
Updated on décembre 29, 2024
Voyager en Namibie en transport en commun
En janvier dernier, j’ai décidé de repartir sur les routes africaines afin de comprendre les disparités culturelles et paysagères de ce beau continent. Je venais de trouver un volontariat de 3 semaines à Swakopmund. Je ne m’étais pas vraiment renseignée sur la destination outre les questions de santé et visa. J’avais lu quelques articles de blog avant de partir, mais rien de plus pour ne pas biaiser mes attentes quant à cette nouvelle destination. Etait-il possible de voyager en Namibie en transport en commun ?
- Les débuts d’un voyage en Namibie
- Swakopmund, surfer en Namibie
- Walvis Bay et ses flamants roses
- Sossusvlei, au cœur d’une nature exquise
- Arrivée tardive à Sesriem Camp
- Dune 45, Big Daddy et Deadvlei
- Sesriem canyon
- Elim dune
- Faire du stop à Sossusvlei
- Lüderitz
- Windhoek, capitale namibienne
- Au cœur du parc national de Waterberg Plateau
- Etosha et les big 5
- En partance pour l’Angola
Les débuts d’un voyage en Namibie
Mon amie qui habite à Hambourg, m’avait dit que beaucoup d’Allemands se rendaient en Namibie (vol direct aidant depuis Francfort). J’avais déjà quelques indices quant à l’histoire coloniale du pays, mais pas plus pour commencer cette aventure. Je savais que cette destination était prisée par les adeptes de lunes de miel au soleil et que la plupart des visiteurs décidaient de louer un 4×4 afin de partir à la découverte de ce bout de terre au Sud-Ouest de l’Afrique.
Quelques jours avant le départ donc, je me renseignais quant à la façon de rejoindre Swakopmund depuis Windhoek la capitale. Seules des compagnies privées à l’image de Intercape m’étaient proposés par le gérant de l’auberge de jeunesse pour laquelle j’allais prêter main forte. A peine arrivée à l’aéroport presque vide, seuls des couples ou groupes de jeunes allemands débarquaient et partaient en direction de leur location de voiture. Tout le monde avait déjà organisé son arrivée et personne n’allait vers Swakop (petit surnom donner à la ville). Un couple de retraités rentraient au pays, après avoir vécu en Allemagne de nombreuses années. Les yeux pétillants de la dame me décrivant les paysages magiques de la Namibie me réveillèrent d’une nuit agitée.
J’ai fini par prendre un taxi jusqu’au lieu de départ du bus au cœur de la ville, m’émerveillant des paysages semblant hostiles, à peine sortie de l’aéroport. L’avantage ici c’est que le prix est fixe et le visiteur ne semble pas avoir besoin de négocier. 3-4h de route plus tard, je me retrouvais à Swakopmund.
Swakopmund, surfer en Namibie
Arrivée à Swakop, je trouvais une ville déserte comme happée par le temps. J’avais l’impression bizarre de me retrouver à Coober Pedy en plein milieu de l’Australie. Pourtant ici ce ne pouvait être la chaleur torride qui poussaient les gens à rester chez eux, l’air frais et iodé de la mer enivrant la ville entière. Les quelques mètres séparant l’arrêt de bus à l’auberge me mirent mal à l’aise. En quelques secondes à peine je me demandais ce que je faisais ici. Mais où était donc passé la musique des maquis ivoiriens donnant envie de danser à tout va, où étaient passés les sourires ? J’avais du me tromper de saison. Je pensais pourtant être partie sans idées namibiennes en tête et ces quelques pas me donnaient déjà tord.
Accueil froid à l’auberge, où j’ai fini par prendre quelques marques. Je passais ma journée à attendre d’éventuels clients, à échanger avec les voyageurs de passage et à me balader dans les rues désertes de Swakopmund à l’affût de quelques maisons colorées. J’y ai pris mon premier cours de surf, le pourquoi du comment j’avais décidé de faire un volontariat en Namibie, espérant rajouter à l’exotisme de la chose, l’affrontement de ma peur des vagues qui avait surgi un beau jour où je nageais à Hossegor. Mes années en Nouvelle-Zélande et en Australie n’avaient pas réussi à me faire sauter le pas, alors l’occasion était trop belle. J’avais même acheté un maillot de bain pour y faire face, me disant qu’il serait dommage de perdre le haut dans un malencontreux combat de vagues. Ce que je ne savais pas c’est que l’eau serait aussi froide et la combinaison obligatoire même à la période la plus chaude de l’année. Ni une ni deux, je partais à l’affront de ces vagues munies de ma planche et la peur disparue rapidement, trop concentrée sur les vagues qu’il fallait attraper pour se laisser glisser sur elles.
Ce fut une expérience revigorante, que je retenterais lorsque les muscles de mes bras auront pris forme. La connexion avec la nature était ce que j’attendais je crois… de faire un avec les vagues seulement quelques secondes me poussaient un peu plus vers cette détermination à suivre mon instinct et à fuir au loin. Alors je me suis débrouillée pour raccourcir mon volontariat, trouvant l’occasion de partir explorer le Damaraland pendant quelques jours et prétextant mon désir de passer mon anniversaire en haut de l’une des plus hautes dunes du monde. Après les belles dunes de Swakopmund au soleil couchant, il était temps de découvrir celles de Sossusvlei au soleil levant. Mais voyager en Namibie en transport en commun ne sera pas de tout repos.
Walvis Bay et ses flamants roses
Sur la route menant à Sossusvlei se trouve Walvis Bay. Un couchsurfeur m’accueillant pour 2 jours a décidé de me récupérer à Swakop pour faire la route avec moi. Il est cependant possible de rejoindre Walvis Bay en taxi partagé ou de lever le pouce en sortant de la ville. Il est à noter que lorsqu’on opte pour du stop en Namibie, il est souvent attendu un paiement en retour. Mettez vous d’accord avec le chauffeur dès le départ pour éviter les surprises.
Un arrêt à Longbeach
A mon arrivée à Walvis Bay, je suis surprise de voir la ville s’étendre devant moi. Je la pensais plus petite que Swakopmund et pourtant Walvis Bay est la seconde plus grande ville namibienne avec plus de 60 000 habitants. Avant de me mener chez lui, mon hôte s’arrête dans un quartier résidentiel, où aucune âme ne semble vivre. Les maisons fastes s’alignent et nous entrons dans l’une d’entre elles. A ma grande surprise nous y croisons un homme qui nous offre un café. La maison est immense avec de grandes baies vitrées. Nous parlons un moment avant que celui-ci nous entraine à la découverte de ses derniers jouets. Il est entrain de réparer un avion qu’il a acheté. Pilote d’hélicoptère, il me raconte que la semaine dernière il a survolé le Fish River Canyon avec deux VIPs et que j’aurais surement pu venir avec eux. Pas très enthousiaste à l’idée de faire un aller/retour dans les airs, je savais inconsciemment que ça aurait pu être ma seule chance d’admirer l’un des plus grands canyons du monde. Nous finissons par repartir pour nous poser au cœur de la maison de mon hôte au niveau du Lagon.
Le lendemain, il me suffit de pousser la petite porte en bois, de traverser le grand jardin et de me faufiler par l’arrière pour accéder au bord du lagon. Je marche le long de l’océan jusqu’à apercevoir mes premiers flamants roses. Je tente d’en capturer la beauté avec mon petit appareil photo et peut admirer la différence entre le flamant rose, plus pâle que le flamant nain, lui plus petit. La différence de couleurs ne viendrait pas du fait que le plus « rose » mangerait plus de crevettes, mais de sa forte consommation d’algues.
Sandwich Harbour, entre dunes et mer
Je me suis laissée tenter par une aventure jusqu’à Sandwich Harbour. Une voyageuse à Swakopmund avait décrit son expérience comme irréelle, lorsqu’elle vit la mer et les dunes se rencontrer. Elle avait tant d’émotions dans sa voix, que je me suis dit qu’elle ne devait pas exagérer. Je pris donc un tour, sans trop savoir à quoi m’attendre et partie à l’assaut des dunes avec une famille chinoise, coincée sur le continent africain à cause d’une future pandémie (nous sommes en février 2020). Mon chauffeur me fait penser à ce vieux loup de mer rencontré dans la Bay of Islands. Il me raconte qu’il a formé tous les conducteurs de 4×4 du coin. Il en faut de la technique pour se dépêtrer des dunes. D’ailleurs la seule façon d’explorer Sandwich Harbour est de réserver un tour guidé car nous entrons sur l’un des cinq sites Ramsar de Namibie, désignant ainsi une zone humide d’importance internationale. Celle-ci soutient 8 espèces d’échassiers en danger d’extinction et des recherches scientifiques y sont menées. Ainsi le tourisme est limité à certaines zones et il est impossible de s’y aventurer seuls.
Avant de pénétrer au cœur du Namib Naukluft Park, le plus grand parc national d’Afrique et le 4ème au monde, nous nous arrêtons pour observer à nouveau quelques flamants roses et nains, ainsi que les salines de Walvis Bay. Les couleurs sont incroyables et le blanc du sel contraste aisément avec le rose de l’eau, lié à la prolifération d’algues microscopiques. L’eau de mer est pompée depuis un lagon naturel puis passe à travers divers bassins pour en extraire l’or blanc depuis 1964.
Il est temps de prendre la route de la plage avant que la marée ne soit trop haute. Nous roulons sur le sable mouillé avant de ne prendre à gauche au cœur des dunes. Nous suivons les traces déjà faites par les autres véhicules et notre guide finit par nous déposer en haut d’une dune pour que nous le rejoignons à pied en contrebas. C’est sympa de marcher au cœur de l’immensité, la mer au loin. Mais le ciel est couvert et le cœur n’y est pas. Les chinois eux s’en donnent à cœur joie et je les prends en photo le temps de leur descente. Nous avons droit à une pause pique-nique avant de reprendre la route parmi les dunes, notre chauffeur s’amusant à créer un brin de sensations fortes avant de rentrer vers la Baie des Baleines.
Je crois que j’aurais préféré faire du kayak à Pelican Point, un moyen de locomotion plus doux et qui me ressemble. Mais après une dernière soirée avec mes hôtes, il est temps pour moi de reprendre la route. Je me fais déposer le lendemain à la sortie de Walvis Bay, car j’ai prévu de lever le pouce jusqu’à ma prochaine destination: Sossusvlei.
De Walvis Bay à Sossusvlei en stop
Voyager en Namibie en transport en commun n’est pas chose aisé lorsque l’on veut rejoindre des lieux touristiques au milieu du désert. Il n’y a aucun transport en commun qui va jusqu’à Sossusvlei. Je n’avais pas d’autres choix que de faire du stop. Janvier-Février étant la période la plus chaude de l’année, c’est aussi le moment où le tourisme est au plus bas. Je savais que ce ne serait donc pas facile de trouver un véhicule ce jour-là. Mais je voulais absolument rejoindre les célèbres dunes namibiennes pour mon anniversaire.
Il est presque 12h et cela fait plus d’1h que j’attends sur le bord de la route. Toutes les voitures semblent tourner à gauche et personne ne continue dans ma direction. Il fait chaud et il n’y a pas un brin d’ombre. J’ai de l’eau et mon écharpe autour de la tête. Mon hôte a attendu 30 min avec moi avant de me laisser, sachant que je pouvais l’appeler si je ne trouvais personne. Je me fixe encore une heure d’attente… après il sera sans doute trop tard pour arpenter les routes non goudronnées menant à Sossusvlei. A peine cette décision prise, un 4×4 s’arrête sur le bas côté et un homme un peu trop enthousiaste en sort. « I know you, I know you ! » s’exclame-t-il. Comment cet homme pouvait-t-il bien me connaître ? Sa tête ne me disait rien… mais il insista. « Alors tu as finalement décidé de faire du stop pour aller à Sossusvlei ? ». « Euh oui, tu y vas ? ». « Nous sommes en route avec une touriste japonaise ». Il me parle de l’auberge dans laquelle je travaillais à Swakopmund et tout me revient. « Mais oui, je me souviens de toi ! Tu es guide, n’est-ce pas ? ». Après avoir demandé à la japonaise si je pouvais me joindre à eux, je grimpe dans le 4×4 bien trop heureuse de cette rencontre. J’allais pouvoir rejoindre Sossuslvei à temps et ce en compagnie d’un guide et d’une touriste adorable !
J’ai le temps de faire sa connaissance car nous avons 370 km de pistes à parcourir. Le paysage est contrasté et le passage au niveau du Kuiseb Canyon incroyable. Sur la route nous nous arrêtons au niveau du tropique du Capricorne, que j’avais déjà eu l’occasion de franchir en sens inverse en Australie, puis au niveau d’un quivertree et d’un cactus géant. Nous finissons par atteindre Solitaire vers 16h, reconnaissable à ses vielles voitures, parfait pour s’octroyer une pause gourmande avec les célèbres « apple pies » (tartes aux pommes) du coin. Il paraît qu’elles seraient les meilleures du pays. C’est vrai qu’il est difficile d’en trouver à des kilomètres à la ronde. Mais pas le temps de les déguster sur place… nous avons encore de la route jusqu’à Sesriem et les portes du parc ferment au coucher de soleil. Je suis censée rejoindre le camping à l’intérieur du parc, l’autre touriste le lodge adjacent et notre chauffeur les hébergements des employés, avec qui il a tissé des liens.
J’aperçois les montagnes du Naukluft à ma gauche. Malgré les randonnées possibles au cœur de cette partie du parc national (le Namib Naukluft Park nous offrant plusieurs accès dont Sandwich Harbour et Sossusvlei), j’ai décidé de ne pas m’y arrêter. J’ai pourtant entendu parler de l’Olive Trail, un sentier de 11km serpentant dans les montagnes, mais je n’ai pas de tente, ni de voiture et mes chances de trouver des voyageurs s’y arrêtant sont réduites. Je ne sais pas ce que ces prochains jours vont m’apporter, mais voyager au milieu d’un pays désertique et si peu peuplé n’est pas chose facile sans son propre moyen de locomotion. Sur la route d’ailleurs, nous avons avancé une cycliste jusqu’à son prochain campement, bien trop dépassée par la chaleur du jour. Le soleil commence à descendre et j’appréhende légèrement mon arrivée au Sesriem Camp, où je suis censée passer la nuit.
Sossusvlei, au cœur d’une nature exquise
Arrivée tardive à Sesriem Camp
Vous vous souvenez de mon road-trip de 4 jours au cœur du Damaraland ? Avec mon compagnon de route, nous y avions rencontré des employés du Namibia Wildlife Resorts au camping de Tora Bay et avons pu écouter le discours inspirant du grand patron. J’y ai fait la rencontre de J., manager du camping de Sesriem, qui m’avait dit de venir le voir lorsque je passerais par là. Après quelques coups de fil, il m’avait certifié qu’il pourrait m’accueillir au cœur du Sesriem Camp et qu’il me prêterait une tente. Sans tente, je devrais m’offrir le luxe d’aller dormir au Lodge du NWR. L’ avantage de la basse saison…
J’arrive donc à l’accueil, le chauffeur s’en va appeler J. et je m’acquitte des droits d’entrée (pour l’heure le camping semblant optionnel). J. m’accueille et soulagée je dis au revoir à la touriste japonaise, la remerciant de m’avoir laissé faire le voyage avec elle et lui dit que je serais dans les parages si jamais elle voulait se joindre à moi pour le repas. Je savais que je recroiserais le guide dans tous les cas, lui ayant promis une compensation financière et une bière bien fraiche.
Je découvre ma tente, proche des sanitaires et retrouve J. pour le repas du soir, recroisant quelques têtes que j’avais vu danser à Tora Bay. L’ambiance est plus studieuse mais tout aussi conviviale. Soulagée, je vais enfin pouvoir échanger avec des locaux et peut-être avoir le grain de sable qui me manquait jusque là. Une douche chaude plus tard, je m’endors aux bruits de la nature sauvage et les quelques portes de voiture qui claquent me rappellent que je ne suis pas seule à dormir dans ce camping presque vide.
Dune 45, Big Daddy et Deadvlei
Levé vers 5h. Je retrouve le manager et me laisse guider jusqu’au parking de Sossusvlei. Le trajet se fait sur une route bitumée, puis on rejoint le sable et il faudra être à l’aise en 4×4 pour accéder aux différents parkings. Des navettes font l’A/R depuis le camping à longueur de journée.
Nous rejoignons la Dune 45 car le soleil est déjà entrain de se lever. Nous marchons dans le sable orangé jusqu’à trouver une place pour s’asseoir au sommet et admirer le changement de couleurs à mesure que les rayons du soleil évoluent. Les jeux d’ombre commencent doucement à se réveiller, donnant de la profondeur aux volumes sableux. Nous redescendons laissant les grains de sable se glisser à travers nos orteils réveillés par cette marche matinale. C’est ça que j’attendais: pouvoir toucher la nature au plus prêt, émerveillée par ce qu’elle a encore à nous offrir.
Nous reprenons la voiture pour rejoindre Big Daddy, la dune la plus haute du désert de Namib avec ses 380 mètres. Mon compagnon du jour n’est pas très partant pour la grimper, alors nous arpentons ses flancs afin de rejoindre Deadvlei, « le marais mort ». Je marche pied nus sur l’argile blanche de l’ancien marais contrastant avec l’orange foncé des dunes, qui ont fini par l’entourer. L’eau n’est plus et les acacias du désert qui ont autrefois pu prendre racine dans la rivière détournée, sont aujourd’hui présents, offrant un brin d’ombre de leur bois mort.
La foule commence à arriver.. du moins le peu de touristes présents en ce mois de février. Nous allons nous poser vers Sossusvlei et j’en profite pour admirer un Oryx de près.
Sesriem canyon
Il est temps de reprendre la route vers Sesriem Camp, le soleil commençant sérieusement à chauffer. J. décide de s’arrêter au Sesriem Canyon, pour me montrer le travail de l’ancienne rivière du Tsauchab, il y a de ça 2 millions d’année. Long de 4 km, la balade est courte mais je peine à avancer sous la chaleur. Il n’est même pas encore 12h ! Heureusement ses 30 mètres de profondeur, nous offre un peu de répit avec les quelques ombres ça et là.
Il est tant de rentrer au campement. Après un hamburger d’anniversaire, je passerais mon après-midi sur la chaise longue de la piscine, alternant entre un plouf et un peu de lecture à l’ombre des parasols. C’est le seul endroit où j’ai l’impression de pouvoir survivre, prenant enfin toute l’ampleur de la chaleur d’un mois de février namibien. Je ne suis pas seule à avoir eu cette idée. Les couples sont là, le silence s’octroie et nous prenons notre mal en silence, nous rappelant que la nature est toujours la plus forte.
Finalement, je décide de rejoindre le restaurant ombragé, profitant d’une bière à la recherche de courant d’air au milieu du désert. J. finit par me rejoindre et me parle de sa sieste dans les bâtiments réservés aux employés, chanceux d’avoir un ventilateur sur lequel compter.
Elim dune
On est en fin d’après-midi et J. veut me faire découvrir Elim Dune, qui se trouve à 5km du campement. Nous y grimpons pour le coucher de soleil. Le vent est de la partie mais J. connait un raccourci. Nous retrouvons le guide et la japonaise par surprise en haut et nous admirons les splendides couleurs de cette fin de journée d’anniversaire. C’est magique ! Mes yeux se posent sur les montagnes du Naukluft au loin, la savane proche et le sable virevoltant, dessinant de nouvelles dunes au gré du vent. Ce fut clairement la meilleure journée de mon périple namibien et je garderais précieusement ses contrastes orangé longtemps en mémoire.
Faire du stop à Sossusvlei
Le lendemain matin, il est temps de quitter Sesriem et de prendre la route vers le sud pour Lüderitz. Un panneau à l’entrée du parc indique que le stop y est interdit. Je questionne le manager, qui me rassure me disant que ça ne pose pas de problème car il me connait. Je pense qu’en demandant gentiment aux employés, ils pourront vous aiguiller sur les personnes quittant le campement, le jour où vous souhaitez partir. A vous ensuite de les aborder et de les convaincre de vous prendre, ou d’aller taper causette au gré de vos envies.
Malheureusement pour moi, personne ne part dans ma direction ce jour là et je me retrouve donc au poste de sortie, avec les collègues de J. qui m’ont promis de m’aider à trouver une voiture.
Les voitures sont rares. Un voyageur américain rencontré à Swakopmund, parti en stop avec quelques jours d’avance, m’a dit qu’il avait réussi à prendre la piste menant de Sesriem à Lüderitz. Il avait dormi prêt du château du Duwisib. Imaginez donc un bâtiment à l’allure médiévale parmi les collines semi-aride du Namib. Je voulais faire de même mais la chance me mena auprès de trois namibiens adorables qui s’en allaient vers Mariental, située sur la route principale reliant le pays du nord au sud. Ils faisaient le tour des lodges pour proposer une couverture maladie aux personnes ne pouvant se déplacer jusqu’en ville. Je pris donc le temps d’apprécier les derniers bouts du désert avant de rejoindre Mariental en plein milieu de journée. On me posa plein de questions sur le pourquoi du comment je me retrouvais seule en Namibie à faire du stop. On parla du fait qu’il était compliqué de voyager en Namibie en transport en commun. Ce fut un moment sympathique, qui me rappela à quel point j’aimais ses rencontres imprévues. Mes nouveaux amis me déposèrent à la station service et demandèrent au mini-bus qui était entrain de partir dans quelle direction il allait. A peine le temps de réfléchir, et pour rassurer tout ce beau monde, je montais dans le mini-bus en direction de Keetmanshoop. De là, si tout allait bien, je prendrais un autre mini-bus.
Lüderitz
Arrivée à Lüderitz en transport en commun
Le chauffeur du mini-bus me dit qu’il m’a trouvé une voiture pour aller à Lüderitz. Il attend avec moi à la station essence de Keetmanshoop, ne repartant vers Windhoek que bien plus tard. Un autre mini-bus semble aller à Lüderitz, mais il faudrait attendre qu’il soit rempli pour partir. Après 1h d’attente, la fameuse voiture finit par arriver. Une autre femme fera le trajet avec nous. Le chauffeur de bus avait raison: la voiture est bien plus confortable. Le trajet est long. Je tente de faire la conversation mais après quelques minutes, nous n’avons plus rien à nous dire. La musique prendra le relais jusqu’à Lüderitz.
J. de Sossusvlei m’a dit qu’il pouvait me mettre en contact avec ses collègues de NWR qui gérait le camping de Shark Island. Mais j’avais entendu dire que l’histoire de Shark Island n’était pas fameuse… et j’avais finalement pris contact avec un américain qui était prêt à vivre sa première expérience de couchsurfing. Ce dernier vivait à Lüderitz depuis quelques mois en mission pour Peace Corps Volunteer. J’étais assez curieuse de rencontrer un expatrié afin que nous puissions échanger sur nos impressions quant à notre pays d’accueil.
M. m’accueille donc et sa collègue américaine se joint à nous pour le diner du soir. Ils m’emmènent dans leur resto préféré de Lüderitz, mais nous sommes le jour de la St-Valentin. Le menu est obligatoire et ne nous tente pas. Nous ferrons le tour des restos de la ville et entre tarif exorbitant et réservation exigée, nous nous retrouvons dans le pub du coin, au Barrels, à commander des bières et un fish & chips.
Une journée à Luderitz, que faire ?
Je passe la journée à me promener dans la ville portuaire, tandis que M. travaille. Découverte par les portugais en 1488 qui ne s’y sont pas attardés, c’est en 1883 que le marchant Adolf Lüderitz signa un traité avec le chef Nama Joseph Frederiks. Ce n’est apparemment qu’après signature qu’on expliqua à Frederiks que le terrain qui venait de vendre n’était pas mesuré en miles britanniques, mais en miles prusses, quatre fois plus longues… Ce n’est finalement qu’en 1908 après la découverte de diamants dans le Sperrgebiet, aujourd’hui parc national, que la ville fut fondée et prospéra (en terme occidentaux). Aujourd’hui les mines et la pêche en sont les principales activités et la ville a gardé son cachet de première colonie allemande du pays.
On y déambule de Felsenkirche, église évangélique luthérienne construite en 1912 à Goerke Haus, ancienne villa de Hans Goerke, alors directeur des mines diamantaires. Il est possible de visiter le petit musée de la ville, mais ce dernier est fermé le week-end. Il est apparemment possible de téléphoner pour arranger une visite en dehors des heures d’ouverture.
Shark Island, aux prémices des camps de concentration allemands
Je quitte rapidement la ville pour me diriger vers Shark Island, sur la péninsule, à 15 min à pied environ du Spar local. Sur le chemin, un local m’intercepte et me raconte qu’il fait souvent du couchsurfing. Seul profil disponible en ligne, je le reconnais et nous papotons nous découvrant des connaissances communes. La Namibie compte seulement 2 millions d’habitants pour 842 000 km2, alors on finit par croire que le pays est petit. Le jeune homme décide de m’accompagner jusqu’à Shark Island et me raconte l’horrible histoire de ce lieu.
La vue est splendide sur l’océan. Aujourd’hui s’y trouve le « Skark Island campsite » où les touristes viennent poser leur tente ou leur voiture sur les emplacements. Mais savent-il seulement que Shark Island portait bien son nom ? Ce petit bout de terre était autrefois une île. De 1905 à 1907, cette île aux allures paradisiaques servit de camp de concentration à l’empire allemand. Des Héréros et Namaquas y furent envoyés pour servir de main d’œuvre pour des travaux coloniaux (chemins de fer), des femmes y furent violées sans jamais que les coupables ne soient jugés et des études médicales ont été conduites, pour prouver l’infériorité raciale des peuples autochtones, notamment à travers l’examen de leurs crânes. Aujourd’hui seulement une plaque évoque ce terrible génocide et peu de personnes n’en parlent.
Déboussolée, je retourne chez M. afin d’assimiler tout ce que je viens d’apprendre et en profite pour demander mon visa angolais. Décidemment la Namibie a beau être magnifique, ce n’est pas un pays où je me sens bien.
Surf et braai à Agate beach
M. vient de finir son travail et a envie de surfer. Les vagues seraient apparemment bonne en cette fin de journée. Nous retrouvons sa collègue volontaire et nous partons tous les trois vers Agate beach. Après avoir pris un taxi pour quelques kilomètres, nous marchons longuement jusqu’à la plage en question. Le ciel est gris depuis que je suis arrivée et le froid du bord de mer dénote étonnamment avec la chaleur de Sossusvlei. Nous en profitons pour faire un « braai », un barbecue, devant les vagues déchainées. Un ami à eux nous rejoint et nous papotons seuls au monde devant l’océan. Le soleil vient de se coucher et nous rentrons en ville à la lueur de la lune. Il est temps de rentrer au chaud, chez des locaux qui tiennent une auberge. M. partira à Windhoek le lendemain et me laissera gentiment les clés de son appart.
Kolmanskop, au cœur de la ville fantôme
Le lendemain, je décide de faire l’aller-retour en taxi jusqu’à Kolmanskop pour profiter de la ville fantôme. J’arrive alors que le premier tour vient de commencer. Je prends le numéro du chauffeur de taxi que je rappellerais et rattrape le groupe qui semble être composé d’allemands et de personnes âgées. Heureusement le tour est en anglais et j’en apprends plus sur la découverte du diamants dans la région et sur l’histoire de Kolmanskop devenue ville fantôme.
En 1908, des diamants sont découverts au sud du désert de Namib, à 10 km à l’est de Lüderitz. Cette année là, Zacherias Lewala, un employé des chemins de fer fit la découverte de pierres intéressantes alors qu’il enlevait le sable des rails. Il apporta sa trouvaille à l’inspecteur en charge de la ligne Mr Stauch, qui demanda une expertise à Lüderitz. La nouvelle se répandit aussi vite que des grains de sable poussés par le vent et de nombreux prospecteurs débarquèrent à la quête du graal. Les autorités allemandes déclarèrent rapidement la zone « Sperrgebiet » (interdite) afin de limiter l’accès aux diamants à « des citoyens ordinaires » et seule une entreprise berlinoise eut le droit d’exploiter la zone. Les locaux expulsés de leur terre furent exploités dans les mines de diamants. C’est de cette déroute que naquit Kolmanskop. La ville apparût au milieu du désert avec toute les commodités nécessaires pour accueillir ces nouveaux riches: de l’eau potable était transportée via la ligne de chemin de fer (souvenez-vous de Shark Island), une fabrique de glace était disponible, un hôpital, un opéra, un pub, un boucher, un boulanger… Il est facile d’imaginer le faste de l’époque, tant les bâtiments, vides aujourd’hui semblent majestueux dans leur cadre apocalyptique.

Dénudé de ses diamants, le sable du désert de Namib commença à reprendre ses droits sur les constructions humaines. En 1928 de nouvelles découvertes diamantaires plus au sud lancèrent un nouvel exode. La ville se vida de ses habitants pour devenir fantôme en 1956.
Après la visite guidée d’une heure, sous une chaleur torride, je déambule à travers ces allées vides, jetant un coup d’œil à l’intérieur des maisons coloniales aux douces couleurs délavées. Le cœur n’y est pas. Si cette ville m’évoque la ville de Newcastle Water, découverte en Australie sur la route entre Alice Springs et Darwin, l’histoire n’est pas semblable. Ici je suis face à une ville née des cendres de la nature ratissée en long et en large, laissant aujourd’hui le vestige d’une époque faste mais éphémère, comme les ressources qui regorgent notre planète.
Heureusement le chauffeur de taxi me ramenant à Lüderitz aura remis en boucle une musique inspirante, me permettant de laisser derrière moi la chaleur étouffante de Kolmanskop, où l’eau ne coule plus depuis longtemps. Quelques mois après, « Jerusalema » fera le tour du monde et la voix de Nomcebo Zikode m’entrainera à chaque fois dans ce bout de pays là bas, autrefois rattaché à l’Afrique du Sud.
Windhoek, capitale namibienne
De Lüderitz à Windhoek en bus
Il est grand temps de quitter ce pays… ou du moins Lüderitz. Je rejoins le lendemain matin la station service à côté du Spar, pour espérer prendre un mini-bus me ramenant à Windhoek. J’ai fini par laisser de côté l’idée du stop pour rejoindre le Fish River Canyon. Je demande aux personnes sur place si je suis au bon endroit et ils acquiescent gentiment. Une heure plus tard, le kombi débarque et je m’acquitte des 340N$ pour faire partie du voyage. On attend que ce dernier se remplisse et après avoir changé de mini-bus pour la troisième fois, on finira par partir, une heure encore plus tard. Voyager en Namibie en transport en commun est donc possible entre les différentes villes mais demande un brin de patience.
Le trajet va être long, alors j’ai pris quelques réserves, même si on s’arrête régulièrement aux stations de service sur la route pour faire une pause. Je suis occupée à trouver un logement pour la nuit, le couchsurfeur chez qui j’avais fait une requête ne pouvant m’accueillir. Heureusement un groupe whatssap a été créé par ce dernier, et je demande conseil auprès de la communauté. A ma grande surprise, 1h avant mon arrivée, un guide français me contactera et me proposera de m’héberger avant de repartir en mission.
Je passerais la journée dans le mini-bus a regardé les paysages désolés namibiens, à stresser à l’idée de ne pas trouver un logement mais j’en profiterais pour papoter avec mon voisin un brin timide mais curieux. Il se demande ce que fait une touriste comme moi dans un mini-bus au lieu d’avoir loué un 4×4 pour parcourir le pays. On discute un peu, la bonne humeur est au programme et mon corps se ramollit à chaque coup de route. Je finirais par arriver exténuer à Windhoek en plein milieu de la nuit et mon voisin, à qui j’avais demandé où on allait débarquer et s’il y avait des taxis à proximité, me proposera un lift. Je retrouverai le français avant de sombrer sur son canapé, après quelques heures d’échanges.
Que faire à Windhoek ?
Au matin, B. me demande ce que je vais faire et je lui parle du musée de la ville. Il me propose de m’y déposer et de m’expliquer quelques trucs au passage. Guide de métier, ce gars est une bibliothèque et je le suis passionnée à travers les étages du musée. L’absence de panneau explicatif est compensé par sa présence, et encore une fois je me demande ce que je fais pour être aussi chanceuse en voyage. Il doit cependant partir.
Je quitte alors le musée pour déambuler dans la petite ville et remonte à pied jusqu’à chez lui. J’ai besoin de me pauser sans stimulation autour de moi pour assimiler tout ce que je viens d’apprendre. Je dois aussi me concentrer sur la suite de mon aventure, mon visa pour l’Angola m’ayant été refusé.
Je passerai la plupart de mon temps à Windhoek au cœur de sa maison forteresse à planifier, récupérer bien trop fatiguée par ces dernières semaines. B. est patient, toujours content d’échanger et rassurant lorsqu’il m’entend dire que je devrais en profiter au lieu de rester sur son canapé. « Lucie voyons, tu as le droit de prendre soin de toi et de ne rien faire ». J’ai envie de rester des jours et des semaines pour en apprendre plus sur ce pays dont j’ai du mal à dessiner les lignes. B. doit cependant repartir sur un tour et je suis censée rejoindre J. avec qui j’ai passé mon anniversaire sur les dunes de Sossusvlei. Son équipe se retrouve à Gross Barmem à 100 km de la capitale et on avait prévu de se recroiser.
Katutura, souvenir de l’apartheid
B. me dépose à Rhino Park où je suis censée trouver tous les mini-bus en partance de Windhoek. Un semble partir pour Okahandja où mon ami me récupère… mais après plus d’une heure d’attente avec une namibienne, les gars nous embarquent pour que nous prenions un taxi. Je ne sais pas où ils veulent m’amener exactement, mais la femme me dit de venir et de lui faire confiance. Finalement on rejoint un coin où de nombreux taxis partagés sont à disposition. Le genre de coin que je cherche depuis le début de mon voyage pour pouvoir me déplacer plus facilement en « covoiturage ». On me met dans une voiture. Je demande au chauffeur s’il va bien à cet endroit et paye les 80N$. Nous devons récupérer deux personnes à Katutura, le township de Windhoek.
C’est dans ce bidonville que j’avais envie de me faufiler pour échapper à l’ambiance neutre du centre de la capitale. J’avais imaginé les bonnes odeurs du marché mais on m’avait déconseillé d’y aller seule. Prendre un tour pour visiter le bidonville est possible mais me parait tellement inapproprié. Alors que la Namibie est annexée à l’Afrique du Sud depuis 1946 (déjà sous sa responsabilité depuis 1920 après que l’Allemagne ait du renoncer à ses colonies à la fin de la 1ere guerre mondiale), c’est en 1959 que le quartier de Katutura est créé afin de rassembler les populations indigènes en dehors de la ville. Les politiques d’apartheid ont depuis pris le dessus sur les premières lois ségrégationnistes de 1908.
Finalement je me retrouve à attendre au cœur de Katutura, avec un chauffeur pressé et une dame à l’arrière. J’ai le temps d’observer la ruelle paisible par la fenêtre avec des enfants qui jouent sur la terre battue. Je me sens apaisée et repense avec nostalgie à Yopougon mon quartier d’accueil à Abidjan. Finalement une vieille dame et sa petite fille finissent par prendre place et nous partons.
Gross Barmem
Je retrouve mon ami à la station service de Okahandja, après avoir passé une demi-heure à échanger avec mes covoitureurs, la vieille dame curieuse de savoir si je parlais sa langue. Le chauffeur de taxi fit la traduction et entama la conversation. Je me tournais vers la vieille dame, ressortant le seul mot que j’avais retenu de mon périple dans le Damaraland: « Madisa » (bonjour bienvenue). Son sourire illumina son visage et le reste de cette fin de journée. Ce sont ces détails qui me font relativiser quand je me demande pourquoi je me complique la vie alors que je pourrais louer un véhicule et non voyager en Namibie en transport en commun
J. me dépose à Gross Barmem, où la réunion des équipes NWR vient de se terminer. Il me fait visiter alors que le déluge semble fort dehors et nous profitons de ce moment pour échanger les nouvelles. Rien de bien extraordinaire ici, outre le fait de recroiser J. et de lui concocter un diner. Il m’avait dit que je pourrais partir le lendemain avec la responsable du Waterberg restcamp, elle aussi présente à Gross Barmem, mais les plans ont changé.
Au cœur du parc national de Waterberg Plateau
Trouver un pasteur pour le trajet
Je retourne alors à Windhoek avec J. qui me dit que son cousin part vers Otjiwarango et peut me déposer à Waterberg, où je suis censée retrouver la responsable M. J’embarque donc avec le cousin et sur le trajet nous discutons. Comme je n’ai rien négocié et que J. avait tout arrangé tout seul, je demande au gars ce qu’il en est et me rend compte que ce ne sera pas gratuit. Soit. J’aime bien savoir dans quoi je m’embarque. On prend l’embranchement menant au Waterberg et je me rend compte que la route mériterait un 4×4 et non une voiture aussi basse. ça passe ! A. est déjà venu et est un habile conducteur. Je commence à me sentir coupable de l’avoir embarqué dans cette aventure. Nous finissons par arriver en fin de journée et A. me dit qu’il ne se sent pas faire la route du retour. Soit. Je n’ai pas de quoi lui payer une nuit au cœur du resort.
La situation commence à me monter à la tête. Je ne la sentais pas cette histoire. Arrivée à l’accueil, nous demandons à voir la responsable mais l’employé nous répond qu’elle est partie depuis longtemps et qu’elle doit faire sa sieste. J’appelle J. qui me donne son numéro: pas de réponse. La responsable M. avait proposé de m’héberger et je ne savais donc que faire dans ces conditions. J’offre une bière à A. le cousin pour l’aider à patienter et M. finit par arriver, s’excusant et m’accueillant avec un grand sourire. Je laisse le cousin expliquer sa situation… et me sens énormément mal à l’aise quant à l’idée d’abuser de l’hospitalité de M. qui n’attendait que moi. Cette personne au grand cœur finira par nous convier chez elle et nous passerons la soirée a essayé de créer un lien, avec A. dans les parages.
Histoire et randonnée à Waterberg
Le lendemain, j’embarque le cousin de J. dans une randonnée en haut du plateau de Waterberg. Ce lieu a été déclaré Réserve Naturelle en 1972. Peu accessible des espèces en danger d’extinction y ont été introduites afin d’en limiter le braconnage, à l’image du rhinocéros noir. Le plateau de Waterberg est aussi d’une importance géologique, puisque la plus ancienne strate rocheuse date de plus de 850 millions d’années. Des traces de dinosaures datant de 200 millions d’années y auraient aussi été découvertes.
Les premiers hommes à s’y être installés furent le peuple San, à raison des gravures retrouvées vieilles de plusieurs milliers d’années. Une petite tribu y pratiquait encore son mode de vie traditionnel sur le plateau jusqu’à la fin des années 60. Waterberg marque aussi un fort tournant de l’histoire namibienne. C’est ici que le peuple Herero perdit l’une des plus grande et dernière bataille contre les forces coloniales allemandes au début du 20ème siècle. Les Hereros furent forcé de battre en retraite et de se retrancher dans l’actuel Botswana. Beaucoup perdirent la vie au main de l’ennemi ou au cœur du désert de Kalahari. On estime que 2/3 de la population Herero aurait été décimée lors de cette période marquante.
C’est donc pour prendre de la hauteur que nous choisissons la randonnée menant au plateau. Elle est à faire de préférence le matin (compter 2-3h et 150 m de dénivelé). La vue y est splendide et il fait bon s’y poser. On est loin des plaines désertiques de l’Ouest et mon esprit se contente du moment présent.
De retour au lodge, nous disons au revoir à M. et la remercions de sa générosité. Nous reprenons la route avec A. jusqu’à Otjiwarango où je passerai la nuit car un guide est censé me récupérer le lendemain matin pour partir jusqu’à Etosha.
Etosha et les big 5
Aller jusqu’à Etosha en stop ?
Ce guide n’arrivera jamais. Ayant crevé la veille sur la route vers Sossusvlei, il ne me préviendra bien après notre heure de rendez-vous malgré mes relances tout au long de la journée. Il est déjà 16h et bien trop tard pour faire du stop jusqu’à Etosha. J’ai passé ma journée dans une boutique hôtel à l’attendre et je repasserais la nuit à Otjiwarango.
Je n’ai trouvé aucun tour, aucun touriste prêt à s’aventurer au cœur du Parc national d’Etosha à cette période de l’année avec moi. Je pourrais faire du stop, mais que faire sur place pour parcourir l’étendu sauvage du parc à la recherche des Big Five ? J. de Sossusvlei m’appelle pour savoir où j’en suis et me dis que son cousin serait prêt à aller jusqu’à Etosha contre dédommagement. C’est vrai que A. m’en avait parlé dans la voiture. Il avait déjà dépanné des touristes canadiens auparavant et m’avait dit qu’il avait du temps devant lui si jamais j’avais besoin d’un lift au cœur du parc (étant pasteur il semblait occupé seulement le dimanche). Il me récupèrerait donc le lendemain matin, me prêterait une tente et dormirait à la lisière du parc chez de la famille, quand nous aurons pu observer assez d’animaux sauvages.
Il est au rendez-vous le lendemain matin, accompagné à ma grande surprise d’une femme et de son fils. Un sac dans le coffre, je dépose le mien et nous partons. Pourtant je ne le sens pas. Que viennent faire ces deux personnes dans le paysage ? Il ne m’a pas prévenu. J’embarque tout de même et lui donne l’argent nécessaire pour faire le plein de provisions pour sa « petite famille » et le plein. Nous roulons et l’enfant requiert toute mon attention.
Arrivés à Etosha, A. attend que je m’enregistre et m’annonce qu’il repart et qu’il viendra me chercher le lendemain (ce qu’il ne fera jamais). « Comment ?! Ce n’est pas ce qui était prévu ! ». Il me donne un numéro, laisse mes affaires à des gardiens et m’annonce que son cousin P. prendra soin de moi. « C’est une blague ? ». Froid, il partira en me laissant au cœur d’Etosha sans tente.
Où dormir à Etosha ?
Je suis à Okaukuejo, une des entrées du parc et à quelques mètres à peine se trouve un plan d’eau. Je m’assure que mes affaires sont en sécurité avec les gardiens et les préviens que je vais me poser au point d’observation en attendant que P. arrive. Je l’ai contacté et il m’a dit qu’il rentrerait seulement à 19h et qu’il pourrait me dépanner. Les games drive (les safaris en 4×4) de l’après-midi sont déjà parties et je n’ai plus d’autre choix que d’aller me poser à l’ombre au poste d’observation, bercée de désillusions.
J’y observe mes premiers troupeaux de zèbres et l’étendue verte de ce début d’année. Dans le nord du pays, c’est la saison des pluies et Etosha s’est vêtu d’un brin de verdure. Je passerais de longues heures assise sur ce banc à espérer entrevoir d’autres espèces et à regarder autour de moi si de jeunes touristes étaient présents afin de sympathiser avec eux. Tout le monde est venu en famille.
Avant la tombée de la nuit, l’un des gardiens vient me chercher. Il a fini sa journée. Il me présente à deux guides qui viennent d’arriver avec leur groupe de touristes. Le gardien s’inquiétait pour moi et leur a expliqué ma situation. Je récupère mon sac, le remercie et les guides m’invitent à les rejoindre sur une chaise pliante. Les larmes montent et j’ai du mal à ravaler mes émotions. Les deux hommes me rassurent, me proposent de me prêter une tente pour la nuit, mais malheureusement il faudra que je me lève tôt leur groupe et matériel repartant à l’aube vers 5h du matin. Je les remercie et leur dis que j’attends un coup de fil de P. Ils me proposent de garder mes affaires, tandis que je retourne au point d’observation et qu’eux montent leur camp.
Après avoir aperçu mon premier rhinocéros au loin, je reviens récupérer mes affaires P. m’ayant appelé. Les guides m’invitent à les rejoindre pour le braai mais P. est là à m’attendre. Ils se connaissent. Me voilà rassurés. Je pars avec P. dans le quartier des employés, puis on retournera au point d’eau dans la nuit, afin d’entrevoir d’autres créatures animales.
Parcourir Etosha sans voiture
Le game drive de la matinée est complet depuis la veille. En effet, des safaris sont organisés à l’intérieur même du parc, il suffira de s’inscrire à l’accueil où vous réglez votre permis et les frais de logement (camping ou lodge). Il ne me reste qu’une option: trouver une voiture qui veut bien me prendre pour la matinée.
Les touristes à qui je m’adresse ont soit leur voiture complète, soit décidé de quitter le parc. Un ami de P. m’embarque pour quelques mètres à bord de sa petite voiture basse. Je verrais mes premières girafes.
L’après-midi, le game drive ne partira pas, étant la seule touriste à m’être inscrite. P. arrête alors des véhicules de safaris organisés, dans l’espoir que je puisse m’incruster. Il est en effet possible de dormir dans l’un des lodges à l’extérieur du parc et de participer aux safaris proposés par ces autres compagnies (les structures dans lesquelles j’ai dormi appartenant à nouveau à NWR). Après de nombreux refus, un guide finira par me laisser monter à bord avec un couple de touriste pour 600N$ (le même tarif proposé pour les games drives au départ d’Okaukuejo).
Enfin ! Après la courte balade du matin, on file sur les pistes à vive allure. Le guide semble savoir où se trouve les animaux. Il est en contact permanent avec d’autres guides lui permettant de pister leur trace. On m’avait dit qu’il était plus facile d’observer les Big 5 le matin, à la fraiche que l’après-midi. Mais finalement dans mon malheur de touriste arnaquée, j’aurais eu la chance à la clé: lion, éléphant, guépard, en quelques heures à peine j’ai pu les observer. Mon premier safari a été si rapide, que j’ai eu l’impression d’être venu pour prendre des photos et voir un maximum d’animaux, sans vraiment avoir le temps de les admirer dans leur habitat naturel. Les voitures agglutinées autour de lion souffrant au soleil m’ont un brin dérangé et pourtant j’étais dans l’une d’elles. Heureuse cependant d’avoir vu ces animaux en liberté et non dans un zoo, je rejoins P. qui me présente à une collègue qui va prendre soin de moi pendant que lui travaille.
En partance pour l’Angola
Enfin un brin de présence féminine ! Cette femme est sympathique et on papote comme de vieilles amies. Elle m’explique qu’elle a envie de rejoindre la capitale où se trouve son fils et son compagnon, mais que pour le moment elle a un emploi stable à Etosha. Je lui raconte mes aventures et lui dit que le lendemain, je pars vers l’Angola (dont j’ai enfin le visa). Après ce qui m’est arrivée avec le pasteur, elle ne veut pas me laisser toute seule. Elle appelle un ami qui habite à Oshikango, qui pourrait m’aider à traverser la frontière. Je la rassure mais elle insiste. Soit.
P. nous rejoint avec un ami et on passe la soirée à échanger tous les quatre. Ils sont vraiment adorables. P. a mon éternelle gratitude et malgré un bon repas du midi cuisiné par mes soins, je sens que je ne pourrais jamais le remercier à hauteur de ce qu’il venait de faire pour moi. De discutions en discutions, tout semble régler pour que je passe la frontière accompagnée. Un employé part à Oshikango le lendemain et semble partant pour covoiturer avec moi. Je rencontrerais ensuite l’ami de la femme qui devrait m’aider à passer la frontière.
Sauf que le lendemain, ça ne se passera pas comme prévu. L’employé est parti aux aurores et ne m’a pas attendu. Avec P. on arrête donc des voitures pour savoir si quelqu’un se dirige vers le nord. Après de nombreux échecs, je finis par covoiturer avec un guide qui se dirige jusqu’à la porte nord du parc, Nehale Lya Mpingana: je vais avoir la chance de traverser Etosha ! On roule et j’admire les étendues sauvages à portée d’yeux. Mon chauffeur est sympa et on échange sur son boulot. Décidemment malgré mes désaventures, j’aurais eu beaucoup de chance et fait de belles rencontres. A la porte nord, il me dépose auprès des gardiens, où je ferais du stop jusqu’au croisement menant à la route principale. Un local me prendra à bord de sa voiture, déjà occupée par deux voyageurs et leurs vélos. Au croisement, je lèverais le pouce à nouveau. Il y a peu de passage et après quelques minutes d’attente, un mini-bus se gare. Génial, un transport en commun allant directement à Ondangwa pour 210N$. A Ondangwa, je rejoins mon contact qui m’accompagne jusqu’à Oshikango en taxi partagé. J’y passerai la nuit dans un hôtel du coin et serai en Angola le lendemain.
Voyager en Namibie en transport en commun est-il possible ? Non sans un brin de stop. N’oubliez jamais d’écouter votre fort intérieur afin de ne pas vous faire arnaquer comme moi (même si c’est le cousin d’un ami fraichement rencontré). Et pour ne pas être dépendant des autres, prenez votre tente.
Je suis partie avec très peu d’idée sur ce pays et me suis pas mal remise en question. Je ne me suis jamais vraiment sentie à ma place lors de ce mois à voyager en Namibie. La chaleur humaine de la Côte d’Ivoire, du Ghana ou du Bénin était bien loin de la chaleur écrasante que ce pays dégageait. J’y ai rencontré des locaux discrets et timides, qui avec un peu de temps et de confiance ont fini par s’ouvrir, mais jamais complètement. L’histoire de l’apartheid laisse des cicatrices visibles et malgré les paysages extraordinaires que j’ai pu traverser, je m’y suis sentie triste. Je me suis alors dit que c’était la période dans laquelle je me trouvais qui se prêtait à ce sentiment, et pourtant à peine ai-je eu mis les pieds en Angola que je me sentais déjà chez moi.
Alors je retournerais peut-être un jour en Namibie, afin de creuser sous la poussière la véritable identité de ce bout de terre. Je suis sure que parmi le sentiment de désolation que certains paysages laissent à voir, se cache quelque chose de bien plus grand dans l’âme de ses occupants. Un pouce levé à travers l’immensité et peut-être qu’un jour j’y reviendrais à l’image de Solenn Bardet.
📖 Un livre: Rouge Himba – Solenn Bardet et Simon Hureau
🎧 Une musique: Jerusalema
💡 Une agence: TOSCO

Updated on décembre 29, 2024
Randonner dans les Pyrénées Espagnoles: des Encantats à Ordesa
« Ça te dirait d’aller randonner dans les Pyrénées Espagnoles ? » Un ami me propose de l’accompagner sur sa semaine de vacances. Le connaissant pour ses week-end bivouac et randonnées, je saisis l’opportunité pour aller explorer les Pyrénées côté espagnol. Originaire de Toulouse, je n’y ai jamais mis les pieds. On m’avait pourtant dit, lorsque je suis partie marcher sur le GR10, que l’Espagne recelait de petits trésors de l’autre côté de la frontière et qu’il serait dommage de passer à côté. Depuis l’envie de mixer le GR10, avec un brin de GR11 et de HRP se fait sentir, mais ce sera pour une prochaine aventure.
Randonner dans les Pyrénées Espagnoles: Trois jours dans les Encantats
Nous partons donc de Toulouse, et après seulement 3h de route, nous arrivons à Espot où commence notre randonnée. D’ Espot nous croisons les taxis qui font la navette jusqu’aux différents départs des sentiers. Nous montons en voiture jusqu’au parking le Prat de Pierro, où pas mal de personnes se sont déjà garées et où les distances de sécurité semblent aussi s’appliquer aux différents moyens de locomotion (nous sommes encore en pleine pandémie). Nous chaussons nos chaussures de randonnées qui vont nous accompagner pendant 3 jours de trek dans le Parc national d’Aigüestortes et lac Saint-Maurici. Ce parc, créé en 1955 est le seul parc national catalan. Les Encantats (« enchantés ») sont en fait deux pics rocheux jumeaux au cœur du parc, qui le caractérise. De leurs sommets respectifs, ils ne sont pas les plus hauts, mais veillent sur les randonneurs avançant entre mille lacs.
Jour 1: D’Espot à Maria Blanca via le Col du Monastero
C’est sur le chemin entre le parking et le Lac Maurici, que je découvre la légende qui les incarne. Je ne comprends pas tout avec mon espagnol hésitant. Lorsque nous apercevons l’ermitage de Sant Maurici, un panneau nous parle de deux hommes, qui auraient séché la messe ou un pèlerinage important, pour aller chasser et crapahuter dans les montagnes, et se seraient fait prendre par l’orage et pétrifier dans la roche pour les punir de leur audace. Cristòfol et Esteve seraient donc aujourd’hui le Grand Encantat et le Petit Encantat… une jolie histoire qui est censée nous rappeler que la montagne sera toujours maitre et que la nature se respecte.
Sur ces belles paroles, nous prenons une bifurcation à gauche avant le Lac Maurici pour nous diriger vers le Col du Monastero. A quelques mètres de l’embranchement, nous voilà déjà éblouis par les célèbres Encantats et le soleil. Il est déjà 12h ! Nous nous posons au bord d’un lac asséché, avant de ne continuer vers le col.
Le col finit par arriver, sableux et glissant, et j’ai bizarrement un coup de boost pour le grimper. Peut-être la joie de reprendre la randonnée après deux semaines de pause, dans des paysages fabuleux ou l’idée que je n’aurais pas à descendre ce monstre ensablé en sens inverse. Mon coéquipier me suit difficilement avec la tente et le réchaud (qu’on aura fini par prendre pour rien), puis reprend du service après le col.
La descente se fait au travers une myriade de lacs, où les eaux scintillent à travers les rayons du soleil. C’est époustouflant et je m’arrête régulièrement pour prendre quelques photos. Après le barrage, nous apercevons le fameux refuge de Maria Blanca, que mon ami m’ayant conseillé cette randonnée, qualifie comme l’un des plus beaux des Pyrénées. Il serait difficile de le contredire.
Après un brin d’étirement et de yoga avec une vue splendide, il est temps de profiter de la demi-pension obligatoire. Les yeux du gérant semblent se confondre avec l’eau des lacs environnants. Je passerai une nuit désastreuse, non pas à cause du confort ou des ronflements, mais parce que parfois en tant que femme, il faut savoir gérer certains désagréments.
Jour 2: De Maria Blanca à Colomina puis Estany Llong
Le lendemain matin, la question de continuer se pose: arriverais-je à faire l’étape après la courte nuit et mon corps en feu ? Je décide de tenter l’aventure et tout se passe pour le mieux jusqu’au refuge de Colomina.
De Maria Blanca, il faut reprendre le chemin de la veille jusqu’à la bifurcation menant au col de Saburo.
A Colomina la vue est belle. On se pose le temps de manger au refuge et de savoir s’il sera possible de dormir à celui d’Estany Llong le soir. En effet, il était indiqué complet en ligne, bien avant de partir et nous n’avions pas réussi à joindre les gérants depuis. C’est qu’au cœur du Parc national d’Aigüestortes et lac Saint-Maurici le camping et le bivouac sont interdits. Nous avions longtemps cherché l’information quant au bivouac, sans vraiment être surs que nous étions en tord si nous plantions notre tente au coucher de soleil et la plions avant le jour. Les personnes rencontrées à Colomina et tout au long du trajet, nous ont confirmés que le bivouac était interdit au sein du parc (même autour des refuges) et que nous risquions une amende de 300€ minimum chacun si nous avions la chance de tomber sur un garde. Loin de nous le désir d’enfreindre ce qui est mis en place pour protéger une nature fragile, nous avons néanmoins rencontré des randonneurs qui prenaient ce risque. Dans tous les cas, ne laissez aucune trace ! Ni papier toilette, ni peau d’orange (vu sur les chemins).
Notre demi-pension confirmée pour la soirée, nous reprenons la route encore longue jusqu’à l’Estany Llong. Le sentier longe et finit par se confondre avec le chemin de fer qui servait autrefois peut-être à amener le matériel construisant les barrages. Nous atteignons l‘Estany Tort puis commençons la descente qui finit par se faire longue jusqu’à l’Estany Llong. Le refuge se dévoile enfin… une douche, un bon repas et quelques mots en français avec nos voisins de table et ce sera l’heure de récupérer de ma dernière nuit courte.
Jour 3: D’Estany Llong à Espot
C’est la dernière journée de notre aventure dans les Encantats. Le temps a changé légèrement et les nuages se sont épaissis. Les couleurs du matin offrent une ambiance mystérieuse, sur le plateau aux vaches espagnoles. Ces dernières prennent la pause devant les ombres bleutées des sommets lointains.
Il nous reste un dernier col à gravir, celui du Portaro d’Espot. Son nom nous indique que nous sommes sur le chemin du retour et pourtant l’enthousiasme me manque. Les vues sublimes m’entrainent avec elles et je finis par avancer par automatisme vers un lac que je n’ai pas découvert à l’aller. Après le col, le Maurici s’offre à nous, grand, aquatique et imperturbable face aux promeneurs de la journée. C’est que ce lac reste accessible aux personnes à mobilité réduite, et que du parking initial il est bon de venir passer la journée muni de son pique-nique.
La descente jusqu’au parking nous semble beaucoup plus longue qu’il y a 2 jours. Nous finissons tout de même par arriver et nous reprenons la route vers notre 2ème étape, ravis de ces quelques jours dans le parc et confiants quant à la suite de notre périple. Les Encantats m’ont laissé un goût de « reviens-y » et je serais curieuse de les découvrir en plein hiver, lorsque les lacs seront recouverts de neige.
Pour réserver vos nuits en refuge: http://refusonline.com/fr/carte-reserves-en-ligne La carte du Parc national d’Aigüestortes et lac Saint-Maurici à télécharger ici. |
Au delà des Pyrénées Espagnoles: randonnée kayak au Congost de Mont Rebei
D’Espot à l’auberge de Montfalco, il faut compter 2h30 de route en fonction de vos aptitudes à conduire sur une route non goudronnée à partir de Viacamp. Le Congost de Mont Rebei, ce sont des gorges dont les parois vertigineuses atteignent plus de 500 mètres, dessinées par la rivière Noguera Ribagorçana qui serpente au milieu des montagnes de Montsec, nous émerveillant de ses eaux turquoise. Afin de découvrir cette beauté de la nature, plusieurs points de départ sont possibles: La Pertusa, juste après le village de Corça (ou de Corça même ou Ager si vous commencez en kayak depuis la base nautique), La Masieta ou depuis l’auberge de Montfalco. Nous avons choisi la dernière option car nous pensions pousser notre découverte jusqu’aux Finestras, dont j’avais entendu parler sur le blog de Guillaume et Betty.
Nous arrivons donc à l’auberge en fin de journée, après notre troisième étape depuis les Encantats. L’impression d’être au milieu de nulle part se fait sentir et mon compagnon de route s’empresse d’aller papoter avec la gérante du coin. Celle-ci nous donne quelques pistes pour dormir et nous renseigne sur nos options kayak pour le lendemain. Nous voulions absolument faire un aller sur l’eau puis un retour sur terre, afin de profiter complètement du Congost de Mont-Rebei. Après avoir glané quelques informations, nous réservons notre embarcation pour le lendemain matin et nous nous dirigeons vers l’ermitage de Santa Quiteria, à quelques minutes de l’auberge. Ça grimpe sec, puis nous nous retrouvons en hauteur entre des murs de pierres claires, au cœur d’une église, dominant les eaux turquoise séparant l’Aragon de la Catalogne.
Nous redescendons pressés de trouver un lieu pour dormir et avare de la journée qui nous attend le lendemain. Nous dormirons au bord de l’eau sous les étoiles brillantes.
Le lendemain, nous avons rendez-vous à l’auberge d’où nous partons en voiture avec l’un des gérants, qui vient de nous équiper. De la base nautique, nous pagayons sur 7km au dessus des eaux merveilleuses de la Noguera Ribagorçana pour rejoindre La Masieta. Avec mon compagnon de route, on a du mal à se coordonner… lui hyperactif et derrière, moi plutôt calme et devant. Il a du mal à s’adapter à mon rythme zen et profond et tape sur mes pagaies régulièrement. Je ne peux que vous conseiller de prendre un kayak en solo dans ces conditions. La magie du lieu finit cependant par m’apaiser, et je ne regrette une seconde d’avoir tenté l’expérience (compter 40€ par personne). Nous avons 3 bonnes heures devant nous, alors nous prenons le temps de nous arrêter pour faire des photos, d’aller explorer les petits recoins à droite sous un pont puis de rejoindre La Masieta, où nous laissons nos kayaks et trouverons un banc au bord de l’eau pour nous remettre de nos émotions.
Enfin il est temps de rejoindre le chemin nous ramenant à l’auberge, cette fois-ci en hauteur. On vous conseille de faire la randonnée le matin, pour bénéficier de toute la fraicheur nécessaire à cette aventure… puis de rentrer en kayak lorsque le soleil tape, afin de bénéficier de l’eau à portée de main. Pour cette-fois, nous n’avions pas le choix.
Le chemin est très fréquenté. Il suffit de voir le sol poli par nos pas de visiteurs chevronnés, bien contents d’avoir pris leurs chaussures de randonnée. Il est difficile de se perdre. Nous suivons la rivière d’un coin de l’œil et apprécions la vue vertigineuse, nous laissant admirer les profondeurs des gorges. Le sentier monte et descend, la chaleur en cette fin septembre lourde, mais bien plus supportable qu’un mois d’été.
Nous retrouvons les ponts que nous avions découverts sur l’eau et nous rendons compte qu’il nous faudra beaucoup plus de temps à pieds. Nous avançons profitant d’un chemin plus facile que sur notre trek des Encantats. La vue est splendide et il est difficile de ne pas s’arrêter pour faire des milliers de photos.
Nous reconnaissons enfin le premier pont que nous avions dépassé en kayak et retrouvons les célèbres passerelles à flanc de falaise que nous avions vu de la rivière. Il faut monter quelques escaliers aux longues marches, pour finalement redescendre les passerelles pour ensuite… remonter. Ces dernières sont spectaculaires et on se demande bien comment l’homme a eu l’idée de les construire à même la roche. Il est tant de remonter jusqu’à l’auberge, la fin d’après-midi approchant. Ça grimpe à nouveau à travers la forêt et nous profitons de l’absence de soleil pour accélérer le pas. Nous arrivons enfin à la source, étonnés de trouver une poubelle remplie et accrochée à un arbre. Un sac de poubelle français… Quel honte ! Nous l’embarquons avec nous et retrouvons l’auberge de Montfalco pour une petite boisson fraiche. Quelle journée, splendide du début à la fin ! Avant que mon ami ne me parle de cette endroit, je n’en avais jamais entendu parler alors que nous sommes seulement à 3h30 de route de Toulouse !
Ravis de cette belle expérience, nous reprenons la route pour Alquezar, mon ami peut confiant à l’idée de faire la route non-goudronnée jusqu’à Finestras. En chemin, nous avons la joie de faire une jolie rencontre. Un renard a traversé la route devant nous, puis s’est assis sur le bas côté pour nous observer.
Retrouvez ici la carte du Congost de Mont-Rebei |
2 jours dans la Sierra de Guara: découvertes et randonnées
Balade à Alquezar
Nous arrivons à Alquezar de nuit et nous nous posons dans un camping pas très loin de là. Je propose à mon coéquipier d’aller manger quelques tapas dans la ville. Il y a très peu de touristes à cette époque de l’année. Nous profitons des lumières du soir sur la ville et de la non-amabilité des serveurs du restaurant que nous avons choisi.
Nous reviendrons le lendemain à la lumière du jour pour découvrir la jolie ville et s’élancer sur les passerelles du Vero. Cette jolie balade est payante. Elle nous fait longer le Rio Vero, célèbre pour les activités de canyoning proposées dans la région. Nous descendons jusqu’à la rivière pour ensuite prendre le petit chemin sur la gauche nous menant vers une cavité. Depuis cette cavité, nous mettons les pieds à l’eau pour remonter le Vero, alternant entre les chemins du bord et la trempette de pied. Nous finissons par arriver jusqu’au petit pont de pierre romain de Villacontal, que vous verrez sur presque toutes les photos d’Alquezar. Après un pique-nique en bord d’eau, nous faisons demi-tour pour rejoindre la grotte à nouveau et emprunter le sentier menant aux passerelles. Pour éviter de faire l’aller-retour dans l’eau, il est possible d’accéder au pont via le village directement. Nous longeons donc le Vero et profitons de cette marche accessible aux petits comme aux plus grands. Les eaux semblent bien pâles après la découverte du Congost de Mont-Rebei, mais il suffit de lever la tête au ciel pour se rendre compte que les nuages ne leur font pas honneur ce jour-là.
La boucle finie, nous retrouvons le joli village d’Alquezar, qui nous offre ses petites ruelles de pierre animées. Du moins c’est ce que j’aurais espéré… l’heure de la sieste ayant sonné, les magasins ont fermé leur porte pour quelques heures, nous laissant dans un village vide mais magnifique. Nous aurions aimé profité des visites de la ville proposée par l’Office de Tourisme, mais les horaires ne collaient pas.
Nous reprenons donc la route vers la partie Ouest de la Sierra de Guara: le canyon du Mascun.
Découverte de Rodellar
Nous arrivons en fin de journée à Rodellar pour nous installer au camping situé à l’entrée de la ville. Nous plantons notre tente et partons explorer le petit village. Le temps n’est pas au beau fixe et le ciel s’est assombri. Nous savions que nous ne pourrions pas profiter de la Sierra de Guara comme nous l’entendions.
Pourtant cette région était pour moi un rêve lointain, découverte sur les brochures enflammées de la boîte dans laquelle je faisais mes premiers pas dans le monde du tourisme d’aventure. J’avais dans ma tête les images sur papier glacé des eaux turquoise espagnoles, qui serpentaient à travers des canyons profonds, nous permettant de randonner les pieds dans l’eau, profitant de glissade et de sauts.
Afin de nous réconforter face à la météo, nous poussons la balade jusqu’au Kalandraka une auberge au milieu de nulle part. Mon ami l’avait repéré en ligne et m’avait convaincu d’aller y faire un tour. Nous profitons des délicieuses lasagnes végétarienne et je suis projetée quelques années en arrière au cœur même des Blues Mountains en Australie. Le temps d’un « tinto verano » (ou vin d’été, un mélange de vin, de limonade espagnole et d’agrumes; un délice frais pour les journées ensoleillées), la nostalgie m’entraine au cœur d’une auberge de jeunesse où je travaillais et rencontrais les voyageurs s’étant donnés rendez-vous pour des journées d’escalade. J’y avais d’ailleurs fait mes premiers pas, de nuit, sur la roche munie de ma lampe torche avec deux français et un canadien. La française, monitrice d’escalade, m’avait parlé de la Sierra de Guara et de ses spots uniques au monde. Je me revois avec eux… puis mon esprit divague jusqu’en Tasmanie, où ma coloc argentine me parlait de ses sorties. De retour en Espagne, je vois défiler les adeptes à l’escalade munis de leurs baudriers, rejoignant leur joyeuse famille créée les soirs d’été. Un lieu comme j’aime, à quelques pas de la nature profonde, dans une joyeuse ambiance respectueuse et bon enfant.
Le lendemain viendra la pluie, froide et terrible. Nous n’aurons pas l’occasion de descendre dans le Canyon du Mascun, désenchantés par la météo. Nous décidons de quitter la Sierra de Guara, à contre-coeur pour moi, mais le temps n’annonçait aucune éclaircie jusqu’à la fin de notre escapade. Nous irons nous abriter en ville pour quelques heures à Huesca.
Télécharger ici la carte du Parc naturel de la Sierra de Guara |
Détour à Huesca et les Mallos de Riglos
A 1h de Rodellar, Huesca se situe sur le Chemin de Saint-Jacques. Il suffit d’aller se balader en ville le temps d’une éclaircie, pour apercevoir les coquilles au sol. Nous marcherons du parc Miguel Servet à l’église de San Vicente el Real, pour rejoindre la Cathédrale à travers les petites ruelles enchantées. Du point le plus haut de Huesca, nous redescendrons vers la Plaza de Toros avant de passer à travers les rues marchandes de la ville qui se réveillent doucement, pour rejoindre le parking. Quelques photos de l’ancienne capitale d’Aragon et nous partons faire un crochet aux Mallos de Riglos à 45 min de route de Huesca.
Los Mallos de Riglos sont des formations géologiques que l’on peut admirer dans le petit village de Riglos. Nous nous garons en bas et grimpons les rues pour atteindre une jolie église. Les falaises de couleurs orangé sont impressionnantes et semblent changer au gré de la lumière du jour. Il est possible d’en faire le tour sur une randonnée de 2h-3h ou de s’adonner à l’escalade pour les plus expérimentés. Nous nous contenterons de la vue du village, le pluie ayant obscurci le ciel. Nous reprenons la route pour Torla, à 2h de là pour la dernière étape de notre périple, pour à nouveau randonner dans les Pyrénées Espagnoles.
2 jours à la conquête du Mont Perdu, à randonner dans les Pyrénées Espagnoles
Lorsque mon ami me parla du Mont Perdu, il semblait évoquer pour moi l’ascension impossible de l’un des sommets mythiques pyrénéens que je ne pensais atteindre seulement dans mes songes d’aventures. Les voix de mes profs de sport du collège raisonnaient dans ma tête: « nulle, nulle, nulle ». C’est marrant comme le sport collectif ne convient pas à tout le monde. En Australie, la randonnée fait partie des sports proposées à l’école.
En serais-je vraiment capable ? Toute enthousiaste à l’idée de réaliser un rêve qui me semblait si lointain, le Mont Perdu devait se faire à tout prix. Même à celui de la météo.
Nous avons passé la semaine à suivre son évolution, afin de trouver une éclaircie qui nous permettait de monter ses 3355 mètres d’altitude. Nous étions vendredi, les nuages semblaient se dissiper le dimanche.
Nous passons la nuit dans un camping à Torla, abrités dans l’un de leur refuge de pierre. La pluie est tellement puissante ce jour-là, qu’elle finit par s’infiltrer dans les murs et glisser sous la porte. Un plat de pâte plus tard, nous profitons du confort du soir pour une nuit à l’abri du torrent qui se déverse dehors, sans penser à ce qui nous attend le lendemain.
Jour 1: Du parking de la Pradera au refuge de Goritz
Nous laissons Torla derrière nous pour le parking de la Pradera d’Ordesa à 20 min de là. La pluie semble s’être arrêtée dans la nuit, mais nous savions que cette sensation serait de courte durée. Arrivés au parking, nous nous chaussons, prenons nos bâtons et nos sacs et nous aventurons dans le Parc national d’Ordesa et du Mont Perdu. Nous sommes surpris de voir autant de monde braver la pluie. Un garde nous arrête pour nous expliquer que le Chemin des Chasseurs n’est pas accessible et qu’une déviation est prévu jusqu’à la Cascade de Aripas, à cause des fortes pluies de ces derniers jours.
Bien sûr, nous avions prévu de prendre le Chemin des Chausseurs, qui nous aurait permis de faire une boucle jusqu’au refuge et de prendre un peu de hauteur sur la vallée. La ‘Faja de Pelay’ sera pour une autre fois et nous nous contentons de suivre la foule jusqu’à la première cascade.

La pluie a repris à peine le pied posé sur le sentier. Nous le savions, c’est ce qui était prévu. Je suis pourtant de bonne humeur, à un jour près de réaliser un rêve inavoué. Nous avançons sur un chemin facile et je me rends compte que la plupart des familles ne monteront pas jusqu’à Goritz. Elles sont là pour la promenade du week-end et la cascade semble à portée de main. Après l’avoir dépassé, nous montons doucement pendant quelques heures, sous la pluie, pas encore trempés jusqu’aux os, mais bien concentrés sur notre objectif. Les arbres du Bosque de Las Hayas nous permettent d’avancer entre les gouttes et nous offre une couverture naturelle jusqu’à ce que nous quittions la forêt. Doucement la vallée finit par se découvrir, immense sous nos yeux. Nous devons la remonter jusqu’à la Cascade de la queue de cheval ou Cascada de la Cola de Caballo, où la plupart des promeneurs du jour s’arrêteront.
Beaucoup moins abrités sans les arbres au dessus de nos têtes, nous avançons au cœur du cirque de Soaso. La vue à travers mes lunettes embuée est splendide. Je ne peux m’empêcher de m’arrêter. Trempée, je ne peux qu’admirer la vallée magique, dégoulinant de cascades par milliers. Nous longeons la rive gauche de la rivière Arazas. Soudain une cabane surgie au milieu de nulle part, et nous profitons de sa présence pour faire une pause repas frigorifiée. Nous échappons quelques longues minutes à la pluie battante, qui nous offre son manteau de gouttes fines et grises. Le froid finit par nous transpercer et nous reprenons notre chemin jusqu’à la célèbre cascade. Il faut compter 3h de marche entre le parking et celle-ci.
Le vert se mélange au gris profond et majestueux des montagnes et nous finissons par arriver à la Cascade de la queue de cheval. Elle semble bien porter son nom. Nous nous arrêtons seulement quelques minutes car le sentier ne s’arrête pas là pour nous. Nous traversons le pont, pour rejoindre les panneaux en face, laissant la rive gauche du Rio Arazas derrière nous. Deux choix s’offrent alors à nous: continuer jusqu’au refuge de Goritz via les voies d’escalade ou via le chemin de randonnée. Nous opterons pour le dernier.
La pluie s’est calmé et nous montons tranquillement jusqu’au refuge. Nous avons quitté les cascades et il nous tarde de nous mettre à l’abri. Nous séchons sur le chemin qui s’avère légèrement plus difficile que le chemin du bas accessible aux familles. Nous grimpons doucement et finissons par attendre le refuge, bien pressée de prendre une douche chaude. Il est possible de planter notre tente dehors après l’avoir signalé aux gardiens, mais nous choisissons le confort après une journée si humide. Une douche de 4 minutes et un chocolat chaud plus tard, nous serons à nouveau sur pied.
Dans notre chambre, nous rencontrons trois espagnols qui sont venus passer le week-end avec le même objectif que nous. Ils sont montés ce jour-là jusqu’au Mont Perdu, sans pour autant pouvoir accéder au sommet, stoppés net par la neige. Avec la pluie que nous avons eu tout le long, nous n’aurions même pas tenté une ascension le samedi. Heureusement pour nous le lendemain, il n’y avait pas de pluie prévue.
Jour 2: Du refuge de Goritz au parking de la Pradera
C’est le jour J ! Randonner dans les Pyrénées Espagnoles pour atteindre ce rêve… enfin ! Le but ultime est à portée de main. Nous laissons quelques affaires dernière nous au refuge (qui nous propose un cadenas contre une caution de 10€) et partons à la conquête du Mont Perdu. Le chemin n’est pas balisée, il nous faut donc repérer les cairns déposés ça et là pour avancer à peine le jour levé.
On commence directement par une mini session d’escalade et de franchissement d’escaliers naturels. Nous progressons rapidement. Un passage délicat nous amène à utiliser nos bras pour grimper puis après le sol friable et les cairns éparpillés, nous croisons les deux lèves-tôt de la journée qui sont partis ce matin à la frontale. Le couple nous explique qu’il est impossible d’accéder au Mont Perdu sans les crampons.
N’étant pas sûrs d’avoir bien compris dans notre espagnol hésitant (bon… je pense qu’on n’avait juste pas envie d’entendre ça), nous continuons cependant notre route, certains de croiser le groupe de randonneurs qui nous devançaient de plus près. Nous finissons par arriver à l’étang glacé, sur un chemin d’éboulis. Et là, nous croisons ceux qui étaient partis devant nous ce matin, dépités.
Nous levons les yeux et il faut bien se rendre à l’évidence: la forte pluie des jours précédents était de neige à plus de 3000 mètres. A 2965 mètres, nous voyons clairement le couloir raide de neige dure, se déversant de tout son long. Chaque groupe de randonneurs s’assoie devant le lac, admirant les trois compères qui essayent munis d’une corde d’atteindre le graal. Ils feront demi-tour. Personne n’avait prévu les crampons à cette époque de l’année. A quelques jours près nous y étions.
Doucement l’effet de légèreté qui m’avait transpercé depuis notre départ ce matin-là, se fit plus lourd. Si près du but, à quelques pas raides du sommet, nous aurions pu y être… Le Monte Perdido restera un bout de rêve accroché à la neige.
Je n’ai alors qu’une envie: retourner à la voiture et rentrer en France. Mais mon ami me propose de continuer vers le Pic du Marboré dont on parlait la veille, encore enflammés par nos idées de conquêtes. Nous poussons donc vers l’Ouest, pensant que la neige serait la même à plus de 3000 m. La veille, l’une des gardiennes du refuge nous disait qu’il était possible de rejoindre la Brèche de Roland du Mont Perdu, en passant par une vire non balisée. Nous tentons l’aventure parmi les rochers, surpris de découvrir un paysage totalement différent à quelques pas à peine du lac glacé. Nous poussons le chemin jusqu’à ce que nous ne puissions plus avancer. Nous ne sommes pas sûrs d’être sur la bonne vire et la gardienne nous confirmera que nous étions à peine plus haut. Après un casse croûte mérité, nous redescendons jusqu’au refuge pour récupérer nos affaires, admirant le fabuleux canyon d’Ordesa. Nous reprendrons le chemin de retour jusqu’au parking, beaucoup plus long que dans mes souvenirs pluvieux de la veille. C’est fou comme le mental impacte tant nos forces. De retour à la Pradera d’Ordesa, nous rentrerons en France. Je laisserai dernière moi ce rêve inachevé, qui en aura créé finalement bien d’autres.
Préparez vos randonnées à l’aide du Géoportail espagnol |
Et vous connaissez vous ? Avez-vous déjà randonner dans les Pyrénées Espagnoles ? Certaines randonnées vous ont-elles marqué ? Avez-vous pu admirer la vue à 360° au sommet du Mont Perdu ?

Posted on septembre 11, 2020
Montpellier, le temps d’un week-end prolongé
Je n’avais de Montpellier que cette image biaisée, datant de mes années clubbing. A l’époque j’avais doucement pris confiance en moi en montant sur les podiums toulousains, où je lâchais mon corps quelques heures sur des morceaux de ce qu’on appelait la « minimale », un doux son électronique qui mêlait rythme et instrumental. De Monegros en Espagne au Time Warp à Amsterdam, j’avais du faire quelques soirées à Carcassonne ou Narbonne et c’était alors au tour de Montpellier, de nous dévoiler son caractère de « capitale du clubbing » de l’époque. Je me souviens avoir pris le tram, avoir fait du stop et avoir rejoint le coin des boîtes de nuit, où l’on trouvait l’after le plus célèbre du pays. Je n’avais donc rien vu de la ville… et mes quelques passages à la gare, en correspondance, ne m’avait laissé qu’un goût de destination prépubère où les gens viennent pour faire la fête. Je crois que j’avais cette image de ville sale, enfumée comme je pouvais l’être en soirée, marchant sur un sol poisseux où l’alcool avait malencontreusement dégouliné. Quelle ne fût ma surprise lorsque je décidais enfin de visiter cette ville le week-end dernier, soit plus de dix ans après !
Se perdre quelques heures dans la ville
Arrivée en gare St Roch, je sortais sous un grand soleil, surprise de voir autant de monde marcher dans les rues. A quelques pas à peine, me voilà au cœur du square Planchon, où le brin d’herbe et les quelques bancs donnent envie de s’asseoir, se poser et respirer à plein poumon, le temps de regarder les passants s’en allaient vers la place de la Comédie. Je les suis, faisant attention de ne pas me prendre une trottinette, qui semble avoir plus confiance en sa vélocité que les vélos eux-même. Un petit arrêt vers l’Opéra et c’est vers l’Office de Tourisme que je me dirige. Ma curiosité me traine jusqu’à la libraire Sauramps, que j’avais découverte dans l’article de Tania. Moi qui n’aime pas beaucoup les grosses librairies, celle-ci m’entraîne inexorablement de rayons en rayons, avec l’envie d’acheter tous les livres sur lequel mon regard se pose.
Mais il est temps de continuer car j’ai envie de faire le tour de la ville à pied. J’aime me balader seule dans un nouveau lieu, laissant mon instinct choisir la prochaine rue.
C’était sans compter l’appel de ma tante qui me propose de la retrouver place de la Comédie, alors que je commençais à peine à m’engouffrer au cœur du Corum. Volte face, c’est donc dans les quartiers Saint-Roch, Saint-Anne et à travers les ruelles de l’Écusson que nous déambulons le reste de l’après-midi.
Je me retrouve alors au milieu d’une ville ensoleillée, dont les murs jaunes pâles accueillent doucement chaque rayon de soleil. Les rues sont animées, avec leurs petites boutiques et leurs cafés. Ce n’est pas comme à Toulouse où tout paraît concentré sur quelques lieux. Ici chaque coin de rue semble vivant et on a envie de s’y promener longuement, pour en absorber chaque instant. Que c’est agréable de pouvoir marcher sans voiture ! Nos yeux peuvent alors se concentrer sur les petits détails, les plantes posées ça et là, et les murs en trompe l’œil. Je suis agréablement surprise par la ville et m’imagine même y vivre… cela le temps d’un après-midi.
Le soir, je pars faire un tour à la promenade du Peyrou, espérant trouver le soleil couchant. Je rejoins mon amie et nous irons prendre un verre à la Casa Cubano, qui offre tous les vendredis soirs une soirée salsa… mais c’était sans compter sur la COVID.
Montpellier et ses musées
Le lendemain, je propose à mon amie d’aller faire un tour au MO.CO. Hôtel des Collections, car ils ont une exposition sur l’Amazonie. Pour la petite histoire, j’ai rencontré cette fille lors de mon expatriation en Côte d’Ivoire, notamment autour de la forêt de Taï. On avait donc envie de se plonger dans une expo nature, au cœur des odeurs et couleurs d’une forêt primaire. Ce musée qui se trouve dans le prestigieux hôtel particulier Montcalm, non loin de la gare, est ouvert depuis 2019 (à ne pas confondre avec le MO.CO. Panacée donc). Il propose des expositions temporaires dont l’entrée est gratuite pour les demandeurs d’emploi (8€ pour les autres en 2020).
Nous sommes arrivées sans le savoir, au moment où une visite guidée gratuite était proposée. Celle-ci fut passionnante et les quelques œuvres choisies et expliquées, exquises. Les tableaux ci-dessous m’ont particulièrement marquée. Ils représentent tous les deux l’Amazonie. Le premier montre que même si on souhaite la contrôler ou la mettre dans une « case », la nature reprend toujours ses droits. Je trouvais que c’était une belle référence à l’être humain également. Le deuxième tableau a été dessiné au charbon. Derrière cette végétation dense et magnifique, on découvre en s’approchant des dessins connus, de personnes combattant, rappelant que l’Amazonie a toujours été un lieu de lutte, que ce soit pour les peuples y vivant, ceux l’exploitant et le fait que géographiquement la forêt se trouve sur plusieurs pays.
En sortant (ou en entrant) du musée, on se retrouve dans un Jardin des Cinq Continents, où l’envie de se poser persiste. On finira par prendre la direction du jardin botanique, afin de profiter d’un petit goûter au Coffee Club, rue St-Guilhem à quelques minutes des meilleurs odeurs de café de la ville (au Café Solo).
Le lendemain matin, j’irai faire un tour au Musée Fabre, plus classique, qui est gratuit tous les premiers dimanches du mois.
Le jardin botanique de Montpellier
Pour bien finir notre journée, c’est au Jardin Botanique que nous faisons un tour. Je ne suis jamais très fan de ces jardins… car je les trouve souvent trop bien organisés ou trop peu exploités. Je garde précieusement les souvenirs du magnifique jardin botanique de Singapour, et depuis les autres sont souvent que de pâles copies. Nous voilà néanmoins, déambulant au cœur du plus ancien jardin botanique de France ! Et je trouve que sa vieillesse lui offre un côté moins aménagé qui ne manque pas de charme. De l’ancien observatoire aux nénuphars géants, des fleurs orangé et plantes médicinales, nous arrivons devant ce vieil Oranger des Osages (photo à droite ci-dessous).
Le jardin des plantes a été fondé en 1593 et fait partie intégrante de la Faculté de Médecine de Montpellier, adjacente. A l’origine destiné à la culture des plantes médicinales (qui servaient à l’enseignement), le jardin est vite devenu un outil d’étude botanique, avec l’intégration de plantes exotiques. J’en suis repartie conquise !
L’ Université de Médecine de Montpellier, qui a fêté ses 800 ans le 17 août 2020, est la plus ancienne du monde occidental encore en activité. C’est en 1181 que le seigneur de Montpellier, Guilhem VIII, accorde le droit d’exercer et d’enseigner la médecine à tous. C’est d’ailleurs au cœur de ses bâtiments historiques que l’on trouve le Conservatoire d’Anatomie et le Musée Atger (que je n’ai pas eu le temps de visiter). L’ histoire nous dira même que Rabelais, Rondelet ou encore Nostradamus l’ont fréquenté !
En plus d’être le berceau de l’enseignement de la médecine, Montpellier (construite au Moyen-Âge) était le principal port d’entrée des épices en France au XIIIe siècle.
Montpellier et les plages alentours
On le sait maintenant, Montpellier est géographiquement bien situé. Dans le sud de la France, à quelques coups de pédale de la Méditerranée, Montpellier offre des escapades variées à ceux qui veulent prendre le temps. A l’Est de la jolie petite ville de Sète, à l’Ouest du Parc naturel Régional de Camargue et au Sud du Parc national des Cévennes, Montpellier a le goût des villes où on aurait envie de revenir pour redécouvrir les trésors cachés de son enfance, lorsqu’on parcourait les routes de France, petite en camping-car avec ses parents.
A défaut de pouvoir aller aussi loin le temps d’un week-end, nous avons opté pour l’option plage que je n’avais pas vu de l’été. Nous avons mis un moment à nous décider car la variété des plages semblait à la clé. Palavas-les-Flots est certainement la plus proche et donc la plus facile d’accès. J’en avais une image de plage « construite et bétonnée » et la photo de gauche peut le confirmer (Palavas au loin derrière les dunes). Mon amie me parlait de la plage du Pilou à Villeneuve-lès-Maguelone, petite, jolie et accessible en bus + vélo l’été. L’ offre n’étant plus valable début septembre, nos cœurs penchaient pour la plage des Aresquiers, accessible en bus et celle de l’Espiguette où il faut prendre le bus jusqu’à Grau-du-Roi puis marcher 1h pour y accéder, une fois l’été passée.
Nous décidons de partir à l’assaut de la plage de l’Espiguette, rejoignant des amis véhiculés au Grau-du-Roi. Nous prenons le tram n°1 jusqu’à Place de France puis le bus 606, nous laissant au Centre hélio marin. Ce dimanche – là, le bus était plein… ni une ni deux, mon amie appelle l’Office du Tourisme afin de savoir qu’en arrivera le prochain, et le chauffeur qui nous accueille nous explique qu’il est venu suite à notre appel. Sans ça, on aurait surement attendu 2h… Comme quoi, n’hésitez pas à les contacter si vous êtes plusieurs personnes à attendre.
La plage de l’Espiguette fait partie du Grand Site de la Camargue gardoise. Du parking, il faut encore marcher une centaine de mètres pour accéder à la plage, longue de dix kilomètres. Il y a encore un peu de monde en fin de journée, mais la plage est assez grande pour se trouver une place éloignée. C’est ça qu’on était venu chercher: une plage encore sauvage, une eau fraiche, tout ça loin des immeubles dénaturalisant souvent les bords de la Méditerranée. De nombreux kife-surfeurs profitent des vagues et du vent. Ce dernier est frais… On le sait, c’est déjà la fin de l’été.
Petit stop à la plage du Grand Travers au retour vers Montpellier
Petit stop à la plage du Grand Travers au retour

Updated on décembre 29, 2024
Randonnée secrète au cœur de l’Ariège sauvage
Août 2020.
Il y a des randonnées au fin fond de l’Ariège dont on tairait bien le nom.
Un week-end bivouac improvisé à la dernière minute, alors que tu es déjà partie en rando deux jours avant.
Une connaissance qui a crapahuté dans le coin, un lieu que l’on reconnait pour y être venue quelques semaines avant, un brin plus bas, coincés par la transhumance.
Les petites fleurs aux couleurs pastels se dérobent sous nos yeux aguerris et curieux.
On se lance sur un chemin balisé de gros points orange pourtant discrets, à travers les rochers plantés ça et là et un brin de boue au milieu.
On descend sur le flanc de la montagne dont on arrache quelques touffes d’herbes, malgré nos pieds virevoltant à droite puis à gauche pour éviter de se tordre une cheville ou de glisser en contrebas.
On se rêve à danser avec nos sacs plus lourds qu’à l’accoutumée, on prend le temps de se poser au bord de la rivière, éclipsant un instant la chaleur torride d’une journée caniculaire.
Une longue pause, certains se laissant sécher au soleil, puis on repart d’un pas plus précis qu’à 11h.
On a encore du chemin jusqu’à notre cabane de hobbit, qui se laisse fondre dans le paysage avec son toit végétal.
On zigzague à travers les herbes basses et marécageuses. On ne manque pas d’offrir un bain de boue à nos chaussures, celles qu’on avait fraichement lavé après notre dernière aventure.
On finit par arriver, comme au creux d’un cirque, tout poisseux mais heureux de cette belle échappée.
Les habitués de Massat ont déjà pris possession des lieux. Ils nous piquent à coup de mots, nous accueillant malgré eux dans leurs cœurs ariégeois. C’est qu’on est cinq toulousains sur six.
On installe nos tentes, un brin en avance pour aller profiter de l’étang plus en haut. Deux seront déjà partis au pic, tandis que nous avançons sans chemin mais avec un chien, 200 m au dessus.
L’ étang nous accueille à bras ouverts parmi les bébés grenouilles du bord de rive, seuls au milieu des montagnes. L’ eau fraiche nous rembobine. On serait presque prêt à repartir pour une seconde étape, mais la raclette nous attend. Avec 24 kg sur le dos, notre guide du jour nous a porté quelques patates et une bouteille de vin blanc.
On papote, on laisse chauffer la braise tandis que le fromage s’étale de tout son long dans la gamelle.
On profite de cake salé et brownie maison, de banana bread et autres provisions.
On éteint nos torches tandis que les étoiles prennent place à travers les nuages.
On se réveille au son des voix ariégeoises. On sort doucement de nos rêveries avec un thé bien chaud, avant d’aller ranger nos affaires. On peste intérieurement contre un départ tardif, car on sait au fond que l’orage s’en vient dans l’après-midi. C’est marrant comme l’intuition en pleine nature prend tout son sens, mais l’effet groupe aura souvent raison d’elle et c’est vers 9h30 que nous décidons d’aller voir un autre étang.
Le chemin est vague et on finit par s’aventurer hors sentiers parmi les fleurs et senteurs épicées. La pente s’élève à 60° et on regardera le ciel s’épaissir de nuages foncés, avant de ne faire demi-tour brusquement sans concertation.
C’était sans compter la brebis aventureuse, un de nos acolytes qui a choisi de s’aventurer seul sur un autre versant afin de nous retrouver à l’étang.
Inquiétude, rafraichissement au cœur du torrent, retour à la cabane dans l’espoir de retrouver notre camarade. Le ciel s’assombrit et l’orage finit par s’avancer, grondant au loin qu’on n’y échappera pas.
La cabane est maintenant vide. On s’y émisse lentement, comme contraint à prendre l’abri cherchant à éviter la pluie fulgurante qui s’annonce. Ce sera la grêle qui fera teinter la tôle, le toit végétal absorbant les chocs.
Puis surviendra au milieu de nulle part, notre camarade trempé de la tête au pied, qu’on aurait bien voulu engueuler. Mais le soulagement finira par prendre le dessus et on reprendra la route à la prochaine éclaircie… ah non, finalement sous la pluie, le tonnerre s’éloignant plus loin.
Le retour fut plus long que prévu, la montée à flanc de montagne glissante. On aura perdu l’envie de danser au cœur des montagnes ariégeoises, ne souhaitant qu’arriver en haut de la piste où nous avions garé nos voitures.
La concentration est à son maximum, le silence nous suit, la montagne grondant au loin, nous engueulant presque d’avoir été aussi téméraires face aux éléments.
On s’octroie un pot Aux Cabanes, puis un restaurant en terrasse pour finir en beauté cette riche aventure. Aux sabines et à toutes ces figures féminines, la terre mère nous réserve encore de belles surprises.