7 randonnées hivernales au départ de Montréal

Installée en ville, les montagnes me semblent bien loin depuis que j’ai quitté les Rocheuses Canadiennes. Heureusement, à moins de 2h de Montréal, les randonnées hivernales ne manquent pas ! Que vous soyez en voiture ou en bus, il existe de nombreux itinéraires accessibles pour profiter de l’hiver. Crampons ou raquettes au pied, bien emmitouflée sous mes trois couches obligatoires, un bon thé chaud dans le sac, je pars affronter le froid mordant. Avec parfois des ressentis de -37°C, chaque randonnée hivernale autour de Montréal reste une bouffée d’air frais. Je vous emmène ?

Mont-Saint-Hilaire : y accéder en bus depuis Montréal

À 45 min en voiture de Montréal, le Mont-Saint-Hilaire se situe dans la réserve naturelle Gault de l’Université de McGill. Ce que j’apprécie avec cette randonnée, c’est que c’est l’une des rares à être accessible en transport en commun. Avec mes co-randonneurs du jour, nous nous sommes retrouvés à la sortie du métro de Longueuil, afin de prendre le bus 200 en direction de Saint-Hyacinthe*.

* vérifiez les correspondances, les trajets peuvent changer

Descendus au croisement Sir-Wilfrid-Laurier et Radisson, nous avons rejoint à pied la réserve naturelle pour emprunter le chemin en pointillé noir de l’accès Ozias-Leduc. Au croisement, nous avons pris à gauche sur le chemin en pointillé vert pour rejoindre le point de vue Dieppe, s’ouvrant au-delà des arbres à 371 m d’altitude. Si l’horizon est dégagé, vous pourrez apercevoir au loin les contours de Montréal sur cette randonnée hivernale.

Les 25 km de sentiers offrent des parcours multiples. Attention cependant à ceux réservés au ski de fond.

Mont Gosford : explorer les paysages hivernaux les Cantons-de-l’Est

Plus haut sommet au sud-est du Québec, le Mont Gosford et ses 1193 mètres apparaissent comme un incontournable hivernal. La neige était assez tassée pour que nous empruntions les 8,4 km avec nos crampons de randonnées. L’avantage des températures fraiches de ce dimanche-là, c’est que nous avions le chemin pour nous tous seuls.

En hiver, il faut d’abord marcher sur la route enneigée, avant de mettre le nez dans les forêts. Les arbres se couvrent progressivement de neige au fur à mesure que nous prenons de l’altitude. On oublie les mains gelées par les multiples pauses photos, le cœur réchauffé par des sensations enfantines et lointaines. Puis la neige se transforme en gel et la montagne se dénude jusqu’aux escaliers menant à la tour d’observation. De là, seule la couleur des toilettes semblent sortir de cette toile brumeuse. C’est à notre descente que le soleil transperce les nuages pour une vue sublime sur les monts parsemés de blanc.

Mont Mégantic : découvrir l’observatoire et les cabanes rustiques

Après une nuit au chaud dans l’une des cabanes rustiques de la Sépaq, nous empruntons le sentier tassé du Mont Mégantic. Aujourd’hui le soleil nous accompagne sur la montée, dessinant le contour des arbres recouverts de chantilly. Les doigts restent au chaud dans les moufles, chaque photo demandant de plus en plus d’énergie pour les réchauffer. On était prévenu : le ressenti du jour s’annonce à -37°C ! C’est sans doute pour ça que nous nous sentons, à nouveau, seuls sur les chemins. Les poils du nez se durcissent. Nos visages semblent avoir vieilli, entourés de cheveux blancs, givrés par la météo. On s’arrête de moins en moins jusqu’au sommet atteignant les 1110 m d’altitude.

Arrivés à l’observatoire, planté au milieu de la réserve internationale de ciel étoilé, le vent est si violent qu’il nous ait impossible de s’arrêter pour une pause mérité. Nous hésitons à continuer notre randonnée pour rejoindre le Mont Victoria et le Mont Saint-Joseph, mais le froid a raison de nous. Nous optons pour un aller-retour et je sors de mon sac des chauffes-mains avant de retrouver notre abri du jour. C’est sur la descente que je réalise que les cabanes et refuges du parc national du Mont-Mégantic portent le nom des constellations. Un petit feu et une sieste plus tard, il est temps de reprendre la route pour Montréal, après cette belle randonnée hivernale.

Mont Sutton : privilégier la randonnée en semaine

Nous sommes partis tard de Montréal et nous commençons la randonnée du « round top » vers 10h à la queue leu-leu. C’est la première fois que je me retrouve sur un sentier aussi fréquenté en hiver. La météo avait sans doute joué en ma faveur sur les autres randonnées à moins de 2h de Montréal. Si j’avais su, je serais venue beaucoup plus tôt ou en semaine. Impossible de se perdre ici : les panneaux indiquent la direction tous les 10 mètres. Rapidement l’ambiance féérique prend le dessus et les photos s’ornent de manteaux rouges et jaunes lointains.

Le froid me saisit plus facilement aujourd’hui. Sûrement la fatigue ! Mes coéquipiers ont revêtu leurs vêtements de ski et la pause déjeuner se fait entourer d’une foule admirant le point de vue. Tout le monde semble frigorifié. Il ne me faut pas longtemps avant de devoir me remettre à marcher. Il me tarde d’arriver… j’ai beaucoup trop froid. Mon ventre gargouille à l’infini. Heureusement le petit café du village réussit à me réchauffer les entrailles avec sa décoration cocooning.

Mont Ham : s’aventurer au cœur de l’hiver québécois

Nous prenons la route sous un ciel grisâtre. Pourtant la météo nous avait promis un peu de soleil. Arrivés à l’entrée du parc, un feu de cheminée attire mon regard. L’indécision trône entre les raquettes et les crampons. Nous embarquons les deux options sur le sentier de « l’intrépide ». Nos premiers pas nous mènent dans un lieu assez aménagé. Les panneaux à chaque croisement nous permettent d’avancer l’esprit tranquille jusqu’au sommet. On bifurque à un moment pour espérer enlever nos raquettes du sac, mais elles y resteront jusqu’à la fin de cette randonnée hivernale puis Montréal. Le vent souffle en haut du Mont Ham. Les éléments recouverts de neige se sont transformés en givre et nous nous abritons entre deux sommets. Mes mains congelées me permettent à peine de manger. Heureusement, très vite, le soleil s’invite. Repus, nous marchons sur « la panoramique » qui porte bien son nom, descendant doucement parmi les arbres pour rejoindre le départ et ses senteurs de feu de bois.

Mont King et Mont Condor: randonner en hiver entre deux monts

Cette fois, c’est vers les Laurentides que nous prenons la route de Montréal pour une randonnée hivernale. Juste avant le parc national du Mont Tremblant se trouve le parc régional Val-David-Val-Morin, notre stop du jour. Munis de nos crampons, nous suivons le chemin réservé aux randonneurs qui serpente à travers la forêt au départ du chalet Anne-Piché.

Sur les premières minutes, nous avançons doucement derrière un groupe puis les opportunités de parcours nous séparent. La neige tassée au début s’enfonce à mesure que nous progressons vers le Mont King. Nous sommes partis après la tempête et je regrette vite de ne pas avoir pris les raquettes. Les 6 km de randonnée et le peu de dénivelé sont finalement suffisant pour profiter d’un bol d’air frais. Nous jouons les équilibristes, tournant un coup à droite, un coup à gauche. Nous devons parfois traverser les pistes de ski de fond que j’aurais bien arpenter ce jour-là. À chaque fois que mes pieds s’enfoncent, je replonge inexorablement au cœur du parc d’Abel Tasman où le sable me demandait un effort soutenu pour avancer seule face aux éléments.

Mais je ne suis pas seule aujourd’hui et après une pause pique-nique avec une vue dégagée, le chemin du retour se fait rapide. Nous nous retrouvons vite au chalet en début d’après-midi. Nous décidons alors de partir à pied vers Val-David pour nous trouver un charmant café. Le Général Café fait bien l’affaire, avec son allure de petit chalet. D’ailleurs, si vous avez froid, n’hésitez pas à goûter leur chocolat chaud épicé. Réchauffement immédiat garanti !

Mont Giant : marcher de l’autre côté de la frontière

C’est en parcourant les groupes de randonnées hivernales au départ de Montréal, que je découvre les Adirondacks. 46 sommets se présentent comme accessibles dans l’état de New York. Il faut donc traverser la frontière pour rejoindre le départ du Mont Giant. Le passage se fait rapidement et j’appréhende un peu les 918 m positifs de dénivelé que je vais devoir gravir pour atteindre les 1410 m d’altitude au sommet. Les randonnées hivernales dans les Hautes-Pyrénées m’ont pourtant bien entrainé, mais les kilos pris depuis mon expatriation et le peu de dénivelés offerts par les monts entourant Montréal me font douter.

En dehors de quelques passages abrupt gelés, la montée s’offre progressive. L’avantage de prendre de l’altitude, c’est que la vue se dégage rapidement. Les montagnes se rencontrent pour un panorama époustouflant de dégradés. Du bleu profond au gris plus clair, les contrastes offrent les profondeurs de champ qui me manquaient tant. Le cardio se réchauffe sur le Ridge Trail et les 9,5 km semblent si faciles par rapport à ce que j’anticipais. Le corps n’oublie pas et j’espère déjà revenir parcourir la Keene Valley.

Pour toutes les randonnées au Québec, il faut s’acquitter des droits d’accès. Chaque parc a sa tarification unique. Vous pourrez soit payer en ligne, soit directement auprès des agents à côté du parking au départ des randonnées. Bon plan: le programme « tout le monde dehors » vous permet d’obtenir un accès gratuit à certains parcs régionaux. Pour se faire, inscrivez-vous au plus tard la veille et présenter vos droits d’entrée aux agents du parc choisi. N’oubliez pas de bien vous couvrir (système 3 couches) et d’embarquer vos crampons et/ou raquettes selon les conditions de neige. Bonnes randonnées !

Rocheuses canadiennes : un été rythmé par les randonnées

J’ai mis du temps à les aimer ces montagnes. Nues, escarpées… j’avais du mal à en épouser leur forme. Étais-je encore mélancolique des Pyrénées ? Puis j’ai eu la chance d’y travailler tout l’été et les Rocheuses canadiennes sont devenues un terrain de jeu d’excellence. Retour en image sur ces randonnées qui ont marqué ces derniers mois.

Boucle autour du Lac Louise : un classique des Rocheuses canadiennes

C’est officiellement l’été lorsque j’emprunte le chemin qui mène du lac Louise au lac Agnès, au cœur du parc national de Banff. J’ai pourtant récupéré au passage les crampons d’une amie. Le sentier en gravier est très fréquenté mais certains morceaux sont encore recouverts par la neige. Après une bonne grimpette en doublant la foule, je m’éloigne un moment pour rejoindre « little beehive« , un petit sommet qui offre une vue sur le célèbre lac si l’on cherche un peu. J’en comprends mieux les beautés. Je continue de prendre de la hauteur pour découvrir le panorama qui se dégage du « big beehive ». Le point de vue est encore plus majestueux et la couleur irréelle du lac s’observe enfin.

Je n’ai pas encore envie de redescendre. La journée est fraiche et je décide de pousser un peu vers la plaine des six glaciers (« the plain of 6« ). J’emprunte un chemin plat en solitaire et rejoint la dernière montée, glacée. Il y a eu du passage mais les traces de pas me guident sur le pierrier. J’arrive à la maison de thé. Ils ont ouvert la veille et me proposent d’entrer. Il est déjà tard. J’en profite pour questionner la serveuse sur son métier. Dormir dans une petite cabane, coupée de tout, me vend du rêve. J’avale rapidement mon chocolat chaud et propose de redescendre quelques poubelles, avant de me perdre sur le chemin du retour, en suivant bêtement les randonneurs devant moi.

Little Lougheed : petit sommet dans les Kananaskis

Je connais déjà cette route qui mène jusqu’au départ du sommet Ha Ling. Je l’ai faite au printemps dernier alors que je venais d’arriver dans les Rocheuses. Il faut un peu de patience sur cette route non goudronnée, mais le Spray Lakes Reservoir nous invite toujours à contempler ses belles couleurs. Arrivés au départ de notre randonnée du jour, on s’engage dans la forêt. La petite rivière que l’on longe me ramène tout droit en Tasmanie sur l’Overland Track, lors d’une journée de pluie. Le sentier grimpe doucement sous les pins que l’on quitte pour du pierrier. La pente s’accentue et je laisse mon co-équipier à quelques mètres du sommet pour le gravir en solitaire. Personne à l’horizon !

Lac Elbow : deux jours dans l’arrière-pays

Le couchsurfing me permet encore de faire de belles rencontres. On se retrouve avec M. sur le parking du supermarché de Canmore. J’ai trouvé un covoiturage à la sortie du boulot au départ de Lac Louise. Le timing est parfait… car j’ai encore quelques affaires à ranger. On s’est décidé au dernier moment avec M. et ce soir, on monte le camp au camping du Lac Elbow. La route est encore longue à partir de Canmore et on finit par marcher de nuit sur le large chemin menant au lac. Il est 23h, on arrive à minuit.

On monte la tente parmi les places désertées par les autres campeurs et on s’accoutume à laisser notre nourriture dans les casiers attitrés. Ils sont loin des tentes et il ne faut rien oublier. Le dentifrice, la crème solaire… j’y glisse les produits qui pourraient attirer les ours dans ces abris de métal. Le matelas gonflé, M. me laisse son sac de couchage car je ne suis pas équipée. J’ai tout laissé en France, pensant que la vie citadine me conviendrait ici.

Lacs Tombstone et grizzli

Le réveil se fait lent et on décide de s’aventurer vers les lacs Tombstone à quelques kilomètres de là. La chaleur d’un mois de Juillet dans les Rocheuses canadiennes prend le dessus. L’avancée se fait à pas lourds et on finit par se glisser dans les eaux du premier lac. Le deuxième nous accueille pour une pause photo avant de rebrousser chemin vers notre campement.

M. me fait sourire avec son équipement. Bombe à ours à droite et couteau à gauche. On avance parmi les feuillages papotant gaiement. Alors que nous empruntons un sentier entre les arbres plutôt serrés, un grognement nous arrête net. J’aperçois la tête énorme d’un grizzli en train de nous charger ! Ma vie n’a pas le temps de défiler. J’accepte la mort, satisfaite d’avoir rempli mes années d’existence, d’expériences inédites. M. a déjà dégainé sa bombe à poivre. J’essaie désespéramment de saisir la mienne, calée sur le côté de mon sac. Je veux m’écarter du chemin mais M. a pris le seul spot disponible… alors je tourne le dos au grizzli me sauvant de peu de la bombe à ours dans les yeux. Cependant mes poumons accusent le choc et tout en rigolant de la situation, je m’étouffe pendant des minutes éternelles.

M. me raconte que le grizzli est parti avec ses petits. Après avoir repris mon souffle, nous continuons notre randonnée en parlant plus fort pour nous donner du courage. Cet échange bloque mes pensées et nous nous remettons doucement de nos émotions sur le trajet retour.

Glacier Rae et ombrage

La nuit est agitée et le réveil difficile. La chaleur s’est engouffrée dans la tente et on hésite à partir randonner. Je propose de prendre la direction du glacier Rae et à notre belle surprise, le sentier est ombragé. On grimpe doucement en suivant un cours d’eau, dont on apprécie la fraicheur salvatrice. Petite pause au lac avec le glacier en ligne de mire, et cette randonnée estivale dans les Rocheuses canadiennes prend fin.

Takkakaw, Iceline et lac Emerald : les joyaux du parc national de Yoho

Cette fois-ci, je me laisse embarquer par deux collègues : « Lucie, ça te dit un petit tour sur la Iceline en dormant une nuit à Little Yoho ? ». Difficile de ne pas parler franglais quand on vit du côte anglophone ! J’emprunte un sac de couchage, je mets deux-trois victuailles pour une nuit en cabane et c’est parti pour du covoiturage. Au départ des chutes Takkakaw que j’ai longtemps recommandé sans en avoir vu la couleur, on marche sur un sentier presque plat en direction des « Laughing falls ». Le temps est plutôt couvert.

On emprunte la vallée de la Yoho jusqu’aux chutes twins. La Whaleback nous ramène vers la rivière Little Yoho que l’on suit jusqu’à notre abri du soir. À peine arrivées, les gouttes grossissent et on doit utiliser nos trois cerveaux pour ouvrir la porte. Le lendemain, le soleil est de la partie. On s’engouffre sur la iceline, nous offrant des paysages lunaires. Lacs d’un blanc laiteux, glaciers à perte de vue… on avance sur un sol sableux. On regrette presque notre petit détour jusqu’au lac Céleste. Il faut remonter la pente après le déjeuner ! Finalement, le pas rythmé, on atteint le point culminant de la randonnée avant de la prolonger jusqu’au lac Emerald. Le cocktail d’arrivé est alors bien apprécié.

Tent Ridge : panorama d’été sur les Rocheuses Canadiennes

C’est reparti pour les Kananaskis ! C’est vraiment un coin que j’adore, loin de la foule et du tourisme de masse, avec quelques randonnées pleine de challenge. Je m’engage sur Tent Ridge avec une collègue. C’est mon premier « scramble » dans les Rocheuses Canadiennes et je n’en comprends pas encore la définition. La vue est splendide sur le lac Spray au loin. Le ciel semble rempli de fumée, bouchant un peu les beautés matinales. La crête se dessine doucement et après une bonne marche dans la forêt, je me rends compte de ce qui nous attend. On grimpe légèrement avec les mains. Le sentier étant bien dessiné, il parait plus imposant de loin. D’en haut, les épineux et la roche dénudé s’affirment, offrant des contrastes saisissants sous les nuages menaçant. On zigzague sur la boucle de crête, puis on termine la journée autour d’un diner dans ma ville préférée : Canmore.

Stanley glacier, Paints Pots et Marble Canyon : 3 courtes randonnées dans les Kootenays

Je me suis portée volontaire pour une journée à Stanley Glacier. Parks Canada propose des randonnées guidées qui nous emmènent à la découverte des « Burgess Shells » ou schistes de Burgess, de rares sites qui contiennent les meilleurs fossiles d’animaux de Cambrien au monde.

Après une courte marche en forêt, on rejoint les roches et la vue sur le glacier, où une chasse aux fossiles est lancée. Ici, tout doit être remis à sa place. On se prend rien du parc national et le guide nous raconte l’histoire de ces fossiles, vieux de plus de 500 millions d’années, témoins de l’un des premiers écosystèmes marins.

En route vers le Lac Louise, d’autres randonnées méritent le détour à l’image des Paints Pot et Marble canyon.

Circle Peak : un mix de couleurs

Circle Peak est considéré comme un autre « scramble ». J’en déduis que les randonnées qualifiées de la sorte nous amènent sur des terrains dégoulinants de cailloux ou devant de gros rochers, où l’usage des mains est souvent nécessaire.

Il est 12h quand nous atteignons le parking, situé sur la route des glaciers. On se dit qu’on pourra toujours s’arrêter en chemin à Helen Lake et voir si on décide de continuer. Je me connais… Arrivés à Helen Lake, j’en profite pour avaler un sandwich, admirant la montée qui nous attend. Le circle peak se présente droit devant nous, orangé. Le sommet parait friable et je sens que la montée ne va pas être de tout repos. Je n’ai pas de jus aujourd’hui. Pourtant on finit par atteindre ses 2993 m et les couleurs me ramènent au cœur de Gavarnie. Lacs bleus, terre presque ocre… les dégradés s’accumulent sur cette vue à 360°. J’appréhende la descente qui se déroule, finalement, tout en douceur. Arrivés au parking, il nous reste encore une heure avant la nuit.


À la fin de l’été, j’avais encore quelques randonnées inscrites à ma liste. La météo, les feux de forêt de Jasper, le manque d’équipement resté en France m’ont limité dans ma découverte de ces montagnes imposantes. J’ai fini par doucement en tomber amoureuse et jespère y retourner, ne serait-ce que pour les vacances.
Et vous, une envie d’aventures dans Rocheuses, en Alberta ?

De Vancouver à Seattle, via l’île de Vancouver

Le jour de mes 35 ans, je me suis inscrite dans le bassin des pvtistes pour le Canada. Ce visa Vacances-Travail, j’avais déjà eu la chance de l’obtenir pour la Nouvelle-Zélande puis l’Australie. Concernant le Canada, c’est un peu différent vu qu’un quota est imposé et par conséquent le nombre de place est limité. Je m’étais dit que le hasard déciderait pour moi et dix jours seulement après m’être enregistrée, j’avais la chance de pouvoir me lancer dans le processus d’obtention du fameux visa, suite au tirage au sort. Un an plus tard, me voilà sur le territoire canadien, où j’ai passé mes premières semaines de Vancouver à Seattle.

Une semaine à Vancouver ?

Premières impressions

J’avais déjà vécu à Montréal lors d’un échange universitaire. 17 ans déjà ! Dix sept ans que je n’avais pas reposé les pieds sur le sol canadien, ni sur le continent américain d’ailleurs. Pourtant Montréal avait été un coup de cœur. J’y avais découvert la liberté de vivre et celle d’être expatriée à l’autre bout du monde. Lorsqu’il fallut choisir dans quelle ville j’allais m’installer pour cette seconde fois, Vancouver est tout de suite venu à moi. J’avais l’image d’un coin du monde entouré de montagnes, avec la nature à proximité sans trop avoir à se déplacer.

Quand je suis arrivée, j’ai trouvé Vancouver très grand et très gris. On était loin de la petite ville dans laquelle j’avais élu domicile au cœur du Val d’Azun juste avant de partir. J’ai eu beaucoup de mal avec le décalage horaire et la pluie d’un mois de février ne m’a pas facilité ces premiers jours. Pour tout vous avouer, j’ai voulu fuir Vancouver au plus vite. Finalement une sous-location au cœur du quartier Kitsilano m’a convaincu de rester.

Que faire à Vancouver ?

J’en ai profité pour récupérer du décalage horaire. Il faut compter 9h entre Vancouver et Paris. Mes journées étaient donc peu remplies (ce qui est rare pour moi lorsque je voyage). Cette expérience au bout du monde, je la sentais déjà différente des autres… Serait-ce l’âge, le manque de niaque ou l’envie de prendre mon temps plus que d’ordinaire ?

J’ai récupéré mon numéro d’assurance sociale, obligatoire pour trouver du travail au Canada et j’ai ouvert un compte en banque, pensant que j’allais rejoindre une équipe rapidement. À chaque éclaircie, je sortais de cet appartement immense et sur-chauffé dans lequel je me trouvais, pour parcourir à pied les étendues de la ville.

Vancouver côté ville

Le calme de Kitsilano

« Kits » de son petit nom local, c’est un peu le quartier résidentiel par excellence. Les rues sont longues et perpendiculaires, comme partout à Vancouver, à la différence qu’ici, le charme opère avec ses maisons de style victorien. On est loin des gratte-ciel du centre ville. L’atmosphère d’un petit village imprègne les contours de chaque croisement et je m’habitue encore à ce que les rares voitures attendent que je traverse alors que je ne suis pas encore engagée sur le bitume. Je retrouve le calme plat du Canada et la nervosité à la française semble s’être condensée au cœur des nuages gonflés, au-dessus de ma tête.

Je rejoins la plage de Kitsilano à 15 min de mon domicile. Les montagnes s’étendent à perte de vue et tandis que je croise coureurs et cyclistes qui se sont donnés rendez-vous en pleine semaine, mes pas m’emmènent devant le musée maritime.

Où manger ?
Be Fresh Local Market pour le banana bread à tomber par terre
– Nofrills pour faire ses courses pas trop chères

Le marché de Granville Island

De Kitsilano, j’aime rejoindre l’île de Granville à pied. J’y retrouve un couchsurfer un dimanche pluvieux puis y reviens pour m’y perdre seule à ma guise. L’ambiance change de quartier en quartier. Le week-end ici, c’est blindé. C’est que les petites boutiques d’artisans font envie. Si mon sac n’était pas déjà rempli, j’y glisserais un nouveau carnet, un gros gilet en laine, un foulard en soie et des bijoux à n’en plus finir. Je regarde le jonc qui décore mon poignet gauche. Acheté au milieu du désert de Mauritanie, il suffit par me convaincre de m’éloigner du labyrinthe des artisans et artistes qui ont élu résidence dans les contours industriels de l’île.

Dans les années 1970, Granville Island s’est transformée. À l’origine, elle accueillait les activités majeures de la ville, à savoir les scieries, abattoirs et usines sidérurgiques qui ont vu leurs portes fermer suite à la seconde guerre mondiale et une économie en mutation. Aujourd’hui les rues se teintent d’une aura festive.

Les passants font la queue devant la boutique de donuts locales, les enfants dansent devant les musiciens de rue et je chantonne les paroles d’ « Hallelujah », l’unique chanson que je pourrais me permettre à un karaoké. Rien d’étonnant d’apprendre que le festival de Jazz International de Vancouver s’y tient chaque été. Je m’aventure au cœur du marché public, qui accueille à foison les spécialités de la Colombie-Britannique. Les poissons frais côtoient les fruits colorés de l’Okanagan Valley et j’y trouve même une version canadienne adaptée des cannelés bordelais. Difficile de ne pas craquer pour une gourmandise qu’on finit par emporter pour s’éloigner de la foule et se poser au bord de l’eau.

Les festivités de Chinatown

Autre quartier, autre ambiance. Cette fois, je prend le bus pour rejoindre le centre ville. C’est le nouvel an chinois et de nombreux habitants se retrouvent dans les rues de Chinatown pour le défilé. Il pleut, il fait froid, je m’abrite sous la devanture d’un magasin en attendant que les festivités commencent. Les gens ne sont pas aussi respectueux que lorsqu’il faut faire la queue pour rentrer dans les transports en commun. Chacun joue des coudes sous les gouttes pour apercevoir les animations. Je prendrais mon mal en patience. Heureusement les dragons volants apportent un peu de couleur à ma matinée.

Les contrastes du downtown

Je me suis finalement très peu aventurée au centre ville depuis mon arrivée. Un soir, alors que j’étais en compagnie d’un couchsurfeur, je suis allée voir un spectacle d’improvisation théâtrale au Chit Chat Comedy. Un moment très sympa et drôle qui a apaisé ma gène d’avant-show. À la recherche d’un restaurant pour grignoter au cœur du centre, j’ai eu l’impression de me retrouver dans un mauvais film en noir et blanc.

Alors que nous marchons, les lumières tamisées du « downtown » se reflètent dans les flaques, parsemant les rues opaques du quartier. À ma gauche, les accro à l’héroïne et au fentanyl se font des injections aux yeux de tous. J’interroge du regard les passants autour de moi. Chacun semble s’accoutumer d’une activité routinière, agrémentée des effluves de marijuana. Je suis profondément choquée et la tristesse s’empare de chaque molécule de mon petit corps. Cette image ne me quittera pas de la semaine.

Ici l’itinérance n’est pas synonyme de voyage.

Lucie Raynal
Crise du logement et médicaments

Bien sûr il a fallu que j’interroge, que je comprenne ce qui se passait… Le fentanyl, un puissant opiacé de synthèse a pris ses quartiers au cœur du Downtown Eastside. Moins cher que l’héroïne, cette drogue est un véritable fléau en Amérique du Nord depuis quelques années et on observe ses effets en pleine rue.

Vancouver étant la ville la moins froide du pays, beaucoup de drogués et de sans-abris se retrouvent à errer en saison hivernale dans le centre-ville. Couplé à la crise du logement, avec les prix flamboyants des loyers en Colombie-Britannique, le nombre d’itinérants ne cesse d’augmenter ! Souvent sujet aux opioïdes, c’est le serpent qui se mort la queue… alors pour endiguer les surdoses mortelles, des centres proposent des injections en toute sécurité avec des doses contrôlées. Des mesures sont prises régulièrement et les personnes « itinérantes » semblent être poussées vers Campbell River, Victoria ou encore la vallée d’Okanagan lorsque les beaux jours reviennent.

La visite guidée « gratuite », au départ de Gastown

Je me décide tout de même à revenir dans le quartier, en direction de gastown car j’ai rendez-vous devant le centre des congrès de la ville. Il est 10h et le guide du jour m’accueille en compagnie d’australiens, anglais et argentins. On papote un moment le temps que tous les inscrits arrivent, puis on part pour 3h d’anecdotes avec Toonie Tours. En échange de pourboires que l’on voudra bien donner, le guide nous offre une belle introduction à Vancouver. Souvent teintés d’humour, j’adore ce genre de « free tours ». J’y apprends plein de choses et je lève la tête pour comprendre les gratte-ciel qui m’entourent.

Vancouver, l’Hollywood du Nord

Saviez-vous, par exemple, que Vancouver était surnommé « Hollywood North » en raison de sa place imposante dans l’industrie cinématographique ? La ville représente l’équivalent géographique de Los Angeles dans certaines productions, comme le Mont Taranaki en Nouvelle-Zélande avait pu servir de décor au Mont Fuji au Japon dans le film Le Dernier Samouraï.

Nous nous trouvons en face du « marine building », un bâtiment Art Déco de 1930. Le guide nous raconte qu’il a servi de décor à plusieurs séries, à l’image de Smallville ou du film Les 4 Fantastiques. Vancouver et ses alentours inspirent. Deadpool, Juno, Virgin River ou encore Charmed, pour les nostalgiques, ont posé certains de leurs décors ici. On aperçoit Christian Grey faire son footing sur les bords du parc Stanley ou encore X-Files aux abords de Grouse Mountain. Troisième site de production en Amérique du Nord, après Los Angeles et New York, la ville emploierait plus de 70 000 personnes dans le business de « l’entertainment ».

Vancouver côté nature

Il est temps que je m’éloigne des bâtiments pour profiter de la nature. Malgré le temps à l’irlandaise, j’ai le droit à quelques touches de soleil.

La balade de West End à Stanley Park

J’en profite donc pour longer la plage de West End pour rejoindre le célèbre parc Stanley. Avec ses 400 hectares, il invite à la marche loin des tumultes de la ville ou à louer un vélo pour en dessiner les contours. J’opte pour la première option. J’emprunte le « seawall » pour 2h de balade avec l’océan Pacifique en toile de fond. De la plage de la Baie des Anglais, je remonte vers la « second beach » puis la troisième plage avant de m’arrêter un instant au Siwash Rock, croqué par un peintre qui semble dans son élément. Je rejoins ensuite le lac Beaver à la recherche de castors, puis les totems dont j’ai encore du mal à comprendre la signification. Dans un coin de ma tête, déjà pleine, je me note de lire sur le sujet. Je retrouve le West End pour un petit goûter de fin de journée.

Randonnées au départ de North Van
Deep Cove

Ma coloc temporaire me parle de Deep Cove. « Tu vas voir c’est tout mignon et sympa ! ». Je prends donc le bus vers le quartier Nord de Vancouver. Les liaisons sont faciles et Google Map facilite les choses. À 1h30 de Kitsilano, me voilà arrivée à destination.

Je me balade au cœur du village où de petites maisons en bois ont parfaitement trouvé leur place au milieu de la forêt. Les enfants rentrent de l’école et les décorations posées ça et là ajoutent une touche accueillante au lieu. Qu’est-ce que ça me fait du bien de m’échapper de la ville ! Je longe les bords de la baie pour m’engager sur le chemin Badell Bowen qui mène au point de vue du Quarry Rock, un rocher qui surplombe Deep Cove que l’on atteint après 45 min de marche. Je ne suis pas seule à avoir eu cette idée alors j’emprunte le même chemin au retour pour fêter mon anniversaire avec un donut à la cannelle.

Lynn Canyon

Lynn Canyon est une autre destination connue de « North Van » comme est surnommé le quartier du nord. À la différence du pont suspendu de Capilano, ici la passerelle accessible à quelques minutes du parking, est gratuite. Je grimpe sur le pont et me laisse porter par la multitude de chemins qui bifurquent pour me retrouver au bord d’une petite cascade. Je pique-nique les pieds dans l’eau transparente et les autres touristes semblent avoir fait demi-tour rapidement, me laissant seule dans ce petit coin de paradis loin du tumulte de la ville.

Les opportunités de balades sont nombreuses au départ de Vancouver. Il est recommandé d’avoir une voiture si l’on souhaite s’éloigner des chemins de randonnées les plus fréquentés. Je vais tenter ma chance plus au sud.

Où randonner à Vancouver ? https://www.vancouvertrails.com/

L’île de Vancouver

Comment aller sur l’île de Vancouver ?

De Vancouver, il est facile de rejoindre l’île éponyme. Deux choix s’offrent à vous :

  • optez pour le ferry au départ de Horseshoe Bay pour ralier Nanaimo
  • au départ de Tsawassen pour atteindre Victoria (ou Nanaimo via le terminal Duke Point).

Pour réserver votre ferry pour l’île de Vancouver : https://www.bcferries.com

Que faire sur l’île de Vancouver en hiver ?

Avec ses 32 134 km2, le choix est vaste et l’île est plus grande que la Belgique ! Mais sans voiture, difficile d’en parcourir les moindres recoins surtout quand la pluie s’invite.

Opter pour du woofing à Campbell River

J’ai donc décidé de rejoindre Campbell River en bus au départ de Nanaimo. Le jour s’efface rapidement en plein mois de février. Le mini-bus longe l’océan. Mes yeux s’acclimatent à la nuit noire sans voir une onde de sable. Mon hôte m’accueille sur un parking où quelques sans-abris demeurent. Il est déjà 21h. Je découvre la vue du balcon le lendemain, donnant sur les grands pins embrouillés par la pluie. Quelques heures à bosser sur un album photo en échange de balades pluvieuses, je resterai une semaine en compagnie de Cindy et Hearty, le chat noir.

Pour réserver votre bus sur l’île de Vancouver: https://www.islandlinkbus.com

Profiter d’un week-end pluvieux à Tofino

De Campbell River, je grimpe dans le nouveau mini-bus qui me ramène à Nanaimo. De là, un autre m’attend. La route est longue jusqu’à Tofino. À peine arrivée, je profite des rayons de soleil si rares pour m’engager sur une randonnée vers la plage de Tonquin. Je cherche les orques au loin, alors que la saison n’a pas encore commencé. Elles sont plutôt présentes entre mai et fin septembre. Les jours de pluie s’en suivent et la motivation reste à l’auberge au coin du feu.

S’offrir une escapade sur l’île de SaltSpring

Heureusement mon séjour sur l’île de Saltspring sera plus actif. J’y retrouve un couchsurfer qui m’a écrit quelques semaines plus tôt, m’invitant à explorer son petit coin de paradis. Mon week-end prolongé sur l’île se remplit de belles balades en forêt, d’une atmosphère un brin hippie, d’une randonnée au sommet du mont Erskine et d’un match de foot sous la pluie. La neige s’est joint à nous, enveloppant la vue du balcon de mon hôte. J’admire mes premiers wapitis qui ont élu domicile dans le jardin du voisin, me donnant l’impression d’être leurs animaux de compagnie. Les animaux sauvages mènent leur vie au plus près de la nature et cela deviendra une habitude de les croiser sur les chemins balisés. Après ces quelques jours bien chargés, je reprends le ferry, cette fois-ci vers Swartz Bay, où le bus en direction de Victoria m’attend.

Découvrir Victoria, la capitale de la Colombie-Britannique

On m’avait beaucoup parlé de Victoria. Je savais qu’on allait bien s’entendre elle et moi. Capitale de la Colombie-Britannique, elle a un petit air de Londres, tout en se laissant border par la mer des Salish. Je passe mes journées à arpenter les rues de la ville à taille humaine, humant l’air marin et profitant d’un incroyable fish and chips. Je m’y sens bien, trouvant un rythme de non-voyageuse. Le matin, je postule. L’après-midi, je profite des éclaircies pour la découvrir : quartier chinois de Victoria; randonnée jusqu’au Mont Douglas; galerie d’art; quai des pêcheurs et ses petites maisons colorées. On ne s’ennuie pas ! Je quitte Victoria avec un pincement au cœur me promettant de revenir une prochaine fois.

Mes adresses :
Finest At Sea Seafood Market and Food Truck : délicieux fish & chips
Nourish Kitchen : une adresse végane offrant de beaux brunchs

Rejoindre Seattle depuis l’île de Vancouver

Lorsque j’ai vu qu’un ferry reliait Victoria à Seattle, je me suis empressée de contacter mon ami rencontré au détour d’un billard il y a quelques années, en Nouvelle-Zélande. Le rendez-vous est pris pour début mars et la traversée ne m’offre ni baleines, ni orques. Il est encore un peu tôt dans la saison et la nuit s’en vient rapidement. À bord du bateau depuis 17h, je finis par poser l’ancre à Seattle vers 20h, le temps de passer à l’immigration. On me demande ce que je viens faire dans le coin, où est-ce que j’ai rencontré l’ami qui m’accueille. Je m’amuse toujours de mes réponses données aux agents curieux.

Pour réserver votre ferry de Victoria à Seattle : https://www.clippervacations.com/seattle-victoria-ferry

Quelques jours à Seattle

C. m’attend sur le quai et il ne semble pas avoir changé depuis notre dernière rencontre à Édimbourg. On rattrape le temps perdu puis il me dépose vers la plage Alki au petit matin, pendant son cours de volley. C’est l’occasion pour moi de prendre du recul sur la ville et d’observer le Space Needle de loin.

Nous partons ensuite à la découverte du quartier Freemont, où un troll grandeur nature se cache sous un pont, où des chocolats dignes de ce nom se dégustent à Theo Chocolate. On profite de l’éclaircie pour admirer les quelques cerisiers en fleurs au Washington Park Arboretum, nous faisant compter les touches de couleurs sur le bout des doigts. Les colibris s’immiscent au cœur de notre balade, transformant mon hôte en grand enfant.

Quels musées choisir à Seattle ?

Chihuly Garden and Glass

Le soir, C. m’embarque avec sa compagne au cœur du Chihuly Garden and Glass. Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre. La première pièce me plonge rapidement dans une obscurité profonde et des teintes de lumières semblent jaillir de sculptures de verre. Chaque œuvre captive mon regard. Je n’avais jamais imaginé que des souffleurs de verre puissent parsemer un musée entier ! Pourtant Dave Chihuly, un artiste américain, a su relever le défi. Vous en dire plus serait gâcher la surprise. Quelle a été ma stupeur lorsque j’ai levé la tête pour admirer le plafond de verre aux couleurs captivantes. À couper le souffle !

Space needle

Le lendemain, je reviens en solitaire dans le quartier de Lower Queen Anne. Mon ami travaille et j’ai envie de grimper en haut de la Space Needle, construite pour l’exposition universelle de 1962. C’est un peu la Tour Eiffel de Seattle alors je décide de prendre un peu de hauteur. Il pleut. Je crois que la dernière fois que je suis montée en haut d’une tour à l’étranger, c’était à New York il y a plus de 17 ans ! J’avais à l’époque pris le bus de Montréal. C’est marrant la vie. J’aime y voir des liens, un fil rouge, une symbolique.

Museum of pop culture

Dans l’après-midi, je remonte aux sources de Jimi Hendrix et Nirvana. Je me laisse porter par l’expérience immersive que m’offre le MoPop. Chaque pièce me plonge dans un univers différents : musique, film, science fiction. Même les expositions temporaires valent le coup d’œil. Me voici baignée dans le monde de LEIKA. Le musée fait même un clin d’œil au Seigneur des Anneaux. Des guitares s’exposent telles une vague horizontale. J’ai de la musique plein les oreilles et mes yeux se délectent d’univers en univers. J’ai bien dû passer 3h dans ce musée sans jamais me lasser. Seattle a une belle offre pour tous les amoureux d’activités intérieures. Quand il pleut, c’est le petit paradis du visiteur.

Où manger à Seattle ?

Grâce au Seattle Center Monorail, je rejoins le Pike Place Market, le plus vieux marché du pays dont les débuts datent de 1907. Les boutiques d’artisans et d’antiquités se mélangent aux étals de poissons, fruits et légumes. Je déambule dans les artères du marché à la recherche d’un déjeuner frais, mais je me retrouve face à des mets gras et salés, parmi la foule. J’y admire les arcades, la déco un peu ancienne et la queue devant le premier Starbucks du nom, ouvert en 1971 à proximité du Pike Place Market, avant de rejoindre mon ami pour notre goûter quotidien.

Il m’aura fait découvrir tous les soirs un restaurant différent. J’aurais goûter des plats raffinés aux influences asiatiques, mexicaines, italiennes. Les fusions ont conquis mes sens et j’en ai oublié de noter toutes les belles adresses auxquelles j’ai été convié. J’ai sauvé quelques noms pour que vous puissiez vous aussi y succomber. N’oubliez pas de réserver !

Se restaurer à Seattle :
Moon tree : les meilleurs sushis de ma vie avec un saumon qui fond littéralement en bouche
Bounty Kitchen : un petit café simple avec des options végé
Rupee : une déco soignée, des mets succulents aux douces inspirations indiennes et sri-lankaises
Fiore : une adresse stylée pour du bon café
Molly Moon’s : des glaces fait maison à vous faire baver

Relier Seattle à Vancouver

Il est temps de quitter mes amis. J’aurais aimé rester quelques semaines de plus à Seattle, poussant un peu vers l’extérieur pour profiter des parcs nationaux environnements. Heureusement la météo ne s’y prête pas et m’invite soigneusement à repartir pour Vancouver. Mon flixbus a été annulé la veille. C’est donc Amtrak qui me sauve la mise avec des tarifs fixes. Je jette un dernier regard à Seattle à travers la vitre du train qui me ramène en Colombie-Britannique. Le passage à la frontière est rapide et d’autres aventures semblent encore m’attendre au Canada.

Dans le désert de Mauritanie : une semaine de trek au cœur de l’Adrar

Une envie née dans les Hautes-Pyrénées il y a 15 ans déjà. La Mauritanie fait partie de ces destinations que l’on prend le temps de savourer… avant, pendant, après. J’ai voulu y poser les pieds tant de fois, mais j’imagine qu’il me fallait cette opportunité à l’orée d’une fin de contrat. Alors j’ai tenté le coup. J’ai signé pour une aventure dans le désert de Mauritanie où je n’avais rien à organiser. Un sac à dos à préparer, un train pour Paris et c’était partie pour une semaine pas comme les autres.

J1 – De Atar à Azoueïga

Arrivée en Mauritanie

Prendre un taxi pour l’aéroport. Attendre dans cette salle vide tout en sachant que je m’apprête à brûler mon bilan carbone. Me retrouver à chercher du regard ceux et celles qui pourraient rejoindre mon groupe.

Il y a bien longtemps que je n’ai pas posé un pied en dehors de la France. J’ai l’impression d’avoir perdu l’habitude de voyager. Est-ce comme le sport ? Faut-il pratiquer souvent pour se dégriser ? Après quelques heures de vol, je demande à ma voisine de devant ce qu’elle a mis sur le lieu d’arrivée. Il a fallu remplir ce papier pour passer la frontière.

Les mauritaniens nous accueillent à l’aéroport d’Atar avec des « bienvenue » lancé ça et là. Je n’ai toujours pas trouvé mes futurs compagnons de voyage, alors j’attends à l’ombre, observant ce qui se passe. Une queue commence à se former. J’en profite pour faire un tour aux toilettes extérieures qui sont d’une propreté impeccable, avant de rejoindre la file pour les visas. Une femme me prend les empreintes, tout en reniflant bruyamment et en pressant la fille devant moi. Une fois le visa mal collé sur mon passeport, j’échange quelques euros pour la semaine et je découvre le groupe qui m’accompagnera dans cette épopée au cœur du désert de Mauritanie.

À peine sorti de l’aéroport, on est stoppé au 1er poste de gendarmerie. Je replonge doucement dans mon année en Côte d’Ivoire, me demandant si, ici aussi, ils fonctionnent au « backchish ». On interroge le chauffeur. Il semblerait que le bon de sortie attendu soit manquant. S’en suit discussions et négociations en arabe, patience et vertu. Je prends le temps de réaliser que je suis enfin sur le sol mauritanien après toutes ces années.

En route pour Azoueïga

On repart sur une route bien goudronnée au milieu du désert de Mauritanie. On s’élance à vive allure et j’ai la chance de me retrouver devant, ingurgitant mes premières images. Nous faisons un stop déjeuner dans le préau d’une école, dégustant un sandwich chaud, délicieusement garni. On repart pour des routes de sable, profitant de quelques sensations fortes. Nous nous rapprochons des dunes, jusqu’à poser notre camp à Azoueïga, près des végétations.

Mohammed notre guide nous invite à le suivre au cœur d’un buisson. À notre grande surprise, un petit abri de fortune se dévoile sous les acacias. Une femme nous prépare le thé et nous nous initions au rituel qui occupera chaque journée. « Trois thés pour vraiment prendre le temps », nous dit Mohammed. Le premier éponge toutes mes appréhensions. Le deuxième soulage mes maux de ventre qui ont eu la surprise de se pointer en tout début de voyage. Les joies d’être une femme… Le troisième pose la première pierre de cette itinérance. À partir de ce moment, je n’avais plus le choix que de profiter du moment présent.

Le soleil se couche sur les contours mauritaniens.
Les formes qui se dessinent annoncent un voyage émerveillé. Une envie de savourer chaque seconde, comme si le sable nous filait entre les doigts.

On le retrouvera partout au cœur de notre itinérance : croustillant le matin dans le pain de notre petit-déjeuner; à midi lors de nos pauses à l’ombre des acacias; le soir dans nos sacs de couchage, bien trop chaud pour ce mois de janvier.

Coucher de soleil sur l’erg Amatlich

Pour me suivre dans cette lancée, celui qu’on appellera Momo des heures durant, nous emmène en haut d’une dune, nous offrant une vue spéciale sur l’erg Amatlich. S’asseoir sur le sable avec mes nouveaux compères de voyage, regardant dans la même direction le coucher de soleil, m’offrit de belles promesses.

Je choisis cette première nuit sous les étoiles. La petite équipe de chameliers nous a rejoint et je les entends discuter et rire en fond. Je ne suis pas encore habituée aux bruits du désert. Les moustiques chantent et la chaleur transpire à travers mon sac de couchage. Le ciel brille de mille étoiles et je finis par me laisser bercer par ces doux éclats de voix.

J2 – D’azoueïga aux dunes de l’Amatlich

Apprentissage de la vie nomade

Je me réveille avec les étoiles filantes et une envie de trouver un coin cachée. Je tombe nez à nez avec M-C qui a perdu son chemin. Je suis donc en train de me déculotter quand une lumière s’approche et je l’entends heureuse de me trouver. Les bivouacs rapprochent inexorablement.

Tout le monde se lève et se retrouve pour le petit-déjeuner. Au menu : du pain cuit la veille et des crêpes encore toutes chaudes. Chacun refait son sac qu’on laisse aux chameliers pour partir plus légers vers 8h. La fraicheur de matin est là et le désert de Mauritanie semble changer constamment sous nos pas. Au cœur des dunes de l’Amatlich, on repère les traces de chacals, serpents et scarabées et on s’élance sur les rondeurs ensablés. Je n’ai pas croisé de serpents depuis l’Australie. Je les imagine zigzaguant sur les grains de sable, exfoliant leur peau à leur contact.

Mes pieds, eux, s’enfoncent constamment et la fatigue de mes premiers jours de règles se mêlent à une avancée fragile. Heureusement la compagnie est agréable et apaise ses premiers pas en Mauritanie. Dès que le sol se durcit, le soulagement se lit sur mon visage. Mais personne ne le voit. Chacun avance cherchant les traces de Mohammed dans le sable. Chaque pas, chaque rythme nous porte vers la direction des ombres. La végétation laisse place aux cailloux et rochers. On retrouve le sable pour la pause de midi sous les acacias.

Sous la chaleur du désert de Mauritanie

Le thé devient une habitude. Il s’agrémente de dattes, de cacahuètes et de petits gâteaux. S’en vient une boisson rafraichissante au citron puis des légumes crus. L’heure de la sieste a sonné. Je suis encore plongé dans le monde occidental où tout est dû à la productivité. Je ralentirai le rythme jusqu’à 16h, allongée sur nos tapis formant un rectangle décousu.

Les dromadaires se font charger. Il est l’heure de repartir sans ombre à l’horizon. M-C souffre de la chaleur, alors après 2h de marche, nous posons le champ au bord des dunes. Une petite chèvre agrémenté de riz et ce sera l’heure de dormir sous les étoiles.

J3 – Vie nomade au cœur des dunes

Réveil vers 6h avant que le soleil émerge lui aussi. Les affaires se plient et le petit-déjeuner est déjà servi. On part vers 7h15 alors que K. finit encore ses affaires. Les dunes aujourd’hui nous appellent. Les pieds s’enfoncent et je tache de suivre le rythme alors que tous les muscles sont sollicités. Je reprends du poil de la bête et les montées dans le sable s’adoucissent. Le sol se durcit régulièrement laissant le corps reprendre de l’élan. Les ombres jouent avec les contrastes de l’horizon. Le soleil commence à raser les formes et à taper sur le chèche bleu acheté à l’aéroport, annonçant la pause déjeuner sous les acacias d’Aguassar. Les chameliers s’ouvrent un peu… Abderaman, Nenni et Kassem prennent eux aussi le temps d’une sieste sous la chaleur inhabituelle d’un mois de janvier.

Après la pause, nous rejoignons le petit village d’El-Meddah, nous acquittant de boissons fraiches. La mienne sucrée au goût de mangue a déjà parcouru des kilomètres. Le village émerge du sable jusqu’à apercevoir au loin l’hôpital flambant neuf qui se construit. Les allées ombragés sont appréciables sous le soleil plombant. On s’octroie un petit stop auprès des femmes et de leurs marchandises, le soleil ne nous invitant pas à marchander. On retrouve les dromadaires après une petite montée éprouvante sous la chaleur d’une fin de journée. Montée du camp en plein désert de Mauritanie et couscous du soir. Je dormirai sur notre tapis de repas.

J4 – La vallée blanche

Départ à 7h30. Le rythme semble avoir été pris. La montagne se rapproche à l’avancée de nos pas ensablés. Les cailloux finissent par apparaître moins flous et le sable laisse place à la roche légère. J’aime le contraste du jaune et du noir. L’ocre du sable et le grisâtre des rochers. On grimpe puis la vue s’ouvre sur une mosaïque de paysage sublime : la vallée blanche. L’une des plus belles qu’il m’ait été donné de voir en Mauritanie. Je me pause sur un rocher et chacun semble vouloir ralentir le temps devant les dunes dessinées à l’horizon. On doit redescendre avant que le soleil prenne toute la place pour se réfugier à l’ombre des acacias. Les dunes jouent avec les ombres offrant des captures époustouflantes.

Après une bonne sieste, on repart sous la chaleur torride du désert de Mauritanie. La palmeraie nous offre un brin de répit, tandis qu’à l’horizon le gré s’étend à perte de vue entre les vallées de sable. C’est au cœur de ce paysage que nous posons le camp. Ce soir-là nous nous resservirons du thé par deux fois. La soirée se prolonge autour du feu de camp. Allongés sur la grande paillasse, nos fous rires se mélangent à l’oasis de la Gleïtat. Peut-être que le thé était trop fort finalement. Même K. tarde à s’endormir sur les tapis qui nous servent de table. Je ne fermerai pas les yeux avant 1h du mat, bercée par une soirée riche en partage et émotions.

Le sable s’incruste dans chaque pas, chaque pore.
La Mauritanie est une invitation à la poésie.
Les paysages changent au rythme du soleil.
Dur, tendre, croustillant…le désert s’accommode des bourrasques de vent et du manque d’eau.
Les dromadaires soulagent nos dos.
Le thé panse nos plaies intérieures.
Et telles les deux poignées de sucre dans la théière, la Mauritanie finit toujours par gagner le combat du cœur.

J5 – La passe de Tifujar

Ce matin, le gré a pris toute la place. Nous avançons sur un sol dur, de rochers en rochers. J’en profite pour papoter avec B. tandis que les dunes se dégagent au loin. La caravane nous rattrape et nous prenons ombrage au cœur de la tente de femmes nomades que nous croisons. L’ainée pile les noyaux des pastèques, utilisées ensuite pour faire de la bouillis. K. s’empresse de l’aider quelques minutes mais elle ne semble pas convaincue. L’instant est court et nous continuons notre traversée sur le plateau de l’Adrar.

Nous stoppons notre marche plus tôt que d’habitude pour un rafraichissement à l’hibiscus. Nous rattrapons Mohammed qui veut nous montrer des peintures rupestres. La chaleur est telle en plein désert mauritanien que nous sommes plusieurs à ne pas être serein. Un mal de ventre fulgurant me rattrape sur le retour. Les dattes, le thé ? Je préfère pencher sur les dattes lorsque Nenni se rapproche de moi pour me servir ma dose quotidienne. Le tout accompagné de taboulé et mandarines… la sieste se présage vitale à l’ombre, avant de rejoindre la splendide passe de Tifujar.

Après s’être posée pour quelques photos, on contourne la passe afin de descendre les dunes telles des pistes de ski. Le camp du soir est posé et nous profitons de conversations au fil du soleil couchant.

J6 – Les gorges de N’Tezzent

Matinée platonique dans le désert de Mauritanie

6h30. L’arrivée de K. me réveille. J. balance son matelas plein de sable me sortant du reste de ma nuit. J’ai dormi sur les tapis servant de table pour le petit-déjeuner. Pour la première fois depuis le début de la semaine, j’ai du mal à me lever. La nuit a été fraiche et j’ai dormi d’une traite. Mes compagnons de route profitent des crêpes, il faut que je me dépêche avant de reprendre la route.

Ce matin le paysage est plat. Les dunes se font absentes et ce manque de dénivelé semble annoncer la fin d’un voyage. On passe le petit village de Tentemdege, où les enfants rentrant de l’école se mettent à courir derrière nous. Je m’arrête à la coopérative El Medina pour un jus de mangue.

Après-midi pleine de surprises

Le déjeuner prend place sous les arbres en compagnie de fourmis doré. On se rapproche petit à petit du canyon qui borde notre route. Les gorges de N’Tezzent nous accueillent à leur pied pour une dernière nuit dans le désert de Mauritanie. Momo nous montre un jeu, tandis que la fine équipe s’installe. Nous découvrons une grotte un peu plus loin, étendue là telle une cathédrale de dentelle. Notre guide rigole derrière ces énormes stalagmites qui prennent toute la place et nous invite à le rejoindre. La vue est splendide sur les montagnes alentours. Nous faisons le tour avant de retrouver notre camp, en descendant la grande dune d’Ehl Abdellahi. Le sable se glisse entre mes pas une toute dernière fois.

Les jours sont comptés.
Il va falloir les quitter.
Je n’aime pas les au-revoirs.
Ces moments suspendus où tu ne sais pas si vos routes se recroiseront un jour.
Ils sont souvent remplis de promesses non-dites, de sous-entendus vitaux et de douces fissures au cœur d’amitiés ensablées.
Alors on profite du paysage pour se concentrer sur le moment présent, tel un équilibriste sur un fil.

Comme chaque soir, Kassem nous prépare le pain du désert. Le Kesra est pétri puis cuit à même le sable, recouvert de braises. Nenni concocte le thé comme il sait si bien le faire, avec en fond sonore la musique de « Kais et Leilla » sur son téléphone. Adberaman se joint à la troupe pour quelques acrobaties, une fois le repas englouti. Le feu mettra plus de temps à s’éteindre ce soir-là. Les bourrasques de vent semblent accompagner ma mélancolie sous les étoiles. Les gars dorment paisiblement à côté de moi alors que je lutte contre les grains sables obstruant chacune de mes pores.

J7 – De Tergit à Chinguetti

En route pour Tergit

Après le petit-déjeuner, on se pause un instant pour une photo de groupe. On quitte les chameliers et le cuisinier non pas sans une pointe d’émotions. Nous suivons le cours du canyon qu’on longe par la droite. Je pose mes pieds dans les empreintes de Mohammed. Une voiture passe et on emprunte la route offrant des paysages dignes des plus grands panoramas américains. Ici pourtant mon cœur est lourd. Je m’éloigne du groupe pour avancer seule sur le goudron. Je sors de la stupeur de ma nuit ensablée pour la mélancolie des jours comptés.

Tergit stoppe mes songes. Quelques femmes vendent des babioles. Je m’arrête pour du bissap, alors que nous suivons la rue principale du village. Au cœur de l’oasis, les pieds s’unissent à l’eau serpentant parmi la palmeraie.

Posés sur un tapis sous une tente, le thé qui nous est servi ne contient pas toute la chaleur du sourire de Nenni. L’amertume ressort sous le sucre légèrement diminué. Je me retrouve à observer ces autres groupes qui ont eux aussi passé la semaine dans le désert de Mauritanie. J’ai du mal à émerger.

En route pour Chinguetti

Le déjeuner se passe à l’ombre des palmiers et la petite sieste est vite terminée. Vers 14h, on prend la route pour Chinguetti. Arrivés vers 16h, nous posons nos bagages dans notre petite case du soir, avant de filer voir la bibliothèque. Les marchands nous sautent dessus et les livres que nous espérions voir ne sont plus. On rentre à pied sur les allées sablées de la ville. Je me délecte de notre seule douche, que je troquerais bien pour une autre semaines dans le désert mauritanien.

Le lendemain, Mohamed nous largue à l’aéroport et on attend le point final de ce voyage dans la chaleur d’Atar.


J’ai retrouvé Paris puis la neige salvatrice des Hautes-Pyrénées… mais la sensation de marcher dans le sable a disparu. Ici la glace a pris le dessus et les crampons sont de sortie. Les pas de Mohammed ont depuis longtemps disparu pourtant je les cherche encore devant moi. Au détour d’un virage, au détour d’un sourire, j’entends les rires lointains de conversations aujourd’hui anonymes. Les camarades d’une semaine ont chacun repris leur vie, tandis que moi, je cherche encore la mienne.