Posted on septembre 11, 2020
Montpellier, le temps d’un week-end prolongé
Je n’avais de Montpellier que cette image biaisée, datant de mes années clubbing. A l’époque j’avais doucement pris confiance en moi en montant sur les podiums toulousains, où je lâchais mon corps quelques heures sur des morceaux de ce qu’on appelait la « minimale », un doux son électronique qui mêlait rythme et instrumental. De Monegros en Espagne au Time Warp à Amsterdam, j’avais du faire quelques soirées à Carcassonne ou Narbonne et c’était alors au tour de Montpellier, de nous dévoiler son caractère de « capitale du clubbing » de l’époque. Je me souviens avoir pris le tram, avoir fait du stop et avoir rejoint le coin des boîtes de nuit, où l’on trouvait l’after le plus célèbre du pays. Je n’avais donc rien vu de la ville… et mes quelques passages à la gare, en correspondance, ne m’avait laissé qu’un goût de destination prépubère où les gens viennent pour faire la fête. Je crois que j’avais cette image de ville sale, enfumée comme je pouvais l’être en soirée, marchant sur un sol poisseux où l’alcool avait malencontreusement dégouliné. Quelle ne fût ma surprise lorsque je décidais enfin de visiter cette ville le week-end dernier, soit plus de dix ans après !
Se perdre quelques heures dans la ville
Arrivée en gare St Roch, je sortais sous un grand soleil, surprise de voir autant de monde marcher dans les rues. A quelques pas à peine, me voilà au cœur du square Planchon, où le brin d’herbe et les quelques bancs donnent envie de s’asseoir, se poser et respirer à plein poumon, le temps de regarder les passants s’en allaient vers la place de la Comédie. Je les suis, faisant attention de ne pas me prendre une trottinette, qui semble avoir plus confiance en sa vélocité que les vélos eux-même. Un petit arrêt vers l’Opéra et c’est vers l’Office de Tourisme que je me dirige. Ma curiosité me traine jusqu’à la libraire Sauramps, que j’avais découverte dans l’article de Tania. Moi qui n’aime pas beaucoup les grosses librairies, celle-ci m’entraîne inexorablement de rayons en rayons, avec l’envie d’acheter tous les livres sur lequel mon regard se pose.
Mais il est temps de continuer car j’ai envie de faire le tour de la ville à pied. J’aime me balader seule dans un nouveau lieu, laissant mon instinct choisir la prochaine rue.
C’était sans compter l’appel de ma tante qui me propose de la retrouver place de la Comédie, alors que je commençais à peine à m’engouffrer au cœur du Corum. Volte face, c’est donc dans les quartiers Saint-Roch, Saint-Anne et à travers les ruelles de l’Écusson que nous déambulons le reste de l’après-midi.
Je me retrouve alors au milieu d’une ville ensoleillée, dont les murs jaunes pâles accueillent doucement chaque rayon de soleil. Les rues sont animées, avec leurs petites boutiques et leurs cafés. Ce n’est pas comme à Toulouse où tout paraît concentré sur quelques lieux. Ici chaque coin de rue semble vivant et on a envie de s’y promener longuement, pour en absorber chaque instant. Que c’est agréable de pouvoir marcher sans voiture ! Nos yeux peuvent alors se concentrer sur les petits détails, les plantes posées ça et là, et les murs en trompe l’œil. Je suis agréablement surprise par la ville et m’imagine même y vivre… cela le temps d’un après-midi.
Le soir, je pars faire un tour à la promenade du Peyrou, espérant trouver le soleil couchant. Je rejoins mon amie et nous irons prendre un verre à la Casa Cubano, qui offre tous les vendredis soirs une soirée salsa… mais c’était sans compter sur la COVID.
Montpellier et ses musées
Le lendemain, je propose à mon amie d’aller faire un tour au MO.CO. Hôtel des Collections, car ils ont une exposition sur l’Amazonie. Pour la petite histoire, j’ai rencontré cette fille lors de mon expatriation en Côte d’Ivoire, notamment autour de la forêt de Taï. On avait donc envie de se plonger dans une expo nature, au cœur des odeurs et couleurs d’une forêt primaire. Ce musée qui se trouve dans le prestigieux hôtel particulier Montcalm, non loin de la gare, est ouvert depuis 2019 (à ne pas confondre avec le MO.CO. Panacée donc). Il propose des expositions temporaires dont l’entrée est gratuite pour les demandeurs d’emploi (8€ pour les autres en 2020).
Nous sommes arrivées sans le savoir, au moment où une visite guidée gratuite était proposée. Celle-ci fut passionnante et les quelques œuvres choisies et expliquées, exquises. Les tableaux ci-dessous m’ont particulièrement marquée. Ils représentent tous les deux l’Amazonie. Le premier montre que même si on souhaite la contrôler ou la mettre dans une « case », la nature reprend toujours ses droits. Je trouvais que c’était une belle référence à l’être humain également. Le deuxième tableau a été dessiné au charbon. Derrière cette végétation dense et magnifique, on découvre en s’approchant des dessins connus, de personnes combattant, rappelant que l’Amazonie a toujours été un lieu de lutte, que ce soit pour les peuples y vivant, ceux l’exploitant et le fait que géographiquement la forêt se trouve sur plusieurs pays.
En sortant (ou en entrant) du musée, on se retrouve dans un Jardin des Cinq Continents, où l’envie de se poser persiste. On finira par prendre la direction du jardin botanique, afin de profiter d’un petit goûter au Coffee Club, rue St-Guilhem à quelques minutes des meilleurs odeurs de café de la ville (au Café Solo).
Le lendemain matin, j’irai faire un tour au Musée Fabre, plus classique, qui est gratuit tous les premiers dimanches du mois.
Le jardin botanique de Montpellier
Pour bien finir notre journée, c’est au Jardin Botanique que nous faisons un tour. Je ne suis jamais très fan de ces jardins… car je les trouve souvent trop bien organisés ou trop peu exploités. Je garde précieusement les souvenirs du magnifique jardin botanique de Singapour, et depuis les autres sont souvent que de pâles copies. Nous voilà néanmoins, déambulant au cœur du plus ancien jardin botanique de France ! Et je trouve que sa vieillesse lui offre un côté moins aménagé qui ne manque pas de charme. De l’ancien observatoire aux nénuphars géants, des fleurs orangé et plantes médicinales, nous arrivons devant ce vieil Oranger des Osages (photo à droite ci-dessous).
Le jardin des plantes a été fondé en 1593 et fait partie intégrante de la Faculté de Médecine de Montpellier, adjacente. A l’origine destiné à la culture des plantes médicinales (qui servaient à l’enseignement), le jardin est vite devenu un outil d’étude botanique, avec l’intégration de plantes exotiques. J’en suis repartie conquise !
L’ Université de Médecine de Montpellier, qui a fêté ses 800 ans le 17 août 2020, est la plus ancienne du monde occidental encore en activité. C’est en 1181 que le seigneur de Montpellier, Guilhem VIII, accorde le droit d’exercer et d’enseigner la médecine à tous. C’est d’ailleurs au cœur de ses bâtiments historiques que l’on trouve le Conservatoire d’Anatomie et le Musée Atger (que je n’ai pas eu le temps de visiter). L’ histoire nous dira même que Rabelais, Rondelet ou encore Nostradamus l’ont fréquenté !
En plus d’être le berceau de l’enseignement de la médecine, Montpellier (construite au Moyen-Âge) était le principal port d’entrée des épices en France au XIIIe siècle.
Montpellier et les plages alentours
On le sait maintenant, Montpellier est géographiquement bien situé. Dans le sud de la France, à quelques coups de pédale de la Méditerranée, Montpellier offre des escapades variées à ceux qui veulent prendre le temps. A l’Est de la jolie petite ville de Sète, à l’Ouest du Parc naturel Régional de Camargue et au Sud du Parc national des Cévennes, Montpellier a le goût des villes où on aurait envie de revenir pour redécouvrir les trésors cachés de son enfance, lorsqu’on parcourait les routes de France, petite en camping-car avec ses parents.
A défaut de pouvoir aller aussi loin le temps d’un week-end, nous avons opté pour l’option plage que je n’avais pas vu de l’été. Nous avons mis un moment à nous décider car la variété des plages semblait à la clé. Palavas-les-Flots est certainement la plus proche et donc la plus facile d’accès. J’en avais une image de plage « construite et bétonnée » et la photo de gauche peut le confirmer (Palavas au loin derrière les dunes). Mon amie me parlait de la plage du Pilou à Villeneuve-lès-Maguelone, petite, jolie et accessible en bus + vélo l’été. L’ offre n’étant plus valable début septembre, nos cœurs penchaient pour la plage des Aresquiers, accessible en bus et celle de l’Espiguette où il faut prendre le bus jusqu’à Grau-du-Roi puis marcher 1h pour y accéder, une fois l’été passée.
Nous décidons de partir à l’assaut de la plage de l’Espiguette, rejoignant des amis véhiculés au Grau-du-Roi. Nous prenons le tram n°1 jusqu’à Place de France puis le bus 606, nous laissant au Centre hélio marin. Ce dimanche – là, le bus était plein… ni une ni deux, mon amie appelle l’Office du Tourisme afin de savoir qu’en arrivera le prochain, et le chauffeur qui nous accueille nous explique qu’il est venu suite à notre appel. Sans ça, on aurait surement attendu 2h… Comme quoi, n’hésitez pas à les contacter si vous êtes plusieurs personnes à attendre.
La plage de l’Espiguette fait partie du Grand Site de la Camargue gardoise. Du parking, il faut encore marcher une centaine de mètres pour accéder à la plage, longue de dix kilomètres. Il y a encore un peu de monde en fin de journée, mais la plage est assez grande pour se trouver une place éloignée. C’est ça qu’on était venu chercher: une plage encore sauvage, une eau fraiche, tout ça loin des immeubles dénaturalisant souvent les bords de la Méditerranée. De nombreux kife-surfeurs profitent des vagues et du vent. Ce dernier est frais… On le sait, c’est déjà la fin de l’été.
Petit stop à la plage du Grand Travers au retour vers Montpellier
Petit stop à la plage du Grand Travers au retour
Updated on août 12, 2020
Randonnée secrète au cœur de l’Ariège sauvage
Août 2020.
Il y a des randonnées au fin fond de l’Ariège dont on tairait bien le nom.
Un week-end bivouac improvisé à la dernière minute, alors que tu es déjà partie en rando deux jours avant.
Une connaissance qui a crapahuté dans le coin, un lieu que l’on reconnait pour y être venue quelques semaines avant, un brin plus bas, coincés par la transhumance.
Les petites fleurs aux couleurs pastels se dérobent sous nos yeux aguerris et curieux.
On se lance sur un chemin balisé de gros points orange pourtant discrets, à travers les rochers plantés ça et là et un brin de boue au milieu.
On descend sur le flanc de la montagne dont on arrache quelques touffes d’herbes, malgré nos pieds virevoltant à droite puis à gauche pour éviter de se tordre une cheville ou de glisser en contrebas.
On se rêve à danser avec nos sacs plus lourds qu’à l’accoutumée, on prend le temps de se poser au bord de la rivière, éclipsant un instant la chaleur torride d’une journée caniculaire.
Une longue pause, certains se laissant sécher au soleil, puis on repart d’un pas plus précis qu’à 11h.
On a encore du chemin jusqu’à notre cabane de hobbit, qui se laisse fondre dans le paysage avec son toit végétal.
On zigzague à travers les herbes basses et marécageuses. On ne manque pas d’offrir un bain de boue à nos chaussures, celles qu’on avait fraichement lavé après notre dernière aventure.
On finit par arriver, comme au creux d’un cirque, tout poisseux mais heureux de cette belle échappée.
Les habitués de Massat ont déjà pris possession des lieux. Ils nous piquent à coup de mots, nous accueillant malgré eux dans leurs cœurs ariégeois. C’est qu’on est cinq toulousains sur six.
On installe nos tentes, un brin en avance pour aller profiter de l’étang plus en haut. Deux seront déjà partis au pic, tandis que nous avançons sans chemin mais avec un chien, 200 m au dessus.
L’ étang nous accueille à bras ouverts parmi les bébés grenouilles du bord de rive, seuls au milieu des montagnes. L’ eau fraiche nous rembobine. On serait presque prêt à repartir pour une seconde étape, mais la raclette nous attend. Avec 24 kg sur le dos, notre guide du jour nous a porté quelques patates et une bouteille de vin blanc.
On papote, on laisse chauffer la braise tandis que le fromage s’étale de tout son long dans la gamelle.
On profite de cake salé et brownie maison, de banana bread et autres provisions.
On éteint nos torches tandis que les étoiles prennent place à travers les nuages.
On se réveille au son des voix ariégeoises. On sort doucement de nos rêveries avec un thé bien chaud, avant d’aller ranger nos affaires. On peste intérieurement contre un départ tardif, car on sait au fond que l’orage s’en vient dans l’après-midi. C’est marrant comme l’intuition en pleine nature prend tout son sens, mais l’effet groupe aura souvent raison d’elle et c’est vers 9h30 que nous décidons d’aller voir un autre étang.
Le chemin est vague et on finit par s’aventurer hors sentiers parmi les fleurs et senteurs épicées. La pente s’élève à 60° et on regardera le ciel s’épaissir de nuages foncés, avant de ne faire demi-tour brusquement sans concertation.
C’était sans compter la brebis aventureuse, un de nos acolytes qui a choisi de s’aventurer seul sur un autre versant afin de nous retrouver à l’étang.
Inquiétude, rafraichissement au cœur du torrent, retour à la cabane dans l’espoir de retrouver notre camarade. Le ciel s’assombrit et l’orage finit par s’avancer, grondant au loin qu’on n’y échappera pas.
La cabane est maintenant vide. On s’y émisse lentement, comme contraint à prendre l’abri cherchant à éviter la pluie fulgurante qui s’annonce. Ce sera la grêle qui fera teinter la tôle, le toit végétal absorbant les chocs.
Puis surviendra au milieu de nulle part, notre camarade trempé de la tête au pied, qu’on aurait bien voulu engueuler. Mais le soulagement finira par prendre le dessus et on reprendra la route à la prochaine éclaircie… ah non, finalement sous la pluie, le tonnerre s’éloignant plus loin.
Le retour fut plus long que prévu, la montée à flanc de montagne glissante. On aura perdu l’envie de danser au cœur des montagnes ariégeoises, ne souhaitant qu’arriver en haut de la piste où nous avions garé nos voitures.
La concentration est à son maximum, le silence nous suit, la montagne grondant au loin, nous engueulant presque d’avoir été aussi téméraires face aux éléments.
On s’octroie un pot Aux Cabanes, puis un restaurant en terrasse pour finir en beauté cette riche aventure. Aux sabines et à toutes ces figures féminines, la terre mère nous réserve encore de belles surprises.
Posted on mai 29, 2020
Randonnée dans les Pyrénées: Les lacs de la Vallée du Lys
△ 17 km / 1400 m + et 1340 m – / 10 h en boucle avec pause / TRACE GPX
Comment rejoindre la Vallée du Lys ?
Après avoir rejoint Bagnères-de-Luchon en covoiturage au départ de Toulouse, nous suivons la route vers Hospice de France (D125). Nous bifurquons ensuite à droite sur la D46 vers la Vallée du Lys. Trois kilomètres plus tard, nous continuons tout droit pour trouver une auberge et un parking rempli de voitures, laissant la route qui monte à Superbagnères.
Je suis assez surprise par le nombre de randonneurs au départ de cette boucle de 17 km. Certains ont pris leur sac de couchage et leur tapis de sol pour passer le week-end prolongé en altitude. D’autres décident de faire un aller-retour jusqu’au Lac Vert, premier lac sur le sentier. Je n’avais pas vu autant de monde randonner depuis ma traversée des Pyrénées-Orientales sur les chemins de la Carança. C’est peut-être l’effet du « déconfinement » ou seulement un chemin réputé dans les Pyrénées. Je n’avais pourtant jamais entendu parler de la Vallée du Lys jusqu’à présent, mais son nom ne m’inspirait qu’un délice poétique peuplé de lacs.
Randonnée en boucle dans la Vallée du Lys
Du parking au Lac Vert en contre-bas
Nous quittons le parking, à 1140m d’altitude, pour rejoindre le chemin balisé qui monte au Lac Vert, indiquant le refuge du Maupas. Nous commençons au cœur d’une prairie pour finalement monter en lacet dans une belle forêt de hêtres. Après 2 mois sans sport, la reprise est tendue et je me répète que la première demi-heure est toujours la plus dure, pour m’encourager.
Nous finissons par arriver au pré de l’Artigue, que nous traversons en prenant à gauche toujours en direction du refuge (laissant le Gouffre de l’Enfer à notre droite). Après un petit bois, nous apercevons nos premières cascades. Je suis souvent très enthousiaste à l’idée de faire des randonnées au bord l’eau, me replongeant en enfance lorsque je traversais les rivières sautant de cailloux en cailloux. Le bruit de l’eau appelle souvent chez moi à une déconnexion totale. Le chemin est d’autant plus splendide avec la variété de fleurs que nous trouvons au fur et à mesure de notre avancée.
Au niveau de la bifurcation de la Coume, à 1680m, nous laissons le chemin partant à gauche par lequel nous reviendrons, pour poursuivre à droite vers le Lac Bleu et Célinda. Puis vers 1950m, un nouveau croisement nous amène à prendre à droite en direction du refuge de Maupas. Quelques lacets serrés, et c’est après une station de pompage que nous laissons le sentier qui mène au refuge, pour partir à gauche sur le sentier des lacs.
Les sommets enneigés se dessinent au loin, mais pourtant la neige semble plus proche que prévue. Le Lac Vert s’admire en contre-bas nous promettons une belle pause dans quelques pas. Nous n’y descendrons pas. Avant d’entamer la descente vers le Lac Bleu, où nous pensons trouver du monde, nous décidons de rester à 2300m avec une jolie vue sur l’horizon, pour un pique-nique bien mérité.
Lacs et névés
Nous descendons ensuite jusqu’au Lac Bleu, en passant une crête rocheuse équipée d’une main courante. Le Lac Bleu s’observe depuis le petit barrage mais ce dernier n’est pas si bleu que ça ce jour-là. La glace y ajoute ses teintes blanches et joue avec les transparences. C’est splendide mais il est tant d’aller affronter le long névé que nous pouvions observer depuis notre base de pique-nique.
Nous aurions pu faire une boucle plus petite en redescendant via le Lac Vert que nous voyions au loin, mais nous décidons de continuer malgré tout en testant la neige. Celle-ci est molle en cette fin Mai 2020, mais les randonneurs que nous croisons sur notre route, nous confirment que l’aventure est possible.
Nous traversons donc le barrage juste en face du Lac Bleu et suivons le sentier qui monte légèrement à gauche du lac. La traversée du névé, sur cette zone escarpée, se fait doucement et sans encombre, finissant en beauté sur la crête nord du Pic de Graués.
Sur les flancs du Pic de Graués, nous avons tout loisir d’admirer le Lac Vert en contre-bas, dont l’imagination pourrait faire penser à un cœur. Il porte en tout cas bien son nom avec ses couleurs vertes, tachetées de bleu, accompagnant les nuances du fond de la vallée.
S’en suit un léger sentier en descente pour rejoindre le Lac Charles. Du lac Charles, encore plus blanc que son confrère, nous poursuivons sur un sentier à flanc avec un autre joli névé. La traversée se fait avec beaucoup d’attention et nous finissons par atteindre le Lac Célinda après une légère montée.
Nous prenons une pause à son niveau, admirant le blanc intact au loin. Le bruit d’un gros moustique (drône volant au dessus du Lac Célinda) ne nous permettra pas d’apprécier les lieux à leur apogée et nous décidons d’écourter la pause car il se fait déjà tard. 16h… la descente nous attend.
Chemin retour via le Col de Pinéta
Du Lac Célinda, il nous reste encore 6,5 km et 1260m de dénivelé négatif afin de rejoindre le parking. Après les passages dans la neige que je n’apprécie jamais trop, mes jambes en compote se demandent comment elles vont bien pouvoir descendre pour rejoindre la vallée. Je me prends à rêver de parapente, mais mes co-équipiers du jour ont déjà pris le sentier partant du lac vers le Nord-Est et semblent déjà loin sur la crête. La vue y est splendide, mais par manque de temps l’appareil photo restera au fond du sac sur toute la descente.
De la crête nous poursuivons à gauche pour rejoindre le Col de Pinéta. Le sentier est bien marqué et il suffira de le suivre jusqu’au Vallon de la Coume. Mes pieds se suivent, jonglant avec les roches puis dévalant doucement les dénivelés forcés.
De sentier carné en lacets, nous laissons le chemin qui mène au Lac Vert à notre gauche (vers 1930m d’altitude), pour poursuivre à droite vers la cabane de la Coume. Juste avant de l’atteindre, je m’octroie une pause avec l’une des randonneuses du groupe, où nous parlerons de voyage en Inde au milieu des montagnes, une pomme et des raisins secs à la main. Avec ma démarche cavalière, nous reprenons la route pour bifurquer à droite avant même d’atteindre la cabane, rejoignant le même chemin qu’à aller. Nous laissons le bruit des ruisseaux derrière nous, pour retrouver un sentier en pente légère à l’ombre des hêtres. Le torrent frais au niveau du parking finira par revigorer nos pieds fatigués.
Ce fût une bien belle boucle au cœur de la Vallée du Lys, que je ne recommanderais pas forcément pour une reprise. On est bien là sur une randonnée sportive, et il faudra prévoir un plan B si jamais vous n’êtes pas à l’aise sur des névés d’une fin de printemps. Cette randonnée à la journée doit être encore plus fréquentée en été, la présence des lacs incitant à la trempette de pieds ou à la baignade. N’oubliez pas de vérifier la météo avant votre départ et d’opter pour le système des trois couches. On prendra aussi encas et eau sur le départ. Belle rando !
Posted on mai 20, 2020
4 jours dans le Damaraland en Namibie
Je n’avais jamais entendu parler du Damaraland avant de rencontrer le copain de ma collègue volontaire à Swakopmund. Ce dernier travaille pour une ONG qui protège les éléphants du désert et se rend souvent dans ces terres pour faire cohabiter au mieux les éléphants et les hommes. Après un an en Côte d’Ivoire à travailler sur le sujet de la cohabitation homme/animal, son expérience m’a de suite parlé et j’ai eu envie de m’immerger au cœur du Damaraland.
Escale au Moon landscape
De Swakopmund nous avions 4 jours. Quatre jours devant nous pour aller explorer l’intérieur des terres, quatre jours pour une introduction aux terres des Damaras. C’est peu mais au prix de la voiture de location et de notre engagement auprès d’une auberge de jeunesse, nous ne pouvions nous accorder plus de temps. Opter pour du stop sur un si court laps de temps, ne nous aurait pas permis de faire un tour si rapide. Les transports en commun sont rares en Namibie et la plupart des voyageurs optent pour une location bien moins chère dès Windhoek, la capitale.
Prêts avec quelques encas pour la route (et beaucoup d’eau), nous quittions le temps frais de Swakopmund sur la côte ouest, pour une météo plus sèche et chaude. A 30 min de là, nous étions déjà au cœur du dépaysement à observer le Moon landscape. La rivière Swakop y a creusé de jolies profondeurs à une époque lointaine, laissant aujourd’hui une impression de mission sur la lune, lorsqu’on se laisse marcher entre ses collines arides. Nous n’y avions point trouver de Welwitschia (je vous en parlerai plus tard au cours de ce voyage) mais un brin d’inspiration dans ce monde friable.
Spitzkoppe, première étape au cœur du Damaraland
Après un pique-nique avec vue fabuleuse, nous reprenons la route vers Spitzkoppe. Les restes d’un ancien volcan apparaissent comme un mirage namibien dans l’immensité désertique du Damaraland Sud. Nous nous approchons doucement tandis que ces courbes orangé me rappellent celles des lieux sacrés australiens. Il me tarde d’en apprendre plus sur Spitzkoppe car je sens comme une connexion entre les traditions aborigènes et damaras. Avec le sentiment que ces derniers continuent à avoir un lien privilégié avec la nature dans un univers aride et au premier abord peu accueillant pour des vies humaines.
Avant d’en savoir plus, nous payons nos droits d’entrée au cœur du Parc national, qui est géré par le ministère de l’environnement et du tourisme namibien. La charmante dame à l’accueil nous fournit une carte et nous voilà livrés à nous-même pour explorer les environs. La carte est à télécharger ici.
Bushmen’s paradise, souvenir du peuple San
Nous décidons de prendre à droite juste après la réception pour arriver jusqu’au « Bushmen Paradise« . Deux guides sont assis à l’ombre dans l’attente de touristes, car l’accès seuls y est interdit. Nous nous arrangeons à l’amiable sur le pourboire à venir, puis l’un d’eux nous emmène dans une épopée montante. Nous ne savions pas vraiment dans quoi nous nous engagions. Nous finissons cependant par grimper les flancs des montagnes Pontok, voisines du Mont Spitzkoppe, sous un soleil ardent pour rejoindre un coin frais à l’ombre: le Bushmen Paradise. Il porte bien son nom. Après une montée raide sur la pente granitiques orangé, nous profitons de cette pause fraiche et découvrons des peintures rupestres préhistoriques, vieilles de 2000 à 4000 ans. Le guide nous explique qu’elles étaient majestueuses avant que les touristes viennent les détériorer… et que c’est pour cela qu’une visite guidée était aujourd’hui imposée. Il nous raconte aussi que les « Bushmen », les plus anciens habitants de l’Afrique Australe, vivaient ici.
Histoire d’un peuple nomade
Les « Bochimans » en français ou peuple San, comme on préfère les nommer aujourd’hui, sont traditionnellement des chasseurs-cueilleurs. Ils se déplaçaient donc en fonction des pluies et on les connaissait comme « ceux qui suivent l’éclair ». Notre guide nous montre alors un endroit où l’eau a creusé la roche et nous indique que pendant la saison des pluies l’endroit se transforme en piscine naturelle et que le peuple San savait y venir au bon moment.
Nous sommes en plein saison des pluies pourtant, mais l’eau se fait de plus en plus rare nous conte-t-il. Un peu comme l’histoire du peuple San qui a subi un génocide énorme au cœur du pays. Les premiers à être arrivés sur leurs terres sont les Khoïkhoïs, peuple pastoral d’Afrique Australe. Afin d’élever leurs bêtes, ces derniers s’approprient les réserves d’eau et finissent par s’étendre sur la côte Atlantique. Les Khoikhois surnomment les San « peuple qui ramasse la terre » alors qu’eux-même seraient « hommes des hommes », imposant ainsi leur suprématie. Les Bantous, venant du centre-est du continent, agriculteurs et sédentaires, finissent par s’imposer sur le territoire au 15ème siècle et certains Khoïkhoïs, que l’on appelle aussi Nawas, sont contraints d’apprendre du peuple San, afin de survivre sur les terres arides dans lesquelles ils ont été repoussés et où l »élevage du bétail se fait compliquer. L’ arrivée des colons européens (hollandais au 17ème siècle puis Britannique) finira par réduire le territoire des San, au désert du Khalahari qui s’étend entre la Namibie, l’Afrique du Sud et le Bostwana. Le peuple San, peuple nomade n’ayant par conséquent aucun droit de propriétés sur les terres, sera continuellement chassés, rejetés et marginalisés. Il ne resterait aujourd’hui que 100 000 San sur l’ensemble de l’Afrique australe et seulement 3000 continueraient à vivre traditionnellement.
Nous redescendons la pente glissante avec le guide et je me sens légèrement coupable de venir sur ce lieu sans l’accord des premiers hommes qui y trouvaient répit, il y a fort longtemps. Mon intuition d’un lien avec les Aborigènes d’Australie se trouve confirmée, tant l’histoire me semble semblable et triste. J’aurais préféré avoir eu tort. Je vous invite d’ailleurs à lire cet article de l’ONG Survival International sur la situation du peuple San au Botswana, au 21ème siècle.
Entre Spitzkoppe et les Pontok Mountains
Nous retrouvons notre voiture et après nous avoir montré un Mamba noir mort la vieille, le serpent le plus venimeux d’Afrique, le guide nous propose de nous accompagner plus loin. Nous nous dirigeons alors vers le « Small Bushmen’s paradise » puis nous poussons le portail privé pour arpenter la réserve naturelle avec lui.
Les plaines orangé pailletées de buissons verts dénotent avec l’immensité alentour, nous accueillant dans sa splendeur. J’y aperçois mes premiers zèbres, qui semblent être des zèbres de Hartmann (Equus hartmannae), une sous-espèce de zèbre de montagnes. La rencontre est magique et me fait oublier pour quelques minutes ce que le guide vient de nous raconter.
Ce dernier plongé dans le Lonely Planet emprunté à l’auberge, nous guide à travers des chemins sans panneau pour ensuite nous faire revenir sur nos pas et nous montrer la célèbre arche naturelle, où se capturent de beaux couchers de soleil. Nous remercions notre guide du jour, que nous ramenons à la réception. Il vit à quelques pas au cœur du village Spitzkoppe où se trouve une école et même une clinique. Il nous laisse entendre que le tourisme est le seul moyen de trouver du travail dans le coin et qu’il se trouve chanceux de pouvoir participer à la conservation de cet environnement fabuleux, dans le Damaraland.
Nous installons notre campement à quelques pas de l’arche avant que le soleil ne s’efface derrière les montagnes de granit. Nous jouons avec les ombres, qui nous laissent entrevoir de belles histoires d’amour.
Il était une fois…
Brandberg Mountain au cœur du Damaraland
Après une nuit dans un lieu naturel splendide, quelque peu perturbé par le bruit d’un animal au pas feutré, nous quittons Spitzkoppe en direction du massif du Brandberg.
Nous arrivons au moment où le soleil pointe ses rayons au zénith, une heure peu recommandée donc pour entamer une balade, surtout en Namibie. Mais nous n’avions pas fait toute cette route pour rien et nous demandons à notre guide si la marche est longue et faisable par cette chaleur. Il nous assure que oui… après lui avoir proposé de l’eau, nous remplissons nos bouteilles, nous étalons notre crème solaire et partons avec nos chapeaux au milieu du Tsisab Ravine. Le lieu est splendide mais la chaleur étouffante. Notre guide est âgé, mais continue à marcher imperturbablement à travers les rochers pendant ces 40 longues minutes en compagnie des Damans (mammifères ressemblant aux marmottes). Il nous explique qu’il est possible de traverser les montagnes du Brandberg, pendant la saison sèche et d’atteindre le point culminant de la Namibie, le Königstein à 2573 m. Aventureuse, j’ai tout de même un peu de mal à imaginer une randonnée de 3-4 jours avec seulement quelques degrés en moins. Nous finissons tant bien que mal par atteindre une cavité fraiche, loin du soleil ardent où il fait bon se pauser. Cela tombe bien car des peintures rupestres de plus de 2000 ans y sont observables, dont la fameuse « White Lady » (la dame blanche qui serait en fait un homme San). Le ravin du Tsisab en contiendrait à lui tout seul plus de 45 000, préservés au cœur de 1000 abris rocheux. C’est que le Brandberg était un lieu sacré pour le peuple San.
Damara/nama, langue à clic
Il est temps de quitter ce moment de fraicheur et de rebrousser chemin vers le parking, longeant l’ancien cours d’eau depuis bien longtemps asséché, qui traversait le massif. Tandis que nous nous éloignons de la « Montagne qui brûle », Dâures en Damara, le guide essaie de nous apprendre sa langue, qu’il appelle « Damaranama » ou « Khoïkhoï ». J’imagine que cela fait référence aux Namas, le plus grand groupe ethnique restant des Khoïkhoïs (je vous en parlais plus haut) dont ils auraient adopté le langage. C’est l’une des langues khoïsan, caractérisées par la présence de nombreuses consonnes à clic. Ils sont plusieurs groupes ethniques à parler la langue des clics et le guide nous explique qu’elle serait la plus vieille langue du monde, mère de toutes les autres. Il est vrai que pendant la première partie de la visite, il m’avait impressionné par la facilité avec laquelle il arrivait à passer d’une langue à l’autre, s’amusant à nous parler un peu français, un peu anglais, un peu espagnol sans trop d’accent. Arrivés au parking, il prendra le temps de me répéter les mots appris en chemin afin que je puisse les écrire.
Dictionnaire Damaranama
Madisa = Bonjour, comment vas-tu ?
Titakea = Je m’appelle
Titake franriga rua xura hâ = Je viens de France
Kai I Aio = merci beaucoup
Iuridaras = White Lady
‘ ! unbq = à prononcer « on y va » = qui signifie « avant-bras »
Les clics de langue sont retranscrits à l’aide de la ponctuation dans le langage Damara/nama.
Le Damaraland, c’est quoi ?
Les Damaras, après les San, seraient les premiers habitants de ce qui est aujourd’hui connu comme la Namibie. Mais leur origine est encore mal connue. Ce qui est sûr c’est que de nombreuses vagues de migrations successives (Namas, Bantous, Européens) les ont contraints à se retrouver au cœur du Damaraland. Ce qui explique pourquoi certains parlent Damara/nama et d’autres la langue héréro. Les Héréros (ethnie du groupe Bantou) les auraient même réduit à l’esclavage avant le 19ème siècle.
Lorsque l’Afrique du Sud dirigeait le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie), le Damaraland fut en 1970 constitué en bantoustan. Les bantoustans étaient des régions créées pendant l’apartheid, qui étaient réservées aux seules populations noires. En 1992, le Damaraland fut incorporé au cœur du Kunene, après l’apartheid. Aujourd’hui ce terme reste ancré et beaucoup d’artistes rencontrés dans les rues de Swakopmund me disaient venir du « Damaraland, terre aride où il y a très peu de travail ».
Les éléphants du désert au Madisa camp
Décidément l’Histoire laisse des traces et se ressent encore aujourd’hui. Nous quittons notre guide que j’aurais pu écouter des heures, pour aller faire griller nos steaks qui vont finir par tourner dans la voiture, notre frigo nous ayant lâché. Un des autres guides présents sur place décide de nous prêter sa cuisine et nous finissons par partager notre repas. Je suis aux anges car il me semble plus difficile en Namibie de pouvoir échanger dans la rue avec des passants, comme j’aurais pu le faire spontanément en Côte d’Ivoire.
Nous reprenons la route pour aller poser notre tente au Madisa camp, lieu dont nous avait parlé ma collègue lorsqu’on échangeait à propos des éléphants du désert. Nous arrivons trop tard pour le tour du jour, qui a lieu le matin. Avec mon compagnon de voyage, nous choisissons de relâcher la pression autour d’une bière, de profiter des hamacs de cet oasis au milieu de désert et décidons de ne pas opter pour le tour le lendemain un brin trop cher pour notre budget de 4 jours. Je n’ai plus les prix en tête mais je n’ai eu que des échos positifs quant à ce tour. Il faut avouer que la Namibie n’est pas forcément une destination « pour petits budgets ».
Nous ne nous laissons pas abattre et profitant de nos boissons fraiches et locales après notre marche torride sous 40° degrés. Le lieu est splendide, les douches à l’air libre une merveille et nous profitons d’un « braaï végétarien » sous l’œil aiguisé des Calaos à bec jaune.
Le braaï est un barbecue, terme remontant à l’époque des Boers, les fermiers sud-africains blancs.
Aux alentours de Twyfelfontein, à l’Ouest du Damaraland
Le lendemain, nous continuons notre route vers la « Petrified forest », qui semble plus intéresser mon compagnon de route que les fameuses gravures rupestres de Twyfelfontein, un site archéologique inscrit en 2007 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
J’avais gardé un bon souvenir de la Petrified forest de Curio Bay en Nouvelle-Zélande. Ici en revanche les fossiles de troncs d’arbres pétrifiés s’étendent au creux de la poussière et l’eau a longtemps été remplacé par le désert aride. Notre visite est obligatoirement guidée (compter 100 NAB en 2020 par personne) et finalement très courte.
Heureusement, nous prenons le temps d’observer une Welwistchia Mirabilis, plante unique et endémique à la Namibie et l’Angola. Dans des conditions climatiques de plus en plus arides, elles survivraient grâce aux brouillards venus de la Côte Atlantique.
Nous rejoignons ensuite la « Burnt mountain » ou montagne brulée, où nous devons là aussi s’acquitter d’un droit d’entrée (50 NAB en 2020 par personne, avec accès aux Organ Pipes). On a l’impression de se retrouver au cœur d’une carrière cramée par le soleil ardent, mais ce ne serait que des roches volcaniques.
Un brin déçus par nos trouvailles du jour, nous reprenons la route vers notre dernière destination: Torra Bay. Nous imaginions alors un bon repas au bord de l’océan, loin de la chaleur aride de l’intérieur des Terres.
La Skeleton Coast et les lions du désert
A Sprinbokwasser, la route est barrée et un permis devient obligatoire pour poursuivre au cœur du Parc national de la Skeleton Coast. Pour ceux qui ne parlent pas anglais, la « Côte des Squelettes » est caractérisée ainsi à cause des squelettes de phoques et de baleines qui jonchaient les plages, à l’époque où la chasse était encore possible, mais aussi à cause des carcasses de bateau que l’on retrouve le long de la côte.
Le brouillard qui se dessine à l’horizon dénote avec les paysages arides précédant. Il est facile d’oublier que l’océan n’est finalement pas si loin, la Welwistchia de la forêt pétrifiée l’attestant pourtant. J’entrevois mes premières dunes namibiennes et les paysages qui se détachent ne manquent pas de diversités. Je m’attendais à une route monotone pleine de sable à perte de vue et pourtant les couleurs dévoilent leurs nuances du gris foncés au rose perlé de Terrace Bay à Swakopmund.
Arrivés à Torra Bay, nous n’avions pas d’autres choix que de remonter au nord jusqu’à Terrace Bay afin de nous ravitailler en sandwichs croustillants. Le camping de Torra Bay offre tout de même de quoi se faire un repas, mais les étagères semblaient bien vides la veille de la fermeture du camping. Nous avons eu la chance de ne pas trouver le lieu fermé à une journée près ! Et quel camping ! Un brin désolé à quelques pas de l’océan, nous avons pu apercevoir une hyène au loin mais pas de lions.
C’est la première fois que j’entendais parler des lions du désert. Certains se seraient apparemment acclimatés aux conditions désertiques. Une lionne et son petit avait apparemment passé la fin de la saison sèche à roder autour de Torra Bay. Mais ce jour là, les campeurs du jours semblaient trop occupés à ranger leurs affaires de pêche et le soleil commençait déjà à se coucher à l’horizon, nous stoppant dans notre désir de partir à leur recherche.
Nous profitons de nos nouvelles rencontres et passons la soirée avec les employés du Namibia Wildlife Resorts (NWR) propriétaire du camping où nous nous trouvons et d’autres ressorts au cœur des lieux naturels magiques du pays. Un braaï et quelques bières pour finir cette épopée et il sera tant de clore le chapitre de ces quatre jours.
Nous reprenons la route tôt le lendemain et je m’endors bercée par la conduite de mon compagnon de voyage (encore merci !), fatiguée par les émotions de ce voyage. Nous ne nous arrêterons qu’à Henties Bay pour un repas digne de ce nom, avant de finir notre périple à Swakopmund où le boulot nous attend. Je n’aurais pas vu le panneau indiquant Cape Cross, lieu accueillant plus de 150 000 otaries, plongée depuis longtemps dans des rêves de Namibie. Je sais que ce n’était finalement qu’un aperçu de ce long voyage tant attendu au Sud-Ouest du continent africain.