en plus de ça, c’est toute la chaleur ivoirienne que l’on savoure en échangeant avec elles. Un sourire, un regard attentif, une écoute douce, une complicité dans l’équipe que je ne peux simplement qu’évoquer. Il faudrait que vous preniez le temps de découvrir ce beau pays et d’en rencontrer ses habitants pour mieux comprendre. Saviez-vous que la Côte d’Ivoire comptait plus de 60 ethnies différentes ? La richesse de ce pays provient autant de sa nature que de ses populations locales. Après l’observation des animaux sauvages au cœur du parc, l’apprentissage n’est jamais fini. Si vous avez envie de voyager autour d’un bon repas local et frais ou autour du feu le soir, les écoguides restent ouvert aux rencontres et au partage. C’est le moment des conversations à cœur ouvert, des rires et peut-être même d’un chant ou d’une danse parmi les douceurs de la forêt. Vous en ressortirez avec une nouvelle énergie… mais rassurez-vous, vous aurez aussi le droit de dormir. 🙂

Lancé en 2010 en partenariat avec les populations locales, la Wild Chimpanzee Foundation (WCF, ONG consacrée à la préservation des chimpanzés et de leur habitat) et l’OIPR, le projet d’écotourisme communautaire a permis d’offrir à une région enclavée, une nouvelle source de revenus. Ainsi les communautés riveraines bénéficient directement de la présence du parc, en assurant sa protection et en limitant par exemple la plantation de cacao illégale. De plus la parité est de mise au cœur du projet.

Une immersion culturelle: rencontre avec les Oubis

A quelques minutes de Taï la ville, se trouve le village de Gouléako Trois Cailloux. Ce village traditionnel Oubi, une ethnie dont on parle peu en Côte d’Ivoire, offre une totale immersion au cœur des traditions africaines.
C’est avec Mr Sio que l’on découvre les plantes médicinales traditionnellement utilisées ou que l’on écoute les histoires d’un temps passé. Un véritable personnage, passionné et passionnant !
Il est possible de dormir dans de vraies cases, aménagées confortablement pour un véritable moment de déconnexion. Mais ce que je préfère par dessus tout, c’est quand la soirée traditionnelle se prépare et que le village s’anime d’effervescence. On s’assoie et on se laisse initier aux danses rituelles, où l’on retrouve les animaux du Parc national de Taï ou aux jeux de combats. Tous les habitants sont là et c’est une véritable fête dans laquelle on est convié. On oublie le temps d’une soirée que nous sommes seulement des visiteurs, et on se laisse entrainer dans la joie et la bonne humeur.

Où réserver pour visiter le Parc national de Taï ?

Venir jusqu’au Parc national de Taï est en soi une aventure. Se plonger au cœur de l’une des plus grandes forêts primaires restantes dans cette partie du monde, c’est également remonter le temps, à la découverte d’arbres multi-centenaires, là où les chemins ne sont pas encore tout tracés par la main de l’homme. Le Parc national de Taï se sont des rencontres extraordinaires, celles d’espèces fragilisées par la déforestation mais aussi celles qui cherchent encore aujourd’hui à les protéger. C’est tout un équilibre qui essaye de s’installer et je vous invite à y participer.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site Ecotourisme Taï, qui organise les seuls séjours officiels au nord du Parc national de Taï avec l’OIPR. Attention, il n’est pas possible de visiter le Parc national seul et une limite d’âge est imposé afin de garantir la sécurité de chacun et le confort des animaux en forêt. 🌿

Consommation du confinement

J’ai l’impression de vivre dans un monde où tout se consomme, même le confinement. Dans cette période bizarre, je pensais me sentir mieux, je pensais qu’elle serait différente de mes autres périodes de chômage, qu’enfin je pourrais me retrouver dans l’ensemble du groupe à traverser la même passe. Mais non…

On vit dans une société où tout se consomme. Même enfermée chez toi, tu dois lire, faire du yoga, regarder les informations, twitter pour donner ton opinion, écrire ton article de blog, travailler pour ceux qui peuvent le faire à distance, aller faire le tour de ton pâté de maison, cuisiner, faire ton pain et surtout être heureux d’être en vie.

Vit-on dans une société qui nous écoute ? Vit-on dans une société qui accepte tes faiblesses et les transforme en force ? Est-ce que la société de consommation t’enlèvera un jour ta culpabilité à rien faire, à te lever à 10h du matin tous les jours et avoir l’impression de passer ta journée à manger car il n’y a que les repas qui te permettent de tenir le rythme ?

A coup de matraquage des médias sur le même sujet, je me suis demandée si j’aurais du, tout comme ma mère, devenir infirmière. Si j’aurais du bosser dans un EHPAD ou continuer à récolter des fruits pour être utile…? Puis je repense à la fois où je jouais de la flute traversière dans une maison de retraite pour noël. Cette fois-là, on m’avait obligé à aller serrer la main de tous les pensionnaires, en me disant que ça leur ferait du bien. J’avais fini en pleur car mon petit cœur sensible s’était emballé. Et je m’étais dit du haut de mes 8 ans peut-être, que je ne pourrais jamais faire ce métier. Et je ne pourrais jamais devenir infirmière car je savais déjà qu’à cette époque là, l’hôpital était devenu un sujet de « consommation » pour notre société actuelle.

J’avais quand même envie d’être utile. J’avais quand même envie à cette époque là d’apporter ma petite pierre à l’édifice, un peu lorsqu’on laisse sa pierre sur un cairn qui deviendra grand. J’avais envie de soigner les gens différemment… alors je me suis dirigée vers le tourisme, ce secteur où il semble difficile de trouver sa place sur le long terme, sans ouvrir sa propre compagnie. Je voulais soigner les gens par la tête, en leur faisant ouvrir les yeux sur le monde qui les entourait mais surtout sur eux.

Alors j’applique ma propre thérapie à chaque période de chômage. D’abord je me confine. Je rentre dans ma coquille pour digérer la fin d’un contrat, pour laisser la passion que j’y ai mis de côté, pour prendre le temps de faire le deuil et me concentrer à nouveau sur autre chose. Dans ces moments là, je n’ai souvent envie de rien, pas l’envie de me lever le matin à 7h du mat et faire du yoga. Pas l’envie de me faire un planning que je ne suivrais pas. Pas l’envie de cuisiner car il faudrait que je cuisine pour 3. Pas l’envie de sortir au soleil prendre l’air. Pas l’envie d’aller danser. Pas l’envie d’aller voir mes potes, bien trop occupés à travailler ou à avoir un sens dans leur vie. Alors je laisse incuber tout ça… et quand c’est prêt je sors de chez moi.

Souvent le boost revient quand je prévois un nouveau voyage. Peut-être parce que ma petite graine intérieure a besoin d’un nouveau lieu pour re-germer. Le pot dans lequel elle se trouvait la faisait suffoquer. Elle n’y trouvait plus la place pour étendre ses racines, l’eau suffisante pour s’hydrater ou la terre assez chargée pour se nourrir. Une rivière sur le Gr10, une nouvelle terre en Afrique et la place de l’étranger à saisir, car dans sa peau la différence est positive. On n’est enfin plus le chômeur à connotation négative dans notre société, car utilisant des droits sociaux…. mais qui aimerait rester à la maison à rien faire de ses journées ? A se sentir confiné comme nous le sommes tous en ce moment, car les amis sont au travail et qu’on nous aura tous dit un jour que le travail c’était donner un sens à sa vie, même s’il peut sembler futile parfois. Qui aurait envie de se sentir isolé pendant des mois car les candidatures ne marchent pas, la motivation décroit et qu’il n’y a personne pour le sortir de là ?

Alors je suis rentrée plus tôt de ce voyage. Ce n’est pas grave. Le voyage peut aussi être intérieur. Mais ce dernier est parfois dur… dans une société où les personnes qui travaillent pendant le confinement, sont qualifiés de héros, ne leur laissant ainsi pas l’occasion de pleurer publiquement. Où est ta place à toi qui le vit mal ce confinement, à toi qui a envie de rien, à toi qui ne fait pas d’apéro skype avec tes proches, à toi qu’on a oublié depuis longtemps au fond d’une chambre d’un EHPAD ? On te répète tous les jours que des gens meurent et que, sous-entendu, tu devrais être heureux d’être encore en vie, isolé dans ta chambre à chercher encore ton utilité dans ce monde.

Alors dans cet article qui n’a peut-être ni queue ni tête, je voulais te dire à toi qui me lit, que tu as le droit d’aller mal, le droit de ne pas bien supporter ce confinement, le droit de ne pas rêver à la suite ou de ne pas penser que le voyage est un unique objet de consommation. Tu as le droit de ne pas vouloir prendre soin de toi, tu as le droit de vouloir t’empiffrer de chocolat, de ne pas t’épiler, de ne pas lire 10000 livres ou de ne pas commencer celui que tu as toujours voulu écrire. Tu as le droit d’être unique et d’être toi ♥