Dormir au sommet du Cabaliros

Le Cabaliros, c’est un sommet mythique du Val d’Azun. Dès que j’ai posé les pieds dans le coin, cet objectif de randonnée est revenu plusieurs fois à mes oreilles. Alors quand à travers une conversation, on m’a proposé d’y dormir au sommet, la graine fut plantée et je n’ai pas pu résister à l’envie de ressortir l’idée.

Le Cabaliros au départ de Sireix

On grimpe la piste qui part de Sireix. Les panneaux indiquent le Cabaliros. Une fois garé vers 1486 m, on bifurque à droite et non à gauche sur le GR habituel qui passe par la Tucoy. En effet, la neige est présente en ce début de printemps et il n’est pas recommandé de s’engager sur le parcours estival pour cause de dévers important. Après quelques mètres sans neige, engagés vers la cabane de Banciole, on finit rapidement par chausser les raquettes. Le Cabaliros n’est pas encore en vue, mais la grimpette s’annonce blanche, à mon plus grand bonheur.

Voilà quelques semaines déjà que je n’avais pas chaussé les raquettes. Je pensais que l’hiver avait tiré sa révérence et après quelques semaines chaudes, le froid est revenu pour un dernier clin d’œil. Je n’avais encore jamais bivouaqué en pleine neige et le Cabaliros apparaissait comme un objectif sympathique, surtout avec la vue à 360° qu’il promettait.

Après la cabane de Banciole, nous nous orientons vers le Cap de la Lillade. Je suis mon guide du jour qui est venu maintes fois par ici. On rejoint le ruisseau de Hourques que l’on devine à travers le creux qu’il dessine. Les rochers qui se dégagent de la neige encombrent mes raquettes, mais j’avance doucement sur le devers flagrant. Heureusement ce passage chaotique est de courte durée et on rejoint très vite les flancs plus lisse qui se dégagent jusqu’au Clot de la Bassette. On aperçoit le col de Contente sur la droite avant de prendre à gauche vers notre objectif final.

Le Pic du Cabaliros a joué tout l’après-midi avec les nuages et lorsque nous l’atteignons, la vue n’est pas entièrement dégagée. Je me délecte des noms des sommets qui nous entourent sur la table d’orientation et ouvre l’oeil comme une enfant. Parfois le fond blanc disparait pour laisser place à l’arrière plan, mais on est loin de l’ouverture grandiose à 360°.

Un bivouac sur belvédère

La neige parsème goulument le sol sur lequel nous nous trouvons. On commence à creuser pour caler la tente, mais finalement on se dit que le gel matinal risque de bien s’accrocher à la paroi et qu’il sera plus dur de s’en extirper. On recouvre donc les bords de la tente avec de la neige tassée et je me glisse rapidement à l’intérieur pour me changer.

C’est qu’il fait déjà froid. Après être parti vers 14h, l’arrivée vers 18h s’est rafraichie et j’appréhende un peu le reste de la soirée. La vue est maintenant complètement fermée par le brouillard épais qui s’est engouffré dès notre arrivée. Je savais que la météo ne serait pas optimale. Mais après des jours de pluie, je voulais saisir la seule éclaircie de la semaine. J’espérais que le beau temps se mêle à une nuit étoilée. Le nez sorti plusieurs fois à travers l’ouverture de la tente, je profite de quelques fenêtres à travers les nuages épais.

Je ressors plusieurs fois affrontant le froid environnant, espérant que le brouillard se transforme en grand ciel dégagé. Il faut que je me rende à l’évidence, ce ne sera pas pour la soirée.

Emmitouflés dans nos sacs de couchage, on se goinfre d’un cake aux olives, d’une soupe chaude et on fait descendre le tout à coup de whisky ou patcharan. Les souvenirs se laissent embrouillés par le brouillard et les questions qui se sont posées quelques jours en arrière… tranchantes. Les nuages ne suffisent pas à refermer la plaie.

Au petit matin, le brouillard est encore plus épais. Pas de coucher, ni lever de soleil pour se rassurer. Alors je me laisserai guider à l’aveugle par mon guide muni de sa carte et de sa boussole. La confiance est encore là. Nous redescendrons sur les flancs du Cabaliros, droit devant nous. Nous rejoindrons ensuite les fougères et la piste nous ramenant à Sireix.

Randonnée dans les Cinque Terre, une itinérance italienne

Randonnée dans les Cinque Terre : une itinérance italienne

De l’Italie, je n’avais que des souvenirs lointains d’un séjour de lycée. On était loin d’une idée de randonnée dans les Cinque terre. On était allé de Rome à Florence avec notre professeur de latin préférée, et j’avais gardé un souvenir presque immaculée de la vue sur le Duomo depuis le Campanile de Giotto. Depuis cette ode à la « dolce vita » a tenu son ancrage, mais c’est ce restaurant à Ventimille, alors que je vivais sur la Côte d’Azur, qui marqua mes papilles. Des pâtes fondantes aux tiramisu crémeux à la fraise, je m’étais dit que je prendrais un jour le train jusqu’aux célèbres photogéniques Cinque Terre.

Aller aux Cinque Terre sans avion

À l’époque, j’ai eu la flemme. Peut-être qu’il y a quatorze ans, les informations n’étaient pas ce qu’elles étaient aujourd’hui sur Internet et mon homonyme, Lucie Tournebize, n’avait pas encore sorti son livre « L’Italie en train« . Alors que j’étais domiciliée entre Cannes et Nice, l’aventure aurait pu être pu paisible que le trajet que je m’apprêtais finalement à faire en bus. Le train semble encore aujourd’hui réservé à une élite, du moins quant on a passé l’âge d’avoir en France la carte 12-25. C’est donc au départ de Toulouse (après avoir fait fumer ma voiture sur l’autoroute depuis les Pyrénées), que je m’apprête à passer la nuit dans le bus jusqu’à Grenoble. De là, ça sera 4h à dormir sur un siège de gare avant ma correspondance me menant jusqu’à La Spezia.

De la Spezia à Porto Venere

Après avoir passé la nuit et profité d’un petit-déjeuner sur la terrasse de notre airbnb à l’ombre d’un citronnier, nous partons de La Spezia, rue Garibaldi. Nous montons dans le bus qui vient tout juste d’arriver, en direction de Porto Venere. Chaque passager a un ticket en main et nous demandons à la conductrice comment ça marche. Après nous avoir expliqué que les billets s’achetaient dans les tabacs, elle nous propose de monter et de payer à Porto Venere. C’était sans compter sur les deux contrôleurs à l’arrêt suivant qui essaieront vaillamment de nous vendre un pass journée pour deux à 35€. On négocie gentiment, détaillant l’accord implicite que nous avions avec la conductrice, avant de nous acquitter d’une dizaine d’euros, les convaincant de nous laisser tranquille.

Résultat des courses : achetez vos billets bien en amont et si par mégarde vous tombez sur de gentils contrôleurs, prenez votre temps. On aura servi d’animation dans le bus.

Arrivée au cœur de Porto Venere, la météo est au beau fixe. Nous montons à l’église de San Pietro pour admirer la vue. Après une focaccia délicieuse et un café d’orzo (une belle alternative au décaféiné), nous tentons de faire un tour des îles Palmaria, Tino et Tinetto mais celui de 15h est annulé. Une semaine avant Pâques, la saison touristique ne semble pas avoir été encore activée. Nous profitons donc du calme de Portovenere pour jouer aux cartes, admirer l’eau calme et récupérer de nos trajets individuels de France et d’Allemagne. Quelques emplettes plus tard, nous reprendrons le bus en sens inverse pour un hôtel dans un petit village.

Bon plan : pour ceux et celles qui n’auraient pas peur des ronfleurs, le « Rifugio Muzzerone » semble une belle halte sur le chemin menant à Riommaggiore. Comptez une demi-heure de marche grimpante depuis Porto Venere

Les Cinque Terre en randonnée : de Porto Venere à Riommaggiore

Après avoir attendu le bus 30min sur la petite placette de la veille, nous retournons sur Porto Venere pour commencer notre marche. Le ciel est couvert mais le soleil passe à travers les nuages. La montée est rude alors le pas lent, nous avançons vers une vue sculpturale sur l’église de San Pietro. Le sentier alterne passage à couvert sous les arbres et petite enclave sur le paysage.

Vers 12h30, nous débouchons sur une petite placette jonchée de chaise et d’une caravane verte servant du café. Il est l’heure de se poser devant un point de vue sur l’océan, dégustant notre baguette achetée la veille. Trempée dans un pesto artisanal, toutes les saveurs italiennes se réveillent. Le temps change et alors que nous reprenons le chemin vers Riomaggiore, la pluie se met à tomber. Fine au premier abord, on avance imperturbable sur le sentier parsemé de pierres pas encore glissantes.

Le GR change et nous laisse avancer de petits bonheurs en arrêts photo. Malgré la brume, on aperçoit les terasses de vignes, les longeant jusqu’à découvrir le premier village des Cinque Terre au loin. Les couleurs sont aveuglées par la pluie et finalement vers 18h, nous sommes bien contentes de nous mettre à l’abri.

De Riomaggiore à Corniglia, en passant par Manarola et Volastra

Nous prenons le temps de nous promener dans les rues de Riomaggiore, la pluie ayant laissé place à une éclaircie matinale. La vue en hauteur sur le village nous dévoile les couleurs attendues des Cinque Terre.

Nous laissons Riomaggiore derrière nous, pour nous engager dans les ruelles montantes et les escaliers longeant les cultures en terrasse. La vue s’ouvre alors sur la mer bleu turquoise à flanc de falaise. Nous rejoignons Manarola pour le midi, accompagnées par les cloches de l’église.

Après un déjeuner cheveux au vent et un tour du village, nous repartons vers les vignes. Ici les ceps s’étendent en pergola, laissant les vignes basses à une époque ancienne.

Le soleil nous encourage sur la montée avant de nous laisser profiter d’un sentier plus plat serpentant parmi les champs d’oliviers. La mer n’est jamais très loin jusqu’à Corniglia.

Arrivées à destination, nous profitions d’une halte sur la place au soleil, agrémentée d’une glace rafraichissante au citron – basilic. Un délice ! Nous parcourons Corniglia de long en large, nous perdant dans escaliers montants et descendants, pour trouver notre logement du soir.

De Corniglia à Monterosso, en passant par Vernazza

Nous quittons Corniglia avec un bout de Panettone dans le ventre, nous acquittant des frais du sentier bleu en ligne. Après notre expérience auprès des contrôleurs de bus, nous voulons être en règle avant d’emprunter le chemin qui longe la mer du regard, au lieu de flirter avec l’intérieur des terres. Le parcours semble plus fréquenté qu’à notre habitude, jusqu’à Vernazza. Ici, on a quitté les vignes et les plantations en terrasse pour profiter d’une route presque pavée avec vue sur la mer.

Vernazza nous accueille avec la pluie et c’est sous une arche que nous dégustons notre tapenade achetée le matin même. Après un café d’orzo, on s’attèle à nouveau sur le chemin censé nous accompagner jusqu’à Monterosso. La pluie s’accentue. Nos pieds accélèrent la cadence, jonglant entre les marches et les pierres mouillées et glissantes. Arrivées complètement trempées, Monterosso nous apparaîtra trop humide pour que l’on veuille s’y attarder. Nous prendrons donc le train pour Levanto (5 min = 5 euros) avant une bonne douche chaude et la pizza du soir.

Quitter les Cinque Terre, pour une journée à Portofino

Nous avons quitté complètement les Cinque Terre, mais nous voulons profiter de notre dernière journée de voyage. Alors ce matin, on se lève tôt pour chopper le train de 8h11 nous menant jusqu’à Santa Marguerita, une jolie ville toujours en Ligurie. Le train a un peu de retard, alors nous avalons notre petit-déjeuner à la gare. Trente minutes plus tard, le bus pour Portofino s’attrape au pied de la gare. Pas de soucis de ticket cette fois-ci, il suffira de passer sa carte de paiement devant la machine du fond. Nous partons de bon matin sur les routes en lacet, qui longent la Méditerranée.

On découvre Portofino avant 10h, au calme. Les serveurs installent les couverts du jour, tandis que nous prenons le chemin du château, puis du phare. Après une courte balade, on re-traverse le centre pour 1h30 de randonnée jusqu’à San Fruttuoso et son monastère. Je pensais offrir à mon amie, une escapade intime sans foule au cœur d’une jolie baie sauvage. Que nenni ! Au loin, la plage semble blindée et pourtant il ne me semblait pas avoir croisé autant de randonneurs. Assises sur la plage de galet, dos au monastère, on observe les bateaux qui déversent leur dégueulis d’humains venus, eux-aussi, admirer ce lieu atypique pour un édifice religieux.

Après une courte sieste et un pique-nique à l’italienne, nous faisons chemin inverse, profitant de la fraicheur des arbres après ce bain de soleil. On retrouve Portofino qui s’est bien rempli, entremêlant randonneurs et jet-set.

Il faut serrer des coudes pour monter dans le bus du retour. On finira par retourner à la gare, serrées comme des sardines. Heureusement on arrivera avant la fermeture du supermarché à côté de chez nous, pour profiter d’une soirée tranquille au cœur de Levanto et se délecter une dernière fois de ces aubergines grillées à l’huile d’olive.

Les Cinque Terre : sur ma faim

Un retour en bus pour la France

Le lendemain, j’aurais à nouveau dû prendre un bus de nuit et poiroter 4h en bord de route à Gênes, en plein milieu de la nuit. Je ne sais pas si c’est la pandémie ou si j’ai passé l’âge de telles aventures. Quoi qu’il en soit, j’ai fini par changer mon billet de bus pour un autre de jour.

Je prends donc le train pour Gênes, quittant mon amie assez rapidement pour ce que je me dis être un voyage « plus confortable ». Je profite de ma correspondance pour longer le port et me retrouver face à une foule de touristes en émoi. Il me faut que peu de temps pour faire demi-tour et me réfugier sur le fauteuil qui m’accueillera pour 10h de route. Qu’est-ce que j’imaginais finalement ? Me retrouver en hors saison sans personne ? On n’est plus les seuls à chercher l’authentique, le privilège de découvrir une destination sans peu de monde. Quelle idée finalement ! Je crois que ma vision romantique du voyage est révolu. Du moins, je n’avais pas profité de l’Europe depuis quelques temps. Peut-être que les montagnes m’ont rendu plus rustre ou plus encline à me « réfugier » dans la nature.

Randonnée dans les Cinque terre

Les Cinque Terre finalement, je suis ravie de les avoir parcouru à pied. Cette randonnée itinérante en Italie nous aura permis de s’en approcher doucement. Sous les arbres clairsemés, c’est des senteurs, des clins d’œil à la mer et des plantations à main d’hommes qui nous auront bercé d’illusions pendant une semaine. On ne nous avait pas menti sur les couleurs de Riomaggiore, Manarola, Corniglia, Vernazza et Monterosso al Mare. Mais l’impression que ces cinq villages n’ont plus âmes qui vivent, est restée bien ancrée. À chaque balade, ce sont des appartements en location, des petits bouts de paradis à vendre, des restaurants sans saveurs et des serveurs devant prendre le train de retour chez eux. Heureusement la terre nous permet de voir au delà du tourisme de masse et on se délecte des petites choses parsemant le sentier.

Je quitte l’Italie à moitié assoupie, me réveillant un peu avant la frontière, à temps pour profiter des montagnes lointaines. Un coup d’œil à Monaco et ce sont quatorze années de vie qui défilent par la fenêtre. L’Italie m’aura ramené sur la Côte d’Azur le temps de quelques kilomètres et c’est doucement que je rentrerais chez moi, laissant mes pores s’imprégner encore un peu du voyage.


Comment organiser sa randonnée itinérante dans les Cinque Terre ?

Pour retrouver tous les itinéraires de randonnée dans les Cinque terre en Italie, rendez-vous sur le site : https://www.cinqueterrehike.com/fr/

Pour ma part, j’ai trouvé notre itinéraire de 3 jours de villages en villages, assez équilibré. On profitait de se lever tranquillement le matin, nous laissant le temps d’arpenter les rues pavées brouillées par la pluie de la veille, de nous poser pour déjeuner et d’avancer tranquillement au gré des marches et des plantations en terrasse.

Aller plus loin

Randonner sur l’Overland Track en Tasmanie

Avant de quitter la Tasmanie pour rejoindre Melbourne et laisser l’Australie derrière moi pour toujours, j’accompagnais un ami sur l’Overland Track. Ce trek de 65 km, si on se cantonne à ne pas faire de détour, nous propose de nous enfoncer au cœur de vallées sculptées par les glaciers, de forêts tropicales anciennes, de landes dorées par les buttongrass et de belles prairies alpines. Cette randonnée tasmane a un coût. L’espace naturel étant très fragile, l’accès est limité à 40 visiteurs par jour. Il faut donc réserver en amont, du moins pour la saison estivale.

Je laissais donc toutes mes possessions dans le coffre, sur ce parking que j’avais croisé un an plus tôt. Nous nous tenions à l’entrée du parc national de Cradle Mountain au cœur d’une météo mitigée. Le désavantage de devoir réserver son créneau de randonnée, c’est qu’il devient impossible de décaler en fonction du temps. Nous étions fin mars et l’été nous avait quitté prématurément.

Jour 1 : de Ronny Creek à Waterfall Valley sur l’Overland Track

Nous partions donc en milieu de matinée, après avoir ajusté nos sacs, remplis de denrées pour la semaine. Nos capuches vissées sur la tête, nous avancions de Ronny Creek au Crater Lake. Le « Marions Lookout » ne nous déçut pas, nous offrant des vues presque ensoleillées derrière les gros nuages gris de la matinée, sur la célèbre Cradle Mountain.  

Un an auparavant alors que je donnais un coup de main dans un petit village en autarcie, mes hôtes m’avaient déposé au même endroit afin que je puisse gravir son sommet, haut de 1545 m. Du point de vue, il fallait pousser jusqu’au Kitchen Hut, pour entreprendre ensuite l’escalade de ces gros blocs de pierre arrondis par l’érosion. Seule, j’avais dû lutter contre un vent tenace, afin de ne pas perdre l’équilibre dans ma progression jusqu’au sommet. Remplie de ce souvenir d’aventure en solitaire, je me tournais vers Ben : « Je ne pense pas que nous puissions gravir Barn Bluff aujourd’hui ! ».

Barn Bluff, c’était cet autre sommet, la 4ème plus haute montagne de Tasmanie, qui inondait les photos de ceux qui s’aventuraient dans le coin. Il avait cette forme de pic bien raide, qui semblait être le prolongement du chemin en bois, agrémenté de fil de fer râpeux, qui soutenaient nos pieds. Ce jour-là, le sommet disparaissait sous une immense couche de nuages tristes et épais, nous garantissant une vue vide en haut de ce dernier.

Le terrain était de toute façon humide et nous ne voulions prendre aucun risque dès le 1er jour de notre itinérance. C’était donc confiants, que nous refermions la porte de notre première cabane du soir.

Jour 2 : De Waterfall Valley à Pelion

Le lendemain, la météo n’avait pas changé. Le manteau duveteux était devenu plus dru et nous avancions bien emmitouflés. Les petits lacs semblaient se transformer en grosses flaques dégoulinantes par endroit. Je m’attardais sur les détails. Ceux de mon visage rougi par le froid, celui des baies humides ou encore la végétation changeante et les rares éclaircies. Vers 12h, le temps pluvieux semblait s’apaiser. Les rayons du soleil finirent par éclairer doucement le bout pointu des Gymnoschoenus sphaerocephalus ou « buttongrass ». Ces plantes typique de Tasmanie ressemblait à une touffe d’herbe, mélange de rouge et vert tendre, partant d’un même point. Des buttongrass, nous rencontrions les eucalyptus, puis les landes, avant de plonger dans une ambiance plus alpine. Nous doublions l’étape, pour atteindre ce soir-là la spacieuse cabane Pelion, afin de pouvoir le lendemain entreprendre un détour optionnel, sous une météo plus clémente.

Jour 3 : De Pelion à Kia Ora, en passant par le Mont Ossa

Du Pelion à Kia Ora, il n’y a qu’un pas… et le plus haut sommet de Tasmanie : le Mont Ossa. C’était plutôt sympa comme clin d’œil. « Kia Ora » signifie « portez-vous bien » en Maori et est utilisé pour dire bonjour. Ce bout de Nouvelle-Zélande nous portait chance, puisque le soleil avait décidé de pointer le bout de son nez pour la journée. Ça grimpa rapidement au cœur de la forêt humide, tandis que j’osais à peine happer chaque rayon de soleil qui se faufilaient jusqu’à moi.

Ce fut de Pelion Gap que nous bifurquions. Ce plateau alpin exposé nous offrait des promesses de toute beauté. Comme retombée en enfance, je sautais gaiement de pierres en pierres, qui avaient été posées là pour former un chemin sécurisé sur sol boueux. Si nous devions comparer un pays européen à la Tasmanie, je penserais à l’Irlande, pour ses quatre saisons en une journée quelle que soit la partie de l’année. Le Mont Ossa saisissait de son air d’orgue planté là, telle une cathédrale. Nous avancions parmi les rochers, tandis que la neige parsemait les plus gelés. Hors, nous n’étions pas les seuls ce jour-là au sommet et lorsque mes chaussures mouillées en touchèrent le sol, nous partagions tous un sourire de satisfaction.

Ben et moi déjeunions en altitude avant de redescendre vers notre cabane du soir à quelques heures de là. Je commençais à fatiguer de ces derniers jours froids. Mes nuits précédentes avaient été glaciales et je me réveillais souvent en pleine nuit pour grignoter, car un ami australien m’avait dit « mange pour te réchauffer ».

Jour 4 : de Kia Ora à Pine Valley Hut sur l’Overland Track

Cette nuit-là fut la même. Je me réveillais en sursaut pensant qu’une souris tapait déjà dans mes amandes qui me maintenaient en vie la nuit. Mais les autres randonneurs finissaient toujours par se retourner dans leur sac de couchage alors que je semblais enfin avoir trouvé une position confortable. Le petit matin se levait à peine qu’ils étaient déjà entrain de faire chauffer leur café. Je profitais encore un peu de la moindre pointe de chaleur émanant de mon sac de couchage bien trop fin, avant de m’extirper de là avec la sensation d’avoir passé une courte nuit.

Puis on recommençait à marcher comme la vieille, parmi les flaques parsemant le chemin déjà de boue. Mais à chaque fois la magie revenait. Celui d’un petit détail au détour du sentier, celui d’un bout de mousse irisée, d’un tapis naturel multicolore, entre les eucalyptus qui se déplument.

Jour 5 : de Windy Range à Pine Valley Hut avec l’option Acropolis

A l’aube du cinquième jour, on quittais Windy Range pour Pine Valley Hut, une cabane à une heure et demi de marche de la route principale. Nous l’atteindrons pour 12h. J’avais proposé à Ben, la veille, de monter jusqu’à la montagne Acropolis. Celle-ci est enneigée au sommet et la vitalité me manque à cet instant là. Je laisserais Ben l’atteindre seul, un peu dégoutée de ne pas m’être motivée jusqu’au bout. J’en profiterais pour tenter de faire sécher mes chaussures, mouillées depuis le 1er jour. Ben ravi me ramènera des photos et nous profiterons de notre dernière nuit sur l’Overland Track.

Jour 6 : de Pine Valley Hut au lac Saint-Clair

Nous étions le 3 avril et il était temps d’entamer notre dernière journée de marche, la batterie de mon appareil photo nous laissant seuls à admirer pour la première fois le lac St-Clair. Ben et moi ne voulions pas le traverser en bateau pour atteindre l’autre rive. Nous profitions des derniers instants pour en contourner la rive, doucement, et trouver une voiture pour nous ramener à notre point de départ.

L’Overland Track fut mon premier trek d’une semaine. Il s’en est passé des choses depuis. Même si je chemin n’est pas compliqué en tant que tel, il faut un brin de mental pour affronter la météo capriceuse de ce bout de pays. Ici on ne sait jamais quel temps en aura et ce sera probablement de la pluie. Mes pieds mouillés s’en souviennent. J’étais mal équipée à l’époque et les moyens du bord m’avaient finalement suffit à boucler cette semaine humide. Pendant ces quelques jours en pleine nature, j’avais complètement oublié les péripéties scandaleuses qui venaient de m’arriver (mais ça, c’est une histoire à retrouver un jour dans un livre) et j’étais à nouveau prête à mordre la vie à pleine dent.

5 randonnées accessibles dans les Hautes-Pyrénées

Juste après mon installation hivernale dans le coin, j’accueillais ma famille et des amis pour les fêtes de fin d’année. J’avais envie de les emmener en balades… Mais où partir quand on a déjà parcouru le Lac de Gaube, le Lac d’Estaing ou le Cirque de Gavarnie ? Au départ du Val d’Azun, j’ai trouvé quelques idées de randonnées accessibles dans les Hautes-Pyrénées. La plupart d’entre elles offrent de belles vues dégagées. J’espère qu’elles pourront vous inspirer vous aussi, à vous éloigner des grands classiques.

Le lac d’Isaby, une balade accessible depuis Hautacam

Distance : 4,4 km aller-retour
Dénivelé : + 79m, – 129m
Niveau : facile

Nous prenons la route en direction de la station d’Hautacam, pour nous garer au parking du Col de Tramassel. La route laisse place à la piste jusqu’au Col de Moulata, que nous decidons d’emprunter à pied. Du col, le chemin bifurque vers la droite et nous faisons attention à bien obliquer pour ne pas nous laisser emporter par le chemin de découverte, menant à la Hourquette d’Ouscouaou. De toute façon, le lac se repère de loin et nous descendons tranquillement vers lui pour l’atteindre pour le pique-nique de 12h. Nous optons pour la vue sur la butte, avant de nous approcher un peu plus près pour admirer son nappage gelé. Nous prenons un peu de hauteur en direction du Lac dets Plagnous, puis faisons demi-tour pour retrouver le col de Moulata.

Ascension du Mont de Gez, randonnée facile dans les Hautes-Pyrénées

Distance : 2,2 km aller
Dénivelé + 371
Niveau : facile

Nous partons de Arras-en-Lavedan, joli village du Val d’Azun à 5 min d’Argelès-Gazost. On peut se garer sur la place de la poste, à quelques pas du super bistro-librairie que j’adore. Nous montons sur le chemin de Pouy Ardouin et bifurquons à gauche sur un sentier en forêt par le Cap de Pène. Celui-ci croise un autre chemin que nous prenons à gauche, afin de rejoindre le sentier de découverte. On s’imprègne de la vue et des petites maisons sympas, avant de prendre à droite en suivant les œuvres d’art qui ont été posées ça et là sur le chemin.

Arras-en-Lavedan est surnommé « village d’artitude« , grâce à l’exposition contemporaine qui compose l’endroit. Le Mont de Gez n’y échappe pas et c’est accompagné de ces ajouts sur le chemin, que nous rejoignons le sommet, nous offrant une magnifique vue à 360° sur les Hautes-Pyrénées. Au retour, nous suivons le panneau qui nous mène à Arras-en-Lavedan par la gauche cette fois, nous offrant l’opportunité d’une petite boucle, retournant ensuite sur le chemin de Pouy Ardouin.

Le lac Bleu des Hautes-Pyrénées, au départ du Chirolet

Distance : 12 km aller-retour
Dénivelé : +/- 893 m
Niveau : moyen

Nous partons du parking du chirolet, après Bagnères-de-Bigorre dans le prolongement de la Vallée de Lesponne. Nous remontons légèrement sur la route pour bifurquer à gauche et suivre le chemin montant sur les gravillons. Pas de difficulté technique annoncé si ce n’est le dénivelé qui nous accompagne progressivement tout au long de la randonnée. Le chemin est bien tracé et il est quasiment impossible de se perdre jusqu’à la retenue d’eau, qui semble offrir une grande piscine naturelle bétonnée. De là, l’herbe s’offre délicate sous nos pieds, avant de retrouver les pierres, un peu plus grosse cette fois.

D’épingles en épingles, nous montons en prenant le temps de pause photos, seuls au monde en cette matinée d’un mois de décembre réchauffé. Pourtant ce jour-là, il fera froid et le soleil ne pointera son nez qu’à la cabane au bord du lac bleu, où nous trouverons refuge le temps d’un repas. Le vent est sec et froid, le lac bleu apparaissant sous des airs islandais. Les derniers passages glacés annonçaient pourtant la couleur. Cette randonnée est conseillée de mai à novembre, pour éviter les mésaventures gelées. Nous redescendrons sur le même chemin, rencontrant des familles débutant leur balade en début d’après-midi.

Le lac de Soum, une randonnée accessible au départ de Couraduque

Distance : 15 km
Dénivelé : +/- 390m
Niveau : facile

Le Lac de Soum, je le connais pour l’avoir rencontré sur mon tour du Val d’Azun, à l’automne 2021. Bizarrement le mois de décembre ensoleillé de 2022 nous offre la possibilité d’y revenir sous un soleil de fin d’année. Nous partons cette fois du col de Couraduque, dont la vue du parking est déjà sympa. Couraduque est connu pour être une station de ski de fond. Pourtant il est difficile de se l’imaginer avec l’absence de neige de ce mois de décembre.

Du col de Couraduque, nous remontons de 100 m+ jusqu’au col de la Serre pour rejoindre la petite cabane jaune, qui nous mène au col de Bazès par la gauche. De là, nous empruntons le GR101, préférant la boue au sentier de découverte bétonné en contre-bas, pour passer par le Cap de Castère (où nous ferons un petit détour par admirer la vue) et la crête de la Serre. Le Lac de Soum finira par se dévoiler, avant même d’atteindre le col au même nom. Nous resterons sur la crête pour profiter de la vue, avec le Petit Gabizos enneigé devant nous, puis nous retournerons sur nos pas, optant pour le chemin de la fontaine de la Taillade entre le Col de Bazès et le Col de la Serre.

Le Pic de Pibeste, un belvédère sur les Hautes-Pyrénées

Distance : 6 km aller-retour
Dénivelé : 608 m D+ et D-
Niveau : Moyen

Pour atteindre le Pic de Pibeste, nous optons pour un départ de Ségus. Les pentes y sont raides, avec un dénivelé total plus petit qu’en partant de Ouzous. Je vous conseille cependant de partir d’Ouzous et de monter par le sentier de découverte, si vous souhaitez une marche plus progressive, surtout accompagné d’enfants. Le Pic du Pibeste n’est pas forcément considéré comme une randonnée facile dans les Hautes-Pyrénées.

C’est du parking de Cap de la Serre que nous partons. Le sentier est indiqué d’un panneau et c’est sur un début de route que notre aventure commence. Le bitume est rapidement remplacé par un sentier forestier. Le chemin monte progressivement mais semble ne jamais offrir de répit. Nous bifurquons à gauche pour rejoindre le Mail d’Arréou, nous offrant une vue déjà sympathique sur les alentours.

Alors que nous pensions être arrivé, notre regard se pose sur le panneau devant nous. Nous prenons la direction du Col d’Oustu dans une montée raide. On s’engage à nouveau au cœur d’une forêt, profitant des racines pour que nos pieds puissent prendre appui parmi les feuilles mortes. Arrivés au bout, nos pieds jouent aux équilibristes puis finissent par tourner à gauche, attirés par l’antenne du Pic. Au sommet, nous profitons d’un instant pique-nique cheveux au vent avec un belvédère magnifique sur la vallée et les Hautes-Pyrénées. Le retour se fera par le même chemin, doucement, afin de ne pas glisser sur les feuilles jonchant le sol et le dénivelé saillant.

Et vous, quelques idées de randonnées accessibles dans les Hautes-Pyrénées ?