Ascension et tour du Carlit sur 2 jours

Où partir randonner dans les Pyrénées au mois de Novembre ? Tour du Balaïtous, du Vignemale ? Trop de neige ! Et pourquoi ne pas retourner dans les Pyrénées Orientales, vers le lac des Bouillouses ? Et si nous faisions le Tour du Carlit ? Ah non, il nous faudrait trois jours… et nous n’en avons que deux. À moins que…

Direction les Bouillouses pour le Puig Carlit

Après une bonne heure à chercher un spot de randonnée pour notre week-end prolongé, je propose de faire une boucle de deux jours en passant par le sommet du Carlit. Lorsque j’avais commencé mon GR10 pour bifurquer sur le Pic du Canigou, je pensais à l’époque qu’il était le plus haut sommet des Pyrénées Orientales. Que nenni ! C’est bien le Carlit, du haut de ses 2921 mètres qui remporte le titre. Randonnée très fréquentée en été, je n’avais jamais pu me résoudre à le grimper jusque-là. Pour le mois de novembre, j’hésitais encore, mais le réchauffement climatique et le temps doux annoncé, finirent par me convaincre d’y aller, munie tout de même de crampons. En effet, en plein hiver, le Carlit n’est accessible qu’avec le matériel adéquat et non sans expérience d’ascension hivernale !

Heureusement j’embarquais avec moi deux randonneurs qui avaient déjà grimpé l’Aneto. Je pouvais partir sereine.

Après 3h de route au départ de Toulouse, nous avons la bonne surprise de pouvoir encore accéder au parking du lac des Bouillouses. En plein hiver, l’accès y est fermé et il faudra se garer au Pla des Avellans et marcher quatre bons kilomètres pour rejoindre le lac.

Du lac des bouillouses à l’étang de Lanoux

Du lac des bouillouses à la Portella de la Grava

Frôlé avec mes parents petites, redécouvert pendant ma traversée des Pyrénées sur le GR10, arpenté en plein hiver alors qu’il était gelé, le lac des Bouillouses est un repère à souvenirs. Les premiers pas m’inquiètent déjà, la neige dure est là, vais-je assurer sur ces deux jours ?

Du lac des Bouillouses, nous empruntons le GR10 que je connais déjà, qui remonte jusqu’à la Portella de la Grava. Ce qui est bien avec la randonnée, c’est que tu as beau faire le même parcours, les paysages fluctuent en fonction des saisons. Je gardais un souvenir mémorable de ce parcours à deux jours de la fin de ma première longue randonnée en solitaire. Aujourd’hui, ce n’est plus la fin de l’été qui s’annonce mais bien le début de l’hiver. Mon regard se pose sur les herbes vertes tendres qui ont été balayées par le vent. Saupoudrées de neige quelques jours auparavant, elles semblaient délavées à mesure que nous avancions sur le sentier. Parfois nous en perdions la trace, jonglant parmi la neige fondue et les eaux surprenantes au détour d’une motte de terre. Mais le chemin finissait toujours par réapparaître.

Puis, il avait suffit de s’éloigner de quelques kilomètres pour ne trouver aucune âme qui vive dans les alentours. Après avoir remonté, depuis le parking, la partie Ouest du lac des Bouillouses, c’est la Têt que nous suivions sur sa rive gauche. Nous passons l’Estany del Raco pour bifurquer un peu plus loin vers la gauche, en direction de l’Estanyol, pour ensuite monter au col de la Portella de la Grava. De là, les étangs de Lanoux et de Roset se dévoilent au loin, dans une lumière d’après-midi automnale. La neige s’est faite rare sur cette partie du GR10, que nous quittons pour rejoindre le GR7 à la cabane de Rouzet.

De la Portella de la Grava à l’étang de Lanoux

Au moment de rejoindre la petite cabane de pierre, c’est une horde de mouflons qui nous surprennent. J’avais appris quelques semaines auparavant dans les Alpes-de-Haute-Provence, que les mouflons étaient une espèce introduite et non endémique au département. Quelle ne fût ma surprise d’en voir dans les Pyrénées ! Les tous premiers auraient été introduits en 1957 par la Fédération Départementale des chasseurs des Pyrénées-Orientales…

Mais nous devons nous hâter, le jour descendant rapidement en ce mois de novembre. Nous avons l’étang de Lanoux à longer et la cabane du soir à découvrir. Nous nous engageons donc sur le GR7 ou le GRP du tour du Carlit, pour rejoindre les contre-forts du barrage de Lanoux. À vrai dire nous avions hésité à commencer notre boucle de Porté-Puymorens pour raccourcir notre temps de route et rejoindre le lac par le GR7, mais le vent annoncé et le manque de cabanes du côté du Lac des Bouillouses nous contraignit à ne pas le faire.

Arrivés au bout du lac, nous empruntons un PR pour rejoindre la Maison des Ingénieurs du Lanoux. Une partie tout confort et chauffée est accessible aux employés, qui pourront obtenir la clé après réservation. C’est cette porte que nous ouvrons, trouvant à notre grande surprise une salle propre avec cuisine et un cocon chaud. Nous posons finalement nos affaires dans le petit refuge adjacent, non chauffé, mais composé de lits superposés rustiques, de matelas et de couverture. Nous passerons la nuit là, à l’abri du froid dans ce coin ouvert aux randonneurs.

Ascension du Carlit d’Ouest en Est

Ascension du Carlit par la face Ouest

C’est le jour de la grande ascension. Nous partons vers 8h pour rebrousser le chemin de la veille, retrouver le GR7 puis prendre sur notre droite sur le HRP. La Haute Route Pyrénéenne se suit à l’aide des cairns. Elle promet aussi, à l’image de mes souvenirs, un sentier de pierriers scabreux.

Heureusement la première partie est douce jusqu’à l’étang dels Forats. Il nous reste un peu plus de 400 m de dénivelé pour atteindre le Puig Carlit, plus haut sommet des Pyrénées Orientales. La voie se dessine assez rapidement sous mes yeux. « C’est bien là, que nous montons ?! ».

On nous avait prévenu ! La voie Ouest semble aérienne et je croise les doigts pour que la glace n’ait pas profité de l’ombre pour se former sur les pierres glissantes. Nous laissons dans notre dos l’étang dels Forats et la Serra de les Xemeneies pour nous engager sur le pierrier. Le chemin zigzague sur le sol gris et le cardio s’accélère dès nos premiers pas. À mesure que nous avançons le sentier s’incline plus hardiment. Mon corps suit la trajectoire pour ne pas se faire entrainer dans le vide, par mon sac trop lourd. Moi qui ait l’habitude de monter sur la pointe des pieds, je me retrouve à dérouler chaque pied pour pauser ma plante sur le sol glissant.

Tantôt de glace, tantôt roulant, le chemin qui se présage s’amorce d’un pas lent. Je tente de trouver une échappatoire pour finalement rester sur la trace qui me mènera péniblement jusqu’au dernier couloir. Ici, il suffit d’un brin d’escalade pour atteindre le col et se laisser happer par la vue sur les lacs. C’est splendide ! Encore quelques pas sur la droite et nous atteignons la belle croix du Carlit, pour une pause gourmande bien méritée.

Descente du Carlit par la face Est

Maintenant il va falloir descendre. L’aller s’est fait sans crampons et les randonneurs que nous croisons nous confirment que la descente se fera de même. De ce côté du Carlit, les marcheurs sont beaucoup plus nombreux. C’est que l’ascension du Carlit par la face Est reste la plus accessible.

Ici la neige est beaucoup plus présente et je prends mon temps pour ne pas glisser. Heureusement que les pas sont déjà formés, mes pieds s’engouffrant dans les traces laissées par les autres. Je profite du passage des randonneurs montants, pour admirer les lacs devant moi. Nous suivons les balises jaunes, tantôt les pieds dans la neige, tantôt sur la terre sèche, pour nous diriger vers le lac de Sobirans qui semble former un cœur au loin.

Le lac sur notre gauche, nous choisissons le chemin de droite nous éloignant des étangs de Trebens et del Castellar pour nous rapprocher de l’Estany Llong. C’est d’ailleurs devant l’étang de Vallell que nous pique-niquerons avant de rejoindre le lac des Bouillouses, notre point de départ à 1h de là.

Une boucle de deux jours dans les Pyrénées Orientales

Je n’aurais pas eu à chausser les crampons cette fois-là, mais c’était réconfortant de les avoir dans le sac et ils me semblent obligatoires dès que la neige pointe le bout de son nez. Mon inconfort et ma peur de glisser demeurent quand la neige est dure et un brin gelée, mais je me rends compte que je ne suis plus tout à fait au même niveau que lors de mon Tour du Queyras en raquette. Novembre n’est clairement pas mon mois de randonnée préféré, laissant un peu trop planer le doute entre la fin de l’automne et le début de l’hiver. Et pourtant la boucle de deux jours dans les Pyrénées Orientales, avec l’ascension du Carlit, fut un délice sans nom !

Si je devais la refaire, je ne la ferais pas dans l’autre sens, la face Est me semblant plus facile à descendre. En tout cas, ce coin des PO offre des opportunités à couper le souffle à longueur d’année, et je suis sûre que j’y reviendrai chercher d’autres itinéraires de plusieurs jours. D’ailleurs vous en connaissez ?

Le Pic des 3 seigneurs : une randonnée en boucle dans les Pyrénées

Tu n’aurais pas une idée de randonnée en Ariège pour la journée ? Ni une, ni deux, je lui parle du Pic des 3 seigneurs, une randonnée de 10 km et 900m de dénivelé, accessible depuis le Port de Lers.

Du Port de Lers au Pic des 3 seigneurs

Face au parking, on aperçoit une pente herbeuse assez raide. C’est bien par là que commence la boucle que je vous propose. De 1517m de dénivelé, on débute doucement à son rythme pour une montée jusqu’aux crêtes. C’est vers 1900m d’altitude que le chemin s’adoucit pour laisser place à une vue plutôt sympathique sur les sommets environnants, délaissant le sentiment d’une montée herbeuse infinie.

De part sa position en retrait de la chaîne pyrénéenne, les crêtes menant au Pic des Trois Seigneurs offrent un belvédère attractif sur les hauts sommets de l’Ariège. On en prend plein la vue et les couleurs automnales affichent une lumière douce et captivante, idéale pour les pauses photos.

Mais l’ascension n’est pas finie, alors nous bifurquons à gauche et continuons à avancer, tachant de bien suivre le balisage jaune censé nous guider jusqu’au Pic des 3 Seigneurs. Parfois nous avons envie de rester sur la crête alors que le chemin nous fait contourner à l’ombre sur la gauche. Vous pouvez avancer au gré de vos envies avec précaution, tout en sachant que vous risquez de devoir faire demi-tour face à un rocher impassable. Je préfère conduire le groupe sur le chemin officiel et balisé, imaginant qu’au bout du sentier ombragé la vue finira toujours par s’ouvrir.

Je n’ai pas tort. Du Pic de Fontanette, on rejoint celui de Barrès, appréciant le chemin serpentant parmi les rochers sur la crête.

Ascension du Pic des 3 Seigneurs

Puis on rejoint les 2086m de dénivelé marquant le point de jonction pour rejoindre le Pic. De là, il faut prendre le chemin qui semble monter à pic parmi les rochers, toujours balisé de jaune. On met les mains quand c’est nécessaire pour escalader la petite pierre qui semble trop haute. Enfin, on avance, cherchant toujours le meilleur chemin pour passer jusqu’à apercevoir la croix du sommet.

Pour tout vous avouer, on a cru par trois fois être arrivé au Pic des 3 Seigneurs. Mais c’était seulement une illusion d’optique. Seule la croix vous garantie le sommet. Ne vous fiez pas aux personnes qui ont décidé de pique-niquer en amont pour se protéger du vent ou trouver un caillou plat pour poser leurs fesses. Le Pic des 3 Seigneurs est à quelques pas de là, derrière un rocher. Courage, vous y êtes presque !

La légende raconte que les 3 seigneurs des vallées ariégeoises de Massat, Vicdessos et Rabat-les-trois-seigneurs se retrouvaient au sommet, pour débattre des droits des différentes vallées.

Retour au port de Lers, par l’étang d’Arbu

Après un déjeuner avec vue sur les sommets environnants, il est temps de rejoindre l’étang d’Arbu. Le retour commence sur le même chemin. Il faut rejoindre la bifurcation à 2086m de dénivelé, puis prendre sur la gauche en suivant le balisage jaune. Vous pouvez aussi revenir sur vos pas pour retourner au port de Lers. Mais il serait dommage de manquer l’étang d’Arbu et de redescendre cette pente herbeuse, rencontrée le matin.

On se laisse doucement guider par le tracé jaune, descendant à l’aveugle vers l’étang encore inconnu. Nous serpentons, faisons attention aux rochers ça et là, et finissons par longer l’étang par sa rive droite jusqu’à son déversoir. De là, le sentier continue tout droit, puis semble s’éloigner par la gauche, avant de poursuivre à droite, délaissant les cailloux pour un chemin plus simple.

Enfin, nous rejoignons le pont de Ganioule, laissant derrière nous le sentier de Suc qui part à gauche, pour rejoindre celui du Port de Lers vers la droite. Ici, nous marchons à niveau et retrouvons quelques arbres, finalement absents sur toute la randonnée. Il a fallu jouer avec les rochers pour faire nos « pauses techniques » de la journée.

Le soleil commence à se cacher derrière les montagnes en cette fin d’après-midi automnale. Heureusement, nous retrouvons un lacet de la route départementale emprunté le matin même. On suit la route sur 400m, pour ensuite couper au milieu du lacet. Un sentier nous fait éviter le bitume, pour monter plein champs jusqu’au parking.

Traverser les Pyrénées à pied : le GR10, d’Est en Ouest de Banyuls à Hendaye

Je n’aurais jamais pensé être capable un jour de traverser les Pyrénées à pied, seule et en autonomie, sur le GR10. Pourtant c’est au cours d’un trek dans les Écrins, il me semble, que ce projet est né. Dans un coin de ma tête, je me suis dit : « finalement pourquoi pas ! Tu pourrais prendre ton sac à dos, ta tente et ton réchaud que tu n’as pas encore, pour voir jusqu’où tes pieds te mèneraient ».

C’est que finalement j’en avais fait des kilomètres en Nouvelle-Zélande et en Australie. La Tasmanie a été ma terre de treks pendant 2 beaux étés. Je bossais dans les vignes la semaine et le week-end je partais avec mon pote de rando dans les parcs nationaux accessibles en quelques heures. De retour en France, je me suis retrouvée lyonnaise et les Alpes sont alors devenues mon terrain de jeu. Pourtant au fond de moi, les Pyrénées appelaient ma quête de sauvage et j’avais le sentiment qu’y retourner, après y avoir fait quelques randonnées enfant, me permettrait d’y retrouver des ressources inespérées.

Sommaire
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Comment se prépare-t-on à traverser les Pyrénées sur le GR10 ?

Alors j’ai laissé ce projet dans un coin de ma tête, puis à mon retour de Côte d’Ivoire, pour mieux atterrir, je me suis dit que c’était le timing idéal pour partir. Que nenni ! Les seules randonnées que j’avais pu faire étaient bien trop humides et chaleureuses pour que je sois physiquement au niveau. J’avais tout de même passé des années à enquêter sur le matériel qu’il me faudrait pour une telle traversée et dès que mes achats furent prêts, je pris le bus pour Hendaye.

Vous l’aurez compris : ce fut l’histoire d’un faux départ. Mon sac de voyage n’était clairement pas adapté à la randonnée et mes 2kgs d’amandes furent de trop. Orage, première expérience de bivouac en solo, j’ai opté pour la solution de repli pour mieux repartir.

Une semaine plus tard, je repartais avec mon sac de 30L pensant qu’il allégerait mon dos et me permettrait de m’offrir une traversée en douceur, mais cette fois au départ de Banyuls ! Le faux départ m’avait laissé un goût amer et je n’avais clairement pas envie de remarcher sur mes pas inachevés. Un covoiturage de Toulouse à Banyuls plus tard, j’étais à nouveau sur le GR10 un brin plus confiante… sauf que tout ne s’est pas passé comme prévu.

Traverser les Pyrénées Orientales, de Banyuls à Mérens-les-Vals sur le GR10

Je me souviens de cette belle montée sous la chaleur écrasante d’un après-midi d’août. Mes 3L d’eau furent compté lorsque je décidais d’opter pour une nuit en bivouac au Col des Terres. La montée jusqu’au Pic de Sailfort et l’absence d’eau furent fatidique à mon talon d’Achille. Mais je n’ai pas voulu lâcher. Non pas après avoir grimpé le Canigou, ce sommet si mythique pour les catalans et qui ferait partie de mon aventure pyrénéenne.

Ce fut donc à Mérens-les-Vals que je finissais mon aventure de GRdiste. À regret de ne pas pouvoir le faire d’une seule traite, je savais que le GR10 me rappellerait à lui ultérieurement. Et bizarrement ce fut à l’étranger que cela se produisit. Au cœur de Madagascar, j’avais décidé qu’il était temps de quitter mon travail et de reprendre ce projet qui m’avait filé du fil à retordre jusque-là. C’était donc de Mérens-les-Vals que je débutais ma traversée des Pyrénées Ariégeoises, à deux pour le week-end, puis seule avec moi-même.

Traverser les Pyrénées-Ariégeoises sur le GR10, de Mérens-les-Vals à Fos sur le GR10

J1-2 / De Mérens-les-Vals au refuge du Rulhe

Après avoir dormi dans un virage menant vers les cascades, G. qui m’accompagne sur ce week-end du 15 août et moi-même, prenons la route pour le GR10. Mon sac me semble bien trop lourd avec les kilos de nourriture que j’ai emporté avec moi. Le doute m’envahit dans la montée. Ne serais-je pas entrain de faire la même erreur que la dernière fois ? Emporter avec moi un poids conséquent de nourriture pour me rassurer, alors que tous les 2-3 jours il est possible de se ravitailler dans la vallée ?

Je finis par me donner raison. Il paraît qu’en Ariège, il y a peu de ravitaillement… les prochains jours finiront par me donner tort.

Il parait qu’on emporte ses peurs dans son sac.

Après la petite grimpette matinale, nous finissons par déjeuner juste avant l’étang de Comte, les pieds dans l’eau, regardant au loin les nuages menaçant. Nous prenons ensuite le chemin zigzaguant jusqu’à ce que G. décide de s’arrêter pour la journée au bord du ruisseau, sa cheville lui faisant très mal. Après un petit bain de pied, je lui propose de monter la tente… il est à peine 13h passé.

Quelle belle idée ! Dès 13h30, il se met à pleuvoir jusqu’à l’éclaircie de 17h. Nous dinerons bien plus tard en speed pour échapper au nouvel orage. Résultat : 13h de sieste pour repartir à 9h le lendemain et monter doucement vers le refuge du Rulhe que nous atteindrons vers 14h.

J3 / Du refuge du Rulhe à la cabane de Clarans

Je me réveille un peu avant 7h pour regarder la brume au loin et engloutir un petit-déjeuner. C’est le grand jour pour moi : celui de mon départ officiel en solitaire sur le GR10. Un mélange d’excitation mais aussi d’angoisse se conjuguent magnifiquement, tandis que vers 8h je quitte G. qui repart, cheville en vrac, vers Mérens-les-Vals.

Le chemin monte doucement et pourtant, je perds rapidement les balises du GR. Il faut que j’apprenne à me faire confiance à nouveau. Hier mon intuition et l’écoute de mon environnement nous ont évité une belle douche, aujourd’hui seule, je dois canaliser mon énergie pour aller dans la bonne direction.

Je tourne une demi-heure jusqu’à me rendre compte que la trace IGN n’est plus exacte. Je rejoins le panneau en hauteur et me détache de mon téléphone portable. Je marcherai ensuite gaiement jusqu’aux crêtes me menant au plateau de Beille. Vers 12h30, je me pose sur la petite table qui semble avoir été déposée là sur le point le plus haut. 30 min plus tard, j’échapperai au vent en me remettant en marche.

Beille, c’est long et le chemin est inintéressant.

Je finis par arriver à la station, à passer à côté des chiens de traineaux qui ont l’air d’avoir trop chaud, pour rejoindre la cabane d’Artignan.

C’est alors que Daniel sort sa tête et me propose un café. Je comprendrais alors que je me trouve devant la cabane vue dans l’émission Échappée Belle, retapée par « Antoine » alias Jacob Karhu. Je vous avoue que je l’imaginais plus coupée du monde cette cabane, loin de tout et surtout d’une station de ski. Mais Antoine en a fait un petit coin de paradis ! Daniel me raconte quelques anecdotes de cette aventure mais aussi de ceux croisés sur le GR10 au fil de ses allers-retours à venir entretenir les lieux.

Une heure plus tard, je reprends le GR10, qui descend alors dans la forêt pour arriver sur la jasse et passer un petit moment à chercher la cabane de Clarans à la boussole. Petite toilette à la micro-rivière, puis c’est la pluie qui prendra le relai vers 18h.

Un couple, dont j’ai oublié le nom, me rejoint et nous passons la soirée à papoter, échangeant sur la vie, les aventures à pieds et de par le monde, les tournants professionnels et nos lectures, jusqu’aux premiers ronflements de la gente masculine. La moustiquaire sur ma tête ne m’aidera malheureusement pas à m’endormir rapidement.

J4 / De la cabane de Clarans à Siguer

Je quitte la cabane au petit matin et croise un autre couple dans ma direction. Ça grimpe rapidement dans la forêt, puis arrivée au col de Sirmont, je redescends quelques instants pour remonter à nouveau jusqu’à la cabane de Balledreyt.

Je décide de pousser jusqu’au Courtal Marti, qui s’avère être une micro cabane entourée de vaches et de chevaux. Je salue le vacher puis continue à grimper pour trouver un « abri » en pierre au col du Sasc. 30 min de pause plus tard et je repars à cause du vent. Le ciel se fait menaçant.

Je recroise dans la montée de Montcamp le couple du matin. Charlotte et Thomas arrivent au bon moment et partagent le passage en crête sous les grondements et le vent violant.

C’est toujours lorsque tu en auras besoin, que quelqu’un surgira sur ton chemin.

Le couple qui semblait distant ce matin, s’ouvre gentiment après cet épisode de stress sous l’orage. La descente pour Siguer nous parait interminable alors on en profite pour échanger sur le chemin. Petit arrêt à Gestier au cœur de la fête du village pour une boisson sucrée puis c’est l’accueil randonneur, mis gracieusement à notre disposition à Siguer qui prendra le relais.

J5 / De Siguer à Goulier, puis Bassiès

La matinée semble dure. C’est ce qu’on appelle un jour sans. Le ciel est couvert et n’aide pas le moral. De Siguer à Goulier, ça monte puis ça descend en forêt. Le tonnerre gronde au loin, après le col de Gamel. J’hésite à continuer plus longuement. J’avais prévu de couper au vu du temps pour rejoindre directement Bassiès par un PR.

Goulier m’offre une petite placette toute mignonne pour poser mes fesses le temps d’un sandwich, mais la pluie s’en mêle. Ça crachote alors je tente d’avancer un peu.

De Goulier à Olbier, me voilà à Auzat à chercher mon chemin quand je croise Eymeric et Damien qui partent sur Marc, pour rejoindre l’Espagne.

Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous.

Paul Eluard

On prend le même chemin et en discutant, ils finissent par quitter leur idée de GR11 pour bifurquer avec moi jusqu’aux étangs. On croise alors Céline et Magali, et c’est parti pour une sacrée grimpette sous la pluie.

Partie à 7h30 ce matin, j’arrive vers 19h au refuge un brin humide. Heureusement toute la chaleur du monde avait décidé de se joindre à ma table, de discussions en points communs, je savais qu’il n’y avait pas de hasard. Repas en douce compagnie avant de rejoindre ma tente sous la pluie.

J6 / Du refuge de Bassiès à Aulus-les-Bains

Ma journée qui s’annonçait courte prend des heures de rallonge. Nous partons à 5 pour le port de Saleix, où nous laissons les filles prendre à droite tandis que nous suivons le GR. La pluie fait rage et nous peinons à trouver un lieu pour le casse-croûte, jusqu’à une installation posée au bord de la route. On se réchauffe et la pluie finit par passer. La descente jusqu’à Aulus-les-Bains se fait douce et c’est presque à la fin du chemin que je recroise Thomas et Charlotte, les deux artistes de la veille. Camping à Aulus puis repas guinguette. Oups, il est déjà minuit !

J7 / D’Aulus-les-Bains au Cirque de Cassiérans

Il est 20h. Je suis posée au cœur du cirque de Cassiérans, une heure avant le col d’Escots, pour profiter d’un bivouac au bord du ruisseau. Je me pose… seule. Eymeric et Damien sont finalement partis du côté espagnol au niveau du Cap de Rich. C’est d’ailleurs là que je les ai attendu après être montée tranquillement à la cascade d’Ars, tandis qu’eux se baignaient. Un ariégeois m’a tenu compagnie pour le repas, me racontant comment l’Ariège changeaient au fil du temps, des paysans aux étrangers (hollandais), à l’arrivée des écolos. Il me parle du HRP, des Pico de Europa et de comment il était possible dans le temps de travailler à Toulouse et d’habiter en Ariège avec l’essence peu chère. Il m’explique aussi que le sentier sur lequel les 2 compères doivent s’engager pour rallier l’Espagne, était emprunté chaque année en signe de pèlerinage, en souvenir du temps où les franquistes devaient quitter l’Espagne.

Malheureusement ces sentiers sauvages et magnifiques risquent de se perdre car les gens ne veulent plus partir en alpage, ou monter avec les bêtes.

L’ariégeois

Au moment de son départ, les 2 basques débarquent pour que je puisse leur dire au revoir. Je continue donc le chemin seule, pestant intérieurement contre les sentiers ariégeois qui montent raides et descendent… raides. Peut-être une façon de faire le deuil des belles rencontres de ces derniers jours.

J8 / Du cirque de Cassiérans à Saint-Lizier

J’arrive à Saint-Lizier vers 13h et décide de me poser au camping l’après-midi. Quand on est une femme en randonnée, on doit en plus gérer la fatigue liée à nos hormones et ce n’est pas toujours cool. Le chemin nous apprend aussi à nous écouter et même si l’envie de continuer se fait forte, je préfère prendre ce temps pour récupérer.

J9 / De Saint-Lizier à la cabane d’Aula

Le départ de Saint-Lizier se fait morose. 8h du camping, je grimpe doucement vers le col de la Serre du Cot. Je croise une mère et son fiston dans la forêt, qui me raconte que le gite d’étape de Rouze offre le repas 4 étoiles du coin. Un autre groupe me confirme que la descente sera raide. Finalement à Rouze vers 11h, il sera un peu tôt pour la pause, que je ferai à Couflens. De Couflens, je remonte rapidement à Angouls puis Faup où il semble faire bon vivre le dimanche. De Faup, je zigzague jusqu’au col de Pause, où je croise une multitude de gens, me rassurant quant à l’éventuel orage auquel j’espérais échapper.

Après avoir discuté avec une « médiatrice », également guide de montagne, je recharge mon eau avant de monter à l’étang d’Arreau, où je me fais prendre en photo par un espagnol.
De l’étang, je monte encore vers la brume avant d’entamer la redescente vers la cabane d’Aula, où trois gars y sont déjà. Je rejoins le couple et la fille qui bivouaquent pour échapper surement aux ronflements, mais non à la pluie.

La cabane d’Aula semble un repère à Gipaète Barbu. La lumière du soir était faible, je n’ai donc pas pu en observer la couleur, mais de grands rapaces étaient regroupés vers les montagnes et semblaient lâcher des choses du haut de leur altitude.

J10 / De la cabane d’Aula à Esbintz

La matinée est humide. Je sors de ma tente alors que les gouttes de pluie m’offrent encore leur son répétitif mais apaisant. Je la plierai d’ailleurs mouillée comme souvent. Je descends à travers la forêt en passant par la cascade d’Arcouzan et une cabane où les vaches m’attendent. Heureusement que je trouve un spot convivial à Couflens de Betmajou au bord de l’eau, car l’arrivée à Esbintz se fera elle aussi sur la route. Je crois qu’après les belles rencontres des premiers jours, la solitude me pèse.

J11 / De Esbintz au Pla de Lau

Je suis partie un peu tard ce matin, comme si le confort me sortait de mon cycle naturel. J’ai rapidement rejoint la cabane de Tariolle, où j’espérais dormir la veille puis le col de la Core. Après une montée parmi les fougères hautes, un petit stand semblait éclairé parmi le brouillard adjacent… pour mieux dévoiler la foule et les voitures. Heureusement, peu sont ceux qui montent et je continue d’un bon rythme jusqu’à l’étang d’Ayes indiqué à 2h20 de là. Objectif : y être pour la pause déj.

Vers 12h30, je glisse les pieds dans l’eau et profite d’une pause au soleil. La trempette me tente mais j’ai peu de temps si je veux atteindre le pla de Lau annoncé à 10h de marche du col. Puis il y a du monde à l’étang, alors je préfère m’éloigner de la foule pour rejoindre le col de Laziès.

La vue est superbe et j’ai le sentiment que le mental est au top, la tête dans les sommets et les pieds sur les crêtes. Je me régale jusqu’au cap des Lauses où s’amorce la descente. Longue hésitation à rejoindre le côté espagnol pour gravir le Valier. Mais n’étant plus sûre de la météo, je préfère rejoindre le pla de Lau pour installer mon bivouac après 1 longue descente. 1h pour choisir un spot et une douche rafraichissante plus tard, c’est au bord du torrent avec les bruits de la chouette au loin que je poserai ma plume jusqu’au lendemain.

J12 / Du Pla de Lau à la cabane d’Arech

Il est 17h, j’arrive à la cabane d’Arech. Il y a de l’eau. Je m’arrête donc pour passer la nuit en espérant que les brebis ne fassent pas de même. J’en ai plein les pattes avec les 1400 mètres de dénivelé positif. Il y a eu la montée jusqu’à la cabane du clot du lac avec un « médiateur » bien sympathique, puis celle depuis la passerelle sur l’Orle, où je pensais que ce serait ma seule source d’eau jusqu’à Eylie. Je dors très peu souvent en cabane… on verra si le berger décide de pointer le bout de son nez.

J13 / De la cabane de l’Arech aux mines de Bentaillou

On est bien dans cette petite cabane. Tellement bien que j’ai du mal à sortir de mon sac de couchage, malgré les aboiements des chiens une heure plus tôt. Finalement les brebis sont descendues et le berger aussi hier soir. Pas de discussion malgré mon bonsoir plein d’enthousiasme.

Je finis tant bien que mal par me lever pour rejoindre Eylie. 12h. Il me reste encore 3h avant l’orage, je me décide alors à rejoindre les anciennes mines de Bentaillou. C’était sans compter un autre troupeau que je tente de laisser passer sur le seul chemin praticable. Impossible… elles bifurquent dans le vide tandis que les patous me surveillent de loin. Je commence à avoir froid. Le brouillard se lève et les brebis prennent leur temps. Je finirai par rejoindre les anciennes mines, où une vieille maison ONF me servira d’abri. Le refuge non gardé est bien fermé et le réseau ne passe pas pour que je puisse appeler le numéro indiqué sur la porte. La bergère semble bien au chaud dans sa cabane. Je me contente d’une maison glauque, en compagnie des araignées, bien trop heureuse d’avoir un toit assez solide sur ma tête pendant cette longue après-midi et nuit d’orage… jusqu’à l’éclaircie du lendemain.

J14 / Des mines de Bentaillou à Fos

Je quitte les mines complètement dégagées. La brume a disparu, du moins pour quelques temps. Les pauses photos sont nombreuses devant ces montagnes escarpées, qui semblent taillées grossièrement par la main de l’homme. Je finis par rejoindre le refuge où je croise un irlandais, dépité d’avoir passé la nuit au col sous l’orage mais bien trop content d’être en vie et de parler anglais à quelqu’un. Il m’annonce qu’il a croisé 11 patous la veille juste avant la cabane d’Uls, que je dois rejoindre. Des onze, je n’en verrai que trois et j’attendrai patiemment que le troupeau veuille bien descendre de la colline.

Passé les bocages et les magnifiques couleurs qui semblent automnales, la descente s’amorce en direct de Melles. Je croise deux gars qui vont dans le même sens que moi, mais qui semblent peu enclin à partager la route. La route d’ailleurs, je la rejoins rapidement et elle me mènera jusqu’à Fos et son ancien camping avec douche chaude en prime.

Une petite bière et quelques emplettes sur la terrasse de l’hôtel le Gentilhomme plus tard, les deux jeunes finiront par m’inviter à leur table. C’est au cœur de Fos que nous parlerons de parcs nationaux africains, de famille et de la difficulté à être un chercheur, autour d’une conversation courte mais passionnante.

Traverser les Pyrénées-Centrales sur le GR10, de Fos à la corniche des Alhas

J15 / De Fos à Bagnères de Luchon

Je pars de Fos un peu tard pour m’engager dans la forêt. Pendant 1h c’est un combat avec des lipoptènes du cerf (que je prenais pour des tiques « volantes ») que je mènerai jusqu’à ce que la forêt se refroidisse. La montée est raide jusqu’à la cabane d’Artigue et grâce à l’énergie retrouvée après un échange avec un autre randonneur, je continuerai jusqu’à la cabane des Courraux pour manger. Il me reste encore une trotte mais le GR10 ne passe plus par l’étang de St-Béat et j’ai le sentiment de bien grimper.

C’est à la montée juste avant le Col d’Esclot que je croise Annie légèrement perdue sur sa boucle du jour. On marchera ensemble jusqu’au Pic de Bacanère offrant une vue à 360°, puis on se retrouvera à la cabane de Saunère où je pensais passer la nuit.

Il y a foule à la cabane, alors j’accepte la proposition d’Annie, de continuer jusqu’à Artigue où elle a laissé sa voiture. Arrivée à Luchon, je prendrai la pluie dès la montée de tente. Une pizza finira par me réconforter avant d’étendre mon linge au cœur de la nuit.

J16 / De Superbagnères à Espingo

Matinée courses à Luchon, où je suis un peu dépitée de retrouver la société de consommation. J’en avais pourtant rêvé de cette arrivée à Bagnères-de-Luchon. Je m’étais imaginé y rester 2 jours pour profiter des thermes et célébrer comme il se devait ma traversée des Pyrénées-Ariégeoises. Mais à peine arrivée à Luchon, j’ai voulu en partir. L’effet d’une ville sur une randonneuse n’est pas toujours bénéfique. J’y ai trouvé la pluie, le gris des bâtiments, malgré la douce compagnie d’Annie. Alors une fois mes courses finies, je me devais de repartir au plus vite au cœur des montagnes, qui me semblaient alors un environnement plus accueillant.

Après un déjeuner avec Annie, celle-ci m’accompagne jusqu’à Superbagnères, la journée étant déjà bien entamée. Je réussis à la convaincre de partager quelques pas encore avec moi, et nous voilà embarquées sur la montée du col de Coume de Bourg. Annie me quitte, tandis que les nuages s’obscurcissent.

C’est moins pire qu’un quai de gare !

Annie

Ce message lancé au loin me prit aux tripes. Moi aussi j’étais triste de quitter cette dame qui avait l’âge de ma mère et m’avait apporté tant en si peu de jours. Mais aussitôt seule, la nature reprit le dessus sur mes émotions et je n’avais pas d’autres choix que d’avancer.

L’orage me fait accélérer et semble arriver de part et d’autre des vallées. Les lumières sont splendides et les montagnes encore plus fières, tandis que je les guette nerveusement, happée par le stress. Au niveau de la Hourquette des Hounts Secs, j’aperçois le lac d’Oo et son auberge. L’orage semble avoir dansé au dessus de ma tête pour s’en éloigner aussi soudainement que l’arrivée de la pluie, qui m’accueille gentiment à la bifurcation pour le lac d’Espingo. Après une nuit d’orage, je décide d’opter pour l’option dortoir au refuge, alors que le ciel au dehors se dégage splendidement.

J17 / Du refuge d’Espingo à Loudenvieille

Du refuge d’Espingo, je descends en 2h aux Granges d’Astau, pour remonter sur 1000 m de dénivelé positifs vers le couret d’Esquierry. Je connais déjà le coin pour y avoir randonné l’été passée et je suis attristée par la petitesse du torrent à côté de la cabane d’Ourtiga, où j’avais bivouaqué. La pluie m’a suivi lors de la montée jusqu’au col puis n’est plus en cette après-midi. La descente vers Loudenvielle s’annonce longue avec mes pieds en compote, mais je finis par arriver avant le gros orage du soir, au camping.

J18/ De Loudenvielle au lac de l’Oule

Je quitte Loudenvielle, la tente mouillée. Je n’aurais même pas pris le temps d’aller voir le lac de plus près, ni même goûté à la tarte aux myrtilles aperçue la veille.

Je monte doucement vers le Couret de Latuhe, où je croise mon 2ème serpent. Le cœur n’y est pas, je serais bien restée à Loudenvielle pour me reposer une vraie journée… mais l’idée n’a fait son apparition qu’en chemin. Je marche lentement et finis par arriver à Bourisp vers 12h30. Je trouve l’endroit parfait pour la pause et m’autorise un bain de pied dans les eaux glacées.

Vers 13h30, je me motive pour une longue étape. De Vieille-Aure, je passe par le chemin des mines bétonné sous un soleil de plomb et finis par apprécier l’ombre que veulent bien m’offrir les arbres sur le sentier qui zigzague. Je prends de altitude et 4h30 plus tard, je finis tant bien que mal par arriver au col de Portet, où je prendrai seulement une photo avant de repartir. La route est encore longue jusqu’au Lac de l’Oule, où je souhaite passer la nuit.

Je croise deux gars qui font le tour du Néouvielle et j’emprunte le chemin menant vers le GR10C. Il faut ensuite redescendre et ce sera au pas de course que je trouverai l’aire de bivouac. Je salue mon voisin et monte ma tente mouillée du fort orage de la veille. Le temps de me faire à manger, il fera déjà nuit.

J19 / Du Lac de l’Oule à la cabane d’Aygues Cluses

Le lac de l’Oule offre des reflets parfaits de bon matin. Tellement parfaits que j’en oublie la bifurcation menant au col d’Estoudou ! Ça monte parmi les paysages familiers du Néouvielle et le col ne manque pas de m’offrir un beau spectacle. J’échange quelques minutes avec un monsieur ici pour 3 jours, puis j’entame la descente vers le lac d’Aumar, le ciel sombre derrière moi. La pluie finit par me rattraper au lac et le manque d’abri me fait poursuivre ma route jusqu’au col de Madamète, annoncé à 1h30 de là.

Mes pieds jonglent parmi les roches mouillées et le col se rapproche, tandis que l’orage tourne au dessus de ma tête depuis Aumar. Le Néouvielle, que j’ai pu grimper l’été dernier, est recouvert. Je ne m’attarde que très peu jusqu’à franchir le col et redescendre vers le lac de Madamète. Je profite d’une éclaircie pour un lunch express à 14h, agrémenté de myrtilles sauvages. 30 minutes plus tard, je serai à la cabane d’Aygues-Cluses en compagnie de Mathis et Aurélien, qui nous propose une tisane à la verveine. Encore une belle soirée en bonne compagnie, cette fois-ci entre 4 murs froids.

J20 / De la cabane d’Aygues-Cluses à Luz St-Sauveur

Je me régale toute la matinée en suivant le ruisseau. L’endroit est magique jusqu’à Pountou et mon âme d’enfant se réveille. Mais à partir de Tournaboup ce n’est plus pareil. Les stations de ski, c’est toujours aussi moche et je dois longer la route quelques temps. Je rejoins Barèges en 45 min mais il reste encore une trotte jusqu’à Luz Saint-Sauveur. À Luz, je finis par planter ma tente en dehors de la ville dans un camping familial. Quelques courses plus tard, il sera temps de m’envelopper dans mon sac de couchage.

J21 / De Luz St-Sauveur au pont St-Savin

Grosse journée au départ de Luz et beaucoup de route. Je finis péniblement par arriver aux granges de Saugué que je trouve fermées. Heureusement que la vue sur la Brèche de Roland égaye ma descente jusqu’aux Granges de Holle. 20 min avant de les atteindre, je trouve un spot de bivouac au bord du torrent et finis par poser ma tente là, à 2 pas du pont de St-Savin.

J22 / Du pont de St-Savin au refuge de Baysselance

Je rejoins les granges de Holle de bon matin que je trouve sous la brume. Il est déjà 9h et les campeurs semblent à peine sortir de leurs tentes. Je monte doucement dans la vallée d’Ossoue, un peu à l’aveugle, croisant quelques brebis sur le chemin. D’ailleurs, l’une d’entre elle, curieuse, est venue me lécher la main. Je continue jusqu’à ce que la brume se lève, me laissant complètement ébahie devant le spectacle que la nature m’offre.

De cabanes en cabanes, je finis par atteindre le barrage d’Ossoue vers 13h. Une petite pause s’impose avant d’entamer la montée jusqu’au refuge de Baysselance. Je suis le ruisseau des oulettes qui semblent peiner en cette fin d’été, double quelques personnes dans la montée et suis les lacets qui serpentent vers le refuge, que je connais déjà. Celui-ci est encore complet ce soir, mais je me glisserai sur une table pour le repas du soir, entre trois espagnols venus gravir le Vignemale, des papis en faisant le tour et deux jeunes filles se retrouvant pour le week-end entre Bordeaux et Perpignan. Le plus haut refuge gardé des Pyrénées m’offre à chaque fois une belle ambiance.

J23 / De Baysselance à Cauterets, par le col d’Araillé

Je me fais réveiller par le vent vers 6h du mat et je sais que mon seul poids permet de maintenir ma tente au sol, au vu du terrain sableux trouvé la veille. J’ai du mal à sortir de mon sac de couchage et pourtant une longue journée m’attend. Au lieu de descendre par le lac de Gaube, chemin parcouru par deux fois lors de mon ascension du Petit Vignemale, je décide de passer par le col d’Araillé.

Un gros pierrier m’attend et je finis péniblement mais fièrement par arriver au refuge d’Estom, où je ne suis pas hyper bien accueillie. Une omelette plus tard et je repartirai rapidement via la Vallée du Lutour, qui me semble remplie de touristes ingrats et malpolis. Peut-être qu’il me tarde juste d’arriver à Cauterets… La vallée est belle mais je me rends compte que je l’ai déjà parcouru il y a plus de 10 ans déjà.

J’arrive à Cauterets et indécise, je m’offrirai un bout de nuit dans le gîte le Beau Soleil. L’accueil est super, avec une cuisine à disposition, mais je serai réveillée de bon matin par un groupe de personnes sourdes, ne pouvant pas entendre leurs pas lourds et intenses dans les escaliers.

J24 / De Cauterets à Arrens-Marsous

De Cauterets, ça grimpe bien pour rejoindre le lac d’Ilhéou, mais heureusement que la route bétonnée est vite derrière moi. Je me retrouve à suivre les brebis à partir de la cascade du même nom, qui ont pour destination la petite cabane avant le refuge. Pour ma part je continue jusqu’au lac, où j’avais prévu de déjeuner, mais le vent me contraint à pousser jusqu’au col, que l’on peut rejoindre en téléphérique depuis Cauterets. Ça grimpe sec et la faim me tiraille.

Je finis par m’arrêter à la cabane d’Arras, où un jeune chien de berger m’invite à lui lancer le bâton. Repas cheveux au vent, puis je finis par atteindre le col avant de redescendre sur Estaing. Les nuages obscurcissent le ciel et je prends une grosse averse, heureusement courte. Le temps de croiser une mère et ses deux enfants adultes faisant le chemin inverse, je serai au lac d’Estaing vers 15h30. De là, je me rends compte qu’il me faut marcher 3h sur le bord de la route pour rejoindre Arrens-Marsous.

La première bifurcation au cœur de la nature semble inaccessible à cause de chutes de pierre. Je finis par lever le pouce, rêvant d’une lessive et d’une bonne douche. Un couple de retraités originaire de Belfort, en vacances dans le coin, me dépose à Arrens, les hasards de la route m’ayant permis de suivre le GR10 à vitesse grand V. S’en suivra une petite bière en bonne compagnie.

J25 / De Arrens-Marsous au lac d’Anglas

D’Arrens jusqu’au col de Saucède, le chemin est le même que celui du Tour du Val d’Azun, emprunté en automne dernier. Pas de surprise pour moi et l’envie de planter ma tente comme la veille me taraude.

Du col de Saucède, je décide de prendre la route afin de marcher à niveau quelques temps. Je retrouve la bifurcation vers le col de Tortes qui est annoncé à 1h30. Je craque pour une pause déjeuner sachant que la montée avec le ventre plein sera plus dure.

Et ce fut le cas… Le chemin me semble interminable et la descente vers Gourette peu intéressante. Malgré mon manque d’entrain du jour, je décide de pousser jusqu’au lac d’Anglas, Gourette ne m’offrant rien de saisissant pour passer la nuit. Il est 15h et j’ai encore 700 m de dénivelé positif qui m’attendent. Je croise une foule de retraités qui m’encouragent. Les deux groupes qui s’arrêtent pour discuter me redonnent la dose de motivation nécessaire pour grimper.

Je finis par planter ma tente sur une pelouse resplendissante au bord du lac.

J26 / Du lac d’Anglas à Gabas

Je quitte le lac d’Anglas après une nuit réveillée par le vent. Je monte jusqu’à la Hourquette d’Arre qui m’offre une vue magnifique et la vision de 2 bouquetins. La descente du col est moins sympa avec un terrain glissant et un vent tellement fort que j’ai eu l’impression de sauter en parachute une seconde fois. Puis la descente s’adoucit et offre un chemin plat mais long jusqu’aux cabanes de Cézy, que je ne verrai guère car hors GR10. La descente reprend et la corniche des Alhas ne présente rien de percutant, mais marque le passage vers les Pyrénées Occidentales.

Arrivée à Gabas, je n’ai plus de jambes pour continuer jusqu’au lac d’Ayous, où je rêvais de bivouaquer depuis ma dernière escapade là-bas. Je prendrai le spot de bivouac pourri que m’offrira le village, sans vous cacher ma frustration ni ma déception.

Traverser les Pyrénées-Occidentales sur le GR10, de la corniche des Alhas à Hendaye

J27 / De Gabas à Etsaut

De Gabas, je longe la route menant à Bious-Artigue et y croise quelques vaches. Du lac, la route devient chemin et après 1 crêpe à la crème de marron, je croise un ancien du PSIG (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) et son chien d’avalanche « réformé » comme il s’amuse à l’appeler. Essayant de me rassurer, il me raconte que dans toute sa carrière, il n’a vu que 3 personnes foudroyées et me raconte les sommets parcourus d’antan.

Le chemin monte et je découvre le Pic du Midi d’Ossau en saison estivale, ainsi que le refuge d’Ayous au loin que j’avais vu sous la neige. Le sentier bifurque à droite pour monter au col du même nom qui m’offre une vue incroyable. Pause déj. avant de redescendre sur un chemin vallonné jusqu’à la cabane de la Baigt de St-Cours, dans laquelle je me serais bien vue dormir quelques jours. Heureusement elle est réservée au berger en période d’estive (jusqu’au 15 septembre) et je continue donc ma route jusqu’au fameux Chemin de la Mature.

Et là, c’est le drame ! Avec des cailloux qui font vaciller les chevilles, j’ai beau faire attention, la mienne y passe sous un soleil de plomb. Je finirai la route en boitant jusqu’au gîte d’Etsaut, dépitée et clairement mal lunée pour la soirée.

J28 / De Etsaut à la cabane d’Ardinet

Je quitte Etsaut vers 8h, grâce au réveil matinal de mes colocataires d’un soir, pour entamer une douce montée jusqu’au col de Barrancq. Ma cheville semble tenir le coup. Au col, il n’est que 10h30. Je continue donc ma route vers Lescun que je rejoins vers 13h30. Je refais le plein à l’épicerie et depuis hier, je n’arrête pas de me dire que la fin de la saison rend les commerçants peu aimables.

Après avoir mangé sur les escaliers de la mairie, je reprends mon sac pour le refuge de Labérouat. Espérant atteindre la cabane d’Ardinet pour la nuit, je croise une dame béarnaise à qui je demande si cette cabane est bien ouverte. Elle m’explique qu’habituellement c’est son neveu le berger qui l’occupe, mais ce dernier est descendu la veille dans la vallée. On fait un bout de chemin ensemble et elle me raconte que petite elle allait ravitailler son père berger à cheval et redescendait le fromage. Son fils a quitté son boulot dans le social pour suivre les traces de son grand-père, à sa grande déception. « Vous imaginez à plus de 45 ans ? Mais il me dit être plus heureux que jamais ».

La dame fait demi-tour, puis j’aperçois la cabane à la sortie de la forêt quelques pas plus tard. Pas le temps de la visiter, je me précipite comme une enfant sur la pelouse plate et verte, qui m’offre un spot de bivouac splendide pour la nuit. Je profite du petit torrent qui coule un peu plus loin pour remplir mon camelbag et faire mon brin de toilette du soir, avant de prendre le temps d’admirer la vue splendide à 360° sur les Orgues de Camplong.

J29 / De la cabane d’Aribet à Ste-Engrâce

J’exploite mon spot favori de bivouac jusqu’au bout puis je rejoins la cabane du Cap de Baitch, où se trouve un berger, pour bifurquer à droite. Ça grimpe tranquillement dans un paysage surprenant jusqu’au Pas d’Azun. Au Pas de l’Osque, pas de difficulté majeure, excepté le temps que je trouve long jusqu’à la Pierre-St-Martin. La station est moche mais je profite d’une pause au refuge Jeandel pour mieux repartir jusqu’au col. Du col, ça redescend jusqu’à St-Engrâce où je rejoins le gite en face de l’église pour planter ma tente.

J30 / De Ste-Engrâce à Logibar

Beaucoup de bitume en cette chaude journée. Heureusement que le petit cayolar ouvert me donne du baume au cœur pour une pause déjeuner. Il me rappelle la joie des cabanes ouvertes ariégeoises. Je sors reboostée de mes rêveries, pour atteindre le col d’Anhaou Kurutché. De là, c’est à nouveau de la route goudronnée puis ça redescend doucement en plein cagnard. Je manquerai d’eau à la passerelle d’Holtzarté et bivouaquerai au bord du torrent, sur un spot détenu par le gîte, qui a bien voulu me rembourser la chambre que je venais de prendre (après m’avoir accueilli de la plus désagréable des façons). Soirée en compagnie de GRdistes marchant dans l’autre sens.

J31 / De Logibar à Iraty-Cize

Je pars de Logibar de bon matin dans l’optique d’une belle étape mais d’une nouvelle journée chaude. À peine les quelques mètres de dénivelé avalé, le vent se met à souffler. Un vent d’ouest, preneur de tête mais aussi d’équilibre. Je lutte pour avancer sur les sommets ronds du Pays-Basque, jusqu’au col d’Ugatzé. Je verse quelques larmes de peur, et c’est toujours dans ces moments-là que d’autres randonneurs croisent ma route. D’abord ceux qui viennent de la forêt et m’inspireront un détour à l’abri du vent. Ceux qui me surprennent entrain de lutter dans un nouveau col (où j’aurais fait faire un saut de 2 mètres à une vache prise de peur). Ceux qui m’encouragent et me conseillent de mettre des cailloux dans mes poches pour passer le col du Pic des Escaliers.

C’est dommage, l’étape est belle mais je suis trop concentrée à essayer de rester en vie sur le sentier. Je réussis à faire une pause déj. juste avant ce col d’ailleurs, et une fois passé, les cols d’Iraizabaleta et Bagargiak arrivent vite et semblent moins agités. Petite glace au lait de brebis aux Chalets d’Iraty, le temps d’échanger avec un voyageur à vélo venu faire la traversée des Pyrénées avec sa copine. Je rejoindrai l’aire de bivouac mise à disposition par la commune d’Iraty, bien trop contente d’être encore en vie.

J32 / D’Iraty-Cise à St-Jean-Pied-de-Port

Dès que je pars, à 8h, le vent se lève à nouveau. J’appréhende déjà une nouvelle journée folle, à lutter contre un vent d’ouest pour grimper au sommet d’Okabe. Les paysages semblent lunaires, brossées par le souffle de la nature en continu. Pas d’arbres, seulement des herbes jaunies par le soleil. Le vent semble moins m’atteindre que la veille, avec les pieds un peu plus ancrés dans la terre. Et pourtant, passé le sommet et le site des cromlechs aux arc-en-ciels et chevaux galopants, je me retrouve à douter au col d’Irau. Dois-je prendre le risque de rejoindre les bordes d’Intzarazki dans des conditions météorologiques si violentes ? Ne serait-il pas temps de quitter le GR10 pour rentrer chez moi et me mettre à l’abri ? Je suis restée là 10 bonnes grosses minutes à lutter pour rester debout, tandis qu’une basque me regardait à l’abri de sa voiture, sans même me demander si tout allait bien…

Sur le GR10 en solitaire, on ne peut compter que sur soi-même. On aura beau se conter des histoires, on se retrouve seul face au vent, aux orages, à la nature dans toute sa splendeur. Seuls face à ses décisions.

Je prends mon courage à deux mains et repars. Le fait de rejoindre un chemin plus large me calme et je finis par arriver à Estrençuby pour la pause déjeuner, croisant de nouveau les cavaliers sortis de nulle part au niveau des bordes d’Intzarazki.

Le panneau annonce encore 4h de marche pour rallier St-Jean-Pied-de-Port que je rejoindrai vers 17h. La sensation de me retrouver au cœur de Disneyland Paris, à peine passer la porte Saint-Jacques est grande. Les touristes sont là, mélangés à ceux qui marchent sur le chemin de Compostelle. L’atmosphère montagnarde est loin et j’ai tout d’un coup du mal à trouver ma place. C’est une balade à l’heure du diner qui me réconcilie avec une ville pleine de charme, à la croisée des chemins.

J33 / De St-Jean-Pied-de-Port à St-Etienne-de-Baigorry

Journée tranquille aujourd’hui, annoncée à 6h de marche. Départ vers 8h30 après une nuit agitée, je profite de la montée jusqu’au Pic de Munhoa pour prendre mon temps. Le vent est encore présent mais son degré d’intensité a diminué.

Pause déjeuner cheveux emmêlés tout de même, avant de redescendre jusqu’à St-Etienne-de-Baïgorry, où je passerai la soirée au camping municipal en compagnie de Julien et Philippe.

J34 – J35 / St-Etienne-de-Baigorry à Bidarray

Je suis restée un jour de plus à St-Etienne, pensant éviter l’orage sur les crêtes d’Iparla, qui n’aura jamais lieu. Finalement il pleut ce matin. Je finis par partir à 9h avec ma tente mouillée sur le dos. Le temps est exactement celui que je craignais pour faire les crêtes : humide et brumeux.

J’avance un peu à l’aveugle jusqu’au col d’Harrieta. Parfois la brume laisse place à de douces couleurs automnales. J’ai suivi le couple à cheval toute la matinée. Ce sont bien les cavaliers rencontrés 3 jours plus tôt sous un vent de fou. Dans leur avancé, ils se retrouvent en sens inverse par erreur. C’était peut-être pour les guider que j’ai pris une journée de pause… eux qui viennent tout droit du Canigou, lieu où j’avais décidé de quitter le chemin quelques années plus tôt.

Vers 12h, le temps semble se dégager et j’avance jusqu’au Pic d’Iparla pour ensuite descendre vers Bidarray, où je passerai une soirée sympa en compagnie d’Arthur et Félix, qui font aussi le GR10 mais cette fois-ci dans mon sens.

J36 / De Bidarray au col des 3 fontaines

Je pars tôt de Bidarray dans l’espoir de rejoindre Sare en fin de journée. J’avance vite, espérant peut-être rattraper Félix et Arthur, partis 40 min avant moi ce matin. Je rejoins le col des Veaux, puis celui des 3 croix, où je décide de manger.

Dans ma descente pour Ainhoa, je discute avec deux bordelais venus pour le week-end. De Ainhoa, j’arrive à Sare en plein mariage et me motive à continuer jusqu’au Col des 3 fontaines pour passer une belle dernière soirée. À 19h, je découvre mon spot de bivouac du soir, magnifiquement choisi par Arthur et Félix, qui m’auront convaincu malgré la fatigue de pousser jusque-là. C’est exactement là que je voulais passer ma dernière nuit sur le GR10 : face à l’océan. Tout y est : des vaches meuglant de jour comme de nuit, un feu réchauffant mon âme en perdition avec le bleu du large, un nouveau gâteau basque à partager et des randonneurs qui ne savent vraiment pas ce qu’ils m’offrent en cette douce soirée.

J37 / Du col des 3 fontaines à Hendaye

Je quitte le col vers 9h, un peu avant Félix et Arthur. Ils finissent pas me rattraper mais m’attendent patiemment au col d’Ibardin, col que j’ai envie de quitter au plus vite. Toute la société de consommation s’y est donné rendez-vous ! Je n’en reviens pas et clairement dégoutée, je finis quand même par me dégoter un sandwich et le gentil serveur espagnol me remplit ma bouteille d’eau. Les gars sont partis, alors je continue ma route pensant les retrouver le soir.

Il me tarde d’arriver à Hendaye. Il ne me tarde pas d’arriver à Hendaye.

Mes émotions me submergent. Je ne sais plus trop où donner de la tête… alors je marche. Je finis par manquer d’eau et profite d’un bonjour sympa pour en demander. Le monsieur m’invite à rentrer dans son garage pour remplir ma gourde et me félicite presque les larmes aux yeux pour le chemin parcouru. « Vous savez je marche à la journée, mais je serais bien incapable de faire ce que vous faites ». Le voyant en habits de courses, je lui rétorque que je suis incapable de courir et il me dit qu’il n’a fait que prendre sa voiture pour ensuite monter à la Rhune, ce matin même.

Cette rencontre me fait réaliser que j’y suis presque… Hendaye finit par m’accueillir. 2 femmes et un homme attendent que j’arrive à leur portée pour me demander avec un grand sourire si c’est mon dernier jour. « Nous partons nous-même demain sur le GR10 ! ». Les larmes montent et je me retrouve devant 3 inconnus à refouler des sanglots de fierté et de tristesse, ravalant un « oui » à moitié prononcé. « Tu vas voir, tu as encore un peu de chemin, mais celui-ci est plutôt sympa ». Je les quitte pour rejoindre la Bidassoa qui me mènera jusqu’à l’océan. Les gens se promènent en cette fin de week-end, et j’avance tristement jusqu’à la fin du GR10.

La fin d’une aventure : celle de la traversée des Pyrénées sur le GR10

Puis rien. Il n’y a pas de foule escomptée pour m’encourager dans ces derniers pas. Pas de copain. Pas de famille. Pas d’amis. Pas d’épaule sur laquelle pleurer, ni de panneau devant lequel prendre un selfie et l’envoyer au monde entier. J’avais envisagé cette fin de la façon suivante : une plage déserte, moi courant vers l’océan, laissant mon sac derrière moi sur le sable, puis mes chaussures puis mes habits, plongeant délicieusement dans mon plus simple appareil, me délectant de l’eau salé sur mon corps meurtri par les kilomètres.

Rien ne se passa comme je l’avais imaginé. Je pris une glace puis avançais le plus doucement possible vers l’océan. Il était 17h mais la plage me semblait encore bondée. Je m’asseyais sur un rebord bétonné, avalant cette fin comme j’engloutissais la glace sucrée que j’avais emporté. Je me sentais seule et vide. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire maintenant que j’étais arrivée au bout de cette aventure ? Qui allait pouvoir me guider si ce n’était les balises rouge et blanche de ce célèbre GR10 qui avait bercé mes rêves pendant quelques années ? Ne devrais-je pas repartir dans l’autre sens pour aller prendre une photo à Banyuls et prolonger cet état de béatitude que nous offre la marche et les montagnes, malgré les coups durs, les chevilles abimées, les doigts cornés par nos bâtons de marche ?

Je décidais alors de troquer mes chaussures de randonnée pour un instant bref les pieds dans l’océan, avant d’entamer les 45 autres minutes de marche qui me ramènerait vers mon hôte du soir. Je m’éloignais doucement de la petite bière tant espérée avec mes camarades de ces derniers jours, pour passer la soirée à échanger avec un couchsurfer, prolongeant peut-être encore un instant ces souvenirs de voyages lointains que le GR10 me susurrait doucement lorsque tout allait bien.

Le GR10, finalement c’est quoi ?

Alors le GR10, finalement qu’est-ce que c’est à part un simple chemin de randonnée ?!

Pour tout vous avouer, je ne savais pas vraiment par quel bout le prendre cet article. Aurais-je dû vous partager mes étapes au jour le jour ? La sensation de mes pieds sur le bitume et les routes mal dessinées pour les randonneurs ? Le bonheur de gravir une raide montée pour s’offrir une vue sur la beauté des sommets ? La fierté de traverser les Pyrénées d’Est en Ouest, délaissant mes lunettes de soleil pour profiter du souffle venté sur mon visage ? Qu’aurais-je dû vous raconter ?

Mes peurs ? Celle de marcher sous l’orage, celle de manquer d’eau, celle de ne me blesser, de ne pas y arriver ? Ou ma rencontre avec des milliers de vaches, de brebis, quelques serpents, des nuages sous toutes leurs formes ? Le bruit de la pluie qui arrive ? L’odeur de sa trace lorsqu’elle s’efface pour laisser place à un doux soleil réconfortant ? La dureté des fougères cramées, cisaillant mes jambes non couvertes ? Ou bien… ces rencontres fortuites qui arrivent toujours quand on s’y attend le moins mais qu’on en a le plus grand besoin ? La richesse des discussions partagées avec de parfaits inconnus, qui se retrouvent finalement avec le même but : celui de marcher, d’avancer pour peut-être mieux se trouver ou essayer de comprendre pourquoi on en arrive là… à parcourir 922 km, agrémentés de 55 000 mètres de dénivelé positifs et négatifs.

Le GR10, ce n’est pas de savoir qui a le sac le plus léger, le nombre de kilomètres par jour avalé. Le GR10, c’est faire confiance, se laisser guider par un chemin tout tracé mais que l’on appréhende jamais vraiment sans l’avoir parcouru. Le GR10, c’est tout ça à la fois… et qu’est-ce qu’il est dur de le laisser derrière soi, une fois que la traversée des Pyrénées se finit. Heureusement il n’offre qu’une introduction à ce que les Pyrénées ont à nous offrir.

Pour préparer son GR10, je vous conseille le site de l’association, qui gère la cabane de Clarans : http://www.gr10.fr

Le Tour du Queyras en hiver : le GR 58 en raquettes

Le Parc naturel du Queyras, je l’ai découvert un peu par hasard pendant une recherche d’emploi. J’avais envie d’allier mes compétences professionnelles à la montagne et une offre s’était présentée à moi. De fil en aiguille, j’ai voulu y aller plusieurs fois. Mais au départ de Toulouse, la route semblait longue et sans alternative en transport en commun. J’ai donc fini par remettre ce projet à plus tard… jusqu’à cet hiver de janvier 2022. Une semaine de vacances et c’était l’heure de partir à la conquête des Alpes, après plus de 2 ans à opter pour un tourisme ultra-local. Voici mon aventure : le Tour du Queyras en hiver.

Toulouse – Ville-Vielle

Optant pour du covoiturage, la route passe d’arrêts aux abord de l’autoroute en conversations. Nous finissons par arriver tard le soir, jusqu’à un petit village du nom de Montbardon. Nous devions à la base dormir directement sur Ville-Vieille, mais les propriétaires ont annulé notre réservation pour cause de Covid. Même en vacances, il nous rattrape. Heureusement j’ai fini par trouver un petit Airbnb de dernières minutes avec des locaux flexibles. Après une montée glacée qui nécessitait des chaînes, à des virages serrés, nous finissons par atteindre le village, où nous ne trouvons pas un chat. Garés prêt de la fontaine, nous avançons vers les maisons afin de trouver notre coin pour la nuit. Un aligot et de la confiture de « grate-cul » plus tard, il est temps de rejoindre Ville-Vieille, notre point de départ.

De Ville-Vieille à Saint-Véran

Distance : 11 km
Dénivelé : 888 m D+ | 250 D-

De Ville-Vieille, nous empruntons le chemin qui bifurque vers la gauche, vers le Sommet Buchet. Nous nous enfonçons rapidement au cœur de la forêt, grimpant doucement vers un brin de soleil. On chausse rapidement les raquettes. Il n’a pourtant pas neigé dernièrement, mais le sentier semble finalement peu fréquenté et nos pieds s’enfoncent au creux d’un nuage blanc, légèrement croustillant.

Certains passages en côte montent fort, l’échauffement semble déjà dernière nous. Il ne faut pas s’arrêter très longtemps, pour garder la chaleur de la montée. Quelques touches de soleil semble se faufiler à travers les arbres. Lorsque la vue se dégage, je propose une pause déjeuner, dans un coin ensoleillé.

Finalement la pause sera courte. Le temps d’un sandwich et le froid nous gagne. Nous continuons donc notre route en direction de Molines-en-Queyras. La vue s’ouvre complètement et nous quittons la forêt pour regarder l’autre versant. Nous sommes encore loin de Saint-Véran, mais la neige s’enfonce encore plus profondément. J’envie l’autre côté, celui gorgé de soleil en cet hiver alpin. J’espérais pouvoir le rejoindre ce coin chaud, cet écrin de lumière, ce semblant de chaleur sur mes joues brunies de froid. Le chemin devient coquin avec des passages sympas. Heureusement que je ne suis pas la première à faire des traces. Saint-Véran finit par se rapprocher et nous rejoignons ses routes gelées pour enfin se réchauffer au cœur de notre gîte du soir : les Gabelous. Une chambre pour deux, un repas pour plusieurs groupes, et c’est la fin d’une première journée d’hiver sur le Tour du Queyras qui s’achève.

De Saint-Véran au refuge de la Blanche en raquettes

Distance : 8,4 km
Dénivelé : 549m D+

Nous quittons notre gîte tout confort avec nos chaussures un brin humide de la veille. Les boules de journal laissées à disposition ont fait leur affaire pour éponger le plus gros pendant la nuit. Je suis contente de quitter le côté forêt et j’imagine que la journée va être plus chaude que la première, de ce Tour du Queyras en hiver.

Au départ de Saint-Véran, nous empruntons la piste qui mène jusqu’au refuge de la Blanche. Celle-ci est damnée et les raquettes ne sont pas nécessaires. Nous faisons demi-tour pour récupérer le GR® 58, qui nous mène sur un chemin plus propice à l’amusement. La lumière matinale rase délicatement les montagnes d’une douce couleur orangé et nous profitons de cette avancée pour happer la beauté des paysages, qui se présentent à nous. La petite chapelle de Clausis se pose comme un point de repère et nous finissons par la rejoindre vers 12h.

« Et si nous profitions de la chapelle pour faire une pause déjeuner au soleil ? » Il était un peu tôt certes, mais j’avais le pressentiment que c’était le bon moment. Nous sortons nos victuailles. Le temps d’un sandwich et d’un carré de chocolat, nous voyons le soleil descendre rapidement jusqu’à atteindre les montagnes. Mon compagnon de route est gelé. Il commence à partir, tandis que je suis encore entrain de me dépatouiller avec mes raquettes. Pas le temps de digérer, le froid est tombé violemment et il faut absolument marcher pour se maintenir à flot.

De la chapelle au refuge de la Blanche, mes doigts s’endolorissent. Mes gants de ski sont à l’arrière de mon sac. Je reste avec mes gants de rando, cherchant désespéramment à les réchauffer, tout en marchant le plus vite possible pour rattraper mon compagnon de randonnée. C’est dommage. Les paysages autour de nous sont grandioses, mais l’ombre et le froid ne me permettent pas de les capturer. Ils nous laissent seulement avec la promesse d’un doux lendemain.

Nous finirons par atteindre le refuge tôt dans la journée, ravis de pouvoir se réchauffer au coin du poêle. Petit tour dehors pour prendre la température, le tour du lac gelé se finira au cœur d’un igloo déposé là.

Le pic de Caramantran, 3000 des Alpes, en raquettes

Distance : 6 km
Dénivelé : 527m D+
En boucle

Du refuge au pic du Caramantran, par le Col de Saint-Véran

Nous avions décidé de rester 2 nuits au refuge de la Blanche. Et quelle bonne idée ! Un refuge 6 étoiles avec des repas de fou et un cadre exceptionnel. Sans le savoir, nous faisions la même route que deux groupes constitués, l’un à raquettes, l’autre à ski de rando. Les guides au top n’ont pas hésité à nous conseiller plusieurs fois et les gardiens du refuge également. C’était décidé : nous partions pour le Caramantran, un sommet finalement accessible en raquettes.

Pour se faire, nous empruntons le chemin longeant l’extrémité nord du lac, pour rejoindre le Col de St-Véran. La montée se déroule tranquillement grâce aux traces d’un groupe partis devant. Nous finissons par les doubler et suivons nos compères de table et de chambre, qui nous ont proposé la veille une gorgée de rhum venu tout droit de La Réunion. Ces derniers montent en ski de rando avec un bon rythme. La vue est grandiose et je n’arrête pas de m’arrêter pour prendre des photos.

Arrivés au col de Saint-Véran, l’Italie montre le bout de son nez. J’ai hâte de me trouver en haut des 3004 mètres du Caramantran pour avoir une vue à 360°. Depuis le début de notre périple, nous n’avons pas eu un seul nuage dans le ciel. C’est l’un des premiers jours, cependant, où nous profitons pleinement du soleil. Le pique-nique sommital, s’apprécie délicieusement, l’œil aguerri sur les sommets enneigés. Au moment de redescendre, nous croisons la guide et son groupe en raquettes. Elle nous montre au loin le sommet du Mont-Blanc et nous confirme que nous avons bien de la chance avec un temps si dégagé.

Du pic de Caramantran au refuge, par les lacs Blanchet

Pour redescendre, nous décidons de continuer tout droit au niveau du col de Saint-Véran pour rejoindre la variante du GR58. Le coin est moins fréquenté et la neige se gagne raquettes aux pieds. Mais quel délice de pouvoir faire ses propres traces, avec une sensation de poudreuse ! Nous devinons les contours du Lac Blanchet Supérieur recouvert de neige et rejoignons le lac inférieur. Dos à nous, le col Blanchet en impose et je repense aux compères de la veille qui avaient décidé d’y monter en ski de rando. Nous descendons le Vallon du même nom, à l’ombre cette fois, jusqu’au Lac de la Blanche. La journée a été excellente. Le soleil et la qualité de la neige y sont surement pour quelque chose et nous profiterons de nouveaux compagnons de table et d’un brin de génépi maison, pour clore notre dernière soirée au refuge de la Blanche.

Du refuge de La Blanche à Saint-Véran

Distance : 9,8 km
Dénivelé : 511m D-

Je crois n’avoir jamais aussi bien dormi pendant une nuit de pleine lune. Il est malheureusement temps de quitter la douceur du refuge, pour redescendre sur Saint-Véran, le plus haut village d’Europe.

Nous décidons de prendre un chemin différent que celui à l’aller, légèrement plus exposé au soleil. Du refuge, nous traçons tout droit vers le Petit Canal. Nous croisons nos compagnons de route, qui avec leur guide, partent en ski de rando vers un nouveau col, inaccessible en raquettes.

Nous finissons par apercevoir la chapelle, qui quelques jours plus tôt, nous avez servi d’appui pour notre pause du midi. Le soleil matinal rase avec mélancolie les couleurs hivernales. Je sens que le meilleur est déjà dernière nous, malgré les paysages splendides. Nous finissons par rejoindre le Petit Canal et devinons la mine de marbre, qui s’écoule en éboulis à nos pieds. Le vert scintillant de la pierre m’éloigne un court instant de mes pensées gelées. Il faut savoir que j’ai horreur de la glace et les prochains kilomètres vont être délicats pour ma part.

Le chemin est pourtant plat. Je trouverais péniblement chaque prétexte pour marcher sur la terre ou la neige, qui paraît encore assez craquante pour que je m’y enfonce. Mon hiver à Montréal semble déjà loin. Les matinées à descendre la rue de Champlain gelée sont révolues. Je ne sais si c’est l’âge qui me fait prendre conscience des risques ou une peur qui s’est inconsciemment glissée jusqu’à moi… mais le chemin qui semblait sympa de loin, se transforme en une mauvaise partie de poker. Après des heures qui me parurent éternelles, nous retrouvons Saint-Véran avec le temps devant nous, pour en faire le tour et apprécier ses multiples constructions faites de bois. Les beaux cadrans solaires de la plus haute commune habitée d’Europe me feront oublier mes péripéties. La montagne s’apprécie aussi au cœur des villages, autour d’une bonne gaufre locale.

De Saint-Véran à Ville-Vielle à pied, puis Aiguilles

Distance : 13,4 km
Dénivelé : 281m D+ | 885m D-

Le lendemain, il ne nous reste qu’une journée de marche avant de retrouver notre voiture. Nous voulions de Saint-Véran continuer jusqu’à Aiguilles, pour ensuite rentrer à Ville-Vieille. Mais nous avons décidé d’adapter notre parcours aux conseils des connaisseurs du coin. De Saint-Véran, nous nous dirigeons donc vers Pierre Grosse, pour ensuite continuer vers Prat Hauts afin de redescendre vers notre point de départ.

De la dernière habitation saint-vérannaise, nous croisons un patou, un magnifique chien de montagne des Pyrénées, qui s’approche vigoureusement après avoir aboyé goulument. Finalement il nous suivra sur notre première demi-journée, nous accompagnant fièrement jusqu’à notre 1er arrêt. Une petite pensée au Tour du Val d’Azun pour ma part, et je finis par mourir de honte lorsque arrivés sur une piste de ski que nous devons longer, notre gentil compagnon du jour se remet à aboyer et à courser les skieurs, à moitié confiants, à moitié craintifs. Ils mettent du temps à réaliser que le chien blanc comme neige, ne nous appartient pas et que nous n’avons aucun moyen pour le faire obéir, à part marcher vigoureusement vers nos destinations, espérant qu’il nous suive.

Nous reprenons notre route et finalement de Pierre Grosse à Vielle-Vieille ma mémoire faiblit. La neige n’est plus. La glace a repris le dessus; le dessus sur ma confiance, sur ma joie en montagne, sur ma liberté ressentie en randonnée, sur ma capacité à marcher, à avancer, à prendre du plaisir. J’ai passé des heures à me remettre en question et j’ai fini par faire de cette journée un lointain souvenir.

Bonus : les chalets de Clapeyto

Distance : 8,7 km
Dénivelé : 582m D+ | D-

Après une nuit dans une auberge à Aiguilles, nous prenons la route pour Arvieux puis Brunissard, où nous rejoignons le parking du restaurant le Jamberoute. D’ici, nous traversons les pistes de ski de fonds, empruntant le GR5 pour l’Eychaillon. De là, nous suivons les quelques groupes de soixante-huitards qui se dirigent à raquettes vers les chalets de Clapeyto. Le temps d’une pause déjeuner, agrémentée des délices du coin, nous laissons les constructions dernière nous pour œuvrer notre retour par Le Collet. La neige est ici plus sympa avec un peu moins de passage, et je regrette doucement les journées sauvages du Queyras, où l’on se croyait seuls au monde.

Notre hôte du soir nous parlera du temps où les chalets de Clapeyto étaient réservés aux gens du coin. « Petite, on y allait fin juillet pour y passer l’été, à l’époque où il y avait encore des alpages. Aujourd’hui c’est les touristes qui ont pris le dessus, et même si nous y avons toujours notre cabane, la forte fréquentation ne rend point hommage au charme de ces étés d’antan ».

Le tour du Queyras en raquettes fut une belle aventure. Un premier trek hivernal pour ma part d’une semaine, inspiré des agences locales. Le coin semble fréquenté en été et l’hiver, la priorité est donné aux skieurs. Les randonneurs sont tout de même bienvenus et je pense que le moment était optimal pour profiter du côté sauvage du parc naturel régional. Je reviendrais dans le coin lorsque les mélèzes auront revêtu leurs couleurs feux à l’issue de l’automne. Et vous, connaissez-vous le Queyras ? ♥

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