Randonner sur l’Overland Track en Tasmanie

Avant de quitter la Tasmanie pour rejoindre Melbourne et laisser l’Australie derrière moi pour toujours, j’accompagnais un ami sur l’Overland Track. Ce trek de 65 km, si on se cantonne à ne pas faire de détour, nous propose de nous enfoncer au cœur de vallées sculptées par les glaciers, de forêts tropicales anciennes, de landes dorées par les buttongrass et de belles prairies alpines. Cette randonnée tasmane a un coût. L’espace naturel étant très fragile, l’accès est limité à 40 visiteurs par jour. Il faut donc réserver en amont, du moins pour la saison estivale.

Je laissais donc toutes mes possessions dans le coffre, sur ce parking que j’avais croisé un an plus tôt. Nous nous tenions à l’entrée du parc national de Cradle Mountain au cœur d’une météo mitigée. Le désavantage de devoir réserver son créneau de randonnée, c’est qu’il devient impossible de décaler en fonction du temps. Nous étions fin mars et l’été nous avait quitté prématurément.

Jour 1 : de Ronny Creek à Waterfall Valley sur l’Overland Track

Nous partions donc en milieu de matinée, après avoir ajusté nos sacs, remplis de denrées pour la semaine. Nos capuches vissées sur la tête, nous avancions de Ronny Creek au Crater Lake. Le « Marions Lookout » ne nous déçut pas, nous offrant des vues presque ensoleillées derrière les gros nuages gris de la matinée, sur la célèbre Cradle Mountain.  

Un an auparavant alors que je donnais un coup de main dans un petit village en autarcie, mes hôtes m’avaient déposé au même endroit afin que je puisse gravir son sommet, haut de 1545 m. Du point de vue, il fallait pousser jusqu’au Kitchen Hut, pour entreprendre ensuite l’escalade de ces gros blocs de pierre arrondis par l’érosion. Seule, j’avais dû lutter contre un vent tenace, afin de ne pas perdre l’équilibre dans ma progression jusqu’au sommet. Remplie de ce souvenir d’aventure en solitaire, je me tournais vers Ben : « Je ne pense pas que nous puissions gravir Barn Bluff aujourd’hui ! ».

Barn Bluff, c’était cet autre sommet, la 4ème plus haute montagne de Tasmanie, qui inondait les photos de ceux qui s’aventuraient dans le coin. Il avait cette forme de pic bien raide, qui semblait être le prolongement du chemin en bois, agrémenté de fil de fer râpeux, qui soutenaient nos pieds. Ce jour-là, le sommet disparaissait sous une immense couche de nuages tristes et épais, nous garantissant une vue vide en haut de ce dernier.

Le terrain était de toute façon humide et nous ne voulions prendre aucun risque dès le 1er jour de notre itinérance. C’était donc confiants, que nous refermions la porte de notre première cabane du soir.

Jour 2 : De Waterfall Valley à Pelion

Le lendemain, la météo n’avait pas changé. Le manteau duveteux était devenu plus dru et nous avancions bien emmitouflés. Les petits lacs semblaient se transformer en grosses flaques dégoulinantes par endroit. Je m’attardais sur les détails. Ceux de mon visage rougi par le froid, celui des baies humides ou encore la végétation changeante et les rares éclaircies. Vers 12h, le temps pluvieux semblait s’apaiser. Les rayons du soleil finirent par éclairer doucement le bout pointu des Gymnoschoenus sphaerocephalus ou « buttongrass ». Ces plantes typique de Tasmanie ressemblait à une touffe d’herbe, mélange de rouge et vert tendre, partant d’un même point. Des buttongrass, nous rencontrions les eucalyptus, puis les landes, avant de plonger dans une ambiance plus alpine. Nous doublions l’étape, pour atteindre ce soir-là la spacieuse cabane Pelion, afin de pouvoir le lendemain entreprendre un détour optionnel, sous une météo plus clémente.

Jour 3 : De Pelion à Kia Ora, en passant par le Mont Ossa

Du Pelion à Kia Ora, il n’y a qu’un pas… et le plus haut sommet de Tasmanie : le Mont Ossa. C’était plutôt sympa comme clin d’œil. « Kia Ora » signifie « portez-vous bien » en Maori et est utilisé pour dire bonjour. Ce bout de Nouvelle-Zélande nous portait chance, puisque le soleil avait décidé de pointer le bout de son nez pour la journée. Ça grimpa rapidement au cœur de la forêt humide, tandis que j’osais à peine happer chaque rayon de soleil qui se faufilaient jusqu’à moi.

Ce fut de Pelion Gap que nous bifurquions. Ce plateau alpin exposé nous offrait des promesses de toute beauté. Comme retombée en enfance, je sautais gaiement de pierres en pierres, qui avaient été posées là pour former un chemin sécurisé sur sol boueux. Si nous devions comparer un pays européen à la Tasmanie, je penserais à l’Irlande, pour ses quatre saisons en une journée quelle que soit la partie de l’année. Le Mont Ossa saisissait de son air d’orgue planté là, telle une cathédrale. Nous avancions parmi les rochers, tandis que la neige parsemait les plus gelés. Hors, nous n’étions pas les seuls ce jour-là au sommet et lorsque mes chaussures mouillées en touchèrent le sol, nous partagions tous un sourire de satisfaction.

Ben et moi déjeunions en altitude avant de redescendre vers notre cabane du soir à quelques heures de là. Je commençais à fatiguer de ces derniers jours froids. Mes nuits précédentes avaient été glaciales et je me réveillais souvent en pleine nuit pour grignoter, car un ami australien m’avait dit « mange pour te réchauffer ».

Jour 4 : de Kia Ora à Pine Valley Hut sur l’Overland Track

Cette nuit-là fut la même. Je me réveillais en sursaut pensant qu’une souris tapait déjà dans mes amandes qui me maintenaient en vie la nuit. Mais les autres randonneurs finissaient toujours par se retourner dans leur sac de couchage alors que je semblais enfin avoir trouvé une position confortable. Le petit matin se levait à peine qu’ils étaient déjà entrain de faire chauffer leur café. Je profitais encore un peu de la moindre pointe de chaleur émanant de mon sac de couchage bien trop fin, avant de m’extirper de là avec la sensation d’avoir passé une courte nuit.

Puis on recommençait à marcher comme la vieille, parmi les flaques parsemant le chemin déjà de boue. Mais à chaque fois la magie revenait. Celui d’un petit détail au détour du sentier, celui d’un bout de mousse irisée, d’un tapis naturel multicolore, entre les eucalyptus qui se déplument.

Jour 5 : de Windy Range à Pine Valley Hut avec l’option Acropolis

A l’aube du cinquième jour, on quittais Windy Range pour Pine Valley Hut, une cabane à une heure et demi de marche de la route principale. Nous l’atteindrons pour 12h. J’avais proposé à Ben, la veille, de monter jusqu’à la montagne Acropolis. Celle-ci est enneigée au sommet et la vitalité me manque à cet instant là. Je laisserais Ben l’atteindre seul, un peu dégoutée de ne pas m’être motivée jusqu’au bout. J’en profiterais pour tenter de faire sécher mes chaussures, mouillées depuis le 1er jour. Ben ravi me ramènera des photos et nous profiterons de notre dernière nuit sur l’Overland Track.

Jour 6 : de Pine Valley Hut au lac Saint-Clair

Nous étions le 3 avril et il était temps d’entamer notre dernière journée de marche, la batterie de mon appareil photo nous laissant seuls à admirer pour la première fois le lac St-Clair. Ben et moi ne voulions pas le traverser en bateau pour atteindre l’autre rive. Nous profitions des derniers instants pour en contourner la rive, doucement, et trouver une voiture pour nous ramener à notre point de départ.

L’Overland Track fut mon premier trek d’une semaine. Il s’en est passé des choses depuis. Même si je chemin n’est pas compliqué en tant que tel, il faut un brin de mental pour affronter la météo capriceuse de ce bout de pays. Ici on ne sait jamais quel temps en aura et ce sera probablement de la pluie. Mes pieds mouillés s’en souviennent. J’étais mal équipée à l’époque et les moyens du bord m’avaient finalement suffit à boucler cette semaine humide. Pendant ces quelques jours en pleine nature, j’avais complètement oublié les péripéties scandaleuses qui venaient de m’arriver (mais ça, c’est une histoire à retrouver un jour dans un livre) et j’étais à nouveau prête à mordre la vie à pleine dent.

5 randonnées accessibles dans les Hautes-Pyrénées

Juste après mon installation hivernale dans le coin, j’accueillais ma famille et des amis pour les fêtes de fin d’année. J’avais envie de les emmener en balades… Mais où partir quand on a déjà parcouru le Lac de Gaube, le Lac d’Estaing ou le Cirque de Gavarnie ? Au départ du Val d’Azun, j’ai trouvé quelques idées de randonnées accessibles dans les Hautes-Pyrénées. La plupart d’entre elles offrent de belles vues dégagées. J’espère qu’elles pourront vous inspirer vous aussi, à vous éloigner des grands classiques.

Le lac d’Isaby, une balade accessible depuis Hautacam

Distance : 4,4 km aller-retour
Dénivelé : + 79m, – 129m
Niveau : facile

Nous prenons la route en direction de la station d’Hautacam, pour nous garer au parking du Col de Tramassel. La route laisse place à la piste jusqu’au Col de Moulata, que nous decidons d’emprunter à pied. Du col, le chemin bifurque vers la droite et nous faisons attention à bien obliquer pour ne pas nous laisser emporter par le chemin de découverte, menant à la Hourquette d’Ouscouaou. De toute façon, le lac se repère de loin et nous descendons tranquillement vers lui pour l’atteindre pour le pique-nique de 12h. Nous optons pour la vue sur la butte, avant de nous approcher un peu plus près pour admirer son nappage gelé. Nous prenons un peu de hauteur en direction du Lac dets Plagnous, puis faisons demi-tour pour retrouver le col de Moulata.

Ascension du Mont de Gez, randonnée facile dans les Hautes-Pyrénées

Distance : 2,2 km aller
Dénivelé + 371
Niveau : facile

Nous partons de Arras-en-Lavedan, joli village du Val d’Azun à 5 min d’Argelès-Gazost. On peut se garer sur la place de la poste, à quelques pas du super bistro-librairie que j’adore. Nous montons sur le chemin de Pouy Ardouin et bifurquons à gauche sur un sentier en forêt par le Cap de Pène. Celui-ci croise un autre chemin que nous prenons à gauche, afin de rejoindre le sentier de découverte. On s’imprègne de la vue et des petites maisons sympas, avant de prendre à droite en suivant les œuvres d’art qui ont été posées ça et là sur le chemin.

Arras-en-Lavedan est surnommé « village d’artitude« , grâce à l’exposition contemporaine qui compose l’endroit. Le Mont de Gez n’y échappe pas et c’est accompagné de ces ajouts sur le chemin, que nous rejoignons le sommet, nous offrant une magnifique vue à 360° sur les Hautes-Pyrénées. Au retour, nous suivons le panneau qui nous mène à Arras-en-Lavedan par la gauche cette fois, nous offrant l’opportunité d’une petite boucle, retournant ensuite sur le chemin de Pouy Ardouin.

Le lac Bleu des Hautes-Pyrénées, au départ du Chirolet

Distance : 12 km aller-retour
Dénivelé : +/- 893 m
Niveau : moyen

Nous partons du parking du chirolet, après Bagnères-de-Bigorre dans le prolongement de la Vallée de Lesponne. Nous remontons légèrement sur la route pour bifurquer à gauche et suivre le chemin montant sur les gravillons. Pas de difficulté technique annoncé si ce n’est le dénivelé qui nous accompagne progressivement tout au long de la randonnée. Le chemin est bien tracé et il est quasiment impossible de se perdre jusqu’à la retenue d’eau, qui semble offrir une grande piscine naturelle bétonnée. De là, l’herbe s’offre délicate sous nos pieds, avant de retrouver les pierres, un peu plus grosse cette fois.

D’épingles en épingles, nous montons en prenant le temps de pause photos, seuls au monde en cette matinée d’un mois de décembre réchauffé. Pourtant ce jour-là, il fera froid et le soleil ne pointera son nez qu’à la cabane au bord du lac bleu, où nous trouverons refuge le temps d’un repas. Le vent est sec et froid, le lac bleu apparaissant sous des airs islandais. Les derniers passages glacés annonçaient pourtant la couleur. Cette randonnée est conseillée de mai à novembre, pour éviter les mésaventures gelées. Nous redescendrons sur le même chemin, rencontrant des familles débutant leur balade en début d’après-midi.

Le lac de Soum, une randonnée accessible au départ de Couraduque

Distance : 15 km
Dénivelé : +/- 390m
Niveau : facile

Le Lac de Soum, je le connais pour l’avoir rencontré sur mon tour du Val d’Azun, à l’automne 2021. Bizarrement le mois de décembre ensoleillé de 2022 nous offre la possibilité d’y revenir sous un soleil de fin d’année. Nous partons cette fois du col de Couraduque, dont la vue du parking est déjà sympa. Couraduque est connu pour être une station de ski de fond. Pourtant il est difficile de se l’imaginer avec l’absence de neige de ce mois de décembre.

Du col de Couraduque, nous remontons de 100 m+ jusqu’au col de la Serre pour rejoindre la petite cabane jaune, qui nous mène au col de Bazès par la gauche. De là, nous empruntons le GR101, préférant la boue au sentier de découverte bétonné en contre-bas, pour passer par le Cap de Castère (où nous ferons un petit détour par admirer la vue) et la crête de la Serre. Le Lac de Soum finira par se dévoiler, avant même d’atteindre le col au même nom. Nous resterons sur la crête pour profiter de la vue, avec le Petit Gabizos enneigé devant nous, puis nous retournerons sur nos pas, optant pour le chemin de la fontaine de la Taillade entre le Col de Bazès et le Col de la Serre.

Le Pic de Pibeste, un belvédère sur les Hautes-Pyrénées

Distance : 6 km aller-retour
Dénivelé : 608 m D+ et D-
Niveau : Moyen

Pour atteindre le Pic de Pibeste, nous optons pour un départ de Ségus. Les pentes y sont raides, avec un dénivelé total plus petit qu’en partant de Ouzous. Je vous conseille cependant de partir d’Ouzous et de monter par le sentier de découverte, si vous souhaitez une marche plus progressive, surtout accompagné d’enfants. Le Pic du Pibeste n’est pas forcément considéré comme une randonnée facile dans les Hautes-Pyrénées.

C’est du parking de Cap de la Serre que nous partons. Le sentier est indiqué d’un panneau et c’est sur un début de route que notre aventure commence. Le bitume est rapidement remplacé par un sentier forestier. Le chemin monte progressivement mais semble ne jamais offrir de répit. Nous bifurquons à gauche pour rejoindre le Mail d’Arréou, nous offrant une vue déjà sympathique sur les alentours.

Alors que nous pensions être arrivé, notre regard se pose sur le panneau devant nous. Nous prenons la direction du Col d’Oustu dans une montée raide. On s’engage à nouveau au cœur d’une forêt, profitant des racines pour que nos pieds puissent prendre appui parmi les feuilles mortes. Arrivés au bout, nos pieds jouent aux équilibristes puis finissent par tourner à gauche, attirés par l’antenne du Pic. Au sommet, nous profitons d’un instant pique-nique cheveux au vent avec un belvédère magnifique sur la vallée et les Hautes-Pyrénées. Le retour se fera par le même chemin, doucement, afin de ne pas glisser sur les feuilles jonchant le sol et le dénivelé saillant.

Et vous, quelques idées de randonnées accessibles dans les Hautes-Pyrénées ?

Ascension et tour du Carlit sur 2 jours

Où partir randonner dans les Pyrénées au mois de Novembre ? Tour du Balaïtous, du Vignemale ? Trop de neige ! Et pourquoi ne pas retourner dans les Pyrénées Orientales, vers le lac des Bouillouses ? Et si nous faisions le Tour du Carlit ? Ah non, il nous faudrait trois jours… et nous n’en avons que deux. À moins que…

Direction les Bouillouses pour le Puig Carlit

Après une bonne heure à chercher un spot de randonnée pour notre week-end prolongé, je propose de faire une boucle de deux jours en passant par le sommet du Carlit. Lorsque j’avais commencé mon GR10 pour bifurquer sur le Pic du Canigou, je pensais à l’époque qu’il était le plus haut sommet des Pyrénées Orientales. Que nenni ! C’est bien le Carlit, du haut de ses 2921 mètres qui remporte le titre. Randonnée très fréquentée en été, je n’avais jamais pu me résoudre à le grimper jusque-là. Pour le mois de novembre, j’hésitais encore, mais le réchauffement climatique et le temps doux annoncé, finirent par me convaincre d’y aller, munie tout de même de crampons. En effet, en plein hiver, le Carlit n’est accessible qu’avec le matériel adéquat et non sans expérience d’ascension hivernale !

Heureusement j’embarquais avec moi deux randonneurs qui avaient déjà grimpé l’Aneto. Je pouvais partir sereine.

Après 3h de route au départ de Toulouse, nous avons la bonne surprise de pouvoir encore accéder au parking du lac des Bouillouses. En plein hiver, l’accès y est fermé et il faudra se garer au Pla des Avellans et marcher quatre bons kilomètres pour rejoindre le lac.

Du lac des bouillouses à l’étang de Lanoux

Du lac des bouillouses à la Portella de la Grava

Frôlé avec mes parents petites, redécouvert pendant ma traversée des Pyrénées sur le GR10, arpenté en plein hiver alors qu’il était gelé, le lac des Bouillouses est un repère à souvenirs. Les premiers pas m’inquiètent déjà, la neige dure est là, vais-je assurer sur ces deux jours ?

Du lac des Bouillouses, nous empruntons le GR10 que je connais déjà, qui remonte jusqu’à la Portella de la Grava. Ce qui est bien avec la randonnée, c’est que tu as beau faire le même parcours, les paysages fluctuent en fonction des saisons. Je gardais un souvenir mémorable de ce parcours à deux jours de la fin de ma première longue randonnée en solitaire. Aujourd’hui, ce n’est plus la fin de l’été qui s’annonce mais bien le début de l’hiver. Mon regard se pose sur les herbes vertes tendres qui ont été balayées par le vent. Saupoudrées de neige quelques jours auparavant, elles semblaient délavées à mesure que nous avancions sur le sentier. Parfois nous en perdions la trace, jonglant parmi la neige fondue et les eaux surprenantes au détour d’une motte de terre. Mais le chemin finissait toujours par réapparaître.

Puis, il avait suffit de s’éloigner de quelques kilomètres pour ne trouver aucune âme qui vive dans les alentours. Après avoir remonté, depuis le parking, la partie Ouest du lac des Bouillouses, c’est la Têt que nous suivions sur sa rive gauche. Nous passons l’Estany del Raco pour bifurquer un peu plus loin vers la gauche, en direction de l’Estanyol, pour ensuite monter au col de la Portella de la Grava. De là, les étangs de Lanoux et de Roset se dévoilent au loin, dans une lumière d’après-midi automnale. La neige s’est faite rare sur cette partie du GR10, que nous quittons pour rejoindre le GR7 à la cabane de Rouzet.

De la Portella de la Grava à l’étang de Lanoux

Au moment de rejoindre la petite cabane de pierre, c’est une horde de mouflons qui nous surprennent. J’avais appris quelques semaines auparavant dans les Alpes-de-Haute-Provence, que les mouflons étaient une espèce introduite et non endémique au département. Quelle ne fût ma surprise d’en voir dans les Pyrénées ! Les tous premiers auraient été introduits en 1957 par la Fédération Départementale des chasseurs des Pyrénées-Orientales…

Mais nous devons nous hâter, le jour descendant rapidement en ce mois de novembre. Nous avons l’étang de Lanoux à longer et la cabane du soir à découvrir. Nous nous engageons donc sur le GR7 ou le GRP du tour du Carlit, pour rejoindre les contre-forts du barrage de Lanoux. À vrai dire nous avions hésité à commencer notre boucle de Porté-Puymorens pour raccourcir notre temps de route et rejoindre le lac par le GR7, mais le vent annoncé et le manque de cabanes du côté du Lac des Bouillouses nous contraignit à ne pas le faire.

Arrivés au bout du lac, nous empruntons un PR pour rejoindre la Maison des Ingénieurs du Lanoux. Une partie tout confort et chauffée est accessible aux employés, qui pourront obtenir la clé après réservation. C’est cette porte que nous ouvrons, trouvant à notre grande surprise une salle propre avec cuisine et un cocon chaud. Nous posons finalement nos affaires dans le petit refuge adjacent, non chauffé, mais composé de lits superposés rustiques, de matelas et de couverture. Nous passerons la nuit là, à l’abri du froid dans ce coin ouvert aux randonneurs.

Ascension du Carlit d’Ouest en Est

Ascension du Carlit par la face Ouest

C’est le jour de la grande ascension. Nous partons vers 8h pour rebrousser le chemin de la veille, retrouver le GR7 puis prendre sur notre droite sur le HRP. La Haute Route Pyrénéenne se suit à l’aide des cairns. Elle promet aussi, à l’image de mes souvenirs, un sentier de pierriers scabreux.

Heureusement la première partie est douce jusqu’à l’étang dels Forats. Il nous reste un peu plus de 400 m de dénivelé pour atteindre le Puig Carlit, plus haut sommet des Pyrénées Orientales. La voie se dessine assez rapidement sous mes yeux. « C’est bien là, que nous montons ?! ».

On nous avait prévenu ! La voie Ouest semble aérienne et je croise les doigts pour que la glace n’ait pas profité de l’ombre pour se former sur les pierres glissantes. Nous laissons dans notre dos l’étang dels Forats et la Serra de les Xemeneies pour nous engager sur le pierrier. Le chemin zigzague sur le sol gris et le cardio s’accélère dès nos premiers pas. À mesure que nous avançons le sentier s’incline plus hardiment. Mon corps suit la trajectoire pour ne pas se faire entrainer dans le vide, par mon sac trop lourd. Moi qui ait l’habitude de monter sur la pointe des pieds, je me retrouve à dérouler chaque pied pour pauser ma plante sur le sol glissant.

Tantôt de glace, tantôt roulant, le chemin qui se présage s’amorce d’un pas lent. Je tente de trouver une échappatoire pour finalement rester sur la trace qui me mènera péniblement jusqu’au dernier couloir. Ici, il suffit d’un brin d’escalade pour atteindre le col et se laisser happer par la vue sur les lacs. C’est splendide ! Encore quelques pas sur la droite et nous atteignons la belle croix du Carlit, pour une pause gourmande bien méritée.

Descente du Carlit par la face Est

Maintenant il va falloir descendre. L’aller s’est fait sans crampons et les randonneurs que nous croisons nous confirment que la descente se fera de même. De ce côté du Carlit, les marcheurs sont beaucoup plus nombreux. C’est que l’ascension du Carlit par la face Est reste la plus accessible.

Ici la neige est beaucoup plus présente et je prends mon temps pour ne pas glisser. Heureusement que les pas sont déjà formés, mes pieds s’engouffrant dans les traces laissées par les autres. Je profite du passage des randonneurs montants, pour admirer les lacs devant moi. Nous suivons les balises jaunes, tantôt les pieds dans la neige, tantôt sur la terre sèche, pour nous diriger vers le lac de Sobirans qui semble former un cœur au loin.

Le lac sur notre gauche, nous choisissons le chemin de droite nous éloignant des étangs de Trebens et del Castellar pour nous rapprocher de l’Estany Llong. C’est d’ailleurs devant l’étang de Vallell que nous pique-niquerons avant de rejoindre le lac des Bouillouses, notre point de départ à 1h de là.

Une boucle de deux jours dans les Pyrénées Orientales

Je n’aurais pas eu à chausser les crampons cette fois-là, mais c’était réconfortant de les avoir dans le sac et ils me semblent obligatoires dès que la neige pointe le bout de son nez. Mon inconfort et ma peur de glisser demeurent quand la neige est dure et un brin gelée, mais je me rends compte que je ne suis plus tout à fait au même niveau que lors de mon Tour du Queyras en raquette. Novembre n’est clairement pas mon mois de randonnée préféré, laissant un peu trop planer le doute entre la fin de l’automne et le début de l’hiver. Et pourtant la boucle de deux jours dans les Pyrénées Orientales, avec l’ascension du Carlit, fut un délice sans nom !

Si je devais la refaire, je ne la ferais pas dans l’autre sens, la face Est me semblant plus facile à descendre. En tout cas, ce coin des PO offre des opportunités à couper le souffle à longueur d’année, et je suis sûre que j’y reviendrai chercher d’autres itinéraires de plusieurs jours. D’ailleurs vous en connaissez ?

Le Pic des 3 seigneurs : une randonnée en boucle dans les Pyrénées

Tu n’aurais pas une idée de randonnée en Ariège pour la journée ? Ni une, ni deux, je lui parle du Pic des 3 seigneurs, une randonnée de 10 km et 900m de dénivelé, accessible depuis le Port de Lers.

Du Port de Lers au Pic des 3 seigneurs

Face au parking, on aperçoit une pente herbeuse assez raide. C’est bien par là que commence la boucle que je vous propose. De 1517m de dénivelé, on débute doucement à son rythme pour une montée jusqu’aux crêtes. C’est vers 1900m d’altitude que le chemin s’adoucit pour laisser place à une vue plutôt sympathique sur les sommets environnants, délaissant le sentiment d’une montée herbeuse infinie.

De part sa position en retrait de la chaîne pyrénéenne, les crêtes menant au Pic des Trois Seigneurs offrent un belvédère attractif sur les hauts sommets de l’Ariège. On en prend plein la vue et les couleurs automnales affichent une lumière douce et captivante, idéale pour les pauses photos.

Mais l’ascension n’est pas finie, alors nous bifurquons à gauche et continuons à avancer, tachant de bien suivre le balisage jaune censé nous guider jusqu’au Pic des 3 Seigneurs. Parfois nous avons envie de rester sur la crête alors que le chemin nous fait contourner à l’ombre sur la gauche. Vous pouvez avancer au gré de vos envies avec précaution, tout en sachant que vous risquez de devoir faire demi-tour face à un rocher impassable. Je préfère conduire le groupe sur le chemin officiel et balisé, imaginant qu’au bout du sentier ombragé la vue finira toujours par s’ouvrir.

Je n’ai pas tort. Du Pic de Fontanette, on rejoint celui de Barrès, appréciant le chemin serpentant parmi les rochers sur la crête.

Ascension du Pic des 3 Seigneurs

Puis on rejoint les 2086m de dénivelé marquant le point de jonction pour rejoindre le Pic. De là, il faut prendre le chemin qui semble monter à pic parmi les rochers, toujours balisé de jaune. On met les mains quand c’est nécessaire pour escalader la petite pierre qui semble trop haute. Enfin, on avance, cherchant toujours le meilleur chemin pour passer jusqu’à apercevoir la croix du sommet.

Pour tout vous avouer, on a cru par trois fois être arrivé au Pic des 3 Seigneurs. Mais c’était seulement une illusion d’optique. Seule la croix vous garantie le sommet. Ne vous fiez pas aux personnes qui ont décidé de pique-niquer en amont pour se protéger du vent ou trouver un caillou plat pour poser leurs fesses. Le Pic des 3 Seigneurs est à quelques pas de là, derrière un rocher. Courage, vous y êtes presque !

La légende raconte que les 3 seigneurs des vallées ariégeoises de Massat, Vicdessos et Rabat-les-trois-seigneurs se retrouvaient au sommet, pour débattre des droits des différentes vallées.

Retour au port de Lers, par l’étang d’Arbu

Après un déjeuner avec vue sur les sommets environnants, il est temps de rejoindre l’étang d’Arbu. Le retour commence sur le même chemin. Il faut rejoindre la bifurcation à 2086m de dénivelé, puis prendre sur la gauche en suivant le balisage jaune. Vous pouvez aussi revenir sur vos pas pour retourner au port de Lers. Mais il serait dommage de manquer l’étang d’Arbu et de redescendre cette pente herbeuse, rencontrée le matin.

On se laisse doucement guider par le tracé jaune, descendant à l’aveugle vers l’étang encore inconnu. Nous serpentons, faisons attention aux rochers ça et là, et finissons par longer l’étang par sa rive droite jusqu’à son déversoir. De là, le sentier continue tout droit, puis semble s’éloigner par la gauche, avant de poursuivre à droite, délaissant les cailloux pour un chemin plus simple.

Enfin, nous rejoignons le pont de Ganioule, laissant derrière nous le sentier de Suc qui part à gauche, pour rejoindre celui du Port de Lers vers la droite. Ici, nous marchons à niveau et retrouvons quelques arbres, finalement absents sur toute la randonnée. Il a fallu jouer avec les rochers pour faire nos « pauses techniques » de la journée.

Le soleil commence à se cacher derrière les montagnes en cette fin d’après-midi automnale. Heureusement, nous retrouvons un lacet de la route départementale emprunté le matin même. On suit la route sur 400m, pour ensuite couper au milieu du lacet. Un sentier nous fait éviter le bitume, pour monter plein champs jusqu’au parking.