Updated on décembre 29, 2024
Course poursuite au Ghana
Un petit moment que je n’avais pas pris de vacances et l’envie de montrer à un ami ivoirien ce que je pouvais bien trouver d’aussi épanouissant dans mes voyages, nous a fait prendre la route en cette fin d’année 2018. Un pays anglophone et limitrophe pour éviter de prendre l’avion et c’est au Ghana que nous partions.
Ne pouvant abandonner son confort, mon compagnon de route décidait de prendre sa voiture pour les deux semaines de vacances que je m’étais octroyée. Mais les deux semaines se sont vite transformées en une. N’ayant pas le permis international, nous nous sommes « arrangés » mais le temps passé aux barrières de police me semblait à chaque fois une éternité. En résumé, ce voyage n’a pas été de tout repos.
Départ pour Accra
Nous partions pour Accra un 30 décembre, au lieu du 26 itinialement prévu par mes soins dans le but de participer à la première édition du festival Afrochella. La frustration était déjà lancée avant même le départ, mais je me suis fait une raison voulant profiter à fond de cette nouvelle découverte.
La route au départ d’Abidjan a été longue… non pas à cause de l’état du bitume (plutôt normal à ma grande surprise) mais plus en rapport aux nombreux barrages sur la route.
Nous arrivons à Accra de nuit et galérons à trouver notre petite auberge de jeunesse, sans batterie sur nos téléphones. Nous chargeons nos téléphones grâce à la générosité des gens et me retrouve dans une petite boutique de coiffure de nuit, entourée de femmes ghanéennes adorables et de leurs enfants.
Nous finissons par trouver tant bien que mal notre auberge du soir, quand Mr décide de se laisser conduire par mes dons de liseuse de carte. Heureusement que notre adresse du soir est au top, et que la pression retombe de mes épaules pour 2 nuits consécutives.



Au coeur de la capitale
Le lendemain matin, le délicieux petit-déjeuner (avec les délicieux pancakes au goût de gingembre) nous requinque et c’est parti pour une journée culturelle. Mais rien ne se passe comme prévu !
Nous avions prévu de découvrir le jardin botanique, un peu excentré de la ville, et j’en profite pour nous faire passer par le centre commercial, le Marina Mall, pour faire du change et acheter une carte sim (ce que nous aurions du faire dès la frontière). Arrivés au Marina Mall, on nous dit de partir à Accra Mall pour trouver nos chères cartes, mais mon gps nous perd sur les échangeurs et nous nous retrouvons sur l’autoroute qui quitte Accra vers l’Est. Au péage, nous rencontrons Precious, un ange tombé du ciel, qui s’arrange avec la police pour nous permettre de faire demi-tour et nous accompagne dans nos périples de carte et changements de plans importuns. Quelques heures plus tard, nous avions enfin accès à Internet, abandonné l’idée d’aller jusqu’au jardin, une voiture réparée de son bruit bizarre mais un compagnon voulant trouver des pièces… pour sa caisse !
Je décidais alors d’abandonner mes deux comparses pour une escapade au musée national du Ghana: vide !
Je prenais alors un taxi, jouissant de ma nouvelle liberté et discutant de mon nouveau pays d’accueil avec le chauffeur pour me diriger vers Osu Castle: fermé ! Décidemment, Accra me jouait des tours, dès mon premier jour. Je décidais alors de marcher, afin de rejoindre Jamestown, l’un des plus vieux quartiers d’Accra.
Quel bonheur de pouvoir enfin marcher dans une ville ! C’est une chose qui me manque terriblement à Abidjan. Ici sur mon parcours, je profite du trottoir longeant la route, pour apercevoir l’Arche de l’Indépendance et attérir au Centre pour la Culture nationale, qui est en fait un ensemble de magazins et boutiques pour ramener des souvenirs touristiques. Je me laisse entrainer par « Million » qui fabrique ses propres Djembé et me propose un cours improvisé au coeur de sa boutique. Je me dis alors que je suis bien au Ghana.


Mais ce petit plaisir est de courte durée, Precious me rappelle afin que je retrouve mon compagnon de voyage, avant de nous quitter pour aller donner sa messe du 31 au soir.
Ce dernier a envie de rentrer, mais je le traine jusqu’au JamesTown café, afin de manger un bout et humer un brin d’atmosphère de ce quartier de pêcheur, si vibrant lorsqu’on y traverse les minis ruelles en voiture. La pause fait du bien après cette journée, quelque peu décevante mais dont je prendrais le meilleur (une des choses que j’apprends en Afrique). Le café est presque vide, mais on y découvre un lieu plutôt alternatif, où les concerts de musique live doivent faire vibrer l’espace les jours animés. A quelques pas de là, nous découvrons un coin où le street art se mélange aux cris joyaux des enfants du quartier. Nous rentrons finalement à l’auberge épuisés et sans motivation pour célébrer cette nouvelle année.


Le 1er, nous profitons de la visite de Osu Castle, heureusement ouvert en ce premier jour de l’année. L’endroit est magnifique, mais l’explication du guide sur son passé colonial et son histoire lié à l’esclavage, rend le lieu triste.
Nous décidons ensuite de quitter Accra pour des contrés plus ensablés à quelques heures de là.


Ada Foah
Nous prenons la route pour Ada Foah, à 1h30 d’ici. Arrivés à destination, nous empruntons une pirogue (40 cedis A/R) pour rejoindre Maranatha Beach Camp où nous allons passer la nuit. 40 cedis pour un bungalow les pieds dans le sable et la possibilité d’observer les tortues de nuit (rajouter 40 cedis), lorsque les membres de l’équipe se motivent…
J’en profite pour chiller sur les hamacs, goûter au vin de palme local, avant de repartir le lendemain vers la frontière togolaise.




Frontière togolaise
Le lendemain c’est vers Wli que nous nous dirigeons. Nous posons nos valises au Waterfall Lodge, petit lodge tenu par des allemands (compter 100 cedis pour un bungalow à 2). Un endroit pour manger et lire est prévu à cet effet, avec une magnifique vue sur les alentours.
Nous profitons de l’après-midi pour aller aux cascades de Wli. Nous optons pour les 4h de balade nous permettant d’aller admirer la cascade la plus haute. Une randonnée de 6h est possible permettant d’accéder à la plus haute chaîne de montagne ghanéenne. Pour les balades, il suffit de se rendre à l’office des guides dans la ville et de s’aquitter du droit de passage de 40 cedis (+ pourboire à prévoir pour le guide qui vous accompagne).
Les lumières du soir rendent l’endroit sublime mais je vous conseille de partir de bon matin, pour bien prendre le temps d’apprécier votre randonnée et la baignade dans l’eau glacée, avant que le soleil ne se couche.



Le lendemain matin, je décide de m’offrir une randonnée en haut du plus haut mont du Ghana, le Mont Afadjato à 885 m (20 cedis l’entrée). Officiellement c’est le plus haut mont « solitaire », mais officieusement si vous avez lu mon paragraphe précédant les chaînes de montagnes attenantes à la cascade sont plus hautes.
Nous continuons ensuite vers le nord, dans l’espoir d’atteindre Tamale dans la soirée, alors que je serai bien restée une nuit de plus au lodge nous accueillant.
Au nord du Ghana
Google maps n’étant pas toujours ton ami, surtout dans les pays d’Afrique, la route nous a pris plus de temps que prévu. Les locaux nous indiquant que la route que l’on souhaitait prendre était mauvaise, nous avons alors jonglé avec les indications du gps et celle des ghanéens un peu perdu par notre itinéraire.
Nous sommes passés par des routes non bitumées (me rappelant l’Oodnadatta Track en Australie), et la pression que j’avais par rapport à la voiture de mon compagnon de route (finie à temps pour le voyage) ne faisait que monter. Arrivés de nuit à Bimbila, le policier au barrage nous explique qu’il y a un couvre feu et qu’il est impossible d’avancer (sauf si l’on décide de payer et d’être escortés par les militaires). Nous décidons de dormir dans la voiture en attendant les lueurs du jour.


Parc national de Mole
Finalement arrivée à Tamale au petit matin, nous continuons directement jusqu’au Parc national de Mole. Complètement fatiguée, je décide de contacter un couchsurfeur à Larambaga, qui avait donné son ok pour nous héberger deux jours après. Hyper réactif, il accepte et nous nous retrouvons au coeur d’un orphelinat géré par notre hôte. Un des orphelins, Rachid, m’accueille avec un grand sourire et ne manque pas de m’exiber autour du stade de foot du village, pendant que mon compagnon de voyage roupille dans la chambre qui nous a été octroyée. Le soir nous partageons un repas ensemble, et je retrouve la joie du couchsurfing et des rencontres improvisées. Une petite pause pendant cette course poursuite au Ghana…
Le lendemain notre hôte, qui travaille de temps en temps pour le Parc national, nous accompagne au coeur de celui-ci. Compter 40 cedis par personne pour les droits d’entrée hors ghanéens. Nous avons de la chance ce matin là, un autre groupe de français souhaite faire un safari véhiculé et nous partageons les frais s’élevant à 100 cedis par jeep. Finalement le safari à pied est tout aussi intéressant et coûte 10 cedis.
Nous avons la chance d’y observer un éléphant, mes premiers phacochères et des antilopes de plusieurs espèces.




La plateforme d’observation du môtel et du lodge, au coeur même du parc, offre des vues différentes et permettent l’observation des animaux. La meilleure période pour observer les éléphants serait fin février, début avril, moment où ils se déplacent en groupe.
Kumasi
Nous arrivons le soir même à Kumasi. Tellement épuisée par la route, je n’ai pas eu le temps la vieille de chercher où on allait dormir le soir… voulant profiter au moins de l’une de mes soirées en contact avec la population locale. Je dirige donc mon pilote vers le 1er hôtel conseillé par une amie, mais la route se trouve coupée et les embouteillages me laisse pantoise. Nous optons donc pour le 1er hébergement pas cher sur la route et quelques brochettes dans le quartier, avant de m’écrouler sur le lit dont j’appréhende les puces.
Le lendemain, nous filons au Palais du Roi Ashanti, pour comprendre l’histoire de ce peuple également présent en Côte d’Ivoire. On y apprend que la succession se fait selon les choix de la mère, et que ces derniers sont restés fiers pendant la colonisation anglaise. Une visite passionnante.
Je n’aurais ensuite pas le courage d’aller au marché de Kumasi, qui occupe une grande partie de la ville, à la recherche de pagnes ashanti. Nous repartons donc vers le sud, ne nous arrêtons pas sur la route au Parc national de Kakum (la copilote s’étant endormie).
Cape Coast
Arrivés à Cape Coast, je profite de la visite guidée de l’après-midi pour visiter le fort au même nom. Je me retrouve avec un groupe d’américains, en pélerinage sur les traces de leurs ancêtres. La visite est émouvante, le fort impressionant et les visites des lieux où les esclaves étaient enfermés étouffantes sous la chaleur de ce mois de janvier. Ici derrière la « porte de non retour », la porte qui menait les esclaves aux bateaux voguant vers d’autres contrées, une inscription plus récente invite les descendants à revenir comprendre leur histoire et retrouver leurs racines, malgré les horreurs de ces années d’esclavagisme. Je vous invite d’ailleurs à lire cet article: http://www.slate.fr/story/172113/ghana-commemoration-esclavage-afro-descendants




Retour ivoirien
Pour ma part, je profiterais d’un dernier repas ghanéen, au Baobab House, auberge de jeunesse proposant également des repas végétariens. Un « red red » pour la route, mélange d’haricot rouges et bananes plantains, et nous repartons vers Abidjan avant la date butoire de notre laisser passer ghanéen, nous arrêtant tout de même au beau matin à Elmina.



Le retour a été long… mon cerveau embrouillé par les kilomètres avalés ou le palu qui me guettait. Je suis arrivée à Abidjan avec une fièvre élevée et l’envie d’oublier ces vacances presque gachées.
Le Ghana a été pour moi une succession d’images, dont je n’ai pas pu en apprécier les couleurs. Je n’arrive plus à voyager avec « une liste de choses à faire », j’ai besoin de prendre mon temps. C’est un peu comme si je voyais le soleil sans ressentir la chaleur des rayons sur ma peau… Et là clairement, j’ai été pressé tout le long par mon compagnon de voyage. Un voyage à deux, ça se contruit à deux et c’est parfois difficile lorsque ces compagnons de route n’ont pas les mêmes valeurs, les mêmes attentes. Et j’en avais surement beaucoup pendant ce trip.
Mais heureusement la plus belle a été atteinte: Avoir pu apporter un peu plus de simplicité dans la vie de mon compagnon de route. Alors c’est tout ce que je retiendrais de ce voyage, un brin contre la montre, en dehors du pays magnifique qu’est le Ghana et le charme plutôt posé de ses habitants.
Updated on octobre 9, 2019
Si je retournais en Australie…
L’annonce des pvtistes de ce matin, quant à la possibilité d’effectuer une troisième année au pays des kangaroos, m’a donné envie de replonger dans mes souvenirs d’Océanie.
Je me suis alors demandée, qu’est-ce que je ferais d’une année de plus dans ce pays… puis les mots ont découlé, les envies se sont matérialisées et j’ai eu envie de vous les partager, à travers une mini-liste:
Si je retournais en Australie:
– Je partirais de Fremantle pour rejoindre Melbourne, afin de finir ma boucle incomplète du pays, avec un stop à Adélaïde pour être volontaire sur le WOMAD festival.
– Je m’arrêterais sur la Great Ocean Road, rendre visite à cet aventurier et ses amis (qui ont une maison avec skatepark intégré au coeur des Eucalyptus et à quelques mètres des meilleures vagues du pays)
– Je donnerais rendez-vous à Anthony et Louis, mes premiers hôtes du pays, que j’inviterais à prendre un mocha dans un des cafés typiques de Melbourne, avant d’aller jouer un air de sax dans leur combi vert au bord de la plage
– J’irais m’aventurer dans les parcs montagneux du pays, à l’image de l’Alpine National Park et du Kosciuszko National Park avec un ami couchsurfer. J’accepterais peut-être cette fois-ci, l’offre d’emploi que l’on m’avait proposé au coeur d’une station de ski.
– Je m’arrêterais à Mollymook, saluer les 2-3 australiens les plus adorables du pays et pousserais la route jusqu’à Gosford pour performer mes bases de Didjeridoo et lâcher prise en jouant de la flûte avec Léo.
– Entre les deux, je me serais surement arrêter à Sydney pour passer le bonjour à ce français rencontré en Nouvelle-Zélande et aurait jeté un coup d’oeil au Flying Fox de Katoomba, voir si les amateurs d’escalade se donnent encore rendez-vous là bas.
– Je m’arrêterais plus d’une journée à Byron Bay, sans la peur de ne jamais pouvoir en partir
– J’irais passer le bonjour à Rodney, à Brisbane et l’embarquerais pour le 1er de l’an au Woodford Festival
– Je partirais d’Airlie Beach en kayak, jusqu’à Whitehaven beach pour 3 jours de camping.
– Je pousserais après Cape Tribulation, pour retrouver mon hôte helpx qui m’avait permis de nager au coeur de la Grande Barrière de Corail, dans un lieu encore préservé… son fils m’apprendra peut-être le métier d’apiculteur
– Je ferais un crochet jusqu’à la Dampier Peninsula à l’Ouest du pays, afin de retrouver ce petit paradis où l’on voit les baleines sauter de sa tente… et où le propriétaire des liens avait demandé mon aide pour mettre en avant son projet de protection contre les gros navires du large
– J’irais me reposer dans ce petit coin nature de Katherine, où les poules dorment dans les arbres. Je passerais mes journées à écouter le gérant fidjien me contait les histoires aborigènes des artistes qu’il a cotoyé toute sa vie.
– Je me préparerais à faire le Larapinta trek, pour revoir les McDonnells Ranges.
– Et descendrais peut-être jusqu’à Yundumu pour admirer les paysages désertiques alentours et retrouver les artistes qui peignaient par terre
– Puis j’irais me réfugier en Tasmanie, à Hobart, rejoindre mon super pote de randos ou m’endormir dans un sac de couchage au coeur des secrets huts du Mont Wellington. Je retournerais peut-être travailler au coeur des vignobles qui m’ont permis de rester deux années…
Et surtout… je me laisserais guider par les rencontres, prendrais alors ce bateau qui devait me mener jusqu’en Indonésie et continuer vers l’Europe, en disant au-revoir pour de bon à l’Australie ♥

Updated on octobre 8, 2019
Déroute ivoirienne
J’ai longtemps hésité à écrire cet article. Je n’aime pas faire des critiques.
Et j’ai un peu comme ce syndrome de l’imposteur de l’homme blanc…
Vous savez, l’histoire de la colonisation me rend coupable de donner mon avis sur un pays qui m’accueille aujourd’hui et que l’homme blanc a envahi il y a quelques années de ça.
J’ai la chance qu’en Côte d’Ivoire, le « blanc » soit bien vu et accueilli, que dans tout le pays, ces ivoiriens à qui je croise la route, semble avoir plus de respect pour l’homme blanc que pour leur propre confrère. Je me sens mise en permanence sur un piédestal. Non pas comme en Inde, où en tant que touriste, je n’étais que de l’argent sur pattes. Ici c’est une envie plus grande qui les habite, une jalousie déguisée peut-être ? Je ne pense pas.
L’homme blanc est pris comme un modèle. Un modèle de réussite… Aurions-nous à ce point imposé nos choix en tant que colons ? A chaque conversation, je me sens presque coupable de choses qui se sont passées il y a bien longtemps.
Il y a quelques jours, je suis entrée en pleurs dans un taxi. Les larmes ont coulées sans que je puisse les retenir, ni les arrêter. Je n’ai pas compris ce qui se passait. L’accumulation d’une fatigue récurrente qui ne semble jamais s’en aller. L’absence de force ou de mental pour continuer à négocier une course de quelques mètres. Alors j’ai laissé couler… j’ai donné raison à mon chauffeur de taxi et je me suis résignée à me faire arnaquer, non pas parce que je suis blanche, mais parce que l’argent est loi ici.
Moi qui me suis éloignée de la société de consommation pendant trois années, je me la suis retrouvée en pleine face à échelle décuplée. Obligée de zigzaguer entre les personnes se prenant en selfie dans les supermarchés, qui s’affichent fièrement sur leur mur Facebook, arborant leur nouvelle conquête (si elle est blanche, c’est encore plus la classe, voyons !) ou faisant semblant de conduire un bateau lors de sa seule sortie de la semaine. Dans quel but ? Se montrer, mettre en avant son nouveau statut social et surtout rendre les autres jaloux.
Car oui, ici la jalousie semble de mise. La jalousie constante, au coeur d’une même famille. Le chauffeur de taxi avec qui je discutais hier, me disait que son frère cherchait à le tuer, car il donnait uniquement de l’argent à sa propre mère. Moi qui croyait que les liens familiaux étaient les plus nobles, j’en suis restée estomaquée. Finalement c’est chacun sa merde.
J’essayais d’expliquer à mon chauffeur de la veille, que la France d’aujourd’hui ne s’était pas faite en un jour, que nous aussi nous avions eu un roi qui contrôlait tout (je n’ai même pas osé aborder l’histoire de notre président actuel). Le peuple français a fini par se soulever et ce roi a été décapité. « Si vous êtes aussi en colère contre le système, pourquoi ne bougez-vous pas ? ». Il m’a alors répondu que les africains étaient comme ça. Que si l’un avait à manger, il ne chercherait pas à aller plus loin, que ce soit en Côte d’Ivoire ou au Burkina Faso, d’où il est originaire. Il m’a dit que la « solidarité » ici était impossible, car tout le monde regardait chez le voisin et jalousait l’argent des uns et des autres. Je lui ai alors dit que l’argent ne se mangeait pas et que nous européens, nous rendions compte que l’argent était entrain d’avaler notre chère planète et que ce n’était peut-être pas la solution.
Je ne compte plus les fois où l’on m’a dit que « vous en France, quand vous ne travaillez pas vous avez de l’argent ». Je n’ai jamais réussi à leur expliquer que c’est notre système social qui nous le permettait et que c’était via la « solidarité » que ça pouvait marcher.
Mais non… la finalité était là: l’argent. Combien d’ivoiriens cherchent à prendre des raccourcis ? Que ce soit pour le travail ou d’autres domaines de la vie: les policiers qui vont t’arrêter au milieu de la nuit histoire de récolter quelques pièces, le permis de conduire que tu ne passes même pas mais que tu achètes, la femme qui va tromper son copain pour avoir plus de frics ou le cousin haut placé que tu vas quémander car tu auras trop la flemme de candidater. Certes le piston, ça se fait en France, la société de consommation aussi, l’affiche sur les réseaux sociaux et la jalousie… nous connaissons tout cela. Mais à ce point, je ne sais pas.
« Les prisonniers de la haine » de Venance Konan, auteur et journaliste ivoirien, vous en dira bien plus que moi. Il sera bien plus légitime pour donner son avis sur son propre pays. Qui suis-je moi, jeune blanche expat à médire les gens qui m’accueillent ?
Je ne les médie pourtant point, je cherche juste à les comprendre… et souvent ça me dépasse. Ici ce sera toujours la faute des autorités, la faute du voisin ou la faute du cousin un peu trop fortuné. Tout le monde remet son destin (ou presque) entre les mains de dieu. A quand une prise de responsabilité ? Mon chauffeur burkinabé m’a même dit « peut-être que les blancs auraient du rester… regarde en Afrique du Sud, ce pays rayonne ». Il rayonne peut-être et surement pour lui par sa « richesse » mais point par le conflit interne qui sépare deux couleurs.
Alors oui, j’adore la Côte d’Ivoire, ses couleurs et ses sourires. J’admire les initiatives de certaines start-ups, la prise de conscience de certaines femmes, la façon dont les africains se lancent dans différents business sans se soucier de la peur de l’échec. Il y a plein de choses culturelles positives dans ce pays et je crois que depuis 5 mois, je suis juste frustrée de ne pas pouvoir leur montrer tout ça. Fatiguée de ne point pouvoir leur ouvrir les yeux, sur la beauté de leurs paysages, leur patchwork ethnique intéressant, la richesse de cette diversité qui existe encore aujourd’hui au coeur même d’un seul pays. Lasse de toujours tout devoir négocier, demander, imposer pour que ça puisse avancer, que ce soit au niveau professionnel ou personnel.
Alors parfois je fais comme eux, je ferme la porte de mon taxi, je regarde par la fenêtre d’un air lointain, je survole d’un regard les déchets, respire à plein poumon la pollution des voitures que l’Europe ne veut plus… j’abdique et me dis que demain ça ira mieux.

Updated on mai 8, 2020
Un week-end à Grand-Lahou
Avant de partir en Côte d’Ivoire, je m’étais empressée de contacter quelques couchsurfers pour avoir leurs ressentis sur le pays. J’avais cette envie de m’y projetter le plus rapidement possible, car mon contrat de travail devait commencer 1 mois après mon premier entretien. Un local m’a gentiment répondu et me proposait, quelques mois plus tard, un week-end à quelques heures d’Abidjan, à Grand-Lahou.
Organisation
Ce qu’il y a de bien avec couchsurfing, c’est que tu rencontres des personnes souvent sur la même longueur d’onde que toi. Le partage est à l’ordre du jour et tout s’organise assez facilement. Mon compagnon de voyage avait déjà sa voiture, mais j’ai vu quelques auto-stoppeurs locaux sur la Côtière, la route reliant Abidjan à San-Pedro. Cette dernière est en réhabilitation, mais la partie allant de Abidjan à Grand Lahou reste accessible à une voiture basique, hors 4×4.
Partis pour 3 jours, nous avions besoin de quoi subvenir à nos besoins culinaires (eau, couscours, légumes à faire cuire au feu, crème soja et quelques bananes) et d’une tente à poser sur le sable chaud.
Départ pour Grand-Lahou
Nous voici partis à Grand-Lahou. La route en Côte d’Ivoire n’est jamais monotone. Même si les paysages se ressemblent, les couleurs des pagnes dénotent avec le sol jongé de trous. Les discussions s’enchainent et je m’étonne encore d’avoir des conversations aussi ouvertes avec des personnes que je viens à peine de rencontrer. Nous parlons de cette difficulté à se poser, après avoir vécu tous ces voyages qui nous ont vu grandir.
Les plantations environnantes nous accompagnent sur ces 3h de route et on finit doucement par arriver à Grand-Lahou (la nouvelle). En effet, il faut savoir que ce qu’on appelle Lahou Plage aujourd’hui est en fait Grand-Lahou l’original. Aux rives de la lagune Tagba, Grand-Lahou, cette cité si prospère dans un passé colonial, construite sur une étroite bande de sable à l’embouchure du fleuve Bandama, se fait engloutir petit à petit par l’océan. Il en reste encore quelques traces, mais pour combien de temps ? Le Grand-Lahou actuel, où Nicolas notre guide, nous a donné rendez-vous ce matin à l’embarcadère, est une ville nouvelle.
Ce dernier nous fait traverser en pirogue pour que l’on puisse s’installer sur le banc de sable séparant la lagune de l’océan. Il n’y a pas d’ombres à 12h… mais les abris utilisés par les pêcheurs feront l’affaire. Après avoir installé la tente, l’après-midi se résume à la détente, agrémentée de baignades au coeur des vagues ou dans l’eau calme (au choix).
Le soir, Nicolas vient nous récupérer en pirogue pour nous amener à l’ancien village de ce qu’on appelle la « cité aux trois eaux », Lahou-Plage, mon ami voulant faire des photos de nuit. Je n’y verrais pas grand chose, hormis la voie lactée d’un blanc intense. L’électricité se fait rare ici, il vaut mieux aller y faire un tour en journée. Un bon poisson braisé au maquis (restaurant), sans le koutoukou (parait-il excellent) du coin et nous rentrons sur notre île déserte, les pêcheurs ayant quitté le coin au coucher du soleil.
Parc National d’Azagny
Le lendemain, je profite d’un réveil matinal pour aller au Parc National d’Azagny, laissant mon compagnon de route faire la grasse-mât. Il avait contacté l’OIPR (gestionnaire des parcs ivoiriens), quelques jours avant, pour que l’on puisse bénéficier d’un guide.
Deux choix sont possibles:
– Profiter d’une balade fluviale sur la lagune, avec un aperçu du canal d’Azagny et d’une micro-randonnée menant à un observatoire au coeur du parc
– Faire une randonnée de 15 kms au coeur du Parc (qui ne part pas de Grand-Lahou mais plus au nord)
J’ai opté pour la première option et ai rejoint 2 autres groupes de visiteurs. Il faut bien négocier avec le/la guide (ranger du parc) au niveau des tarifs qui semblent varier en fonction des personnes (et du don de négociation). Il faut prendre en compte le prix d’accès au parc (moins cher pour les locaux, 5000 FCFA pour moi), le service de la guide (compter 5000 FCFA) ainsi que les frais d’essence pour l’embarcation.


La balade sur un chemin bien dégagé nous a mené au mirador, offrant une vue sur la savane environnante. J’avais eu l’opportunité de visiter le Parc National de Taï avant ce week-end, j’ai donc été déçue par la visite. En effet, la marche dure une trentaine de minute (dans un groupe avec enfants), la guide nous explique quelques plantes et arbres au passage, mais rien à voir avec le circuit ethnobotanique que j’ai pu vivre à Taï. On va dire que je suis partie biaisée par ma précèdente expérience dans un parc ivoirien, mais ce dernier a l’avantage d’être proche d’Abidjan. La vue du mirador vaut cependant le détour.




Autres alternatives
Après notre aventure, à la découverte du Parc et de l’histoire du Canal d’Azagny (creusé à la main, il aurait servi à quelques trafics), nous avons fait une halte à Cap-Lahou, où bungalows et restauration sont proposés entre lagune et mer. Nous avons profité d’un brunch copieux, avant que je ne rejoigne mon acolyte pour une autre après-midi lecture/yoga/détente, suivi d’un dîner au feu de camp sous les étoiles brillantes.


Le lendemain, c’était déjà l’heure de partir de ce petit paradis pour « week-end entre potes et rendez-vous romantique ». Si vous vous y prenez à l’avance, il est d’ailleurs possible de réserver, pas très loin de toutes ces opportunités, une ile toute entière pour un maximum de 10 personnes, Les Robinsons de Lahou. Oui, vous avez bien lu! Je ne l’ai personnellement pas testé.
De notre côté, nous avons fait une halte à l’hôtel Le Ravin, qui se trouve dans un lieu splendide à la sortie de la nouvelle ville. La directrice, une française-américaine, ivoirienne de coeur depuis de nombreuses années, est adorable. Nous profitons d’un repas du midi avec vue sur les collines, avant de finalement rentrer sur Abidjan.


Je n’aurais pas vu de lamentin au coeur de la lagune (plus de chance en saison humide), ni Ponso, le dernier survivant de l’île aux Chimpanzés (triste histoire)… mais j’aurais eu 3 jours de déconnexion totale, en compagnie des pêcheurs, entre Océan Atlantique et lagune Tagba.
Plus d’infos: N’hésitez pas à contacter Nicolas: +225 03 39 61 90