Photo de varanasi de nuit le long du Gange

De Varanasi à Agra, voyage en Inde dans la vallée du Gange

Les douceurs de Varanasi, au bord du Gange

Lors de mon premier voyage en Inde, j’avais entendu tellement de choses sur New Delhi, pas forcément positives. Ayant encore de l’appréhension avant de partir une seconde fois, je décidais de rejoindre Varanasi, tout de suite après mon arrivée dans la capitale. C’était sans compter le retard de mon premier vol, qui m’a forcé à courir d’un terminal à l’autre, quémandant le bon prix et l’information correspondante. Fatiguée, c’est dans mon auberge de jeunesse, du côté de Assi Ghât, à quelques pas du Gange, que je récupérerais de mon décalage horaire.

A Varanasi, je n’avais pas de programme en tête, juste l’envie de commencer doucement ce voyage en Inde, de prendre le temps d’atterrir et de me laisser bercer par le rythme spirituel de la ville. J’en ai profité pour rencontrer un couchsurfeur, qui m’a offert une séance de yoga et méditation, et une compréhension plus complète de l’hindouisme à travers la visite du temple au cœur du campus universitaire. Nous nous sommes revus plusieurs fois sur mes quelques jours à Varanasi, afin de partager un repas, d’échanger sur nos cultures respectives ou d’admirer les Ghâts haut perchés dans un spot tranquille.

A la tombée de la nuit le long du Gange

Je me suis promenée le long du Gange, seule, à la tombée de la nuit, de Assi Ghât à Manikarnika Ghât. Ce dernier est le lieu principal des crémations. Lors de ma balade je me suis fait abordée par un étudiant, qui voulait me mener à un ami à lui, afin qu’il m’explique le déroulement des crémations et l’importance de ce lieu pour les hindous. Toujours sur mes gardes, je refusais gentiment les quelques explications nécessitant un « don » et m’éloignait pour m’asseoir sur les marches, non loin d’un couple de touristes, et regarder les feux bruler sur la rive. L’atmosphère est lourde, avec ces deux gros feux que les hommes alimentent. Le premier feu à avoir été allumé ici, n’aurait jamais été éteint.
Le donneur d’explication finit par venir me parler, sans contre-partie, m’expliquant gentiment que les femmes n’étaient pas forcément les bienvenues ici. En effet, bien « trop émotives » d’après lui, elles pouvaient déranger la cérémonie… à une époque plus lointaine, les femmes se jetaient vivantes sur le corps en flamme de leurs maris.

A noter: les photos sont strictement interdites à Manikarnika Ghât

J’ai alors fais demi-tour pour revenir au Dasashwamedh Ghât, bondé de monde, où l’ensemble des touristes et des locaux, se retrouvent pour le Puja du soir. Quand je parle de touristes, il faut savoir que 80% sont Indiens. Varanasi est une destination spirituelle très prisée pour les hindous. L’ambiance y est particulière, entrainée par l’attention de la foule, les chants sacrés et les rituels exécutés par les prêtres.

Au lever du jour

Juste avant le lever du jour, je me dirige vers Assi Ghât à quelques pas de mon auberge. C’est là qu’a lieu la cérémonie du lever du soleil. J’y découvre le seul groupe de femmes moines de Varanasi et reste un moment face au Gange, à observer discrètement les hommes et femmes, faire leurs ablutions matinales dans l’eau sacré, et le soleil montant délicatement dans le ciel. Un indien, étudiant, en vacances en famille, viendra couper ce moment de béatitude, par curiosité et désir d’échanger. Suivant la cérémonie, les locaux font leurs exercices de yoga matinaux, que je n’aurais pas la chance d’entrevoir, bien trop occupée à discuter avec mon interlocuteur du jour.

Au cœur de l’agitation

Pour ma dernière soirée à Varanasi, j’opte pour l’un des tours de l’auberge avec l’envie de me laisser porter. Le tour débute sur une barque de Assi Ghat au lieu de crémation principal. Si c’était à refaire, je referais cette balade sur le Gange le matin quand la lumière réchauffe doucement les couleurs sur la rive.
Arrivés au niveau de Dasashwamedh Ghât, nous nous dirigeons vers le quartier du Chowk à travers les petites ruelles, nous faufilant au travers de la foule, au niveau du marché agité. Clairement pas ma partie préférée après le calme de la rive… mais nous goûtons à quelques spécialités locales dont j’ai longtemps oublié le nom.

Où dormir ? Auberge de jeunesse Moustache Varanasi, avec un super rooftop où se caler, rencontrer des gens sympas ou discuter avec le personnel.

Khajuraho

Je rejoins Khajuraho en train de nuit (départ 16h40 à Varanasi Junction, arrivée à 5h20 / 303 Rs). Il fait frais ce matin et le patron de ma nouvelle guesthouse me récupère de bonne heure à la gare. La petite pause au bord de la route pour boire un chai au coin du feu n’est pas de refus, et j’aime entendre les locaux échanger dans leurs langues.

Après avoir pris un petit-déjeuner dans mon nouveau « chez moi », mon hôte me propose de faire le tour des temples et de m’amener jusqu’aux Cascades Raneh. J’accepte avec une petite contrepartie financière.

Les temples de Khajuraho

Khajuraho est réputé pour ses temples, au nombre de 22 aujourd’hui, répartis en 3 groupes. Si vous venez ici pour admirer leurs sculptures érotiques, sachez qu’elles ne représentent que 5% des surfaces sculptées (source: Guide du Routard).
Les temples du groupe Est se visitent gratuitement et permettent de se balader dans le vieux village. Les Jaïn Temples attirent particulièrement mon attention, car leurs blancheurs semblent offrir une pureté que non pas les autres temples. C’est la première fois que je me pose des questions sur le Jaïnisme et demande à mon guide du jour quelques clés sur leurs pratiques. Le Jaïnisme serait une religion à part entière, apparue dans l’Inde antique du Xème siècle. Elle s’apparenterait à l’hindouisme et au boudhisme dans son but d’atteindre l’illumination (le nirvana) et de sortir du cycle des réincarnations. Les femmes ayant leurs règles n’ont pas le droit d’entrer dans les temples et tout élément en cuir y est formellement interdit. C’est que les Jaïns pourraient être qualifiés de « néo-vegan » puisque, prônant la non-violence, ils ne mangent ni viande, ni œuf, ni miel et ne portent rien d’origine animale. Ils n’ont pas le droit non plus de se nourrir de légumes racines, car le fait de les arracher pourraient tuer quelques vers de terre, ou la plante en elle-même.

En fin de journée, juste avant le coucher de soleil, c’est à travers les temples du groupe Ouest, classés au Patrimoine de l’UNESCO et donc payants (600 rp en 2019), que j’admire les sculptures. Celles-ci sont d’une finesse telle que j’ai parfois l’impression d’admirer de la dentelle. Je ne manquerais pas d’observer ces couples, souriant timidement, face aux fameuses sculptures érotiques, repensant à ce que me disait mon guide: les temples sont là pour enseigner, de la vie quotidienne à la spiritualité. Visiter ces temples juste avant le coucher de soleil permet d’admirer les contrastes de lumière sur les temples ocres: Magnifique !

Raneh Falls

A 20km de Khadjuraho se trouvent les Raneh Falls. Nous y allons en moto, mais il est possible d’y aller en vélo depuis la ville (comptez 4h A/R). L’entrée du parc est payante et se fait en fonction de votre véhicule. Dans mes souvenirs, c’était l’équivalent de 100 rp par personne.
Les cascades sont accessibles via un chemin tout tracé. En décembre, les chutes sont encore gorgées d’eau et atteignent de haut niveau pendant la mousson. Le reste de l’année, l’eau se fait plus rare.

Mon guide du jour prolonge la visite dans le parc adjacent, afin de potentiellement y observer les animaux sauvages. Ce bol d’air en pleine nature me fait un bien fou !

Et autres surprises

Le soir il me convie chez une amie à lui, une fermière. Je ne parle pas sa langue et elle, non plus. Je ne peux communiquer avec elle qu’à travers mes sourires et les traductions de mon compagnon du jour. Elle nous offre des chapatis et un morceau de mangue séché agrémenté de masala. C’est d’un délice ! Puis elle se met à cuire de nouveaux chapatis devant nous, tandis qu’elle échange avec mon hôte et que j’essaye de comprendre deux, trois mots. Elle nous propose alors des chapatis chauds et la nouvelle sauce qu’elle vient de préparer. Je commence à me sentir mal car je suis venue les mains vides… quelques roupies déposés honteusement dans les mains de mon hôte et nous partirons.
Ce dernier cherche à m’expliquer que la seule chose appréciable, si je veux la remercier, est de l’argent. Pour moi ce n’est pas ce que j’avais envie de lui offrir en échange de ce bon moment…

Orchha, loin du Gange

Le lendemain, il est temps de quitter ma guest house, où je n’ai finalement eu que très peu de temps pour moi ou pour rencontrer le reste de la famille. Je choisis le train qui part à 12h35 de Khadjuraho pour arriver à Orchha vers 17h06. Du moins sur le papier… J’arriverai à Orchha en fin de journée avec plus ou moins 2h de retard.

A peine arrivée dans ma nouvelle guest house, je me vois offert des samosas et un bon vieux chaï. Après avoir échangé avec un voyageur brésilien, qui me parle de signe astral, le gérant de la maison me propose de m’amener voir le lever de soleil le lendemain.

Jahangir Mahal et Raja Mahal, au fort d’Orchha

Après un petit tour en moto, M. me dépose à l’entrée du fort, où je m’acquitte des droits de passage avant de me laisser déambuler à travers le Jahangir Mahal. J’ai l’impression de retomber en enfance, grimpant les petits escaliers me menant aux étages supérieurs et m’offrant des vues splendides sur la nature au loin. Subtil mélange d’art Hindoue et Mongol, le Jahangir Mahal se visite seul ou avec un guide.
Quant au Raja Mahal, situé dans le même complexe, les splendides fresques me laissent pantoise pendant un quart d’heure. Leurs finesses sont admirables et même si le temps a laissé des traces de son passage, les 10 réincarnations de Vishnou peintes au plafond illuminent de leurs histoires.
Le fort d’Orchha et ses merveilles du 17ème siècle offrent un véritable havre de paix, photogénique au soleil levant.

Chhatris, cénotaphes royaux

Le long de la rivière Betwa, affluent de la Yamuna, elle-même rivière sacrée et affluente du Gange, se trouvent les cénotaphes royaux, construits à la mémoire des rois Bundela. Une balade mélancolique me mène d’une voute à l’autre, admirant les jardins bien entretenus et l’eau briller au loin.
Le soir si vous traversez le petit pont qui mène de l’autre côté de la rive, vous aurez un spot magnifique pour prendre le soleil couchant en photo éclairant les cénotaphes royaux de sa teinte orangé. Ce soir là, pas de dégradés de couleurs, alors nous rentrions pour assister à la cérémonie hindoue au temple Ram Raja.

Où dormir ? Temple View Guest House

Il est déjà temps de quitter la vallée du Gange et ses affluents, afin de rejoindre mon ami Australien, à qui j’ai donné rendez-vous à Agra pour le début de notre voyage entre amis. Le dernier train de disponible part tôt le matin, je dois donc me lever aux aurores pour rejoindre Jansi, la gare de départ en rickshaw.

A bientôt.

Swakopmund et l'océan

Swakopmund, désert de mon cœur

Swakopmund, mardi 21 janvier 2020.

Un article sur le vif, car j’ai besoin d’écrire. Écrire qu’ici je ne me sens pas à ma place, écrire que mon cœur n’est pas là, dans cette ville aseptisée. Écrire que je viens d’engloutir une tablette de chocolat que je m’offrais à l’époque en Nouvelle-Zélande, tu sais celle marron et blanche bien trop sucrée, en espérant que ça suffirait pour me remonter le moral.
J’ai cette boule dans la gorge, qui a du mal à passer malgré le citron que je viens d’acheter, afin d’atténuer le goût bien trop chlorée de l’eau du robinet.

Les rues sont vides, parsemées de gros 4×4 où les touristes semblent tout voir qu’au travers de leurs vitres. Les rues sont trop propres et bien trop calmes. Les jolies couleurs des façades me font penser à un parc d’attractions qui n’attirent plus la clientèle depuis bien longtemps. Un air de Queenstown, où tout semble fait pour le touriste au premier abord. Et bizarrement le rapprochement de ces deux villes si éloignées géographiquement, semble corréler avec un air de capitale des sports extrêmes.

Un mois. Je me suis engagée pour un mois auprès d’une auberge de jeunesse. Quelques heures de travail et du temps libre. Mais à peine ai-je eu posé les pieds dans ce lieu, mon cœur a eu envie de partir, de rentrer chez lui sans même visiter le pays. C’est que l’urgence de mon hôte m’a fait venir directement de la capitale, après mes quelques heures de vols. Je n’ai pas eu le temps de m’approprier les lieux, pas eu le temps de faire du Couchsurfing, pas eu le temps de me faire une première impression sur la Namibie en dehors de cette auberge, à l’atmosphère trop tranquille.

Pourtant dimanche dernier, je suis allée surfer. J’ai affronté ma peur des vagues avec une planche. Je ne sais pas encore les apprivoiser, mais je n’ai pas réfléchi et j’ai foncé. Alors pourquoi est-il difficile pour moi de dire que je m’en vais ? Que Swakopmund n’est pas assez vivant pour que j’ai envie de rester… ou que je n’apprendrais rien et que ce n’est pas ce que je recherchais ? La culpabilité me prend la tête et je sens au plus profond de moi que ça ne sert à rien de forcer.

Heureusement le sourire des quelques clients me remettent d’aplomb le temps d’une minute, même si l’envie de me glisser dans leur coffre de voiture se fait pressente. Alors peut-être que demain j’irais faire du vélo dans les dunes, peut-être que le musée de la ville m’apprendra quelques éléments rudimentaires pour survivre les trois semaines à venir… ou alors je prendrais mon courage à deux mains, mes cliques et mes claques et regarderait la liberté en face en me disant que je ne sais pas de quoi sera fait demain, mais que ma petite voix intérieure pourra surement me guider, comme elle le fait maintenant, criant « Lucie ce n’est pas toi le problème, part pendant qu’il en est encore temps ».

Photo de la randonnée hivernale à l'étang d'Appy

Randonnées hivernales dans les Pyrénées ariégoises

Lorsque le soleil pointe son nez en hiver, il est toujours agréable de s’octroyer une journée revivifiante au cœur des montagnes. Au départ de Toulouse, pour la journée, les Pyrénées Ariégoises sont à portée de main. Il est parfois compliqué de savoir celles qui sont accessibles en hiver, raquettes aux pieds ou non. Je vous propose donc deux randonnées d’hiver dans les Pyrénées Ariégoises, rapidement accessibles à ceux qui séjournent à Ax-les-Thermes.

Etang d’Appy

Niveau: Moyen / Dénivelé: 764 m + / 8,6km / 4h _ Tracé GPS

Le départ de la randonnée se fait à partir du parking au dessus du village d’Appy (qui est bien indiqué).
Passez le portillon puis dirigez-vous vers le Nord-Est. Le chemin est bien indiqué (tracé en jaune) et monte progressivement, offrant de belles vues sur les Pyrénées Ariégeoises, jusqu’à apercevoir l’étang. Blotti dans un cirque, il est agréable de pique-niquer à son bord, où légèrement au dessus en hiver. Lorsque nous y sommes allés, la neige n’avait pas encore totalement recouvert les alentours, les raquettes n’étaient donc pas nécessaires. Attention un petit névé était quand même présent sur les derniers mètres, nécessitant certaines précautions. Le lac n’était pas totalement gelé, ne vous y aventurez pas dessus si vous n’êtes pas sûr de sa solidité. L’été, on peut se baigner dans ses eaux fraiches, mais il faudra ne pas avoir peur du monde. Il est apparemment possible d’opter pour un départ depuis la station les Monts d’Olmes, ou de poursuivre sur le Pic St-Bartélémy à la belle saison. Le retour se fait par le même chemin.

Etang d'Appy, lors d'une randonnée hivernale dans les Pyrénées Ariégeoises

Pic Fourcat

Niveau: Moyen / Dénivelé: 700 m + / 11km / 5h30 _ Tracé GPS

Le Pic Fourcat (à ne pas confondre avec le Mont Fourcat) est la seconde randonnée hivernale dans les Pyrénées Ariégeoises, que je vous propose aujourd’hui. Dans les hauteurs d’Ax-les-thermes, cette randonnée n’offre pas de difficultés particulières et se débute au col de Marmare (D613 d’Axat à Ax les Thermes). Il y a un parking juste au bord de la route. Prendre le chemin qui monte légèrement dans la forêt vers le Nord-Ouest (ne pas suivre la route qui part vers la droite) qui débouche sur un replat. Quittez ce chemin et repérez la clôture, vers le Nord-Ouest qui se longe jusqu’au Pic Fourcat. Le sommet du Scaramus est le premier qu’on atteint (comptez 1h30). Il faudra ensuite quelques grandes enjambés de plus pour atteindre le Pic du Fourcat, reconnaissable au gros cairns.
Nous avons tourné un bon moment, afin de trouver un endroit pour pique-niquer à l’abri du vent. Puis après un repas digne d’un 1er de l’an, nous avons continué notre randonnée d’hiver pyrénéenne, direction le Col de la Gardie, suivant les mini-chemins créés par les animaux ou par les derniers randonneurs. En ce 1er janvier 2020, la neige étant presque absente, nous avons pu gambader à travers les collines, jusqu’à rejoindre un chemin au cœur du bois, suivant le Col de la Gardie, avec de courts passages glacés. Hors bois, nous débouchons sur une piste qui nous ramène doucement jusqu’au Col de Marmare. Cette fois aussi, nous n’avions pas besoin de raquettes et cette randonnée est parait-il tout aussi belle au printemps, lorsque les fleurs décident de pointer le bout de leurs pétales pleines de rosée matinale.

Vue hivernale du Pic Fourcat, dans les Pyrénées Ariégeoises

Pour ces deux randonnées et toutes les autres, n’oubliez pas le système des trois couches (à renforcer en hiver), votre eau, sac à d’eau, pique-nique et crème solaire.

Retrouvez mes autres idées de randonnées sur le blog

Croajingolong national park

Moi aussi, j’ai honte de prendre l’avion

En ce début d’année 2020, j’ai envie de vous parler de mon sentiment d’inconfort face à l’urgence climatique et à la green positive attitude. Je ne sais pas trop comment avancer, quels sont les bonnes décisions à prendre. Je ne me suis jamais trop engagée publiquement dans mes articles, sur les réseaux sociaux car je n’aime pas les conflits. J’ai toujours essayé de faire au mieux pour ouvrir la discussion, convaincre doucement et surement sans être trop donneuse de leçon.

Mais aujourd’hui mes épaules sont lourdes, et en ce début d’année, j’ai envie de m’enlever ce poids qui semble toucher plus de monde que je ne pensais. Alors j’ouvre la discussion, le débat, qui a surement été mille fois abordé en 2019 mais qui semble encore essentiel aujourd’hui. Et puisque je tiens un blog qui parle de voyages, cet article me semble être un passage obligé.

Promouvoir le voyage et prendre l’avion ?

Je me suis souvent remise en question par rapport à ce blog… Dois-je continuer à le tenir ? Quel genre d’articles ai-je envie d’écrire ? Quel genre d’articles pourraient plaire à Google ? Comment « gagner » plus d’abonnés ? Dois-je tout arrêter ? A quoi sert-il ? Tenir un blog, alimenter les réseaux sociaux, utiliser Internet offre sa part de pollution…, dois-je continuer à y participer ?

Dans ce genre de remise en question, on peut finir par aller loin, par se dire que ça ne sert à rien. Mais je finis toujours par me dire que ce blog est mon petit pêché mignon, une douce relation que j’entretiens depuis 7 ans, mon coin de liberté où je peux écrire lorsque j’en ai envie, sans trop en dire, mais juste assez pour replonger dans un voyage, revivre des moments chers à mon cœur et les partager, dans l’espoir de donner le sourire, d’inciter le lecteur à penser, à rêver. Si je peux inspirer ne serait-ce qu’une seule personne, non pas à voyager, mais à suivre sa propre voie, alors je me dis que ce blog a une valeur douce à son existence.

J’ai toujours parlé de voyages ici, car ils font partie intégrante de ma vie. Le « comment vas-tu » rituel dans les prises de nouvelles, s’accompagne toujours d’un « tu es où ? En vadrouille ? » de la part de mes amis. J’ai bien le désir de me poser, mais mes aspirations actuelles se font dans la rencontre de l’autre et la compréhension des cultures qui nous entourent car je suis persuadée, peut-être naïvement, que c’est par là que se fera la paix. Je suis une éternelle curieuse et cette soif de découvertes ne pourra jamais se tarir.

Mais aujourd’hui avec l’accent médiatique mis sur les prises de conscience écologiques, je ne trouve plus ma place. Suis-je égoïste à vouloir aller découvrir le monde et ses beautés ? Peut-on prendre l’avion et dire que l’on a déjà pris des positions « écolos » depuis bien longtemps ?

Voyager localement

Alors certes, on peut voyager localement, et je vous encourage vivement à le faire. La France regorge de coins splendides, que j’ai eu la chance de découvrir petite avec mes parents en camping-car. On partait dans l’une de nos régions françaises pour quelques semaines, on trouvait un coin sympa pour se garer le soir et le reste du temps on alternait entre balades nature et un temps culture. Les douches étaient expéditives et non quotidiennes, on mangeait local la plupart du temps et on n’avait pas d’écrans, seule la radio qui marchait de temps en temps. Gamins avec mon frère, on pouvait même dormir sur le lit arrière pendant que nos parents conduisaient ou regardait le conducteur de derrière sans se lasser.

Pour avoir vécu dans différentes villes françaises, j’ai continué cette belle habitude: explorer mon environnement. On appelle ça la « microaventure » aujourd’hui. A Sophia-Antipolis, c’était les balades dans le Mercantour, la fête du citron à Menton ou le Carnaval de Nice. Je me souviens avoir passé mon anniversaire dans les hauteurs de Monaco. A Auxerre, c’était les châteaux Renaissance du Tonnerois, les vignobles de Chablis pour un cours d’orientation, Vézelay inspirant un futur départ sur le Chemin de St-Jacques ou le Canal du Nivernais pour une saison plus clémente… A Paris, je randonnais sur les GRs qui traversent la ville ou me baladais au départ d’une station de métro, en suivant le bouquin seconde main que m’avait offert un ami. A Lyon, c’était plutôt dans les montagnes que je passais mes week-end, en les rejoignant en train ou en covoiturage en bonne compagnie. A Toulouse aussi.
Cet été, c’est d’ailleurs dans les Pyrénées que je suis partie, sur le GR10 de Banyuls à Mérens-Les-Vals.

Continuer à voyager hors France/Europe ?

Il faudrait plus d’une vie pour découvrir la France. On a aussi la chance incroyable de pouvoir être entourés de pays aux cultures diverses et variées, accessibles en train. Alors pourquoi continuer à aller au bout du monde, nous incitant à prendre l’avion ?

Je me suis souvent posée cette question. Puis je regarde en arrière et vois ce que le voyage hors Europe m’a apporté.
Le Canada, lors d’un échange universitaire a été une véritable révélation. C’est d’ailleurs là bas que j’ai pris conscience des belles opportunités qu’offrait le secteur du tourisme dans lequel j’ai voulu travailler: j’allais enfin pouvoir « soigner » plein de gens en les poussant à voyager !
Puis il y a eu la Nouvelle-Zélande, qui s’est révélée être une quête de confiance en soi: partir loin pour se prouver que je pouvais être indépendante, me sortir des galères seule, sans la famille à côté géographiquement parlant. J’y ai découvert comment pouvaient être gérés les Parcs Nationaux, ce qu’était une espèce « endémique » et j’ai commencé à prendre conscience que le tourisme avait un impact important sur la nature, en arpentant des chemins de randonnées tout tracés ou ayant un accès limité à l’année.
En Australie, mon respect à la nature s’est vu intensifié. J’ai passé deux années le nez dehors, à en prendre plein la vue dans les nombreux parcs du pays. Je crois que je n’ai jamais autant randonné de ma vie ! J’ai aussi mis des mots sur la colonisation… et des maux sur l’aberration du peuple dit Occidental qui avait poussé la plus vieille civilisation du monde, si proche de ses terres et respectueuse de la nature, à un désencrage radical. Sans la rencontre avec ces aborigènes qui ont croisés ma route, j’aurais eu du mal à en comprendre le sujet, le contexte, l’histoire.

Le voyage hors Europe a été pour moi tout un cheminement, un appel au large pour une découverte intérieure, un réel développement personnel. Tout le monde n’a pas besoin de ça et tant mieux ! Je ne changerais ce parcours pour rien au monde, et il est loin d’être fini.
Prendre l’avion pour le Canada, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie n’est financièrement pas donné à tout le monde et pour ces deux derniers pays, il faut du temps pour y aller, ce qui incite à rester plus longtemps sur place. Lorsque je rentre en France, les offres des compagnies aériennes m’incitent trop fortement à prendre un vol pour un pays voisin, pour un week-end parce que ce n’est pas cher ! Je trouve que la tentation est plus compliquée dans notre espace Schengen.

Pour une consommation raisonnée

C’est un peu le jeu de la thèse et de l’anti-thèse. Oui, j’ai pris deux avions pour aller en Nouvelle-Zélande avec un stop-over à Singapour. Et je suis loin d’en être fière ! Mais sur place, j’ai espéré compenser en y restant un an et trois mois (temps sur lequel je n’ai pas pris l’avion), privilégiant le stop et le voyage à pied, consommant local et choisissant de travailler pour des cultivateurs respectant les lois et les hommes. J’y ai même découvert un autre moyen de circuler, naviguant presque au gré du vent dans les eaux de la Bay of Island.
J’ai pris l’avion pour l’Australie sans rentrer en France et y ait vécu deux ans. Deux années où les transports en commun, le covoiturage, le stop ont toujours été mes alliés dans un pays deux fois plus grand que l’Europe. Oui, après avoir fait du kayak, j’ai opté pour un vol au dessus de la Grande Barrière de Corail, et je m’en suis pris plein les yeux réalisant à quel point l’homme était aveugle à détruire des richesses incommensurables. Paradoxal n’est-ce pas ?

Cette année, j’ai le sentiment d’avoir trop pris l’avion. Je suis allée au Bénin en février pour une trop courte période, en avion pour faciliter les visas. Je suis rentrée de Côte d’Ivoire en mai, en avion aussi, car le vol retour était offert par l’ONG pour laquelle je travaillais. Je me suis éclipsée à Edimbourg pour retrouver un ami géographiquement lointain, après avoir hésité une semaine pour conscience écologique… le vol a/r de 20€ chez Easyjet a fini par me convaincre. Puis il y a eu l’Inde tout récemment, sur un coup de tête. J’y suis restée un mois, mais cela n’enlève pas la culpabilité que j’éprouve à chaque fois.

Alors que faire ? Je n’ai pas la solution.
Je sais juste que j’ai du mal à éviter les pays de longues distances car ils continuent à m’apprendre tellement ! Je pourrais prendre le temps d’y aller en cargo/voilier/train, mais malheureusement je me décide souvent à la dernière minute et les décisions sur un coup de tête incitent à l’achat de vols.
Alors je continue à privilégier le voyage de la lenteur, le voyage au long-cours quand c’est possible et les modes de transport moins polluants une fois sur place. Je n’ai pas hésité à passer 21h dans le train de Jaisalmer à Delhi sur mon dernier voyage.
J’essaye aussi de compenser, même si ça ne règle directement pas le problème, soyons clair ! Mon manteau d’hiver a plus de 10 ans ! J’use mes vêtements jusqu’à la moelle et j’en ai très peu. Voyager peut inciter à avoir moins lorsqu’on vit trois ans avec son sac à dos. J’ai eu mon premier smartphone il y a seulement deux ans (mon vieux nokia 10 ans d’âge attend sagement son retour dans le placard). Je fais mes recherches Internet sur Lillo, utilise Firefox et essaye d’acheter local au maximum et en vrac. J’ai toujours privilégié les produits de saison, évité les achats sur les grosses plateformes et suis toujours à la recherche d’un cordonnier qui pourrait réparer mes chaussures usées. Je faisais du covoiturage avant même que Blablacar se prenne une commission (on payait le chauffeur en main propre !) et j’ai toujours pris le train en France.
J’ai choisi des boulots qui me ressemblaient et qui partageaient mes valeurs d’un tourisme plus durable dans le respect de la nature et des populations locales.

Et une responsabilité globale

Alors je continuerais surement à culpabiliser. Puis je me souviendrais que l’avion est peut-être financièrement trop accessible en France, qu’on nous a menti pendant longtemps quant aux tris de nos déchets qui finissent en Asie… et nos voitures qui polluent se retrouvant en Bulgarie.
Je ne vous parle même pas de l’Afrique et de ce taxi au plancher percé par la rouille, dont la France ne voulait plus. On y apprend plein de choses là-bas… On se rend facilement compte que ceux qui polluent le plus sont les plus riches. Je ne vous raconte pas ma surprise quand je me suis rendue compte que je pouvais prendre une douche avec la moitié d’un seau d’eau dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire… et qu’il fallait l’équivalent de 2 seaux pour remplir la chasse d’eau. J’ai aussi appris que notre amour du chocolat avait facilité la déforestation d’un pays entier et que celui dit « équitable » ne l’était pas forcément.

C’est tout un système à remettre en question. Je pense que ce n’est pas en montrant du doigt ce que « ne fait pas » l’autre qu’on va faire avancer les choses. L’éducation positive, l’encouragement, la persévérance et surtout l’échange, la discussion permettront de construire ensemble. J’en ai ras le bol des pseudos écolos qui sont donneurs de leçons, mais qui ne regardent pas dans leurs rétroviseurs ou ne se remettent pas en question sur d’autres aspects pour une planète meilleure.
Vous savez que les effets de mode peuvent avoir des impacts négatifs sur l’environnement ? Si je vous dis « avocat, quinoa » ?
J’espère qu’un jour, les gens comprendront que tout est lié: la planète qui crame, la course à l’argent, les burn-out au travail, les retraites. Je suis légèrement dépassée par tout ça. Il m’arrive de pleurer devant les infos, quand je vois l’Australie bruler, d’avoir le cœur brisé en entendant ce koala pleurer… Suis-je une insensible parce que je prends encore l’avion, parce que je n’ai pas éteint l’eau pendant 2 secondes ou parce que je remange de la viande depuis que je suis chez les parents ?

Alors je n’essaye pas de me déculpabiliser. Je cherche juste à démêler le vrai du faux, à trouver un sens à tous ça. Vous en pensez quoi vous ? Vous y voyez clair ? Vous avez des idées pour avancer vers le « meilleur des mondes » ? Merci 💕