Bénin et salsa

Un festival de salsa se présentait au Bénin. Mon prof, originaire du pays, y allait avec sa partenaire de danse. Ni une, ni deux, je décidais d’embarquer dans une mini aventure d’une semaine avec eux.

Départ d’Abidjan

J’aurais adoré prendre le bus, pour traverser le Ghana et le Togo, avant d’arriver à destination.
Surtout que le bus coûte moins cher et est plus écologique que l’avion. Comptez 30 000 FCFA l’aller (contre 150 000 FCFA en avion). Seulement voilà, à deux semaines du départ, il me fallait faire une demande pour 3 visas, n’étant pas sure de pouvoir obtenir les visas de transit à la frontière. Ayant déjà fait l’expérience de la frontière Ghanéenne, je n’avais pas envie de parlementer avec les contrôleurs… ni de faire 4 allers-retours dans les embouteillages et la pollution abidjanaise (oui je vous vends du rêve) pour aller aux ambassades respectives de chaque pays. Heureusement le visa pour le Bénin se fait directement en ligne et l’obtention est immédiate.

Arrivée au Bénin

Récupérée par le frère de mon ami, je me suis laissée guider les premiers jours. Je retrouvais Julie pour mon début de festival… les cours et soirées ont suivi en belle compagnie.
Le dernier jour, nous avons passé un après-midi sur la plage, avec un groupe d’artistes Guadeloupéens, à parler de rencontres, de musique et de joie de vivre. Ce petit moment convivial m’a rappelé pourquoi j’adorais le voyage. Ces rencontres fortuites qui te donnent une joie immense et ces personnes que tu connais depuis 2 min, et que pourtant tu arrives à comprendre instantanément.
Ils ont souhaité venir jusqu’au Bénin pour s’y marier… sur la terre de leurs ancêtres. Ils voulaient aussi faire comprendre au peuple africain le lien qui pouvait exister entre leurs cultures à travers la danse. Comprenez que l’esclavage a laissé des traces… mais qu’aujourd’hui il est temps de rapprocher deux mondes si éloignés et pourtant liés par leurs histoires passées. Pour ces deux acolytes, le lien peut se faire à travers la musique, la danse et le partage de leurs traditions respectives. Julie, l’ivoirienne, était étonnée de voir que dans les danses traditionnelles guadeloupéennes on retrouvait les mêmes pas que ceux utilisés par son ethnie Bété. Et moi en fond, ravie et émue de voir tout ce beau monde échanger, grandir et s’enrichir ensemble au fil d’une conversation… le voyage rapproche et panse le monde, j’en suis convaincue !

Porto-Novo

Mes amis étaient déjà appelés à rentrer sur Abidjan. Mais avant de partir, le prof nous a emmené sur la terre de ses ancêtres, à Porto-Novo.
Accueillie par un brin de salsa, je me sentais déjà bien dans les rues de la capitale Béninoise (et oui, Cotonou n’en ai que la capitale économique !). Le lien Afro-Caraïbes se faisait à nouveau ressentir, tel un boomerang historique.
Nous déambulions dans les rues du Grand Marché, à l’affût des couleurs et douceurs béninoises. Je goûtais au chat-noir (fruit du tamarinier noir), au fromage Peulh (fromage frais, encore meilleur revenu deux minutes à la poêle) et finissais mon repas par quelques arachides.
Nous avons fait un stop au centre Songhai, lieu d’entrepreneuriat agricole durable, avant de ne partir à la rencontre de la femme la plus marquante de mon séjour: la grand-mère de notre hôte.

Je ne mettrais point les photos ici, par respect pour cette dame de plus de 100 ans. Elle ne parle pas le français, alors notre ami traduit pour nous: « Je ne peux plus me servir de mes jambes, mais j’y vois clair ». Comprendre qu’elle a toute sa tête.
Et ça se voit, avec son petit sourire en coin de femme espiègle, elle nous accueille à bras ouvert dans sa petite chambre. La complicité entre elle et son petit-fils est si forte, que je suis submergée par l’émotion. Et j’en viens à me demander ce qu’on a fait pour se couper nous Européens, entre générations.

Après cette séquence émotion, nous optons pour une pause culturelle au musée Honmé ou musée du Palais Royal. La visite coûte 5000 FCFA et le guide nous plonge au cœur de l’histoire des rois de Porto-Novo, qui avaient élu domicile à cet endroit.

La visite de la capitale touche à sa fin et nous retournons sur Cotonou, afin de partager une dernière béninoise, la bière locale au goût de miel, avant que les deux amis ne retournent sur Abidjan.

Ouidah

On me dépose au départ des voitures partagées allant à Ouidah, où je reprends mon voyage en main. 1h (et 1000 fcfa) plus tard j’arrive à Ouidah, où une moto taxi me dépose à Le Jardin Secret Chez Pascal, petit coin de paradis à quelques pas du centre ville.

Après avoir déposé mes affaires, je file à la Fondation Zinsou, pour le déjeuner. J’y déguste l’Amiwô, pâte rouge béninoise, accompagnée d’une sauce arachide avec du fromage Peulh. Un délice ! Puis je profite de l’exposition du moment pendant la digestion.

Je file ensuite à l’Office de Tourisme de la ville pour trouver un guide officiel. C’est Hervé qui m’accompagne sur la route des Esclaves. Mon précédent voyage au Ghana m’avait permis de prendre conscience de cette période sombre de l’histoire, mais l’arrivée à la « porte de non-retour » me laisse toujours autant de marbre. Devant la beauté de l’océan, il est parfois dur d’imaginer ce que vivaient ces gens déportés, enchaînés et qui partaient pour ne jamais revenir.

Je continue ma visite de Ouidah avec Hervé, qui m’emmène chercher sa fille à l’école, avant de ne me montrer l’espace qui lui permettra d’héberger des touristes. Ancien de Nomade Aventure, l’envie de prendre son envol a été plus forte. Au retour il me montre quelques bâtiments coloniaux, témoignage du faste de l’époque, quelque peu oublié, puis me mène au temple des Pythons, où je débute mon apprentissage du Vaudou.

Grand-Popo

Le lendemain, j’intercepte une voiture, qui me mènera jusqu’à Grand-Popo, à quelques minutes de la frontière togolaise. Je demande à un taxi moto de me conduire au Victor’s Place, endroit conseillé par un français rencontré la veille à Ouidah. Je me retrouve dans un lieu plein de charme en face de l’océan. En attendant Herman le gérant mais aussi guide touristique, je me détends sur l’un des hamacs géants, en admirant les pêcheurs remonter sur la plage leurs filets de pêche, synchronisant leurs mouvements de hanche avec des chants entrainants.

Herman finit par arriver et s’installe sur le hamac pour parler tourisme et avenir. Deux autres touristes nous rejoignent et nous partons pour un mini-tour des environs avec notre guide. Nous prenons une barque qui nous mène au village sacré de Hévé, où le culte Vaudou est fort présent. De fétiches en fétiches, Herman nous explique que le vaudou a une connotation négative dans les pays occidentaux, alors que cela semble relever d’un simple culte animiste, où les forces de la nature et le respect des ancêtres sont très présents. Le Vaudou est réservé aux initiés, mais ces derniers ont le droit d’être chrétien ou musulman. Ainsi, on parle plus de traditions ou de mode de vie, que d’une religion à part entière.
Je trouve ça passionnant. Après avoir vécu quelques mois en Côte d’Ivoire, où les locaux croient aux esprits maléfiques et à la sorcellerie, j’écoute Herman avec beaucoup de respect et de curiosité. Les poupées vaudous n’existeraient donc pas au Bénin et sembleraient confondus avec les fétiches qui ont tendance à faire peur aux non-initiés. Saviez-vous que le mot « charlatan » avait une connotation positive en Afrique ? Peut-être qu’au temps de la colonisation, les européens en voulant imposer la religion catholique, ont cherché à diaboliser des traditions ancestrales et pourtant bien ancrées.

Après cette séquence culturelle, nous retournons sur notre embarcation pour naviguer sur le fleuve Mono, jusqu’aux mangroves où Herman nous explique qu’elles sont actuellement protégées par une association.

Le soir, nous profitons du délicieux rhum arrangé de la maison, avant que je ne me retrouve coincée dehors, mon bungalow fermé avec la clé à l’intérieur. Je passerais la nuit allongée sur un banc, pensant au vaudou et aux mythes qui l’entourent.

Possotomé

Le lendemain, je voulais pousser jusqu’à Abomey et ses palais royaux, mais je décidais de suivre les deux acolytes toulousaines dans leur escapade du jour, profitant d’une nouvelle nuit à Grand-Popo. Nous partions pour la journée à Possotomé.

Découverte de l’artisanat, balade en pirogue, distillerie de sodabi (koutoukou béninois), déambulation au marché du troc et dans la forêt sacrée… étaient au programme.

Puis nous retournions à Grand-Popo pour une dernière soirée, avant que je ne regagne Cotonou.

Ganvié

A Cotonou, David l’ami de mon prof de danse m’emmène à Ganvié. Nous prenons un bus pour rejoindre l’embarcadère, avant de ne prendre une pirogue pour quelques heures de navigation.

Le capitaine de notre pirogue à voile, a cherché à nous faire payer tout le long de notre parcours… c’était assez désagréable. Nous n’avons pas eu droit aux explications le long de notre aventure aquatique, ayant laissé les commandes à mon hôte du jour. Renseignez-vous bien avant de vous laisser embarquer.
Nous avons quand même profité des paysages alentours, admirant la vie locale de ce village béninois sur l’eau. Magnifique !

Le soir, les gars m’ont fait tester les différents mets béninois, dont j’ai encore oublié les noms, après maintes répétitions. Un délice…
Comme quoi chaque pays de l’Afrique de l’Ouest a ses propres spécialités, et il serait dommage de se limiter à l’un d’eux.

J’aurais adoré aller jusqu’à Abomey en apprendre plus sur les rois, crapahuter au cœur des collines de Dassa-Zoumé, découvrir le pays Somba et surtout admirer les animaux sauvages au Parc de la Pendjari. Un guide sénégalais, basé au Bénin, rencontré au Ghana (j’adore le voyage !) m’avait tant vanté les merveilles de ce parc… beaucoup moins connu que ceux en Afrique du Sud et au Kenya, mais recelant pourtant de beautés animales. J’aurais aimé aller jusqu’au nord du pays, observer les lions dans un cadre beaucoup plus sauvage et moins « parc animalier », mais le temps m’était conté.

Alors cher pays, ce fût un plaisir que de découvrir ton sud… Tes habitants sont si patients, bienveillants, chaleureux et attachants ! Sache que je reviendrai.

Force et confiance : Afrique

L’ Afrique: un non-choix

L’Afrique n’a jamais été un choix. Outre les montagnes de l’Atlas ou les étendus de sable Mauritanien, le continent africain ne me faisait point rêver.
Et pourtant j’y ai posé les pieds, il y a quelques mois, une opportunité professionnelle m’amenant en Côte d’Ivoire.
Je pense que j’y suis partie avec beaucoup de préjugés. J’aime parler avec les autres expatriés, pour comprendre leur rapport au pays, leur vécu plein d’apprentissage perpétuel. Une collègue m’a dit hier soir, qu’il fallait 3 ans au moins pour bien vivre son expatriation. La première année, on découvre. La deuxième année on cherche son équilibre et la 3ème on le trouve.

J’ai toujours cru que j’avais une capacité d’adaptation supérieure à la moyenne, après toutes ces années de mouvement. Vous vous imaginez déménager tous les 6 mois pendant 10 ans ? Aujourd’hui, lorsque je raconte ça, on me demande simplement : pourquoi ?
Et cette question, je me la suis posée maintes fois. Par fierté, par faiblesse, par facilité, par habitude, par opportunités ? J’ai toujours répondu que c’était à cause de mes CDD à répétition, ou peut-être parce que je me lasse vite des lieux, des choses que je fais… mais jamais des gens.
Aujourd’hui, cela fait 8 mois que je suis en Côte d’Ivoire, et cela faisait si longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Le coup de cœur n’est pas là certes, car loin des montagnes et dans une ville où je ne peux marcher, je me sens prisonnière d’un monde qui ne me ressemble pas. Et pourtant, j’apprends tellement.

Amour et haine

J’ai une sorte de relation d’amour et de haine. J’ai été en colère longtemps, car fatiguée, je me sentais seule alors que j’étais entourée, mais loin de ceux avec qui j’avais cette connexion à laquelle j’attache énormément d’importance. Alors certes j’arrive à jongler avec différentes personnalités, et cela m’enrichit au quotidien. Mais à 30 ans, on a vite fait de savoir avec qui tu as envie de papoter et ceux qui ne te sont d’aucune utilité ou qui ne te mettront pas à l’aise.
Aujourd’hui encore je me dis que ça ne sert à rien d’aller vers les nouvelles rencontres, car si il le faut, je partirais dans 4 mois… et alors les au-revoirs sauront d’autant plus difficiles.

Petite je vivais tellement dans le passé. Aujourd’hui je vis trop dans l’avenir.
Les questions me submergent de temps en temps et je les repousse brutalement, sans parvenir à les chasser de mon esprit, ou sans en trouver les réponses clés qui me permettraient de me poser.

Se poser. « Tu as envie de quoi ? » Me poser, répondais-je.
Fraichement débarquée d’Australie, je me foutais la pression pour me poser dans ma nouvelle maison : Lyon. Mais je ne m’étais pas rendu compte que le verbe même avait une connotation négative pour moi. Se poser signifiait encore il y a quelques mois « se figer, se structurer, s’arrêter »… et cela ne me ressemble pas. Je suis encore l’enfant curieux que j’étais il y a 20 ans. Je ne peux m’arrêter d’apprendre et de vivre, et si ça doit passer par le mouvement constant, alors tant pis. En voulant « me poser » absolument, je décidais de rentrer dans le moule que les autres attendaient de moi. Du moins c’est ce que je croyais. Mais qu’est-ce que les autres attendent vraiment de toi ? Qu’est-ce que moi, personnellement, j’attendrais des autres ? Et bien si vraiment, tu attaches de l’importance à ce que les autres pensent de toi… dis toi que l’inverse peut être vrai, et que si toi tu attends des autres simplement qu’ils soient heureux (et c’est le cas), alors attend la même chose de toi.

Étapes importantes

J’ai fait un constat aujourd’hui. Ma vie a été peuplée de différentes étapes clés.
Il y a eu ma période clubbing, où je prenais un brin confiance en moi sur les podiums des boîtes de nuit. Il y a eu ma période Canada, où je découvrais les joies et malheurs de vivre dans un autre pays. J’associais alors le voyage avec les mots apprentissage perpétuel et curiosité émancipée. Puis il y a eu le retour en France, où je me suis sentie déséquilibrée et où j’ai fini par me laisser bercer par une ouverture à l’autre. Il y a eu mon année parisienne, un brin joueuse et déstabilisante. Puis mon ras-le-bol et mes trois ans et demi de route en Océanie, où j’aurais appris que la liberté était finalement intérieure… et qu’en rejetant tout ce qu’il y avait autour de moi, ça n’avancerait pas. Mes remises en question, la décision de faire confiance à l’autre… sans pour autant me faire confiance à moi. Et aujourd’hui la Côte d’Ivoire.

Je pensais honnêtement que ça serait un voyage « extérieur ». Une année où je ne serais que spectatrice d’un mode de vie différent. Une année riche professionnellement parlant mais pauvre personnellement. N’ayant pas choisi de venir au pays, je pensais qu’il ne m’apporterait rien… et pourtant.
Je finis toujours par me dire que les choses arrivent pour une bonne raison.

Mon choix a été difficile. J’ai beaucoup pleuré. Je ne m’y voyais pas. Je ne voulais quitter mes montagnes. Je ne voulais déposer mes chaussures de randonnée. Je ne voulais transpirer sous la chaleur ivoirienne, je ne voulais pas de tout ça. Mais j’ai fini par faire mes valises et franchir le pas, n’ayant d’autres opportunités professionnelles plus viables.

Danse

La Côte d’Ivoire, un jour je l’aime, un jour je la déteste.
Je pense que toute relation au pays, à l’environnement qui nous entoure, reflète assez ce que l’on pense de soi-même. Un jour je m’aime, un jour je me déteste.
Ce constat je l’ai fait que bien récemment.
Lorsque je suis en colère contre quelqu’un, je me pose un instant et me demande pourquoi. Et souvent je me retrouve à répondre « parce que je suis en colère contre moi-même pour telle et telle raison ». Peut-être que vous trouverez cela tiré par les cheveux, mais essayez un instant… et revenez me dire ce que vous en pensez. J’aurais le plaisir d’apprendre de vous et de vos expériences.

La vie est riche où que l’on soit. Et c’est à travers les rencontres que l’on en apprend le plus sur soi. Ces années en dehors de chez moi m’auront tant apportée, tant déstabilisée… mais c’est pour que j’aille chercher au plus profond de moi.

Ne pouvant m’atteler à la randonnée, qui me donnait cette liberté d’être moi-même dans les montagnes, je me suis tournée vers la danse. Par curiosité au premier abord, par souhait d’apprendre, puis de perfectionner … mais je ne pensais pas que cette activité pouvait m’apprendre autant que le voyage.
A travers un simple cours aujourd’hui, j’ai réalisé plein de choses et me suis questionnée sur des sujets qui ne me seraient même pas venus à l’esprit.
«  Pourquoi as-tu toujours voulu renier ton côté artiste, celui qui te faisait pourtant vibrer petite ? » « Pourquoi as-tu toujours cherché à cacher ta féminité ou à te cacher tout court ? » « Pourquoi cherches-tu désespérément à ce que les autres te voient, sans pour autant être avenante, souriante, vibrante ? » Petite, je boudais toujours sur les photos ou restais toujours dans mon coin, dans l’espoir au plus profond de moi, que quelqu’un vienne me prendre par la main et me dise qu’il ou elle me voyait et que j’étais importante.
J’ai encore ces réflexes… et pourtant je sais aujourd’hui que je suis la seule amenée à me prendre par la main pour me dire que tout ira bien.

Et bien je vous souhaite à tous et toutes, pour 2019 et toutes les autres années à venir, de vous chercher, de vous trouver et surtout de vous aimer.

Course poursuite au Ghana

Un petit moment que je n’avais pas pris de vacances et l’envie de montrer à un ami ivoirien ce que je pouvais bien trouver d’aussi épanouissant dans mes voyages, nous a fait prendre la route en cette fin d’année 2018. Un pays anglophone et limitrophe pour éviter de prendre l’avion et c’est au Ghana que nous partions.

Ne pouvant abandonner son confort, mon compagnon de route décidait de prendre sa voiture pour les deux semaines de vacances que je m’étais octroyée. Mais les deux semaines se sont vite transformées en une. N’ayant pas le permis international, nous nous sommes « arrangés » mais le temps passé aux barrières de police me semblait à chaque fois une éternité. En résumé, ce voyage n’a pas été de tout repos.

Départ pour Accra

Nous partions pour Accra un 30 décembre, au lieu du 26 itinialement prévu par mes soins dans le but de participer à la première édition du festival Afrochella. La frustration était déjà lancée avant même le départ, mais je me suis fait une raison voulant profiter à fond de cette nouvelle découverte.
La route au départ d’Abidjan a été longue… non pas à cause de l’état du bitume (plutôt normal à ma grande surprise) mais plus en rapport aux nombreux barrages sur la route.
Nous arrivons à Accra de nuit et galérons à trouver notre petite auberge de jeunesse, sans batterie sur nos téléphones. Nous chargeons nos téléphones grâce à la générosité des gens et me retrouve dans une petite boutique de coiffure de nuit, entourée de femmes ghanéennes adorables et de leurs enfants.
Nous finissons par trouver tant bien que mal notre auberge du soir, quand Mr décide de se laisser conduire par mes dons de liseuse de carte. Heureusement que notre adresse du soir est au top, et que la pression retombe de mes épaules pour 2 nuits consécutives.

Au coeur de la capitale

Le lendemain matin, le délicieux petit-déjeuner (avec les délicieux pancakes au goût de gingembre) nous requinque et c’est parti pour une journée culturelle. Mais rien ne se passe comme prévu !
Nous avions prévu de découvrir le jardin botanique, un peu excentré de la ville, et j’en profite pour nous faire passer par le centre commercial, le Marina Mall, pour faire du change et acheter une carte sim (ce que nous aurions du faire dès la frontière). Arrivés au Marina Mall, on nous dit de partir à Accra Mall pour trouver nos chères cartes, mais mon gps nous perd sur les échangeurs et nous nous retrouvons sur l’autoroute qui quitte Accra vers l’Est. Au péage, nous rencontrons Precious, un ange tombé du ciel, qui s’arrange avec la police pour nous permettre de faire demi-tour et nous accompagne dans nos périples de carte et changements de plans importuns. Quelques heures plus tard, nous avions enfin accès à Internet, abandonné l’idée d’aller jusqu’au jardin, une voiture réparée de son bruit bizarre mais un compagnon voulant trouver des pièces… pour sa caisse !
Je décidais alors d’abandonner mes deux comparses pour une escapade au musée national du Ghana: vide !
Je prenais alors un taxi, jouissant de ma nouvelle liberté et discutant de mon nouveau pays d’accueil avec le chauffeur pour me diriger vers Osu Castle: fermé ! Décidemment, Accra me jouait des tours, dès mon premier jour. Je décidais alors de marcher, afin de rejoindre Jamestown, l’un des plus vieux quartiers d’Accra.

Quel bonheur de pouvoir enfin marcher dans une ville ! C’est une chose qui me manque terriblement à Abidjan. Ici sur mon parcours, je profite du trottoir longeant la route, pour apercevoir l’Arche de l’Indépendance et attérir au Centre pour la Culture nationale, qui est en fait un ensemble de magazins et boutiques pour ramener des souvenirs touristiques. Je me laisse entrainer par « Million » qui fabrique ses propres Djembé et me propose un cours improvisé au coeur de sa boutique. Je me dis alors que je suis bien au Ghana.

Mais ce petit plaisir est de courte durée, Precious me rappelle afin que je retrouve mon compagnon de voyage, avant de nous quitter pour aller donner sa messe du 31 au soir.
Ce dernier a envie de rentrer, mais je le traine jusqu’au JamesTown café, afin de manger un bout et humer un brin d’atmosphère de ce quartier de pêcheur, si vibrant lorsqu’on y traverse les minis ruelles en voiture. La pause fait du bien après cette journée, quelque peu décevante mais dont je prendrais le meilleur (une des choses que j’apprends en Afrique). Le café est presque vide, mais on y découvre un lieu plutôt alternatif, où les concerts de musique live doivent faire vibrer l’espace les jours animés. A quelques pas de là, nous découvrons un coin où le street art se mélange aux cris joyaux des enfants du quartier. Nous rentrons finalement à l’auberge épuisés et sans motivation pour célébrer cette nouvelle année.

Le 1er, nous profitons de la visite de Osu Castle, heureusement ouvert en ce premier jour de l’année. L’endroit est magnifique, mais l’explication du guide sur son passé colonial et son histoire lié à l’esclavage, rend le lieu triste.
Nous décidons ensuite de quitter Accra pour des contrés plus ensablés à quelques heures de là.

Ada Foah

Nous prenons la route pour Ada Foah, à 1h30 d’ici. Arrivés à destination, nous empruntons une pirogue (40 cedis A/R) pour rejoindre Maranatha Beach Camp où nous allons passer la nuit. 40 cedis pour un bungalow les pieds dans le sable et la possibilité d’observer les tortues de nuit (rajouter 40 cedis), lorsque les membres de l’équipe se motivent…
J’en profite pour chiller sur les hamacs, goûter au vin de palme local, avant de repartir le lendemain vers la frontière togolaise.

Frontière togolaise

Le lendemain c’est vers Wli que nous nous dirigeons. Nous posons nos valises au Waterfall Lodge, petit lodge tenu par des allemands (compter 100 cedis pour un bungalow à 2). Un endroit pour manger et lire est prévu à cet effet, avec une magnifique vue sur les alentours.
Nous profitons de l’après-midi pour aller aux cascades de Wli. Nous optons pour les 4h de balade nous permettant d’aller admirer la cascade la plus haute. Une randonnée de 6h est possible permettant d’accéder à la plus haute chaîne de montagne ghanéenne. Pour les balades, il suffit de se rendre à l’office des guides dans la ville et de s’aquitter du droit de passage de 40 cedis (+ pourboire à prévoir pour le guide qui vous accompagne).
Les lumières du soir rendent l’endroit sublime mais je vous conseille de partir de bon matin, pour bien prendre le temps d’apprécier votre randonnée et la baignade dans l’eau glacée, avant que le soleil ne se couche.

Le lendemain matin, je décide de m’offrir une randonnée en haut du plus haut mont du Ghana, le Mont Afadjato à 885 m (20 cedis l’entrée). Officiellement c’est le plus haut mont « solitaire », mais officieusement si vous avez lu mon paragraphe précédant les chaînes de montagnes attenantes à la cascade sont plus hautes.

Nous continuons ensuite vers le nord, dans l’espoir d’atteindre Tamale dans la soirée, alors que je serai bien restée une nuit de plus au lodge nous accueillant.

Au nord du Ghana

Google maps n’étant pas toujours ton ami, surtout dans les pays d’Afrique, la route nous a pris plus de temps que prévu. Les locaux nous indiquant que la route que l’on souhaitait prendre était mauvaise, nous avons alors jonglé avec les indications du gps et celle des ghanéens un peu perdu par notre itinéraire.
Nous sommes passés par des routes non bitumées (me rappelant l’Oodnadatta Track en Australie), et la pression que j’avais par rapport à la voiture de mon compagnon de route (finie à temps pour le voyage) ne faisait que monter. Arrivés de nuit à Bimbila, le policier au barrage nous explique qu’il y a un couvre feu et qu’il est impossible d’avancer (sauf si l’on décide de payer et d’être escortés par les militaires). Nous décidons de dormir dans la voiture en attendant les lueurs du jour.

Parc national de Mole

Finalement arrivée à Tamale au petit matin, nous continuons directement jusqu’au Parc national de Mole. Complètement fatiguée, je décide de contacter un couchsurfeur à Larambaga, qui avait donné son ok pour nous héberger deux jours après. Hyper réactif, il accepte et nous nous retrouvons au coeur d’un orphelinat géré par notre hôte. Un des orphelins, Rachid, m’accueille avec un grand sourire et ne manque pas de m’exiber autour du stade de foot du village, pendant que mon compagnon de voyage roupille dans la chambre qui nous a été octroyée. Le soir nous partageons un repas ensemble, et je retrouve la joie du couchsurfing et des rencontres improvisées. Une petite pause pendant cette course poursuite au Ghana…

Le lendemain notre hôte, qui travaille de temps en temps pour le Parc national, nous accompagne au coeur de celui-ci. Compter 40 cedis par personne pour les droits d’entrée hors ghanéens. Nous avons de la chance ce matin là, un autre groupe de français souhaite faire un safari véhiculé et nous partageons les frais s’élevant à 100 cedis par jeep. Finalement le safari à pied est tout aussi intéressant et coûte 10 cedis.
Nous avons la chance d’y observer un éléphant, mes premiers phacochères et des antilopes de plusieurs espèces.

La plateforme d’observation du môtel et du lodge, au coeur même du parc, offre des vues différentes et permettent l’observation des animaux. La meilleure période pour observer les éléphants serait fin février, début avril, moment où ils se déplacent en groupe.

Kumasi

Nous arrivons le soir même à Kumasi. Tellement épuisée par la route, je n’ai pas eu le temps la vieille de chercher où on allait dormir le soir… voulant profiter au moins de l’une de mes soirées en contact avec la population locale. Je dirige donc mon pilote vers le 1er hôtel conseillé par une amie, mais la route se trouve coupée et les embouteillages me laisse pantoise. Nous optons donc pour le 1er hébergement pas cher sur la route et quelques brochettes dans le quartier, avant de m’écrouler sur le lit dont j’appréhende les puces.

Le lendemain, nous filons au Palais du Roi Ashanti, pour comprendre l’histoire de ce peuple également présent en Côte d’Ivoire. On y apprend que la succession se fait selon les choix de la mère, et que ces derniers sont restés fiers pendant la colonisation anglaise. Une visite passionnante.


Je n’aurais ensuite pas le courage d’aller au marché de Kumasi, qui occupe une grande partie de la ville, à la recherche de pagnes ashanti. Nous repartons donc vers le sud, ne nous arrêtons pas sur la route au Parc national de Kakum (la copilote s’étant endormie).

Cape Coast

Arrivés à Cape Coast, je profite de la visite guidée de l’après-midi pour visiter le fort au même nom. Je me retrouve avec un groupe d’américains, en pélerinage sur les traces de leurs ancêtres. La visite est émouvante, le fort impressionant et les visites des lieux où les esclaves étaient enfermés étouffantes sous la chaleur de ce mois de janvier. Ici derrière la « porte de non retour », la porte qui menait les esclaves aux bateaux voguant vers d’autres contrées, une inscription plus récente invite les descendants à revenir comprendre leur histoire et retrouver leurs racines, malgré les horreurs de ces années d’esclavagisme. Je vous invite d’ailleurs à lire cet article: http://www.slate.fr/story/172113/ghana-commemoration-esclavage-afro-descendants

Retour ivoirien

Pour ma part, je profiterais d’un dernier repas ghanéen, au Baobab House, auberge de jeunesse proposant également des repas végétariens. Un « red red » pour la route, mélange d’haricot rouges et bananes plantains, et nous repartons vers Abidjan avant la date butoire de notre laisser passer ghanéen, nous arrêtant tout de même au beau matin à Elmina.

Le retour a été long… mon cerveau embrouillé par les kilomètres avalés ou le palu qui me guettait. Je suis arrivée à Abidjan avec une fièvre élevée et l’envie d’oublier ces vacances presque gachées.

Le Ghana a été pour moi une succession d’images, dont je n’ai pas pu en apprécier les couleurs. Je n’arrive plus à voyager avec « une liste de choses à faire », j’ai besoin de prendre mon temps. C’est un peu comme si je voyais le soleil sans ressentir la chaleur des rayons sur ma peau… Et là clairement, j’ai été pressé tout le long par mon compagnon de voyage. Un voyage à deux, ça se contruit à deux et c’est parfois difficile lorsque ces compagnons de route n’ont pas les mêmes valeurs, les mêmes attentes. Et j’en avais surement beaucoup pendant ce trip.

Mais heureusement la plus belle a été atteinte: Avoir pu apporter un peu plus de simplicité dans la vie de mon compagnon de route. Alors c’est tout ce que je retiendrais de ce voyage, un brin contre la montre, en dehors du pays magnifique qu’est le Ghana et le charme plutôt posé de ses habitants.

Si je retournais en Australie…

L’annonce des pvtistes de ce matin, quant à la possibilité d’effectuer une troisième année au pays des kangaroos, m’a donné envie de replonger dans mes souvenirs d’Océanie.
Je me suis alors demandée, qu’est-ce que je ferais d’une année de plus dans ce pays… puis les mots ont découlé, les envies se sont matérialisées et j’ai eu envie de vous les partager, à travers une mini-liste:

Si je retournais en Australie:
– Je partirais de Fremantle pour rejoindre Melbourne, afin de finir ma boucle incomplète du pays, avec un stop à Adélaïde pour être volontaire sur le WOMAD festival.
– Je m’arrêterais sur la Great Ocean Road, rendre visite à cet aventurier et ses amis (qui ont une maison avec skatepark intégré au coeur des Eucalyptus et à quelques mètres des meilleures vagues du pays)
– Je donnerais rendez-vous à Anthony et Louis, mes premiers hôtes du pays, que j’inviterais à prendre un mocha dans un des cafés typiques de Melbourne, avant d’aller jouer un air de sax dans leur combi vert au bord de la plage
– J’irais m’aventurer dans les parcs montagneux du pays, à l’image de l’Alpine National Park et du Kosciuszko National Park avec un ami couchsurfer. J’accepterais peut-être cette fois-ci, l’offre d’emploi que l’on m’avait proposé au coeur d’une station de ski.
– Je m’arrêterais à Mollymook, saluer les 2-3 australiens les plus adorables du pays et pousserais la route jusqu’à Gosford pour performer mes bases de Didjeridoo et lâcher prise en jouant de la flûte avec Léo.
– Entre les deux, je me serais surement arrêter à Sydney pour passer le bonjour à ce français rencontré en Nouvelle-Zélande et aurait jeté un coup d’oeil au Flying Fox de Katoomba, voir si les amateurs d’escalade se donnent encore rendez-vous là bas.
– Je m’arrêterais plus d’une journée à Byron Bay, sans la peur de ne jamais pouvoir en partir
– J’irais passer le bonjour à Rodney, à Brisbane et l’embarquerais pour le 1er de l’an au Woodford Festival
– Je partirais d’Airlie Beach en kayak, jusqu’à Whitehaven beach pour 3 jours de camping.
– Je pousserais après Cape Tribulation, pour retrouver mon hôte helpx qui m’avait permis de nager au coeur de la Grande Barrière de Corail, dans un lieu encore préservé… son fils m’apprendra peut-être le métier d’apiculteur
– Je ferais un crochet jusqu’à la Dampier Peninsula à l’Ouest du pays, afin de retrouver ce petit paradis où l’on voit les baleines sauter de sa tente… et où le propriétaire des liens avait demandé mon aide pour mettre en avant son projet de protection contre les gros navires du large
– J’irais me reposer dans ce petit coin nature de Katherine, où les poules dorment dans les arbres. Je passerais mes journées à écouter le gérant fidjien me contait les histoires aborigènes des artistes qu’il a cotoyé toute sa vie.
– Je me préparerais à faire le Larapinta trek, pour revoir les McDonnells Ranges.
– Et descendrais peut-être jusqu’à Yundumu pour admirer les paysages désertiques alentours et retrouver les artistes qui peignaient par terre
– Puis j’irais me réfugier en Tasmanie, à Hobart, rejoindre mon super pote de randos ou m’endormir dans un sac de couchage au coeur des secrets huts du Mont Wellington. Je retournerais peut-être travailler au coeur des vignobles qui m’ont permis de rester deux années…

Et surtout… je me laisserais guider par les rencontres, prendrais alors ce bateau qui devait me mener jusqu’en Indonésie et continuer vers l’Europe, en disant au-revoir pour de bon à l’Australie